1 Hénoch


J’ai pensé rendre disponible ce texte qui appartient aux apocryphes juives en raison de son importance pour comprendre le milieu du Nouveau Testament, en particulier certaines expressions comme « fils de l’homme » par laquelle Jésus semble se désigner.

Rappelons d’abord qu’Hénoch, en hébreu חֲנוֹךְ (ḥănōkh), est un patriarche biblique qui aurait vécu 365 ans. Il est le fils de Yéred, père de Mathusalem, arrière grand-père de Noé (Genèse 5, 18-23).

Une collection de textes apocryphes, appelée Livre d’Hénoch, prétend rapporter des révélations reçues par Hénoch et transmises par son fils Mathusalem. L’un de ces textes apocryphes, 1 Hénoch (appelé aussi l’Hénoch éthiopien) est rapporté de l’empire d’Éthiopie en Angleterre en 1773 lors d’un voyage de l’explorateur James Bruce. Un autre apocryphe, 2 Hénoch (appelé aussi le Livre des secrets d’Hénoch ou Hénoch slave car il doit sa survie dans les pays slaves) a été découvert au 19e siècle à Belgrade. Il proviendrait d’un texte original écrit en grec, qui a circulé en Europe de l’Est jusqu’au 13e siècle. 3 Hénoch, rédigé en Hébreu, également appelé Livre des Palais, en hébreu ספר היכלות (sefer hekhalot), est un texte mystique de nature apocalyptique et angélologique du judaïsme ancien que l’on date du 4e ou 5e siècle et utilisée par la Kabbale médiévale.

1 Hénoch n’existe en totalité que dans la langue éthiopienne, avec des fragments en araméen obtenus des rouleaux de la Mer morte et des fragments en Grec et en Latin. Le texte originel a probablement été composé partiellement en Hébreu, partiellement en Araméen, tout comme le texte de Daniel d’ailleurs (voir James H. Charlesworth, The Old Testament Pseudepigrapha. Apocalytpic Litterature & Testaments. Garden City : Doubleday, 1983, p. 6). Plusieurs auteurs pourraient être à la source de l’oeuvre qui s’étendrait dans le temps, mais elle était fort probablement complétée à la fin du premier siècle de notre ère. Elle serait originaire de Judée et une partie était connue de la communauté de Qumran. Son contenu reflète la période qui précède la révolte maccabéenne et celle qui la suit.

Les auteurs du Nouveau Testament connaissaient probablement le contenu de 1 Hénoch, mais seulement l’épitre de Jude y fait une référence explicite (14-15). Il n’a cependant pas été retenu à la fois par le Judaïsme et le Christianisme pour faire partie du canon. Malgré tout, l’Église orthodoxe d’Éthiopie et d’Érythrée le considère comme faisant partie de l’Écriture.

Quand on se tourne vers les Pères de l’Église, on note que l’Épitre de Barnabé, Athénagore, Clément d’Alexandrie, Irénée et Tertullien le considéraient comme partie intégrante de l’Écriture.

-André Gilbert, juin 2016


La traduction, les annotations et les commentaires sont de André Caquot, dans 1 Hénoch, La Bible. Écrits intertestamentaires. Paris: France, Gallimard (Bibiliothèque de la Pléiade), 1987. J’ai pensé remplacer autant que possible l’utilisation des chiffres romains de l’édition de la Pléiade par celle des chiffres numéraux pour en faciliter la lecture.

Voici la notice proposée.


NOTICE (André Caquot, éditions Gallimard, p. 465-467)

L’original d’Hénoch était considéré comme perdu avant qu’on ne retrouve à Qoumrân des fragments araméens, publiés par J. T. Milik, The Books of Enoch. Aramaic Fragments of Qumrân Cave 4, Oxford, 1976.

La version grecque est connue partiellement.

  1. Pour les chapitres 1 - 32, 6, par un manuscrit découvert en 1886 dans une tombe d’Akhmim, en Égypte, et publié en 1892 par U. Bouriant. On a une double version pour les versets 19, 3 - 21, 9. Ces textes ont été traduits et commentés en 1892 par A. Dillmann et A. Lods.

    La Chronographie de Georges le Syncelle (9e siècle) avait conservé le texte grec des chapitres 6 - 9, 4 ; 8, 4 - 10, 14 et 15, 8 - 16, 1. Ces extraits du Syncelle ont été publiés pour la première fois en 1606 dans le Thesaurus temporum de Joseph Scaliger.

  2. Pour 89, 42-49, par le manuscrit grec no 1809 de la bibliothèque Vaticane. Ce fragment a été édité en 1844 par Angelo Mai.

  3. Pour les chapitres 97, 6 - 107 (moins 105), par un papyrus acquis en 1930 par la bibliothèque de l’université de Michigan et publié en 1930 par Campbell Bonner (Studies and Documents, VIII, The Last Chapters of Enoch in Greek, Londres, 1937, réimprimé en 1968). Les témoins grecs lu texte d’Hénoch ont été rassemblés par M. Black, Apocalypsis Henochi Graece, Leyde, 1970.

Il subsiste des traces de différentes versions faites sur le grec ; en latin, une traduction partielle de 106, 1-18, découverte par M. R. James dans un manuscrit du British Muséum et publiée par lui en 1893 (Apocrypha anecdota, Cambridge, p. 146-150).

En syriaque, on a retrouvé dans la Chronique de Michel le Syrien (12e siècle ) un extrait du chapitre 6. Il a été étudié par S. P. Brock, dans Journal of Theological Studies, N. S., XIX, 1968, p. 626-631.

En copte, on possède un fragment du chapitre 93 (versets 3-8), provenant d’Antinoé, étudié par S. Donadoni dans Acta orientalia, xxv, 1960, p. 197-202.

L’ensemble du texte n’a été conservé que dans la version éthiopienne, faite lors de la traduction des Écritures saintes au grec en éthiopien, c’est-à-dire entre le 4e et le 6e siècle. L’Église éthiopienne est la seule où le livre d’Hénoch soit demeuré canonique, et les manuscrits en sont innombrables en Éthiopie. C’est le célèbre voyageur écossais James Bruce qui, le premier, apporta en Grande-Bretagne, en 1773), trois exemplaires de ce livre, longtemps recherché par les érudits européens. L’un de ces manuscrits, daté du 18e siècle, a été d’abord traduit en 1821 par l’archevêque Laurence, puis édité par lui en 1838. Les exemplaires d’Hénoch se multipliant dans les bibliothèques européennes, les éditions et traductions ont pu s’appuyer sur un nombre croissant de témoins éthiopiens. En 1853, l’édition et la traduction d’A. Dillmann reposent sur la collation de cinq manuscrits. La traduction de R. H. Charles, publiée en 1893, utilise quinze manuscrits (dont un du 16e siècle) et le texte grec d’Akhmim (The Book of Enoch, Oxford). La traduction et l’édition de J. Flemming (1901 et 1902) ont employé quinze manuscrits (dont l’un, appartenant à la collection d’Abbadie, remonterait au 15e siècle). La traduction française de F. Martin (Le Livre d’Hénoch, Paris, 1906) énumère vingt-six manuscrits. Enfin, l’édition critique la plus connue, celle de R. H. Chares (The Ethiopic Version of the Book of Enoch, Oxford, 1906), a collationné vingt-trois manuscrits des bibliothèques européennes.

L’édition la plus récente a été donnée par M. A. Knibb (The Ethiopic Book of Enoch, 2 vol., Oxford, 1978). Rompant avec le principe de l’édition éclectique suivi par R. H. Charles, M. A. Knibb a reproduit le texte d’un unique manuscrit éthiopien, le no 23 de la John Rylands Library, en l’accompagnant d’un apparat critique. On a regretté que M. A. Knibb ait privilégié un témoin bien conservé certes, mais tardif (18e siècle). L’apparat critique présente des variantes souvent préférables, en particulier celles que donne le plus ancien témoin connu, le manuscrit no 9 de l’église de Kebran Gabriel du lac Tana signalé en 1973 par H. Hammerschmidt et datable des alentours de 1400 et auquel il faut reconnaître la précellence (voir E. Isaac, « New Light upon the Book of Enoch from Newly-Found Ethiopie Mss. », Journal of the American Oriental Society, 103, 1983, p. 399-411). La traduction de M. A. Knibb a pu tenir compte des fragments araméens de Qoumrân. La traduction la plus récente, due à E. Isaac dans J. H. Charlesworth, The Old Testament Pseudepigrapha, I, New York, 1983, p. 5-89, prend pour base le manuscrit de Kebran Gabriel.

La présente traduction donne la priorité à l’araméen (imprimé en italique), à défaut d’araméen au grec, et à défaut de grec à l’éthiopien. Les parenthèses () indiquent des additions destinées à rendre la traduction plus claire, les [crochets droits] indiquent une leçon différente, le plus souvent prise à l’éthiopien quand le texte grec est normalement suivi; [É] indique que la leçon (éthiopienne) est préférée, [var. E] qu’elle est donnée comme une variante. Les <crochets obliques> indiquent une correction. Les astérisques signalent un passage considéré comme une adjonction perturbatrice.

SIGLES UTILISÉS
É version éthiopienne
S extraits du Syncelle
A manuscrit grec d’Akhmim


Sommaire

(1) Hénoch, un homme juste, a reçu une révélation par les anges de ce que Dieu entendait faire pour l’époque actuelle (celle de l’auteur) : revenir sur le mont Sinaï pour juger l’univers, faire périr les pécheurs et accorder sa miséricorde et sa bienveillance aux justes. (2-5) Quand on regarde les astres du ciel et qu’on observe le cycle immuable des saisons et de la nature, on doit admettre l’ordre éternel établi par Dieu. Malheureusement, les pécheurs se sont montrés hautains et se sont éloignés des commandements de Dieu. Aussi, leur vie sera raccourcie et ils seront voués à l’éternelle malédiction, tandis que les élus, les justes, hériteront de la terre et prolongeront leur vie dans la paix.

(6-8) Au temps du père d’Hénoch, deux cents anges décidèrent de s’unir aux femmes des hommes, car elles étaient très belles, et de là naquirent des géants. Et malheureusement, ces anges enseignèrent la science de la botanique et la technologie du métal, ce qui causa une grande impiété et amenèrent les hommes à s’égarer. (9) Alors Michel, Sariel, Raphaël et Gabriel, quatre anges du ciel, voyant en particulier les crimes et la violence commis par les géants, décident d’intervenir auprès de Dieu. (10-11) Dieu réagit par une série d’ordres : il demande d’avertir Noé du déluge qui vient et des moyens d’y échapper; il envoie Raphaël enchaîner au désert Azaël, le chef des anges corrompus, en attendant d’être jeté dans la fournaise lors du Jugement; il envoie Gabriel conduire les géants à leur mort par une guerre intestine; il envoie enfin Michel enchaîner tous les anges corrompus jusqu’au jour du Jugement où ils seront jetés dans une fournaise de feu. Alors la terre entière sera purifiée, les justes vivront dans la paix et auront une longue vie, récoltant les fruits de la terre. (12-16) Auparavant, Hénoch est allé au ciel interpeller Azaël sur sa rébellion et lui annoncer sa sentence. Mais il accepte de rédiger une requête d’absolution pour tous les anges rebelles qui sont maintenant honteux de leur péché. Malheureusement, dans un songe, Hénoch apprend que sa requête a été rejetée; Dieu lui dit que ce n’est pas à lui d’intercéder pour eux, mais c’est eux qui doivent prier pour les hommes, eux qui étaient immortels, et qui ont introduit par les géants la violence et la destruction sur terre.

(17-19) Les anges transportent Hénoch au ciel, là où se trouve le réservoir de vent, de pluie, de tonnerre et d’éclairs, ils lui montrent aussi la pierre qui soutient la terre avec ses quatre colonnes ainsi que la mer qui l’entoure, puis au-delà, les immenses montagnes qui déterminent la limite de la terre, après quoi se trouve le grand vide où sont jetés les astres et les anges rebelles.

(20) Nom des sept archanges : Ouriel, Raphaël, Ragouël, Michel, Sariel, Gabriel, Remiel

(21-27) Hénoch se rend au moment du chaos, avant la création du ciel et la terre, où il observe sept des astres du ciel être enchaînés dans le feu pour avoir transgressé l’ordre de Dieu. Plus loin, se trouve un lieu plus effrayant, la prison éternelle des anges rebelles. Plus loin encore, il voit quatre cavernes dont trois sont destinés aux pécheurs, et une pour les justes, tous dans l’attente du jugement final. Dans l’un d’elles, il entend la plainte de l’esprit d’Abel accusant la race de Caïn de l’avoir tué. Dans une autre sont les esprits des pécheurs qui n’ont pas subi de jugement en ce monde et qui endurent maintenant un supplice en attendant la flagellation éternelle lors du Jugement. Dans une autre encore ceux qui, quoique que pécheurs, ont tant souffert en cette vie qu’ils seront moins punis que les autres, sans pour autant goûter à la vie éternelle. Poursuivant sa route, Hénoch aperçoit trois montagnes magnifiques à l’est, reposant l’une sur l’autre, trois au sud reposant l’une sur l’autre, et une septième montagne au centre, extrêmement haute, lieu où se présente Dieu quand il visite la terre, et où se trouve un arbre très odorant dont le fruit sera donné aux justes pour qu’ils puissent prolonger leur vie. Hénoch parvient enfin au milieu de la terre où se trouve beaucoup de montagnes, et un ravin profond et sec, sans arbres, lieu où seront rassemblés tous les damnés.

(28-36) Hénoch entame ensuite un voyage vers l’est où il observe une série de lieux : d’abord un lieu désertique, sauf pour un endroit couvert d’arbres avec de l’eau, puis un lieu de montagnes avec des arbres odorants, suivis de ravins avec des roseaux odorants, puis d’une nouvelle série de montagnes avec soit des arbres résineux, soit avec des coques d’amande, soit avec des épices, avant d’arriver au paradis de justice par delà la mer Rouge. Là il voit l’arbre de la connaissance. Hénoch parvient aux extrémités de la terre où il rencontre toutes sortes de bêtes, l’endroit où se posent le ciel et les portes du ciel, et où il peut observer le mouvement des astres. En se tournant vers le nord, il voit trois portes du ciel pour le vent, une porte pour le vent favorable, et deux pour les vents violents. La même chose du côté ouest et du côté sud, sauf qu’ici sort la rosée, la pluie et le vent du sud.

(37-44) Ayant reçu la sagesse de Dieu, Hénoch compose trois paraboles. Dans la première, Hénoch annonce qu’au jour du Jugement, les rois, les puissants et les pécheurs seront dépossédés et remis aux mains des justes, et ils seront éliminés. Il est transporté au ciel où il a une vision : les justes et les anges se tiennent devant Dieu et le glorifient sans cesse. Hénoch veut y demeurer et à son tour bénit Dieu en disant: saint, saint, saint. Puis, il entend la voix de quatre archanges : Michel, l’ange de la miséricorde ; Raphaël, préposé à toutes les maladies ; Gabriel, préposé à toute puissance ; Phanouël préposé à la repentance. Ensuite, on lui révèle les secrets des cieux, tant en ce qui concerne le jugement final que ce qui concerne les phénomènes naturels et le cycle des astres. Enfin, Hénoch reconnaît que la sagesse a quitté la demeure des hommes, et c’est la violence qui s’y est établie.

(45-57) Dans sa deuxième parabole, Hénoch nous introduit à l’Élu que Dieu fera asseoir sur son trône de gloire pour trier les actions humaines. Il s’agit de quelqu’un dont le visage a une apparence humaine, un fils d’homme chez qui la justice demeure et qui chassera les rois de leur trône et tous ceux qui persécutent les justes. Car le sang des justes montent vers le ciel comme une prière et se joint à la prière des anges. Ce fils d’homme existait dès avant la création et est devenu le bâton du juste, une lumière pour les nations dont il sera l’espérance jusqu’au jour où les puissants et les rois connaîtront le tourment et seront engloutis sous le regard des justes. Alors les justes triompheront et montreront aux autres à se convertir. L’Élu s’assiéra sur le trône de Dieu et tous les mystères de la sagesse seront énoncés par sa bouche. Le Messie exercera le pouvoir sur la terre, et tous les métaux qui servent à la guerre deviendront inutiles. Les rois et les puissants seront jetés dans un gouffre, les réservoirs des eaux d’en haut des cieux et celles des sources souterraines seront ouvertes, et le Shéol ouvrira sa gueule pour les engloutir tous les violents.

(58-69) Dans sa troisième parabole, Hénoch annoncent que les justes seront dans la lumière de la vie éternelle et les forces de la nature seront à leur service. Au jour du Jugement, le dragon femelle, appelé Léviathan, et le dragon mâle, appelé Behémoth, seront séparés, l’un précipité dans l’abîme de la mer, l’autre sur la terre aride du désert. Toutes les forces de la nature, que ce soit les éclairs et le tonnerre, la vigueur de la mer, le frimas, la neige et la grêle, la rosée et la pluie, toutes sont soumises à Dieu. De même, rien n’échappe à Dieu chez les humains qui est capable de mesurer les actions les plus secrètes, et de ramener à la vie ceux qui sont morts victimes du désert, ou des dents des fauves ou engloutis par les poissons de la mer. En ce jour-là, l’univers avec tous les anges béniront Dieu. Pendant ce temps, l’Élu, assis sur le trône, fera mourir tous les pécheurs par la parole de sa bouche. Car, dès l’origine, le Fils d’homme avait été tenu caché, mais il est maintenant révélé. Alors tous les rois, les puissants, les grands et les maîtres du monde se prosterneront devant lui, lui demanderont grâce et mettront en lui leur espoir. Ils exprimeront leur remord d’avoir mis leur foi dans leur gloire et de s’être repus de biens mal acquis. Ensuite, leur face se couvrira de ténèbres et de honte en présence de ce Fils d’homme. Pendant ce temps, Hénoch a la vision de Noé qui s’adresse à lui pour connaître la raison de l’ébranlement de la terre. Il lui annonce sa destruction pour avoir connu tous les secrets des anges, toute la puissance des sorciers et la technologie du métal. Par contre, Dieu sait que Noé est vertueux et le préservera du cataclysme, lui et sa descendance. Quant aux anges séducteurs, ils ont été précipités dans un gouffre de métal en fusion, plein d’odeur de souffre. De même, les eaux qui servaient aux rois, aux puissants, aux grands et aux habitants de la terre de remède corporel et de moment de volupté leur serviront de châtiment spirituel en devenant un feu brûlant.

(70-71) Le fils d’homme est élevé vivant auprès de Dieu, enlevé par un char de vent. De même, l’âme d’Hénoch est enlevée et élevée dans les cieux où Michel l’introduit aux mystères célestes. Et Dieu vient vers lui pour l’investir du titre de fils d’homme, celui qui montrera la voie de la paix à toute l’humanité.

(72-82) Hénoch explique le cycle du soleil qui sort de six portes, selon la durée du jour, et après s’être couché à l’ouest, revient à l’est en passant par le nord, tout cela sur 364 jours. La lune a la même dimension que le soleil, mais sept fois moins brillante. Comme le soleil, elle bouge, poussée par un char de vent. Elle commence à briller le trentième jour, et de là on commence à compter le début du mois pendant lequel elle se métamorphose en différents quartiers, parfaisant son illumination, avant de redevenir obscure. Alors que l’année solaire compte 364 jours, l’année lunaire en compte 358. Aussi, faut-il ajouter quatre intercalaires pour suivre l’ordre cosmique. L’ange Ouriel est préposé à cet ordre. C’est lui qui ouvre les portes du ciel par lesquelles passent les rayons du soleil, le vent et la rosée. Par exemple, pour le vent, il a trois portes pour chacun des points cardinaux : de quatre de ces portes sortent des vents pour assainir et vivifier la terre, des huit sortent les vents qui ravagent la terre. Hénoch donne ensuite le détail de chaque porte. Puis il explique que le gel provient des sept hautes montagnes enneigées. Encore une fois, il revient aux phases de la lune. Malheureusement, ce bel ordre de la nature est perturbé au temps des pécheurs : c’est la sécheresse et la famine, les semailles viennent retard ainsi que les récoltes, le soleil brille plus que d’habitude. Enfin, on remet à Hénoch des tablettes célestes qu’il lit attentivement et qu’il a pour mission de faire connaître à la génération qui lui survivra. C’est ce qu’il fait après qu’on l’ait ramené devant la porte de sa maison, et tout d’abord en s’adressant à son fils Mathusalem.

(83-84) Hénoch fait part à son fils Mathusalem d’un songe qu’il a eu dans la maison de son aïeul Mahalalel, alors qu’il était jeune et apprenait à écrire. Dans son sommeil, il a vu la destruction de la terre à cause du péché. Après s’être réveillé et vu le soleil à sa place habituelle, il a fait une prière à Dieu à la fois pour louer sa sagesse, à la fois pour lui demander de ne pas tout détruire dans sa colère, mais de laisser au moins une postérité, celle des gens qui sont restés justes.

(85-90) Hénoch raconte de nouveau à son fils Mathusalem un rêve qu’il fit avant son mariage. Ce rêve résume l’histoire juive et se termine avec le jugement dernier, la résurrection des morts et l’humanité nouvelle. Elle met d’abord en scène divers personnages : des taureaux, des génisses, des veaux, et un jeu de couleur : blanc, noir, rouge. Tout cela symbolise l’histoire d’Adam et Ève, de leurs deux fils, et le meurtre d’Abel par Caïn. Puis vient la descente des anges du ciel représentés par les astres, leur promiscuité avec les taureaux que sont les hommes, et l’enfantement des géants représentés par les éléphants, les chameaux et les ânes, ainsi que la grande violence qui s’en suivit. Cela entraîne l’intervention des archanges qui précipitent les anges déchus dans l’abîme et amène les géants à s’entretuer. Vient ensuite l’histoire de Noé qui apparaît sous la forme de taureau blanc qui devient un homme et construit un vaisseau pour échapper au déluge. Alors que les nations commencent à se multiplier, représentés par les bêtes sauvages et les oiseaux, apparaissent Abraham, Ismaël, Isaac et Ésaü représentés par le taureau blanc, l’onagre et le sanglier. L’histoire du peuple juif se poursuit sous l’image du mouton, d’abord douze moutons, les douze fils de Jacob, dont l’un deux, Joseph, se retrouve chez les Égyptiens, appelés loups. C’est par la suite le récit des plaies d’Égypte et la sortie du pays loups sous la direction de Moïse. On arrive ainsi au Sinaï où le Maître des moutons montre sa face. Malheureusement, pendant que Moïse est au sommet de la montagne, plusieurs moutons commencent à s’égarent, ce qui force l’intervention immédiate de ce dernier, appelé simplement : le mouton. Il ramène les égarés dans le droit chemin et construit une demeure pour son Maître. Après la mort de Moïse, on entre en terre promise et on assiste à l’institution de la royauté, représentée par des béliers, à la construction du temple, puis au schisme entre les tribus du nord et ceux du sud, jusqu’à l’intervention des Babyloniens, représentés par des lions. À partir de ce moment, les pasteurs du troupeau seront tirés des nations païennes. L’époque perse succède à celle de Babylone, puis vient l’époque des Grecs, représentés par des aigles qui mangent la chair des moutons. Devant cette situation, un groupe d’agneaux blancs, représentant probablement la secte à laquelle appartient l’auteur de 1 Hénoch, essaient de convaincre en vain les moutons de se convertir. Par contre, des cornes poussent à certains moutons, ce qui permet d’évoquer l’épisode de la révolte des Maccabées. Mais la véritable victoire ne viendra que lors de l’intervention définitive de Dieu lors de son jugement final qui s’exercera d’abord contre les anges déchus, puis contre les pasteurs des nations, ensuite contre les Israélites infidèles, et qui seront tous précipités dans un gouffre plein de feu ardent. Et Dieu remplacera le temple actuel par un temple nouveau, plus grand et plus haut. Toutes les nations de la terre se soumettront au peuple d’Israël et les morts ressusciteront, et tous se rejoindront dans le temple nouveau. Dès lors apparaît le nouvel Adam sous les traits d’un taureau blanc, et tout le troupeau est transfiguré à l’image de ce messie.

(91-108) Dans cette dernière partie sont rassemblés divers textes qui visent à encourager les justes à demeurer fidèles, et à interpeller les pécheurs qui se font illusion dans leur impunité. Tout d’abord, Hénoch demande à son fils Mathusalem de rassembler sa parenté, car il veut les encourager à continuer leur marche dans la vérité et la justice, en les avertissant que l’oppression, le crime et le péché sont sur le point de s’accroitre sur la terre. Suit une parabole d’Hénoch où toute l’histoire de l’humanité est présentée en dix semaines, dont sept appartiennent au passé, trois à l’avenir. Lors de la première semaine apparu Hénoch dans un monde de justice. Mais le mensonge et la violence surgirent lors de la deuxième semaine et entraîneront le déluge. À la troisième semaine survient Abraham, suivi par Moïse et la sortie d’Égypte à la quatrième semaine, et de la construction du temple à la cinquième semaine. Avec la sixième semaine, on assiste à la décadence monarchique, suivie de la septième semaine où prend place une génération perverse, à laquelle réagit la secte des clairvoyants à laquelle appartient probablement l’auteur de 1 Hénoch. La lutte des justes contre les impies aura lieu lors de la huitième semaine et leur victoire permettra la construction d’un nouveau temple, suivie à la neuvième semaine de la révélation du jugement de Dieu qui envoie dans la fosse les impies, et du jugement final des anges séducteurs la dixième semaine. Tout cela vient appuyer une série d’exhortations à éviter le mal, et une série de malédictions adressées aux riches, aux oppresseurs, aux fraudeurs, aux menteurs et aux gens criminels. Car Dieu connaît tous les actes humains, et chacun porte la responsabilité de ses péchés. Et au jour du Jugement, les pécheurs seront reconnus par les justes qu’ils ont persécutés et ils périront tous. Aussi, les justes ne doivent pas être tristes s’ils meurent sans avoir été récompensé pour leurs bonnes oeuvres en cette vie et qu’ils voient les injustes s’empiffrer impunément, et qu’ils ont l’impression que leur prière n’a pas été entendue devant Dieu. Car au jour du grand Jugement aucune action ne sera oubliée. Les pécheurs et les impies seront jetés dans une flamme ardente, un lieu de douleur et de gémissements. Quant à ceux qui ont préféré le ciel à leur propre vie en ce monde, qui ont continué à bénir Dieu alors qu’ils étaient opprimés, ils seront assis chacun sur un trône de gloire et resplendiront pour des temps innombrables.


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ANNONCE DU JUGEMENT DERNIER: Exorde
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5

PREMIÈRE SECTION: LA CHUTE DES ANGES ET LE VOYAGE VISIONNAIRE D’HÉNOCH
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16

PREMIER VOYAGE VISIONNAIRE D’HÉNOCH
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20

SECOND VOYAGE VISIONNAIRE D’HÉNOCH
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27

LE VOYAGE D’HÉNOCH VERS L’EST
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
PREMIÈRE « PARABOLE »
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
DEUXIÈME « PARABOLE »
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
TROISIÈME « PARABOLE »
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
CONCLUSION DU LIVRE DES « PARABOLES »
Chapitre 70
Chapitre 71
TROISIÈME SECTION: TRAITÉ D’ASTRONOMIE ET DE MÉTÉOROLOGIE
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81
Chapitre 82
QUATRIÈME SECTION: LES SONGES VISIONNAIRES D’HÉNOCH
LE PREMIER SONGE D’HÉNOCH
Chapitre 83
Chapitre 84
LE SECOND SONGE D’HENOCH L’APOCALYPSE AU BESTIAIRE
Chapitre 85
Chapitre 86
Chapitre 87
Chapitre 88
Chapitre 89
Chapitre 90
CINQUIÈME SECTION: LES PARÉNÈSES
Chapitre 91
Chapitre 92
Chapitre 93
Chapitre 94
Chapitre 95
Chapitre 96
Chapitre 97
Chapitre 98
Chapitre 99
Chapitre 100
Chapitre 101
Chapitre 102
Chapitre 103
Chapitre 104
Chapitre 105
Chapitre 106
Chapitre 107
Chapitre 108

 

ANNONCE DU JUGEMENT DERNIER

Exorde

Chapitre 1

1 Parole de bénédiction d’Hénoch. C’est ainsi qu’il bénit les élus [É et les] justes qui (verront) au jour d’angoisse l’extermination de tous les ennemis et le salut des justes.

2 Hénoch proféra ses poèmes - c’était un homme juste auquel fut révélée une vision (venant) de Dieu (et qui) avait la vision du Saint et du ciel [var. É du Saint du ciel] - et il dit : « [É (Voici) ce que les saints anges m’ont fait voir, c’est d’eux que j’ai tout entendu] et, en contemplant, j’ai acquis le savoir. Ce n’est pas à la génération présente que j’ai pensé, mais c’est pour une génération lointaine que je parle. 3 Je prends maintenant à parole au sujet des élus, et c’est à leur sujet que je profère mon poème. »

Théophanie

Le Saint, le Grand quittera Sa Demeure,
4 le Dieu d’éternité viendra sur terre, marcher sur le mont Sinaï.
Il apparaîtra [É au milieu] de Son camp.
Il apparaîtra dans toute Sa puissance depuis les plus hauts cieux.
5 Tous seront terrifiés, mais les Veilleurs <fidèles> chanteront des mystères par toutes les extrémités de la terre.
Toutes les extrémités de la terre vacilleront,
le tremblement et une grande crainte les saisiront jusqu’aux limites de la terre.
6 Les montagnes élevées vacilleront, *tomberont, s’écrouleront,*
les collines élevées seront abaissées *à la liquéfaction des montagnes*
et fondront comme de la cire devant le feu
7 La terre s’ouvrira en un gouffre béant,
tout ce qui est sur terre périra,
et sur toutes choses viendra le jugement.
8 Mais avec les justes, Il fera la paix ;
la protection et la paix seront pour les élus,
il leur sera fait miséricorde,
et tous ils appartiendront à Dieu.
Il leur accordera (Sa) bienveillance
et tous Il les bénira,
à tous Il portera secours.
Pour eux brillera la lumière,
et pour eux Il fera la paix.
9 Car Il vient avec ses saintes myriades juger l’univers,
faire périr tout impie, confondre toute chair,
pour tous les actes d’impiété qu’ils ont commis
et pour les outrages qu’ont proférés contre Lui les pécheurs impies.

L’ordre de l’univers atteste l’existence de Dieu

Chapitre 2

1 Considérez tous les corps célestes : ils ne modifient pas leur parcours ; et les luminaires célestes : ils se lèvent et se couchent chacun au moment fixé, ils apparaissent en leurs saisons et ne s’écartent pas de la règle fixée à chacun d’eux. 2 Voyez la terre et pensez aux travaux qui s’y font, du commencement jusqu’à la fin : tout passe, rien ne change de ce qui est sur terre, mais tout vous apparaît comme l’oeuvre de Dieu. 3 Voyez les signes de l’été < > et les signes de l’hiver : [É toute la terre regorge d’eau, la nuée, la rosée et la pluie se déversent au-dessus d’elle].

Chapitre 3

1 Considérez et voyez tous les arbres [É : ils apparaissent desséchés et dépouillés de leurs feuilles — sauf les quatorze arbres dont le feuillage persiste —, mais ils attendent que de l’ancien sorte le nouveau au bout de deux ou trois ans.

Chapitre 4

1 Considérez aussi les signes de l’été : le soleil y est ardent et brûlant, et vous, vous recherchez l’ombre et les lieux couverts pour lui échapper. La terre est ardente, et vous ne pouvez pas fouler la poussière ni le roc tant elle est ardente.

Chapitre 5

1 Considérez encore tous les arbres] : sur tous, les feuilles vertes poussent et couvrent les arbres, et tout leur fruit (leur) fait honneur et gloire. Réfléchissez bien à toutes ces oeuvres et reconnaissez que c’est un Dieu vivant à tout jamais qui a fait toutes ces oeuvres 2 D’année en année, à jamais, toutes Ses oeuvres se produisent de la sorte, ainsi que toutes les oeuvres qu’elles accomplissent pour Lui : elles ne changent pas, mais tout paraît s’accomplir selon un ordre. 3 Voyez comment la mer et les fleuves accomplissent leurs oeuvres de manière uniforme, et leurs oeuvres ne changent pas (, ne s’écartent pas) de Sa parole.

Le désordre des hommes appelle le jugement : destin des pécheurs

4 Or, vous, vous avez changé vos oeuvres.
Vous n’avez pas agi selon Ses commandements,
mais vous avez fait défection
et vous avez tenu des propos insolents et hautains,
de votre bouche impure, contre Sa majesté.
Coeurs endurcis ! il n’y aura point de paix pour vous.
5 Alors vous maudirez vous-mêmes vos jours,
les années de votre vie seront interrompues,
et les années de votre perdition se multiplieront
dans
une malédiction éternelle.
Il n’y aura pour vous ni pitié ni paix.
6 Alors vos noms seront (voués) à l’éternelle malédiction de tous les justes.
Par vous maudiront tous ceux qui maudissent,
et tous les pécheurs, les impies, jureront par vous.
*tous les [ ] se réjouiront, ils auront la délivrance de leurs péchés, toute miséricorde, paix et clémence. Ils auront le salut, une bonne lumière et ce sont eux qui hériteront la terre*
Pour vous, tous, pécheurs, il n’y aura pas de salut,
mais sur vous tous il déchaînera la malédiction.

Destin des justes

7 Mais les élus auront la lumière, la grâce et la paix. Ce sont eux qui hériteront la terre, et à vous, impies, la malédiction.
8 *Alors seront données aux élus la lumière et la grâce, et ce sont eux qui hériteront la terre*
Alors la sagesse sera donnée à tous les élus, et tous ils vivront
sans risque de péché contre la vérité ou par orgueil, mais il y aura dans l’homme éclairé une lumière et dans l’homme instruit une intelligence
[var. É mais ayant la sagesse, ils seront humbles].
9 Ils ne risqueront plus de commettre de faute,
ni de pécher, tous les jours de leur vie,
ni de succomber sous la colère,
mais ils accompliront le nombre de leurs jours,
leur vie se prolongera dans la paix,
et leurs années se multiplieront, joyeuses,
dans une allégresse et une paix perpétuelle,
tous les jours de leur vie.

PREMIÈRE SECTION

LA CHUTE DES ANGES ET LE VOYAGE VISIONNAIRE D’HÉNOCH

Le péché des anges

Chapitre 6

1 Il arriva que lorsque les humains se furent multipliés, il leur naquit des filles fraîches et jolies. 2 Les anges, fils du ciel, les regardèrent et les désirèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons nous choisir des femmes parmi les humains et engendrons-nous des enfants. » 3 Shemêhaza, qui était leur chef, leur dit : « Je crains que vous ne renonciez et je serai tout seul coupable d’un grand péché. » 4 Tous lui répondirent : « Jurons tous en nous vouant mutuellement à l’anathème de ne pas renoncer à ce dessein que nous ne l’ayons accompli et que nous n’ayons fait la chose. » 5 Alors ils jurèrent tous ensemble et ils se vouèrent mutuellement à l’anathème pour cela. 6 [ S, É Ils étaient en tout deux cents. Ils étaient descendus au temps de Yéréd sur le sommet du mont Hermon. On appela la montagne « Hermon » parce que c’est là qu’ils avaient juré et s’étaient voués mutuellement à l’anathème.]

7 Voici les noms de leurs chefs : Shemêhaza est le premier ; Arataqif le second après lui; Ramt [ ] le troisième après lui ; Kokabiel le quatrième après lui ; Tamiel le cinquième après lui ; Ramiel le sixième après lui ; Daniel le septième après lui; Ziqiel le huitième après lui; Baraqiel le neuvième après lui ; Asaël [var. S Azalzel] le dixième après lui ; Hermoni le onzième après lui; Matariel le douzième après lui ; Ananiel le treizième après lui ; Setaouël le quatorzième après lui ; Shamshiel le quinzième après lui; Sahriel le seizième après lui ; Toumiel le dix-septième après lui ; Touriel le dix-huitième après lui ; Yomiel le dix-neuvième après lui ; Yehadiel le vingtième après lui. 8 Ce sont leurs décurions.

Chapitre 7

1 [S, É Ceux-là et tous leurs compagnons] prirent pour eux des femmes, une pour chacun d’eux, et ils se mirent à les approcher et à se souiller à leur contact. Ils leur enseignèrent les drogues, les charmes, la botanique et ils leur montrèrent les herbes. 2 (Les femmes) conçurent et enfantèrent des géants, hauts de trois mille coudées 3 qui dévorèrent tout le fruit du labeur des hommes, si bien que les hommes ne purent plus les nourrir. 4 Les géants se liguèrent contre eux pour les tuer et dévorèrent les hommes. 5 Ils se mirent à pécher contre toutes (les bêtes), oiseaux, quadrupèdes, reptiles, poissons, et à se dévorer entre eux. Ils burent le sang. 6 Alors la terre accusa les criminels pour ce qui y avait été fait.

Chapitre 8

1 Azaël [var. É Azazel] apprit aux hommes à fabriquer des épées, des armes, des boucliers, des cuirasses *, choses enseignées par les anges*. Il leur montra les métaux et la manière de les travailler, ainsi que les bracelets, les parures, l’antimoine, le fard des paupières, toutes les sortes de pierres précieuses et les teintures. 2 Il en résulta une grande impiété. (Les hommes) se débauchèrent, s’égarèrent et se perdirent dans toutes leurs voies. 3 Shemêhaza leur enseigna les charmes et la botanique, <Hermoni> les exorcismes, la magie, la sorcellerie et les tours. Baraqiel l’astrologie, Kokabiel les signes des étoiles, Ziqiel <les signes des météores>, Arataqif les signes de la terre, Shamshiel les signes du soleil, <Sahriel les signes de la> lune, et ils se mirent tous à révéler des mystères à leurs femmes.

Intercession des archanges en faveur des humains

4 Comme les hommes périssaient sur la terre, une clameur monta jusqu’aux cieux.

Chapitre 9

1 Alors Michel, Sariel [var. É, S, A, Ouriel], Raphaël et Gabriel jetèrent un regard depuis le sanctuaire céleste. Ils virent que beaucoup de sang était répandu sur la terre et que toute <la terre> était pleine de vice et de la violence qui y était commise. 2 Ils se dirent l’un à l’autre : « (C’est) la voix de ceux qui crient depuis la terre jusqu’aux portes du ciel, 3 les âmes des hommes accusent et disent : "Portez notre cause devant le Très-Haut." » 4 Ils dirent au Seigneur : « Tu es le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux, le Roi des âges, [var. É des rois], Ton trône glorieux (subsiste) dans toutes les générations du monde, Ton nom saint, grand et béni (subsiste) dans tous les siècles. 5 C’est Toi qui as fait toutes choses et qui détiens toute autorité, tout est devant Toi visible et découvert, Tu vois tout [É, S et rien ne peut T’être caché. 6 Tu vois] ce qu’a fait Azaël : c’est lui qui a enseigné tous les forfaits (commis) sur la terre et qui a révélé les mystères éternels (gardés) dans le ciel, et les hommes mettent en pratique ce qu’ils ont appris. 7 Et Shemêhaza, auquel Tu avais donné l’autorité sur ses compagnons ! 8 Ils sont allés vers les filles des hommes de la terre, ils ont couché avec elles, ils se sont souillés [S au contact des femmes] et leur ont révélé tous les péchés. 9 Les femmes ont mis au monde des titans [var. S, É des géants] par la faute desquels la terre s’est remplie de sang et de violence. 10 Et maintenant, voici que les âmes des victimes crient et font monter leur accusation jusqu’aux portes du ciel. Leur plainte s’élève, et on ne peut se dérober au spectacle des abominations commises sur la terre. 11 Tu connais toute chose avant qu’elle n’arrive, Tu vois cela et Tu les laisses (agir), sans même nous dire ce que nous devons faire à leur sujet ! »

Dieu fait annoncer à Noé le châtiment des anges et des géants et le salut des justes

Chapitre 10

1 Alors le Très-Haut, le Grand Saint, se prononça à leur sujet. Il envoya [S Ouriel] auprès du fils de Lamech en lui disant : 2 « Ordonne-lui en Mon nom de se cacher et annonce-lui que la fin est proche : toute la terre va périr, un déluge va arriver sur toute la terre et détruire tout ce qu’elle porte. 3 Enseigne-lui le moyen d’y échapper, et sa race subsistera dans toutes les générations du monde. »

4 Il dit à Raphaël : « Enchaîne Azaël par les pieds et par les mains, jette-le dans les ténèbres, ouvre le désert qui est à Dadouël et jette-le dedans. 5 Mets sur lui des pierres rugueuses et aiguës, enveloppe-le de ténèbres, et qu’il demeure là à perpétuité. Recouvre son visage, et qu’il ne voie pas la lumière. 6 Le jour du grand Jugement, il sera conduit dans la fournaise. 7 La terre que les anges ont souillée sera assainie. Annonce la guérison de la terre : on guérira sa plaie, et tous les humains ne périront pas à cause de tout le mystère meurtrier que les Veilleurs ont enseigné à leurs fils. 8 La terre entière a été dévastée par les oeuvres apprises d’Azaël : impute à celui-ci tous les péchés. »

9 Le Seigneur dit à Gabriel : « Va trouver les bâtards [var. S les géants], les dépravés, les fils de la débauche; fais disparaître d’entre les hommes les fils des Veilleurs; envoie-les se combattre jusqu’à la mort. En effet, ils n’auront pas de longs jours, 10 et leurs pères n’obtiendront rien de ce qu’ils ont demandé pour eux-mêmes et pour eux, (alors qu’) ils espéraient (pour eux-mêmes) une vie éternelle et pour chacun de (leurs fils) cinq cents années de vie. »

11 Il dit à Michel : «Va annoncer (ceci) à Shemêhaza et à tous ceux qui se sont unis aux femmes en même temps que lui pour se souiller au contact des femmes en état d’impureté. 12 Quand leurs fils auront été égorgés et qu’ils auront vu la perte de leurs bien-aimés, enchaîne-les pour soixante-dix générations dans les replis de la terre, jusqu’au jour de leur jugement et de l’accomplissement, où sera exécutée la sentence éternelle. 13 Alors ils seront conduits dans l’abîme de feu, dans le tourment et dans la geôle de réclusion perpétuelle. 14 Quiconque aura été condamné à la perdition, dès maintenant, sera enchaîné avec eux, <et au temps du jugement> que J’exercerai ils disparaîtront pour toujours . 15 Fais périr tous les esprits des dépravés et les fils des Veilleurs, parce qu’ils ont exercé la violence contre les hommes. 16 Fais disparaître toute la violence de la surface de la terre ; que cesse toute oeuvre de perversité ; que la plantation de justice et de vérité apparaisse [É , et ce sera une bénédiction ; les oeuvres de justice et de vérité seront pour l’éternité] plantées dans la joie.

17 « Et maintenant, tous les justes vont échapper, ils resteront en vie jusqu’à ce qu’ils aient engendré des milliers (de descendants). Tous les jours de leur jeunesse et de leur vieillesse s’accompliront dans la paix . 18 Alors toute la terre sera travaillée dans la justice, il y sera planté un arbre, et elle sera comblée de bénédiction . 19 Tous les arbres de la terre *se réjouiront* [var, É Tous les arbres d’agrément] seront plantés ; on y plantera des vignes, et toute vigne plantée produira des jarres de vin par milliers ; chaque mesure de grain [E semée en terre] en produira [mille, une seule mesure] d’olives produira dix baths [d’huile]. 20 Et toi, purifie la terre de toute impureté, de toute violence, de tout péché et impiété et efface toutes les impuretés qui y ont été commises. 21 [É Tous les hommes seront justes,] tous les peuples Me serviront, tous ils Me béniront et M’adoreront. 22 La terre entière sera purifiée de toute souillure, de toute impureté, de toute fureur, de tout châtiment, et Je ne leur enverrai plus [É de déluge] dans toutes les générations du monde.

Chapitre 11

1 « Alors J’ouvrirai les trésors de bénédiction qui sont dans le ciel, Je les déverserai sur les travaux, sur le labeur des humains. 2 Alors la vérité et la paix s’associeront pour tous les jours du monde et toutes les générations humaines. »

Le châtiment des anges annoncé à Hénoch

Chapitre 12

1 Auparavant, Hénoch avait été enlevé, et nul ne savait où il avait été enlevé, ni où il se trouvait, ni ce qu’il était advenu de lui. 2 Ses travaux étaient avec les Veilleurs, et ses jours (s’écoulaient) avec les Saints. 3 Moi, Hénoch, je m’adonnais à bénir le Seigneur de majesté, le Roi des âges, et voici que les Veilleurs du Grand Saint m’appelèrent, moi, Hénoch [É le scribe, et me dirent : 4 «Hénoch], scribe de justice, va parler aux Veilleurs du ciel qui ont abandonné les hauteurs célestes, le sanctuaire de la résidence éternelle, pour se souiller au contact des femmes, et qui agissent comme les fils de la terre et ont pris femme. [É Ils ont] apporté à la terre une grande désolation, 5 et il n’y aura pour [eux] ni paix ni rémission. 6 Leurs fils faisaient leur joie, (eh bien !) ils verront le massacre de leurs bien-aimés, ils pleureront la perte de leurs fils, ils supplieront éternellement, mais il n’y aura pour eux ni pitié ni paix. »

Chapitre 13

1 Hénoch [É alla dire] à Azaël : « Il n’y aura pas de paix pour toi. Tu es sous le coup d’une sentence sévère : tu seras enchaîné, 2 tu n’auras ni sursis ni recours pour les crimes que tu as montrés, pour toutes les oeuvres impies, la violence et le péché que tu as enseignés aux hommes. »

Hénoch est chargé par les Veilleurs déchus d’intercéder pour eux

3 Alors, je suis allé le dire à tous (les anges). Tous, ils ont eu peur, la crainte et le tremblement les ont saisis. 4 Ils m’ont demandé de rédiger pour eux un recours en grâce, afin d’obtenir absolution, et de le lire pour eux devant le Seigneur du ciel, 5 car eux-mêmes ne pouvaient plus parler, ni même lever les yeux au ciel, tant ils avaient honte de leur péché et de leur condamnation. 6 J’ai alors rédigé leur requête, leurs prières pour les esprits [É et pour les actes de chacun d’eux ], leur demande en vue d’obtenir absolution et longanimité. 7 Je suis allé m’asseoir au bord des eaux de Dan, au pays de Dan, au sud-ouest de l’Hermon, et j’ai lu leur requête [É jusqu’au moment où] je m’endormis.

Hénoch apporte aux anges déchus le rejet de leur pourvoi

8 Et voici qu’il me vint des songes, des visions se présentèrent à moi <et je levai> les paupières vers les portes <du temple céleste>. Je vis des visions de châtiment , et une voix me dit : « Parle aux fils du ciel pour les confondre. » 9 À mon réveil, j’allai les trouver. Ils étaient tous réunis, assis en train de pleurer, à <Abel-maïm> qui est situé entre le Liban et le <Senir>, le visage recouvert. 10 Je racontai en leur présence toutes les visions que j’avais eues en dormant et je commençais à prononcer les paroles de justice et (celles) de la vision pour confondre les veilleurs du ciel .

Chapitre 14

1 Livre des paroles de justice et de censure des Veilleurs (qui vivaient) de toute éternité, conforme à l’ordre du Saint [É et] du Grand (transmis) dans le songe que j’ai <rêvé>.

2 J’ai vu moi-même dans mes songes ce que je dis à présent avec une langue de chair, avec le souffle de ma bouche que le Grand a donné aux, hommes pour qu’ils parlent, et avec intelligence. 3 [É De même qu’il a créé les hommes en leur donnant de "comprendre les paroles de connaissance ], Il m’a attribué un rôle, m’a fait et m’a créé pour confondre les Veilleurs, fils du ciel. 4 J’ai rédigé votre demande, à vous les anges, et voici ce qui m’a été montré dans ma vision : votre demande n’a pas été agréée ; par un décret (pris) contre vous , 5 vous ne remonterez plus jamais au ciel. Il a été décidé de vous enchaîner dans les geôles de la terre pour toutes les générations du monde, 6 et auparavant vous verrez périr vos fils bien-aimés , vous ne jouirez pas d’eux, mais ils tomberont devant vous sous l’épée. 7 Votre demande sera sans effet, pour eux comme pour vous. Vous resterez à pleurer, à prier , sans (pouvoir) articuler un mot du plaidoyer que j’ai rédigé.

Vision des demeures divines

8 Voici ce qui m’a été montré en vision.

Des nuages m’appelaient, des brouillards criaient vers moi, des étoiles filantes et des éclairs me troublaient et me bouleversaient. Dans ma vision, des vents m’ont pris sur leur aile, m’ont élevé et emporté vers le ciel. 9 Je suis parvenu près d’un mur bâti en grêlons et entouré de langues de feu , et (ce spectacle) commença à m’effrayer. 10 Je me suis avancé vers les langues de feu et approché d’un palais grandiose bâti en grêlons. Les murs du palais ressemblaient à des dalles, toutes faites de neige, et les fondations étaient de neige . 11 Ses toits semblaient faits d’étoiles filantes et d’éclairs. Au milieu, des Chérubins de feu, et (au-dessus) un ciel d’eau. 12 Un feu flamboyait autour de tous ses murs , et les portes étaient embrasées. 13 Je suis entré dans ce palais, ardent comme du feu, glacial comme de la neige . Il ne contenait aucun aliment de vie. La terreur s’empara de moi, un frisson me saisit. 14 Convulsé et tremblant, je suis tombé [É face (contre terre)].

J’ai contemplé en vision 15 un autre [É palais, plus vaste que le premier , dont chaque] porte était ouverte devant moi, et tout bâti en langues de feu. 16 L’ensemble était si magnifique, si grandiose, si majestueux, que je ne puis vous en représenter la magnificence et la majesté. 17 La base en était de feu, la superstructure, d’éclairs et d’étoiles filantes, le toit, de feu flamboyant. 18 Je regardai, et je vis un trône élevé qui avait l’apparence du cristal, et dont la roue avait l’éclat du soleil ; (je vis) aussi la montagne des Chérubins. 19 Aux pieds du trône coulaient des fleuves de feu flamboyant, et je ne pouvais (en soutenir) la vue. 20 La Gloire suprême y siégeait, et Son manteau était plus brillant que le soleil et plus blanc que toute neige. 21 Nul ange ne pouvait approcher de ce palais, ni voir la Face à cause de (Sa) splendeur et de (Sa) gloire. Nulle chair ne pouvait La voir. 22 Le feu flamboyait tout autour, un grand feu s’élevait auprès d’Elle, nul ne L’approchait. Tout autour, des myriades de myriades se tenaient devant Lui. [E Mais Il n’a besoin d’aucun conseil], chacune de Ses paroles est une oeuvre. 23 Les (plus) saints des anges, ceux qui L’approchent, ne s’éloignent pas la nuit et ne Le quittent pas.

Le verdict de Dieu

24 Quant à moi, je restais prosterné et tremblant, quand le Seigneur m’appela de Sa bouche et me dit : « Avance ici, Hénoch, et écoute Ma parole. » 25 Un des Saints vint vers moi, me réveilla, me releva et me conduisit jusqu’à la porte, et moi je tenais mon visage baissé et caché.

Chapitre 15

1 (Le Seigneur) me parla, et j’entendis Sa voix : « Ne crains point, Hénoch, homme véridique, scribe de la vérité! 2 Avance ici et écoute Ma voix. Va dire à ceux [var. É aux Veilleurs du ciel] qui t’ont envoyé [É prier pour eux] : "C’était à vous de prier pour les hommes, et non aux hommes de prier pour vous. 3 Pourquoi avez-vous délaissé les hauteurs célestes, le sanctuaire éternel, pour coucher avec les femmes, vous souiller au contact des filles des hommes et prendre femme ? Vous avez agi comme des fils de la terre et vous avez engendré pour enfants des géants. 4 Or, vous étiez des Saints, des esprits éternellement vivants. Et vous vous êtes souillés au contact du sang des femmes, vous avez engendré par le sang de la chair, vous avez eu des désirs <à l’instar> des humains et [É vous avez créé] comme eux, eux qui créent de la chair et du sang, qui meurent et disparaissent. 5 C’est pourquoi je leur ai donné des femelles, pour qu’ils les ensemencent et en engendrent des enfants et qu’ainsi tout ne disparaisse pas de leur oeuvre sur la terre. 6 Mais vous, vous étiez de nature des esprits, éternellement vivants, soustraits à la mort pour toutes les générations du monde, 7 et c’est pourquoi Je n’ai pas créé parmi vous de femelles. Les esprits célestes ont le ciel pour demeure."»

8 — Et maintenant, les géants nés des esprits et de la chair seront appelés sur la terre esprits [S, É mauvais], et la terre sera leur demeure. 9 Des esprits mauvais sont issus de leur corps, parce qu’ils procèdent des [S humains], tout en tenant des saints Veilleurs leur principe et leur origine ; ils seront appelés esprits mauvais. 10 Les esprits du ciel demeureront dans le ciel ; les esprits nés sur la terre demeureront sur la terre. 11 Les esprits des géants, <oppresseurs>, violents, dévastateurs, nocifs, batailleurs, sévissant sur la terre et créant [É la douleur], affamés et assoiffés sans rien manger, destructeurs, 12 ces esprits se dresseront contre les fils des hommes et des femmes parce qu’ils en procèdent.

Chapitre 16

1 Du jour où les géants périront égorgés et massacrés, les esprits procédant de leur âme charnelle séviront impunément. Ils séviront ainsi jusqu’au jour de la consommation, du grand Jugement, où s’accomplira le grand Siècle. —

2 « Et maintenant, (dis) aux Veilleurs qui t’ont chargé de leur requête et qui [É auparavant] habitaient le ciel : 3 "Vous habitiez le ciel, mais aucun mystère ne vous avait été révélé. Vous avez connu un mystère venant de Dieu, et vous l’avez révélé aux femmes dans votre rébellion. Grâce à ce mystère, les femmes et les hommes ont multiplié les maux sur la terre. " 4 Dis-leur donc : "Il n’y aura point de paix [É pour vous]." »

PREMIER VOYAGE VISIONNAIRE D’HÉNOCH

Chapitre 17

1 Ils me prirent pour me conduire en un lieu dont les occupants deviennent pareils à un feu flamboyant et reprennent à leur gré une apparence humaine. 2 Ils me conduisirent aussi vers un lieu ténébreux [var. É de tempêtes], vers une montagne dont le sommet touchait le ciel. 3 J’ai vu l’emplacement des luminaires, les réservoirs des astres et des tonnerres, jusqu’aux profondeurs de l’atmosphère, où (se trouvent) l’arc de feu, les flèches et leurs carquois et tous les éclairs.

4 Ils me conduisirent aussi jusqu’aux eaux [É vives] et jusqu’au feu du Couchant, qui est aussi ce qui produit [var. E reçoit] tous les couchers du soleil, 5 et nous avons atteint un fleuve de feu, où [var. É dont] le feu court comme de l’eau et s’écoule dans la grande mer du Couchant. 6 J’ai vu les grands fleuves. Je suis arrivé près du grand fleuve et de la grande obscurité et je suis passé là où aucune chair ne chemine. 7 J’ai vu les <espaces> nuageux et enneigés et le déversoir de toutes les eaux de l’abîme. 8 J’ai vu la bouche de tous les fleuves de la terre et la bouche de l’abîme.

Chapitre 18

1 J’ai vu les réservoirs de tous les vents, j’ai vu qu’on y a disposé en ordre tous les éléments de la terre et son fondement. J’ai vu la pierre angulaire de la terre. 2 J’ai vu les quatre <esprits> qui soutiennent la terre 3 et le firmament du ciel. [E J’ai vu comment les <esprits> tendent la hauteur du ciel] et se dressent entre la terre et le ciel [; ce sont les piliers du ciel]. 4 J’ai vu les <esprits> des cieux qui font tourner et mettent en mouvement la roue du soleil et tous les astres. 5 J’ai vu les <esprits> qui soutiennent (le ciel) au-dessus de la terre, dans la nuée. [É J’ai vu les chemins des anges.] J’ai vu les extrémités de la terre, le firmament du ciel en haut.

6 Je me suis avancé et j’ai vu un lieu embrasé nuit et jour où (se dressaient) sept montagnes de pierres précieuses : [É trois] (de ces montagnes) s’abaissaient vers l’orient, et [É trois] (autres) vers le sud. 7 Celles (qui regardaient) vers l’orient étaient l’une de pierre incarnate, l’autre de perle, la troisième de <jaspe>. Celles (qui regardaient) vers le sud étaient de pierre couleur de feu. 8 Celle du milieu, montant jusqu’au ciel comme un trône divin, était d’albâtre, et le sommet du trône était de saphir. 9 J’ai vu un feu brûlant.

Au-delà de ces montagnes, 10 se trouve la limite de la grande terre : c’est là que les cieux seront repliés, 11 J’ai vu un gouffre béant entre des colonnes de feu [É céleste. J’ai vu parmi elles des colonnes de feu] qui s’enfonçaient et dont on ne pouvait mesurer ni la hauteur ni la profondeur.

12 Au-delà de ce gouffre, j’ai vu un endroit que ne recouvrait pas le firmament céleste et que la terre ferme ne supportait pas. Il n’y avait là ni eau ni oiseau, mais c’était un lieu désert et effrayant. 13 J’y ai vu sept astres pareils à de grandes montagnes embrasées. J’ai questionné à ce sujet 14 l’ange, et il m’a répondu : « C’est ici que prennent fin le ciel et la terre ; cet endroit est devenu une prison pour les astres et les puissances célestes. 15 Les astres qui se convulsent dans le feu sont ceux qui ont transgressé à leur lever l’ordonnance du Seigneur, * le lieu en dehors du ciel est vide,* en ne sortant pas à leur heure. 16 Il s’est irrité contre eux et les a enchaînés pour dix mille ans, jusqu’à la fin de leur péché. »

Chapitre 19

1 Ouriel m’a dit encore : « C’est là que seront placés les anges qui se sont unis aux femmes. Leurs esprits, prenant toutes sortes de formes, affligent les humains et les induiront à sacrifier aux démons jusqu’au jour du grand Jugement, où ils seront condamnés à l’extermination. 2 Les femmes des anges rebelles deviendront des sirènes. »

3 Moi, Hénoch, j’ai vu ces spectacles, moi seul (j’ai vu) les bornes de l’univers. Pas un homme, pas un seul, ne pourra (les) voir comme moi.

Les sept archanges et leurs fonctions

Chapitre 20

1 [É Voici les noms des] anges des puissances :
2 Ouriel, l’un des saints anges, est préposé au monde et au Tartare.
3 Raphaël, l’un des saints anges, est préposé aux esprits des humains.
4 Ragouël, l’un, des saints anges, châtie le monde des luminaires [var. É et les luminaires].
5 Michel, l’un des saints anges, est préposé aux hommes de bien et au [É peuple].
6 Sariel, l’un des saints anges, est préposé aux esprits qui pèchent contre l’esprit.
7 Gabriel, l’un des saints anges, est préposé au paradis, aux dragons et aux Chérubins.
8 [S Remiel, l’un des saints anges, est chargé par Dieu du soin des ressuscités.]
(Tels sont les) noms des sept archanges.

SECOND VOYAGE VISIONNAIRE D’HÉNOCH

L’enfer des astres

Chapitre 21

1 J’ai fait route jusqu’au chaos 2 et là j’ai observé une chose effrayante : je ne voyais plus de ciel en haut, je n’observais plus de terre ferme, rien qu’un lieu chaotique et effrayant. 3 Là, j’ai observé sept des astres du ciel qui y avaient été précipités et enchaînés, pareils à de grandes montagnes, et qui brûlaient dans le feu. 4 J’ai dit alors : « Pour quelle raison ont-il été enchaînés ? Pourquoi ont-ils été précipités ici ? » 5 Alors Ouriel, un des saints anges, celui qui m’accompagnait et leur commandait [var. E et me guidait], m’a répondu : « Que demandes-tu, Hénoch? Sur quoi es-tu si désireux de savoir la vérité? 6 Ce sont ceux des astres du ciel qui ont transgressé l’ordre du Seigneur. Ils sont enchaînés ici jusqu’à dix mille années, le temps de leurs péchés. »

L’enfer des anges

7 De là j’ai fait route vers un autre endroit encore plus effrayant et j’y ai observé des choses encore plus effrayantes. Là était allumé et brûlait un grand feu, l’endroit s’ouvrait par une brèche jusqu’à l’abîme et il était rempli de [É grandes] colonnes de feu qui s’enfonçaient et dont on ne pouvait voir ni même imaginer les dimensions. 8 J’ai dit alors : « Quel endroit effrayant! Quel terrible spectacle ! » 9 Celui des saints anges qui m’accompagnait m’a demandé : « Hénoch, pourquoi as-tu si peur? Pourquoi cette épouvante? » Je lui ai répondu : « À cause de cet endroit effrayant, de ce terrible spectacle. » 10 Il me dit : « Cet endroit est la prison des anges. C’est ici qu’ils seront enfermés pour toute l’éternité. »

Les séjours des esprits attendant le Jugement

Chapitre 22

1 De là j’ai fait route vers un autre endroit. On m’a montré vers l’ouest une autre montagne de roc dur, imposante et élevée. 2 Quatre cavernes s’y ouvraient, profondes et (aux parois) parfaitement lisses. Trois de ces cavernes étaient ténébreuses, la quatrième était lumineuse, avec une source au milieu. J’ai dit : « Que ces cavernes sont lisses ! Qu’elles sont profondes et ténébreuses! » 3 Raphaël, l’un des saints anges, qui m’accompagnait, m’a répondu : « Ces cavernes doivent rassembler les esprits des morts, c’est à cela même qu’elles sont destinées ; toutes les âmes humaines y seront recueillies. 4 Ces cavernes sont (destinées) à être leur prison — c’est ainsi qu’elles ont été créées — jusqu’au jour où ils seront jugés, jusqu’au moment du jour final, celui du grand jugement qui sera exercé sur eux. »

5 J’ai vu là l’esprit d’un mort qui accusait, et sa plainte montait jusqu’au ciel. Il criait et accusait . 6 J’ai demandé à Raphaël, le saint Veilleur qui m’accompagnait : « À qui appartient cet esprit qui accuse ainsi et dont la voix accusatrice monte jusqu’au ciel? » 7 Il m’a répondu : « C’est l’esprit qui a quitté Abel, assassiné par son frère Caïn. Abel accuse pour cela jusqu’à ce que la race (de Caïn) disparaisse de la face de la terre et de la race humaine. »

8 Je lui ai demandé alors pourquoi toutes les cavernes étaient séparées l’une de l’autre. 9 Il m’a répondu : « Ces trois-ci ont été créées pour séparer les esprits des morts. Ainsi, il a été réservé aux esprits des justes celle où jaillit la source lumineuse. 10 Ainsi, il en a été créé une (pour les esprits) des pécheurs morts et enterrés sans avoir subi de jugement durant leur vie : 11 leurs esprits y sont mis à part pour (subir) ce cruel supplice, jusqu’au grand jour du Jugement, des flagellations et du supplice de ceux qui sont maudits pour l’éternité ; c’est la rétribution (due à) leurs esprits : on les enchaînera ici pour l’éternité. 12 Ainsi, il en a été réservé une pour les esprits de ceux qui accusent, dénonçant le meurtre dont ils ont été victimes au temps des pécheurs. 13 Ainsi, il en a été créé une pour les esprits de ceux qui [ ] <ils> ne seront pas des saints, mais des pécheurs [É accomplis] et participeront au sort des impies. Parce qu’ils souffrent ici, leurs esprits seront moins (sévèrement) punis, ils ne seront peu châtiés au jour du Jugement , mais ils ne se réveilleront pas davantage d’ici. »

14 Alors j’ai béni le Seigneur de gloire et j’ai dit : « Béni soit le jugement de justice , béni [É soit] le Seigneur de justice, régnant à toujours. »

Le feu de l’occident

Chapitre 23

1 De là j’ai fait route vers un autre lieu, à l’ouest des limites de la terre. 2 J’ai vu un feu qui courait sans trêve ni repos , nuit et jour, continuellement. 3 J’ai demandé : « Qu’est-ce que ce (feu) qui ne connaît pas de trêve ? » 4 Ragouël, l’un des saints anges, celui qui m’accompagnait, m’a répondu : « Ce courant de feu est le feu de l’occident qui poursuit [var. É allume] tous les luminaires du ciel. »

Les sept montagnes de pierres précieuses et l’Arbre de vie

Chapitre 24

1 [É De là j’ai fait route vers un autre lieu,] et il m’a montré des montagnes de feu brûlant [É jour et] nuit. 2 Je les ai dépassées et j’ai observé sept montagnes, toutes magnifiques, toutes différentes entre elles, dont les pierres étaient d’une beauté remarquable, toutes remarquables, magnifiques, majestueuses. Trois (regardaient) vers l’est reposant l’une sur l’autre, et trois vers le sud, reposant l’une sur l’autre. (Il y avait) aussi des gorges profondes et âpres qui ne se touchaient pas l’une l’autre. 3 La septième montagne se dressait au milieu, surpassant (les autres) en hauteur, pareille à un trône et entourée d’arbres [É odorants]. 4 Parmi ces arbres, il en était un dont je n’avais jamais senti l’odeur - et nul autre n’avait eu ce bonheur — et qui n’était pareil à nul autre. Il répandait un parfum plus odorant que tout aromate ; son feuillage, ses fleurs et l’arbre lui-même ne dépérissent jamais [É ; son fruit est beau et semblable aux grappes du palmier]. 5 J’ai dit alors : « Que cet arbre est beau et odorant ! Que ses feuilles et ses fleurs sont plaisantes à voir ! »

6 Michel, l’un des saints anges, celui qui m’accompagnait et les commandait, m’a répondu

Chapitre 25

1 et m’a dit : « Pourquoi poses-tu des questions, Hénoch? Pourquoi t’émerveilles-tu du parfum de (cet) arbre ? Sur quoi veux-tu connaître la vérité? 2 — Je veux être instruit de tout, lui dis-je, mais principalement au sujet de cet arbre. » 3 Il m’a répondu : « Cette haute montagne dont le sommet est pareil à un trône divin est le siège qu’occupe [É le Saint, le Grand, le Seigneur de gloire,] le Roi éternel quand Il descend visiter la terre dans (Sa) faveur. 4 Quant à l’arbre odorant, nul chair n’a le droit d’y toucher avant le jour du grand Jugement, qui verra le châtiment universel et l’accomplissement définitif. Alors, c’est à des justes et à des saints qu’en sera donné 5 le fruit, ceux qui sont élus pour la vie (le recevront) en <nourriture>, et il sera replanté en un lieu saint, près de la maison de Dieu, le Roi éternel. 6 Alors ils se réjouiront d’une grande joie, ils exulteront et entreront dans le sanctuaire, les parfums de l’arbre (seront) sur eux-mêmes, ils auront une vie plus longue sur terre — celle qu’ont eue tes pères —, et, durant leurs jours, ils ne souffriront ni tourments, ni plaie, ni fléau. »

7 Alors, j’ai béni le Seigneur de gloire, le Roi éternel, qui a préparé de telles (merveilles) pour les justes, qui les a créées et a dit de les leur donner.

Jérusalem et la géhenne

Chapitre 26

1 De là j’ai fait route vers le milieu de la terre et j’ai vu un lieu béni planté de rejetons persistants et verdoyants d’un arbre coupé. 2 Là, j’ai observé une montagne sainte ; au pied de la montagne, de l’eau coulait de l’est en direction du sud-ouest [var. É du sud]. 3 J’ai vu, vers l’est, une autre montagne, plus haute que celle-ci et, entre elles, un ravin profond et de peu de largeur par lequel l’eau s’écoulait au pied de la montagne. 4 À l’ouest, (j’ai vu) une autre montagne, plus basse, de peu d’élévation, entre (celle-ci et la première) un ravin *profond et sec*, et un autre ravin, profond et sec, à l’extrémité des trois montagnes. 5 Tous les ravins étaient profonds, taillés dans un roc dur, et il n’y poussait pas d’arbres. 6 J’ai été très étonné en voyant [É le roc et] le ravin

Chapitre 27

et j’ai dit : « Pourquoi y a-t-il cette terre bénie toute plantée d’arbres et ce ravin maudit? »

2 [É Alors, Ouriel, l’un des saints anges, celui qui m’accompagnait, m’a répondu : « Le ravin] maudit est destiné à ceux qui sont maudits pour l’éternité. C’est ici que seront rassemblés tous les maudits dont la bouche dira des insolences contre le Seigneur et qui parleront avec dureté contre Sa gloire. C’est ici qu’ils seront rassemblés ; c’est ici que sera (leur) habitation 3 à la fin des temps, aux jours du jugement véridique (rendu) devant les justes, pour toujours ; c’est ici que les [É miséricordieux] béniront le Seigneur de gloire, le Roi éternel, 4 au temps de leur jugement ils Le béniront pour leur avoir donné une part dans Sa miséricorde. »

5 Alors j’ai béni le Seigneur de gloire, j’ai proclamé et chanté Sa gloire avec magnificence.

LE VOYAGE D’HÉNOCH VERS L’EST

Le pays des aromates

Chapitre 28

1 De là je suis allé vers l’est, au milieu du <désert> et j’ai vu que c’était une solitude. <I1 y avait> seulement <un endroit> 2 couvert d’arbres. De l’eau coulait de < >, tombant d’en haut, 3 comme un aqueduc à grand débit elle entraînait de toute part vers le nord-ouest l’eau et la rosée.

Chapitre 29

1 Je suis encore allé de là dans un autre lieu au <désert> et je me suis dirigé vers l’est de cette montagne. 2 J’ai vu des arbres de < >, exhalant des parfums d’encens et de myrrhe. Ces arbres ressemblaient à des noyers.

Chapitre 30

1 Et au-delà de ces (montagnes), je suis allé plus loin vers l’est et j’ai vu une autre immensité, un ravin arrosé 2 où (poussaient) des roseaux excellents dont le parfum ressemblait à (celui du) lentisque. 3 Sur le bord de ces ravins j’ai vu le cinnamome odorant.

Au-delà de ces ravins, je me suis dirigé vers l’est

Chapitre 31

1 et j’ai vu d’autres montagnes portant des arbres d’où sortait la résine appelée styrax et le galbanum.

2 Au-delà de ces montagnes, on m’a fait voir une autre montagne, à l’est des extrémités de la terre. Tous les arbres y étaient chargés de [ ] qui ressemble à des coques d’amande. 3 Quand on broie ces coques, il se répand le plus odorant des parfums.

Chapitre 32

1 Au-delà de ces (montagnes), au nord-est, on m’a fait voir d’autres montagnes pleines d’un nard excellent, de mastic, de cardamome et de poivre.

2 De là, on m’a transporté à l’est de toutes ces montagnes, loin d’elles, vers l’est de la terre. On m’a fait passer par-dessus la mer Rouge, on m’en a beaucoup éloigne, on m’a fait franchir les ténèbres, loin d’elles, 3 et l’on m’a fait passer en direction du paradis de justice.

L’Arbre de la connaissance

J’ai vu de loin de grands arbres plus nombreux que ceux-ci. (Il y avait) là *deux* arbres très grands, beaux, magnifiques et majestueux, ainsi que l’Arbre de la connaissance — dont les saints mangent le fruit pour acquérir une grande connaissance. 4 Cet arbre ressemblait au pin par la hauteur, ses feuilles ressemblaient à (celles du) caroubier, son fruit aux grappes de la vigne, si joyeuses, et son parfum se répandait au loin. 5 J’ai dit : « Quel bel arbre ! Qu’il est plaisant à voir ! » 6 Raphaël, le saint ange qui m’accompagnait, m’a répondu alors : « C’est l’Arbre de la connaissance, É ton aïeul et ton aïeule, qui étaient avant toi, en ont mangé. Ils ont acquis la connaissance, et leurs yeux se sont ouverts, ils ont su qu’ils étaient nus et ils ont été chassés du paradis. »

Les portes du ciel aux quatre points cardinaux

Chapitre 33

1 De là je suis allé jusqu’aux extrémités de la terre. J’y ai vu de grandes bêtes différentes les unes des autres ainsi que des oiseaux différents les uns des autres par l’aspect, la beauté et le ramage. 2 À l’est de ces bêtes, j’ai vu les extrémités de la terre, l’endroit où se pose le ciel et les portes du ciel ouvertes. 3 J’ai vu comment sortent les astres du ciel, j’ai compté les portes par lesquelles ils sortent, j’ai décrit toutes leurs issues, pour chacun d’eux, avec leur nombre, leurs noms, leur conjonction, leur position, leur temps (de révolution), leurs mois (d’apparition), selon l’instruction d’Ouriel, le saint ange qui m’accompagnait. 4 Il m’a tout montré et me l’a mis par écrit. Il m’a aussi écrit leurs noms, leur loi et leurs associations [var. et leurs actions].

Chapitre 34

1 De là, je suis allé vers le nord, aux extrémités de la terre. J’y ai vu une merveille [var. disposition] grandiose et magnifique aux extrémités de l’univers. 2 J’y ai vu les portes du ciel, ouvertes dans le ciel, (au nombre de) trois. Par chacune d’elles sortent les vents du nord soufflant le froid, la grêle, la neige, la brame, la rosée et la pluie. 3 <Quand ils sortent par> une porte, ils soufflent favorablement, et quand c’est par les deux autres portes, <ils soufflent violemment, et la terre pâtit>.

Chapitre 35

1 De là, je suis allé vers l’ouest, aux extrémités de la terre. J’y ai vu trois portes du ciel ouvertes, comme j’en ai vu à l’est, autant de portes, autant d’issues.

Chapitre 36

1 De là, je suis allé vers le sud, aux extrémités de la terre. J’y ai vu trois portes du ciel ouvertes. Il en sort le (vent du) sud, la rosée, la pluie et le vent.

2 De là, je suis allé vers l’est, aux extrémités de la terre. J’y ai vu ouvertes les trois portes orientales du ciel et au-dessus d’elles de petites portes. 3 C’est par chacune de ces petites portes que passent les astres du ciel, et ils vont vers l’ouest par le chemin qui leur est montré.

4 Ayant vu (tout cela), j’ai béni le Seigneur de gloire et je Le bénirai en tout temps, Lui qui a créé des signes grandioses et magnifiques pour manifester la grandeur de Sa création à Ses anges, aux esprits et aux hommes afin qu’ils glorifient Son oeuvre et toute Sa création, qu’ils voient l’oeuvre de Sa puissance, glorifient l’oeuvre grandiose de Ses mains et Le bénissent à jamais.

DEUXIÈME SECTION
LES DISCOURS ESCHATOLOGIQUES OU « PARABOLES » D’HÉNOCH

Exorde

Chapitre 37

1 Seconde vision — vision de sagesse — vue par Hénoch, fils de Yéréd, fils de Mahalalel, fils de Caïnan, fils d’Énosh, fils de Seth, fils d’Adam.

2 Ceci est le début du discours de sagesse que j’ai entrepris d’adresser *et de dire* aux habitants de l’aride.

Écoutez, (vous) les premiers, voyez, (vous) les derniers, la parole du Saint [var. sainte] que je prononce devant le Seigneur des Esprits.

3 Mieux vaudrait ne parler qu’aux premiers, mais aux derniers non plus nous ne refuserons pas le principe de sagesse. 4 Jusqu’à présent il ne m’avait pas été par le Seigneur des Esprits la sagesse que je viens de recevoir selon mon désir, selon la volonté du Seigneur des Esprits, par qui m’a été donné le lot de la vie éternelle. 5 J’ai eu trois poèmes à dire, et je les ai prononcés en m’adressant aux habitants de l’aride.

PREMIÈRE « PARABOLE »

Le jugement des impies et des puissants

Chapitre 38

1 Premier poème.
Lorsque la Communauté des justes deviendra visible, que les pécheurs seront condamnés pour leur péché et secoués de la surface de l’aride,
2 quand le Juste [var. la justice] apparaîtra à la face des justes
dont l’oeuvre élue est suspendue au Seigneur des Esprits,
quand la lumière apparaîtra pour les justes et les élus habitant l’aride,
où sera la demeure des pécheurs ?
Où sera le séjour de ceux qui ont renié le Seigneur des Esprits?
Mieux vaudrait pour eux ne pas être nés !
3 Lorsque les secrets des justes seront révélés,
que les pécheurs seront condamnés, et les impies secoués loin de la face des justes et des élus,
4 alors les puissants et les grands ne seront plus les possesseurs de la terre,
et ils ne pourront plus voir la face des saints,
car le Seigneur des Esprits sera apparu,
lumière de la face des saints, des justes et des élus.
5 Et les rois et les puissants périront en ce temps
et ils seront livrés aux mains des justes et des saints.
6a Dès lors, ils n’auront plus d’intercesseurs près du Seigneur des Esprits,

Chapitre 39

2b et il n’y aura pas de pitié pour eux — parole du Seigneur des Esprits —,

Chapitre 38

6b car c’en sera fini de leur vie.

L’assomption d’Hénoch

Chapitre 39

1 En ce temps-là les enfants élus et saints descendaient du haut du ciel et leur race s’unissait à l’humanité, 2a en ce temps-là, Hénoch reçut les lettres de jalousie et de fureur, les lettres de désarroi et de trouble.

Hénoch voit la félicité des justes et l’Élu de justice

3 En ce temps-là, (dit-il), un tourbillon m’a enlevé de la face de la terre
et m’a déposé à la frange des cieux.
4 Et là j’ai vu une seconde vision :
les demeures des saints, les lieux de repos des justes.
5 Là j’ai vu de mes yeux qu’ils demeuraient avec les anges de Sa justice,
et reposaient en compagnie des Saints.
Ils priaient, suppliaient, imploraient pour les humains.
La justice coulait devant eux comme de l’eau,
et la grâce, telle la rosée sur la terre,
(abondait) parmi eux pour l’éternité.
6 C’est en ce lieu que mes yeux virent l’Élu de justice et de fidélité.
La justice régnera en son temps,
et les justes et les élus, sans nombre,
(se tiendront) devant lui pour l’éternité.
7 J’ai vu qu’il demeurait sous les ailes du Seigneur des Esprits,
et tous les justes élus étaient aussi beaux [var. forts] devant lui que la lumière du feu.
Leur bouche était pleine de bénédiction,
et leurs lèvres glorifiaient le nom du Seigneur des Esprits.
En Sa présence, la justice ne périra pas,
le droit ne périra pas en Sa présence.
8 C’est là que j’ai voulu demeurer,
c’est ce séjour que mon esprit a désiré,
c’est là que se trouve mon lot originel,
car c’est ce qui a été arrêté pour moi,
par-devant le Seigneur des Esprits.

Hénoch et les anges bénissent le Seigneur

9 En ce temps-là, j’ai glorifié et exalté le nom du Seigneur des Esprits, bénissant et glorifiant, parce qu’il m’a fermement établi dans la bénédiction et la gloire, selon la volonté du Seigneur des Esprits.
10 Longtemps mes yeux ont regardé ce lieu, et j’ai béni et glorifié (le Seigneur) en disant :

« Béni Il est, béni soit-Il, dès le commencement et à jamais !
11 Devant Lui, il n’est point de fin.
Dès avant la création du monde,
Il savait ce qui était pour toujours,
ce qui serait pour toutes les générations.
12 Ceux qui ne dorment pas et se tiennent devant Ta gloire Te bénissent,
ils (Te) bénissent, (Te) glorifient et (T’)exaltent en disant :
"Saint, saint, saint est le Seigneur des Esprits,
Il remplit la terre d’esprits." »

13 Là j ai vu de mes yeux tous ceux qui ne dorment pas. Ils se tenaient devant Lui et (Le) bénissaient en disant : « Béni sois-Tu, béni soit le nom du Seigneur pour toute l’éternité. » 14 Mon visage s’est défait, car je ne pouvais contempler (ce spectacle).

Les quatre archanges

Chapitre 40

1 J’ai vu ensuite les milliers de milliers, les myriades de myriades, innombrables, incalculables, de ceux qui se tiennent devant le Seigneur des Esprits. 2 J’ai regardé et aux quatre côtés du Seigneur des Esprits, j’ai vu quatre personnages différents de ceux qui ne dorment pas. J’ai su leurs noms, car l’ange qui était venu avec moi et m’avait montré tous les secrets me les avait appris. 3 J’ai entendu la voix de ces quatre personnages prononcer des louanges en présence du Seigneur de gloire.
4 La première voix bénissait le Seigneur des Esprits pour toute l’éternité.
5 La seconde voix, je l’ai entendue bénir l’Élu et les élus qui sont suspendus au Seigneur des Esprits.
6 La troisième voix, je l’ai entendue implorer et prier pour les habitants de l’aride et supplier au nom du Seigneur des Esprits.
7 La quatrième voix, je l’ai entendue repousser les Satans et leur interdire d’approcher le Seigneur des Esprits pour calomnier les habitants de l’aride.
8 J’ai demandé ensuite à l’ange de paix qui m’accompagnait (et) m’avait montré tous les secrets : « Qui sont ces quatre personnages que j’ai vus, dont j’ai entendu la voix et transcrit (les paroles)? » 9 Il m’a répondu : « Le premier est Michel, (l’ange) miséricordieux et lent à la colère ; le second est Raphaël, préposé à toutes les maladies et à toutes les plaies des humains ; le troisième est Gabriel, préposé à toute puissance ; le quatrième est préposé à la repentance (riche) d’espérance pour ceux qui hériteront la vie éternelle, il se nomme Phanouël. » 10 Tels sont les noms des quatre anges du Seigneur des Esprits, et j’ai entendu leur voix à tous les quatre en ce temps-là.

Les secrets du ciel

Chapitre 41

1 J’ai vu ensuite tous les secrets des cieux. (J’ai vu) comment le royaume serait réparti, et l’oeuvre des hommes pesée à la balance. 2 Là j’ai vu les demeures des élus, les demeures des saints. Là j’ai vu de mes yeux qu’on en chassait tous les pécheurs reniant le nom du seigneur des Esprits. Ils étaient emmenés sans pouvoir résister au châtiment envoyé par le Seigneur des Esprits. 3 Là j’ai vu de mes yeux les secrets des éclairs et du tonnerre, et les secrets des vents. (J’ai vu) comment ils sont répartis pour souffler sur la terre. (J’ai vu) les secrets des nuages et de la rosée. Là j’ai vu d’où (la rosée) vient en cet endroit, et c’est de là que (les nuages) vont saturer la poussière du sol. 4 Là j’ai vu les réservoirs clos d’où sont distribués les vents : un réservoir pour la grêle et le vent, un réservoir pour le brouillard et la nuée, et le nuage qui en provient plane sur la terre depuis le commencement du monde. 5 J’ai vu les réservoirs du soleil et de la lune, d’où ils sortent et où ils rentrent, et leur rentrée est glorieuse. (J’ai vu) comment l’un (des astres) a plus de gloire que l’autre. Leur course est majestueuse, ils ne changent pas de parcours, ils n’allongent ni n’écourtent leur course et gardent l’accord mutuel conforme au pacte qu’ils ont <juré>. 6 Le soleil sort d’abord et accomplit son trajet selon l’ordre du Seigneur des Esprits, Son nom dure à toujours. 7 Puis j’ai vu la route, dissimulée et apparente, de la lune : elle accomplit en cet endroit son trajet diurne et nocturne. L’un (des astres) fait face à l’autre, devant le Seigneur des Esprits. Ils Le louent et Le glorifient sans cesse, c’est leur louange qui leur sert de repos.

8 Car le soleil multiplie les révolutions, pour bénir ou maudire, et la course de la lune est lumière pour les justes, et ténèbres pour les impies, au nom du Seigneur qui a séparé la lumière des ténèbres, divisé les esprits des hommes, et affermi ceux des justes au nom de Sa justice. 9 Aucun ange, aucune autorité ne peut s’y opposer, car sur toute chose Il a établi un prince, et c’est lui qui gouverne tout cela en Sa présence.

La Sagesse et la Violence

Chapitre 42

1 La Sagesse n’a pas trouvé de lieu où demeurer. Sa demeure était dans les cieux ;
2 la Sagesse l’a quittée afin d’habiter parmi les humains,
mais elle n’a pas trouvé de demeure.
La Sagesse est rentrée chez elle,
et elle s’est installée au milieu des anges.
3 Et la Violence a quitté ses réservoirs,
elle a trouvé ce qu’elle ne cherchait pas
et elle a pris demeure parmi les (humains),
comme la pluie sur le désert, comme la rosée sur un sol altéré.

L’immortalité astrale

Chapitre 43

1 J’ai vu autre (chose), les éclairs et les astres du ciel. J’ai vu comment on les appelait chacun d’un nom, et ils lui répondaient. 2 J’ai vu les balances exactes servant à les peser selon leur luminosité, (j’ai vu) l’étendue de leur domaine et le jour de leur lever. Leur révolution engendre l’éclair, elle (s’opère) d’après le nombre des anges, et ils respectent leur accord mutuel. 3 J’ai demandé à l’ange qui m’accompagnait et m’avait montré les secrets : « Qu’est cela? » 4 Il m’a répondu : « C’est leur apparence que le Seigneur des Esprits t’a laissé voir. Ce sont (en réalité) les noms des justes qui habitaient l’aride et étaient à jamais fidèles au nom du Seigneur des Esprits. »

Chapitre 44

1 J’ai vu autre chose concernant les éclairs : comment ils proviennent des astres, deviennent éclairs et ne peuvent demeurer avec eux.

DEUXIÈME « PARABOLE »

La venue de l’Élu pour le Jugement dernier

Chapitre 45

1 Ceci est le second poème. Il concerne ceux qui renient le nom de la communauté [var. demeure] des saints et le Seigneur des Esprits.
2 Ils ne monteront pas au ciel, ils n’obtiendront pas la terre. Tel sera le lot des pécheurs qui ont renié [var. renieront] le nom du Seigneur des Esprits,
qui seront ainsi gardés pour le jour de peine et d’angoisse.
3 Ce jour-là, Mon Élu s’assiéra sur le trône de gloire, et il triera leurs actions.
Leurs demeures seront innombrables,
et leurs âmes s’endurciront en eux-mêmes,
quand ils auront vu Mes élus
et ceux qui ont eu recours à Mon nom [saint et] glorieux.
4 Ce jour-là, Je ferai habiter Mon Élu parmi eux,
Je transformerai le ciel, et J’en ferai une bénédiction, une lumière éternelles.
5 Je transformerai l’aride, J’en ferai une bénédiction et J’y ferai habiter Mes élus.
Mais ceux qui commettent le péché et l’injustice ne la fouleront pas.
6 Car J’ai Moi-même veillé à rassasier de paix Mes justes et à les établir en Ma présence. Mais J’ai tout près de Moi la sentence des pécheurs,
Pour les faire disparaître de la face de la terre.

Vision du Principe des jours et du Fils d’homme

Chapitre 46

1. Là, j’ai vu Celui qui détient le principe des jours,
Sa tête était comme de la laine blanche, et avec Lui un autre, dont le visage avait une
apparence humaine et débordait de grâce comme l’un des saints anges.
2 J’ai interrogé sur ce Fils d’homme l’un des saints anges qui m’accompagnait et me montrait tous les secrets : « Qui est-il? D’où vient-il? Pourquoi accompagne-t-il le Principe des jours? »
3 Il m’a répondu :

« C’est le Fils d’homme auquel appartient la justice, la justice a demeuré avec lui,
et c’est lui qui révélera tout le trésor des mystères.
Car c’est lui que le Seigneur des Esprits a élu
et dont le lot a obtenu la victoire devant le Seigneur des Esprits,
selon le droit, pour l’éternité.
4 Ce Fils d’homme que tu as vu
fera lever les rois et les puissants de leurs couches,
les forts de leurs sièges.
Il dénouera les liens des forts
et broiera les dents des pécheurs.
5 Il chassera les rois de leurs trônes et de leur royaume,
parce qu’ils ne l’exaltent pas, ne le glorifient pas
et ne confessent pas d’où leur est venue la royauté.
6 Il fera baisser le visage aux forts, les remplira de confusion,
et ils auront les ténèbres pour demeure, les vers pour couches, sans espoir de s’en relever, car ils n’exaltent pas le nom du Seigneur des Esprits.
7 Ce sont eux qui jugent les astres du ciel
et lèvent la main contre le Très-Haut,
alors qu’ils marchent sur l’aride et y demeurent.
Toute leur oeuvre manifeste la violence,
leur force est dans leurs biens,
leur foi est dans des dieux qu’ils ont faits de leurs mains.
Ils renient le nom du Seigneur des Esprits,
8 ils persécutent Ses congrégations
et les fidèles suspendus au nom du Seigneur des Esprits. »

Intercession des anges pour hâter le Jugement

Chapitre 47

1 En ce temps-là, la prière des justes se sera élevée, et le sang du Juste (sera monté) de la terre devant le Seigneur des Esprits.
2 En ce temps-là, les Saints qui habitent les hauteurs célestes uniront leurs voix,
pour intercéder et prier,
pour glorifier, louer et bénir le nom du Seigneur des Esprits,
à cause du sang des justes qui a été versé,
et pour que la prière des justes ne soit pas sans effet devant le Seigneur des Esprits,
pour qu’il leur soit rendu justice
et qu’ils n’aient pas à patienter éternellement.
3 En ce temps-là, j’ai vu le Principe des jours
prendre place sur Son trône de majesté,
les livres des vivants ouverts devant Lui,
et toute l’armée céleste, [var. et] Sa cour debout devant Lui.
4 Le coeur des Saints sera rempli de joie,
car (ils verront) venu le dénombrement de justice [var. du juste],
exaucée la prière des justes
et réclamé le sang du Juste par-devant le Seigneur des Esprits.

Préexistence du Fils d’homme

Chapitre 48

1 J’ai vu en cet endroit la fontaine de justice qui ne tarit pas, tout entourée de nombreuses fontaines de sagesse,
où tous les assoiffés boiront et s’empliront de sagesse, et leur demeure sera avec les justes, les saints et les élus.
2 À cette heure ce Fils d’homme fut appelé auprès du Seigneur des Esprits,
et son nom (fut prononcé) en présence du Principe des jours.
3 Avant que soient créés le soleil et les signes,
avant que les astres du ciel soient faits,
son nom a été proclamé par-devant le Seigneur des Esprits.
4 Il sera un bâton pour les justes,
ils s’appuieront sur lui sans risque de trébucher.
Il sera la lumière des nations,
il sera l’espoir de ceux qui souffrent dans leur coeur.
5 Devant lui s’inclineront et se prosterneront tous les habitants de l’aride.
Ils glorifieront, béniront et chanteront le Seigneur des Esprits.
6 C’est pour cela qu’il est devenu l’Élu et celui qui a été caché par-devant Lui dès avant la création du monde et jusqu’à l’avènement du Siècle.
7 Mais la sagesse du Seigneur des Esprits l’a révélé aux saints et aux justes.
Il a en effet préservé le lot des justes,
parce qu’ils ont haï et méprisé ce siècle de violence
et en ont haï toute l’oeuvre et toutes les voies,
au nom du Seigneur des Esprits.
C’est par son nom qu’ils seront sauvés,
et par sa volonté qu’il est devenu leur vie.

Le jugement des puissants et le triomphe des justes

8 C’est en vain qu’<en ce> temps<-là> les rois de la terre auront baissé le visage, ainsi que les puissants, maîtres de l’aride,
à cause de l’oeuvre de leurs mains.
Car le jour où viendront sur eux l’angoisse et le tourment,
ils ne se sauveront pas eux-mêmes.
9 Mais je les livrerai aux mains de Mes élus.
Comme de l’herbe dans le feu, ils brûleront sous le regard des saints.
Comme du plomb dans l’eau, ils seront engloutis sous le regard des justes
et ne laisseront pas de trace.
10 Le jour de leur supplice, le calme viendra sur la terre.
Ils tomberont devant (les justes) [var. Lui] et ne se relèveront pas.
Nul ne leur tendra la main pour les relever,
car ils ont renié le Seigneur des Esprits et Son Messie.
Que le nom du Seigneur des Esprits soit béni !

Chapitre 49

1 Car devant lui la sagesse coule comme de l’eau,
et la louange ne tarira pas, à tout jamais,
2 car il est fort de tous les mystères de justice.
La violence passera comme une ombre et n’aura plus de lieu où se tenir,
car l’Élu se tient devant le Seigneur des Esprits.
Sa gloire est éternelle, Sa puissance est pour tous les âges.
3 En lui résident l’esprit de sagesse, l’esprit d’instruction,
l’esprit de science et de puissance,
et l’esprit de ceux qui se sont endormis dans la justice.
4 C’est lui qui jugera ce qui est caché,
et nul ne pourra dire devant lui une parole vaine,
car il a été élu devant le Seigneur des Esprits, selon Sa volonté.

La miséricorde divine

Chapitre 50

1 En ce temps-là, une révolution se produira pour les justes et les élus :
la lumière des jours demeurera sur eux,
et la gloire et l’honneur reviendront aux saints,
le jour du tourment 2 funeste réservé aux pécheurs.
Les justes triompheront au nom du Seigneur des Esprits.
Et Il montrera aux autres à se convertir
et à renoncer à l’oeuvre de leurs mains.
3 Ils n’auront pas la gloire au nom du Seigneur des Esprits,
mais ils seront sauvés par Son nom.
Le Seigneur des Esprits leur fera grâce, car Il est riche de grâce 4 et juste en Son jugement. Devant Sa Gloire, la violence ne subsistera pas,
lors de Son jugement, l’impénitent périra devant Lui.
5 « Et dès lors Je ne leur ferai pas grâce », dira le Seigneur des Esprits.

La résurrection des morts

Chapitre 51

1 En ce temps-là, la terre rendra son dépôt,
le Shéol rendra ce qu’il a reçu,
la Perdition rendra ce qu’elle doit.
2 Il triera parmi (les morts) les justes et les saints,
car le jour du salut sera venu pour eux.
3 En ce temps-là, l’Élu s’assiéra sur Mon [var. son] trône.
Tous les mystères de sagesse seront énoncés par sa bouche,
car le Seigneur des Esprits (les) lui a donnés et l’a glorifié.
4 En ce temps-là, les montagnes bondiront comme des béliers,
les collines tressauteront comme des chevreaux gavés de lait,
et tous les anges seront dans le ciel, le visage brillant de joie.
5 Car en ce temps-là, l’Élu se sera levé.
La terre se réjouira, les justes l’habiteront,
les élus y marcheront [et y circuleront].

Les monts métalliques à la venue de l’Élu

Chapitre 52

1 Après (la vision de) ce temps, dans le lieu même où j’avais eu toutes les visions de mystère — car j’avais été enlevé par un tourbillon et emporté vers l’ouest —, 2 j’ai vu de mes yeux tous les mystères du ciel futur : une montagne de fer, une montagne de cuivre, une montagne d’argent, une montagne d’or, une montagne de métal fusible et une montagne de plomb. 3 J’ai demandé à l’ange qui m’accompagnait : « Que sont ces (montagnes) que j’ai vues mystérieusement? » 4 Il m’a répondu : « Tout ce que tu as vu servira à l’autorité de Son Messie, pour qu’il commande et exerce le pouvoir sur la terre. »

5 Et l’ange de paix a ajouté : « Attends un peu, et te révélera tout le mystère qui entoure le Seigneur des Esprits. 6 Quant aux montagnes que tes yeux ont vues, la montagne de fer, la montagne de cuivre, la montagne d’argent, la montagne d’or, la montagne de métal fusible et la montagne de plomb, elles deviendront toutes devant l’Élu comme de la cire devant le feu, et comme l’eau qui descend de leurs sommets elles seront fluides devant ses pas.

7 En ce temps-là, on ne se sauvera ni à prix d’or ni à prix d’argent.
On ne pourra pas échapper.
8 Le fer ne servira pas pour la guerre ni pour qu’on s’en cuirasse.
Le bronze sera inutile, l’étain ne sera plus utile apprécié, le plomb ne sera plus recherché.
9 Tout cela sera renié et disparaîtra de la face de la terre, quand l’Élu apparaîtra en présence du Seigneur des Esprits. »

Le lieu du jugement

Chapitre 53

1 Là j’ai vu de mes yeux un gouffre profond et béant. Tous ceux qui habitaient l’aride, la mer et les îles lui apportaient des présents, des cadeaux, des tributs, et ce gouffre profond ne se remplissait pas.

2 Leurs mains commettent le crime,
et les pécheurs mangent leur gain criminel.
Eh bien ! ils succomberont devant le Seigneur des Esprits,
et seront expulsés de la face de Sa terre.
Mais ils ne périront pas à tout jamais.
3 En effet, j’ai vu tous les anges du châtiment s’installer [var. s’avancer] et apprêter tous les instruments de Satan. 4 J’ai demandé à l’ange de paix qui m’accompagnait : « Pour qui apprête-t-on ces instruments ? »

5 Il m’a répondu : « C’est pour les rois et les puissants de cette terre, afin qu’ils périssent par cela.

6 Et après cela, le Juste, l’Élu, rendra visible sa Congrégation et désormais ils ne trouveront plus d’obstacle, au nom du Seigneur des Esprits.

7 Devant sa justice, ces monts ne seront plus [var. seront] comme de la terre, les collines seront pareilles à une fontaine, et les justes seront soulagés de l’oppression des pécheurs. »

Le lieu du supplice

Chapitre 54

1 J’ai tourné mon regard vers un autre côté de la terre et j’ai vu là un gouffre profond où brûlait un feu. 2 On amenait les rois et les puissants pour les jeter dans ce gouffre profond. 3 Là j’ai vu de mes yeux qu’on fabriquait les instruments de leur supplice et des chaînes de fer qu’on ne pouvait peser. 4 J’ai demandé à l’ange de paix qui m’accompagnait : « Pour qui apprête-t-on ces chaînes et (ces) instruments? »

5 Il m’a répondu : « On les apprête pour les troupes d’Azazel : on les arrêtera, on les jettera dans l’abîme de tout supplice et on couvrira leurs mâchoires de pierres rugueuses, comme l’a ordonné le Seigneur des Esprits. 6 Michel, Gabriel, Raphaël et Phanouël les saisiront en ce grand jour et les jetteront dans la fournaise ardente, ce jour-là, afin que le Seigneur des Esprits Se venge sur eux de leur violence, parce qu’ils ont été au service de Satan et ont égaré les habitants de l’aride. »

Indulgence de Dieu au temps du déluge

7 En ce temps-là venait un châtiment (envoyé par) le Seigneur des Esprits. Tous les réservoirs des eaux s’étaient ouverts, celles du haut des cieux et celles des sources souterraines, 8 et toutes les eaux se rejoignaient — les eaux des hauteurs célestes sont mâles, et les eaux souterraines sont femelles. 9 Elles balayaient tous ceux qui habitaient sur l’aride et ceux qui habitaient sous les franges du ciel. 10 De la sorte, ils reconnurent la violence qu’ils avaient exercée sur la terre, c’est elle qui causait leur perte.

Chapitre 55

1 Puis le Principe des jours s’était repenti. Il avait dit : « C’est en vain que J’ai détruit tous ceux qui vivaient sur l’aride. » 2 Et Il avait juré par Son grand nom : « Désormais, je ne traiterai plus ainsi tous ceux qui vivent sur l’aride. Je mettrai un signe dans les cieux, et ce sera entre Moi et eux (un gage de) fidélité éternelle, tant que (dureront) les jours du ciel au-dessus de la terre, et cela par Mon ordre. »

Maintenant, Dieu a perdu patience

3 « Alors que jadis J’ai cherché à les protéger par la main des anges en un jour de détresse et de douleur, (maintenant) J’ai établi sur eux Mon châtiment et Ma colère, dit le Seigneur des Esprits. " Rois puissants qui habitez l’aride, il vous faudra voir Mon Élu s’asseoir sur le trône de gloire et juger Azazel, toute sa compagnie et sa troupe entière, au nom du Seigneur des Esprits. »

Le châtiment des damnés

Chapitre 56

1 J’ai vu là passer des troupes d’anges du châtiment portant des verges et des entraves de fer et de bronze. 2 J’ai demandé à l’ange de paix qui m’accompagnait : « Vers qui vont ces porteurs de verges? » 3 Il m’a répondu : « Vers leurs élus et leurs bien-aimés, pour les jeter dans l’orifice de l’abîme. 4 Alors le gouffre sera rempli de leurs élus et de leurs bien-aimés, il sera mis un terme aux jours de leur vie, les jours de leur tromperie ne compteront plus. »

Le combat eschatologique devant Jérusalem

5 En ce temps-là, les anges reviendront,
ils se précipiteront vers l’est, chez les Parthes et les Mèdes.
Ils mettront en branle les rois saisis par un esprit d’agitation
et les feront bouger de leur trône.
Et (les rois) sortiront comme des lions de leurs antres, comme des loups affamés parmi leur troupeau.
6 Ils monteront piétiner la terre de Ses [var. leurs] élus,
la terre de Ses [var. leurs] élus sera ouverte à leur piétinement.
7 Mais la ville de Mes justes sera un obstacle pour leurs chevaux.
Ils se mettront à s’entretuer,
et leur droite se tendra contre eux-mêmes.
Un homme ne reconnaîtra plus son frère, ni un fils son père ou sa mère,
si bien qu’il y aura une masse de leurs cadavres.
Puisse leur châtiment ne pas être vain !
8 En ce temps-là, le Shéol ouvrira sa gueule,
ils s’y engloutiront, et leurs meurtres cesseront.
Le Shéol dévorera les pécheurs en présence des élus.

Le rassemblement des exilés

Chapitre 57

1 Ensuite, j’ai vu une autre troupe (équipée) de chars. Les hommes qui les montaient venaient avec les vents, depuis l’orient et depuis l’occident, en direction du midi. 2 Le bruit de leurs chars se fit entendre, et à ce tumulte, les Saints dans le ciel surent (ce qui arrivait). La colonne de la terre chancela sur sa base, et on l’entendit d’une extrémité du ciel à l’autre, le même jour. 3 Tous se prosternaient et adoraient le Seigneur des Esprits.

Telle est la fin de la deuxième « Parabole ».

TROISIÈME « PARABOLE »

Béatitude des élus dans l’éternelle lumière

Chapitre 58

1 J’ai entrepris de dire un troisième poème, concernant les justes et les élus.
2 Heureux êtes-vous, justes et élus, car votre lot est glorieux !
3 Les justes seront dans la lumière du soleil,
les élus dans la lumière de la vie éternelle.
Les jours de leur vie n’auront point de fin,
les saints auront des jours innombrables.
4 Ils chercheront la lumière et obtiendront justice,
auprès du Seigneur des Esprits.
Paix aux justes, au nom du Seigneur d’éternité !
5 Ensuite, il sera dit aux saints, dans le ciel
de rechercher les mystères de justice, le lot de fidélité,
car il a brillé comme le soleil sur l’aride, et les ténèbres ont passé.
6 Il y aura une lumière qu’on ne pourra évaluer,
et ils n’entreront pas dans le compte des jours,
car les ténèbres auront disparu,
et la lumière durera devant le Seigneur des Esprits,
la lumière durera toujours devant le Seigneur des Esprits.

Les secrets des éclairs et des luminaires

Chapitre 59

1 En ce temps-là, j’ai vu de mes yeux les mystères des éclairs et des luminaires, ainsi que leur jugement : ils brillent pour la bénédiction ou pour la malédiction, selon la volonté du Seigneur des Esprits. 2 J’ai vu là aussi les mystères du tonnerre : quand il gronde en haut du ciel, alors leur voix se fait entendre. Les demeures de l’aride m’ont été montrées. * Le tonnerre retentit* pour le salut et la bénédiction, ou pour la malédiction selon l’ordre du Seigneur des Esprits. 3 On m’a fait voir ensuite tous les mystères des luminaires et des éclairs : ils brillent pour la bénédiction et l’abondance.

Vision de Noé

Chapitre 60

1 L’an cinq cent, le septième mois, le quatorze du mois, *dans la vie d’Hénoch en cette « parabole »,* j’ai vu le ciel des cieux trembler d’un grand tremblement et l’armée du Très-Haut — les anges (par) milliers de milliers et myriades de myriades — s’agiter d’une grande agitation. 2 Le Principe des jours siégeait sur Son trône de gloire, et les anges et les justes se tenaient autour de Lui. 3 Un grand frisson m’a saisi, la terreur s’est emparée de moi, mes flancs ont ployé, mes reins ont cédé, et je suis tombé sur le visage. 4 Michel envoya un second ange d’entre les Saints, et il m’a relevé. Et quand il m’eut relevé, je suis revenu à moi, car je n’avais pu supporter le spectacle de cette armée, de cette agitation et du tremblement du ciel. 5 Michel m’a dit : « Que (signifie) le spectacle d’une pareille agitation? (C’est que) jusqu’aujourd’hui c’était le temps de la clémence ; (Dieu) a été clément et lent à la colère envers les habitants de l’aride. 6 Mais quand viendra le jour, (alors viendront) l’armée, le châtiment et le Jugement préparés par le Seigneur des Esprits pour ceux qui ne s’inclinent pas devant le juste Jugement, pour ceux qui nient le juste Jugement et pour ceux qui prennent Son nom en vain. Ce jour a été préparé (comme jour d’)alliance pour les élus et (d’)examen pour les pécheurs. »

Léviathan et Behémoth

7 C’est ce jour-là qu’ont été séparés les deux dragons : le dragon femelle, appelé Léviathan, destiné à habiter l’abîme de la mer, au-dessus des sources, 8 et le dragon mâle, appelé Behémoth, qui occupe avec son poitrail le désert <désolé > appelé Dendayn, (sis) à l’est du Jardin qu’habitent les élus et les justes (et) où avait été transporté mon aïeul, le septième (homme) depuis Adam, premier humain créé par le Seigneur des Esprits. 9 J’ai demandé au second ange de me montrer la puissance de ces dragons et (de me dire) comment ils avaient été séparés en un seul jour et précipités, l’un dans l’abîme de la mer, l’autre sur la (terre) aride du désert. 10 Il m’a répondu : « Fils d’homme ! Ici tu veux connaître ce qui est secret < >. »

Secrets de la création

11 Le second ange, celui qui m’accompagnait et me montrait les arcanes, m’a dit le principe et la fin (de ce qui est) dans le ciel, dans sa hauteur, en dessous de l’aride, dans la profondeur, aux extrémités du ciel et dans les fondations de la terre [var. du ciel]. 12 (Il m’a montré) les réservoirs des vents, (m’a dit) comment les vents sont répartis, comment on dispose et numérote les orifices des vents, chacun d’après la force du vent et la luminosité de la lune, avec une autorité équitable. (Il m’a montré) les divisions (du temps régies par) les astres, chacune par son nom, et (m’a dit comment) s’opère chaque division. 13 (Il m’a montré) les tonnerres : quand ils tombent, il se produit toujours une séparation, telle que l’éclair luit (d’abord) et que l’on entend peu après ce qui le suit. 14 C’est que le tonnerre a des lieux de repos, il lui est permis de patienter pour (faire entendre) sa voix, mais le tonnerre et l’éclair ne sont pas dissociés l’un de l’autre. Tous deux sont mus par un même esprit et ne sont pas dissociés. 15 De fait, quand l’éclair luit, le tonnerre donne de la voix, mais alors l’esprit met une pause et une division juste entre eux, — le réservoir de leurs temps est de sable —, et l’un et l’autre sont tenus en bride, ramenés par la force de l’esprit et dirigés ainsi selon la multitude des régions terrestres.

16 L’esprit de la mer est mâle et vigoureux. La vigueur de la mer est telle que (Dieu) le conduit par une bride. C’est ainsi que la mer est dirigée et disséminée par toutes les montagnes de la terre.

17 L’esprit de la neige est un ange (de Dieu) : l’esprit de la grêle est un ange favorable. 18 L’esprit du gel est apaisé par la puissance (de Dieu) ; il a un ange pour lui seul ; ce qui en monte ressemble à une fumée et se nomme le frimas.

19 L’esprit de la nuée ne partage pas leurs réservoirs, mais il en a un pour lui seul, car sa venue est pleine de majesté, dans la lumière et dans les ténèbres, en hiver et en été. <Celui qui la rassemble > est un ange.

20 L’esprit de la rosée a sa demeure aux extrémités du ciel ; il est adjoint aux réservoirs de la pluie ; (la rosée) arrive en hiver et en été ; son nuage est associé à la nuée, en sorte que l’un donne à l’autre. 21 Quand l’esprit de la pluie quitte son réservoir, les anges viennent ouvrir le réservoir et la font sortir. Quand elle se répand sur toute l’aride, elle s’unit à l’eau qui est sur l’aride et quand elle s’unit, en tout temps, à l’eau qui est sur l’aride < > 22 En effet, les eaux sont destinées aux habitants de l’aride, parce que l’alimentation de l’aride procède du Très-Haut qui est dans le ciel. C’est pourquoi il y a une mesure de la pluie, et des anges l’ont en charge. 23 Voilà tout ce que j’ai vu, jusqu’au Jardin des justes.

Fin de la révélation sur Behémoth et Léviathan

24 L’ange de paix qui m’accompagnait m’a donc répondu : « Ces deux dragons sont préparés pour le grand jour de Dieu et nourriront < > »

Châtiment des impies

25 Quand le châtiment du Seigneur des Esprits se posera sur eux, il se posera de manière à ce que le châtiment du Seigneur des Esprits ne vienne pas en vain : il fera mourir les enfants avec leurs mères, les fils avec leurs pères. Ensuite viendra le Jugement, selon la grâce et la patience (du Seigneur).

Le Jugement des justes par l’Élu

Chapitre 61

1 En ce temps-là, je l’ai vu, on aura donné aux anges de longs cordeaux. Ils auront pris des ailes pour s’envoler en direction du nord. 2 J’ai demandé à l’ange : « Pourquoi ceux-ci ont-ils pris des cordeaux et s’en sont-ils allés? » Il m’a répondu : « Ils sont allés mesurer. » 3 L’ange qui m’accompagnait m’a dit (encore) :
« Ceux-ci apportent pour les justes les mesures des justes et les toises des justes,
afin qu’ils s’appuient pour toujours sur le nom du Seigneur des Esprits.
4 Et les élus commenceront à habiter avec les élus.
Ce sont les mesures données à la fidélité, elles affermiront la justice.
5 Ces mesures révéleront tout ce qui est caché au fond de la terre,
ceux qui ont péri victimes du désert,
ceux qui ont été engloutis par les fauves,
ceux qui ont été engloutis par les poissons de la mer.
Ainsi ils reviendront et se tiendront fermes au jour de l’Élu.
Car rien ne disparaît devant le Seigneur des Esprits, rien ne peut disparaître.
6 Ceux qui habitent la hauteur céleste ont tous reçu un ordre, un pouvoir, une seule voix et une seule lumière, pareille à du feu,
7 et de leurs premiers accents béniront cet (Élu).
Ils (l’) exalteront et (le) glorifieront avec sagesse,
rendus sages par la parole et par l’esprit de vie.
8 Le Seigneur des Esprits aura placé l’Élu de gloire,
et il jugera toute l’oeuvre des saints dans la hauteur céleste et pèsera leur oeuvre à la balance.
9 Quand il lèvera son visage pour juger leur conduite secrète, selon ce qu’a dit le nom du Seigneur des Esprits,
et la trace de leurs pas sur la voie du juste jugement du Seigneur des Esprits,
tous prendront la parole, d’une seule voix,
pour bénir, glorifier, exalter et sanctifier le nom du Seigneur des Esprits.
10 Elle criera aussi, toute l’armée des cieux,
ainsi que tous les Saints dans la hauteur,
l’armée du Seigneur, les Chérubins, les Séraphins, les Ophanim,
tous les anges de puissance, tous les anges des dominations,
l’Élu et toutes les puissances, dans la terre et les eaux.
11 Ce jour-là, ils élèveront ensemble la voix,
pour bénir, glorifier, exalter,
dans un esprit de foi, un esprit de sagesse, un esprit de patience,
un esprit de clémence, un esprit de justice et de paix,
un esprit de douceur, et ils diront tous d’une même voix :
« Béni, béni soit le nom du Seigneur des Esprits, éternellement et à jamais ! »
12 Tous ceux qui ne dorment pas en haut du ciel Le béniront,
tous les Saints qui sont dans le ciel Le béniront,
tous les élus habitant le Jardin de vie (Le béniront).
Tout esprit de lumière, capable de bénir, glorifier, exalter et sanctifier Ton nom béni,
et toute chair, de ses forces accrues,
glorifieront et béniront Ton nom, éternellement.
13 Car grande est la clémence du Seigneur des Esprits, il est lent à la colère.
Et toute son oeuvre, tout ce qu’il a fait, Il l’a révélé aux justes et aux élus.
Au nom du Seigneur des Esprits !

Jugement des rois et des grands

Chapitre 62

1 Voici l’ordre du Seigneur aux rois, aux puissants, aux grands et aux habitants de la terre :
« Ouvrez vos yeux, élevez vos cornes.
Pourrez-vous reconnaître l’Élu? »
2 Le Seigneur des Esprits <l’aura fait asseoir > sur Son trône glorieux,
l’esprit de justice se sera répandu sur lui,
et la parole de sa bouche fera mourir tous les pécheurs,
tous les méchants périront devant sa face.
3 Ce jour-là, tous les rois se lèveront,
ainsi que les puissants, les grands, les maîtres de la terre.
Ils le verront et sauront qu’il siège sur Son trône glorieux.
Devant lui sera rendue la justice,
et aucune parole vaine ne sera prononcée devant lui.
4 Et il viendra sur eux une douleur comme (sur) une femme en travail,
quand l’enfant se présente et qu’elle peine pour enfanter.
5 Une moitié d’entre eux regardera l’autre moitié,
et ils seront consternés, la tête basse, en proie à la douleur,
quand ils verront ce fils d’homme [var. de femme] s’asseoir sur Son trône glorieux.
6 Les rois, les puissants, tous les maîtres de la terre
béniront, glorifieront, exalteront le détenteur de tous les secrets
7 car, dès l’origine, le Fils d’homme a été tenu caché,
le Très-Haut l’a gardé par-devers Sa puissance.
Mais Il l’a révélé aux élus.
8 La Communauté des élus et des saints sera semée,
et tous les élus se tiendront devant lui en ce jour.
9 Tous les rois, les puissants, les grands et les maîtres de l’aride
tomberont devant lui, face contre terre.
Ils se prosterneront et mettront leur espoir en ce Fils d’homme,
ils le supplieront et lui demanderont grâce.
10 Mais le Seigneur des Esprits, Lui-même, les frappera d’épouvanté,
si bien qu’ils se hâteront de fuir sa présence,
la honte sur le front, les ténèbres sur la face.
11 Les anges s’empareront d’eux, en châtiment,
pour venger sur eux les coups qu’ils ont infligés à Ses enfants et à Ses élus,
12 et ils serviront de spectacle aux justes et à Ses élus
qui se réjouiront de voir la colère du Seigneur des Esprits s’appesantir sur eux
et Son glaive s’enivrer de leur <sang >.
13 Les justes et les élus seront sauvés ce jour-là,
et ne verront plus dès lors le visage des pécheurs et des méchants.
14 Le Seigneur des Esprits demeurera sur eux,
et c’est en compagnie de ce Fils d’homme qu’ils mangeront,
se coucheront et se lèveront, pour toujours.
15 Les justes et les élus seront relevés de terre,
ayant cessé de baisser le visage, et revêtus d’un vêtement de gloire.
16 Que ce soit là votre vêtement,
le vêtement de la vie que donne le Seigneur des Esprits !
Vos vêtements ne s’useront pas,
et votre gloire n’aura pas de fin, devant le Seigneur des Esprits.

Remords et vaines supplications des coupables

Chapitre 63

1 En ce temps-là, les puissants et les rois maîtres de l’aride supplieront les anges du châtiment, auquel ils auront été livrés, de leur accorder un peu de repos afin de se prosterner devant le Seigneur des Esprits, de L’adorer et de confesser leur péché devant Lui. 2 Ils Le béniront et Le glorifieront en disant :

« Béni soit le Seigneur des Esprits, le Seigneur des rois,
le Seigneur des puissants, le Seigneur des riches,
le Seigneur de gloire, le Seigneur de sagesse.
3 Ta puissance resplendit en tout ce qui est caché, de génération en génération,
et Ta gloire (est) éternelle.
Tous Tes mystères sont profonds et innombrables.
Ta justice est incommensurable.
4 Maintenant, nous savons qu’il nous faut glorifier et bénir
le Seigneur des rois, celui qui règne sur tous les rois. »

5 Ils diront aussi :
« Si seulement nous avions eu un délai pour glorifier, louer et confesser la foi devant Ta gloire !
6 Maintenant nous sollicitons un bref sursis et nous ne l’obtenons pas.
Nous sommes pourchassés, nous ne tenons (plus rien).
La lumière s’est éloignée de nous,
et les ténèbres sont notre demeure éternelle,
7 parce que nous n’avons pas confessé la foi devant le Seigneur des Esprits,
nous n’avons pas glorifié Son nom,
mais notre espérance était en notre sceptre et en notre gloire.
8 Au jour où nous endurons la peine et l’angoisse, pas de salut pour nous !
Pas même un sursis pour confesser la foi !
C’est que notre Seigneur est constant dans toute son oeuvre, sa sentence et sa justice,
et sa sentence ne fait point acception de personne.
9 Nous disparaissons devant Lui pour prix de nos oeuvres,
et tout notre péché a été exactement compté. »

10 Ils leur diront alors :
« Notre âme s’est repue de biens mal acquis,
mais cela ne nous empêchera pas de descendre
du sein de (l’abondance) dans la rigueur du Shéol. »

11 Ensuite, leur face se couvrira de ténèbres et de honte, en présence de ce Fils d’homme.
Ils fuiront devant sa face, et l’épée restera tendue au milieu d’eux.
12 Ainsi parle le Seigneur des Esprits :
« Voilà le décret et la sentence (portés) contre les puissants, les rois, les grands et les maîtres de l’aride par-devant le Seigneur des Esprits. »

Vision des anges déchus

Chapitre 64

1 J’ai vu en ce lieu d’autres figures cachées. 2 J’ai entendu l’ange dire : « Ce sont les anges qui sont descendus sur la terre, qui ont révélé les mystères aux humains et les ont induits à pécher. »

Révélations d’Hénoch à Noé au temps du déluge : la cause du déluge

Chapitre 65

1 En ce temps-là, Noé vit que la terre avait chancelé et que sa destruction était proche. 2 Il dirigea ses pas de là vers les extrémités de la terre et implora Hénoch son aïeul. Noé dit d’une voix triste : « Écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi », trois fois.

3 Je dis [var. Il dit] (à Hénoch) : « Raconte-moi ce qui se passe sur la terre pour qu’elle peine et vacille de la sorte. Ne vais-je pas moi aussi périr avec elle ? » 4 Il y eut ensuite une grande agitation sur la terre, une voix se fit entendre du haut du ciel, et je suis tombé face contre terre. 5 Hénoch, mon aïeul, est venu se tenir auprès de moi et m’a dit : « Pourquoi es-tu venu m’implorer avec tant de tristesse et de larmes ? 6 Voici la décision prise par-devant le Seigneur au sujet des habitants de l’aride : leur destruction doit avoir lieu, parce qu’ils ont connu tous les secrets des anges, toute la violence et toute la puissance des Satans, le mystère des mystères, toute la puissance des sorciers, la puissance des sortilèges, la puissance de ceux qui fondent le métal de toute la terre. 7 (Ils ont appris) comment l’argent naît de la poussière de la terre et comment le métal fusible est produit sur la terre. 8 Car le plomb et l’étain ne naissent pas de la terre comme le premier (métal) ; c’est une source qui leur donne naissance, un ange s’y tient, et cet ange éparpille (le minerai). »

Hénoch annonce le salut de Noé

9 Puis Hénoch, mon aïeul, me prit par la main, me releva et me dit : « Va, car j’ai interrogé le Seigneur des Esprits sur cette agitation dont la terre est le théâtre, 10 et il m’a répondu : "C’est à cause de leur méfait que leur condamnation s’est accomplie. Ils ne seront plus comptés devant Moi, à cause des mois qu’ils ont cherché à connaître. La terre périra avec ses habitants. 11 Quant à ceux-ci, ils ne trouveront jamais de refuge, car ils ont montré aux hommes les mystères, et ce sont eux les condamnés." Mais toi, mon fils, le Seigneur des Esprits sait que tu es vertueux et pur de cet opprobre venu des mystères. 12 Il a maintenu ton nom parmi les saints et Il te préservera parmi les habitants de l’aride. Il a maintenu ta descendance légitime pour (en faire) des rois et pour de grands honneurs, et de ta descendance sortira une source de justes et de saints innombrables, pour l’éternité. »

Chapitre 66

1 Puis il m’a montré les anges du châtiment prêts à venir déchaîner toute la puissance des eaux souterraines pour la condamnation et la perdition de tous les habitants de l’aride. 2 Le Seigneur des Esprits avait ordonné aux anges qui sortaient de ne pas lever la main, mais d’être attentifs, car ces anges avaient été préposés à la puissance des eaux. 3 Et je me suis retiré de devant Hénoch.

Dieu annonce le salut de Noé

Chapitre 67

1 En ce temps-là, la parole du Seigneur me fut adressée. Il me dit : « Noé ! Ton lot est monté auprès de Moi, un lot exempt d’opprobre, un lot d’amour et de rectitude. 2 Maintenant, les anges vont travailler le bois, et quand ils auront achevé (l’arche), Je mettrai Ma main sur elle pour la garder. Il en proviendra une semence de vie, et un changement se produira, afin que l’aride ne demeure point nue. 3 J’affermirai ta race devant Moi pour les siècles des siècles. Je disséminerai ceux qui habitent avec toi. Je n’enverrai plus d’épreuve sur la face de l’aride, mais (ta race) sera bénie et se multipliera sur l’aride, au nom du Seigneur. »

Le châtiment des anges sera celui des rois : les sources thermales

4 Il enfermera les anges qui ont montré le crime dans le gouffre ardent que m’avait fait voir auparavant mon aïeul Hénoch, à l’ouest, auprès des montagnes d’or, d’argent, de fer, de métal fusible et d’étain. 5 J’ai vu ce gouffre, où régnait une grande agitation, et l’agitation des eaux. 6 Quand tout cela a été créé, le métal en fusion et l’agitation (des anges) ont produit en cet endroit une odeur de soufre qui s’est mêlée aux eaux. Le gouffre où se trouvent les anges séducteurs brûle au-dessous de cette terre, 7 et de ses abîmes viennent des fleuves de feu où sont suppliciés les anges qui ont séduit les habitants de l’aride.

8 En ce temps-là, les eaux (qui servaient) aux rois, aux puissants, aux grands et aux habitants de l’aride de remède corporel, leur serviront de châtiment spirituel. Leur esprit s’emplissait de volupté ; aussi seront-ils châtiés dans leur chair, car ils ont renié le Seigneur des Esprits. Ils voyaient leur châtiment quotidien et ne confessaient pas Son nom ! 9 Aussi fort que la brûlure de leur chair est le changement (qui s’opérera) pour (leur) esprit, aux siècles des siècles, car il n’est personne qui prononce de parole vaine devant le Seigneur des Esprits. 10 Oui, le jugement viendra sur eux, pour avoir cru en la volupté de leur chair et renié l’esprit du Seigneur !

11 En ce temps-là, ces eaux subissaient une transformation : quand les anges y étaient suppliciés, les sources devenaient brûlantes, et quand les anges remontaient, leurs eaux se refroidissaient. 12 J’ai entendu Michel proclamer : « Ce supplice des anges est un témoignage pour les rois et les puissants qui possèdent l’aride : 13 Peau du supplice des anges leur sert à guérir et à flatter leur chair, mais ils ne voient pas et ne croient pas que ces eaux se transformeront pour devenir un feu brûlant éternellement. »

Chapitre 68

1 Après cela, mon aïeul Hénoch a mis pour moi dans un livre l’explication des mystères, ainsi que les visions symboliques qui lui avaient été accordées. Il les a jointes pour moi au livre des « Paraboles ».

Réflexions de Michel sur le supplice des anges

2 Ce jour-là, Michel prit la parole et dit à Raphaël : « La force de l’esprit me transporte et me remplit de colère devant la rigueur du châtiment infligé à (la divulgation des) mystères. Ce supplice, qui pourra l’endurer, tant est sévère la peine exercée et devant laquelle ils fondent? » 3 Michel dit encore à Raphaël : « Qui n’en aurait le coeur endolori et n’aurait les reins troublés par cette sentence de bannissement (prononcée) contre ceux qu’on a ainsi bannis ? » 4 Mais quand il se fut tenu devant le Seigneur des Esprits, Michel déclara à Raphaël : « Je ne prendrai pas leur parti aux yeux du Seigneur. En effet, le Seigneur des Esprits s’est irrité contre eux parce qu’ils ont agi à l’instar du Seigneur. 5 C’est pourquoi ils subiront tout ce qui est (préparé) en secret pour l’éternité. Ni un ange, ni un homme ne recevra ce sort, eux seuls recevront leur peine pour l’éternité.

Chapitre 69

1 Mais après cette condamnation, ils (continueront à) faire trembler et à provoquer les habitants de l’aride, parce qu’ils leur ont montré (tout) cela. »

Noms et fonctions des anges déchus

2 Voici les noms de ces anges : le premier d’entre eux (est) Semyâzâ (Shemêhaza) ; le deuxième (est) Artâqifâ ; le troisième (est) Armên ; le quatrième (est) Kokabiel ; le cinquième (est) Tourou’êl ; le sixième (est) Roumâ’êl ; le septième (est) Dânyal ; le huitième (est) Nêqâ’êl ; le neuvième (est) Barâq’êl ; le dixième (est) Azâz’êl ; le onzième (est) Armâros ; le douzième (est) Bataryal ; le treizième (est) Basas’êl ; le quatorzième (est) Hanân’êl ; le quinzième (est) Tour’êl ; le seizième (est) Simipêsi’êl ; le dix-septième (est) Yetre’êl ; le dix-huitième (est) Toumâ’êl ; le dix-neuvième (est) Touriel ; le vingtième (est) Roumâ’êl ; le vingt et unième (est) Azâz’êl.

3 Et voici quels sont les chefs des anges, et leurs noms, leurs centurions, leurs commandants de cinquantaines et leurs décurions. 4 Le nom du premier est Yeqon. C’est lui qui a séduit tous les êtres angéliques : il les a fait descendre sur l’aride et les a séduits au moyen des filles des humains.

5 Le nom du deuxième est Asbe’êl. C’est lui qui a indiqué aux saints êtres angéliques le dessein funeste : il les a induits à souiller leur chair au contact des filles des humains.

6 Le nom du troisième est Gadre’êl. C’est lui qui a fait voir aux humains tous les coups mortels ; c’est lui qui a séduit Ève et qui a montré aux humains le bouclier, la cuirasse, l’épée meurtrière et tous les instruments de mort. 7 C’est de sa main que (tout cela) est venu chez les habitants de l’aride, depuis lors et pour les siècles des siècles.

8 Le nom du quatrième est Pênêmou’e. C’est lui qui a enseigné aux humains l’amer et le doux et qui leur a montré tous les secrets de leur science. 9 C’est lui qui a appris aux hommes à écrire avec de l’encre et du papyrus, et de ce fait, bien des hommes s’égarent, depuis toujours et à toujours, et jusqu’à ce jour. 10 En effet, les hommes ne sont pas nés pour affirmer leur loyauté au moyen du calame et de l’encre.

11 L’homme n’a pas été créé autrement que les anges, (il a été créé) pour demeurer pur et juste, et la mort qui corrompt toute chose les aurait épargnés, mais leurs connaissances les font périr, et c’est à cause de ce pouvoir que (la mort) me dévore.

12 Le nom du cinquième est Kâsdeyâ’e. C’est lui qui a montré aux humains tous les coups funestes des esprits et des démons, les pratiques abortives, la morsure des bêtes, le coup qui frappe à midi, enfant de la bête appelée « mâle » < > ;

Le pacte des anges et le Nom garant de la stabilité du monde

13 Ceci est le chiffre de Kasbe’êl, initiateur du pacte, qu’il a indiqué aux Saints, alors qu’il habitait en haut, dans le ciel : son nom est Biqâ. 14 C’est lui qui demandait à Michel de lui révéler le Nom secret, afin que (les anges) le mentionnent dans le pacte pour que ce Nom et ce pacte fassent trembler ceux qui ont enseigné aux hommes tous les mystères. 15 Telle est la vertu de ce pacte : il est puissant et stable. Akâ’e avait confié ce pacte à Michel.

16 Voici les mystères de ce pacte : grâce à Son pacte < > ; est ferme ; le ciel a été suspendu avant la création du monde et il est là éternellement.

17 (Grâce à ce pacte), la terre a été établie sur les eaux, et des (recoins) secrets des montagnes viennent des eaux plaisantes, depuis la création du monde, éternellement.

18 Grâce à ce pacte, la mer a été créée ; Il a mis le sable pour lui (servir de) fondement, en vue du temps de la colère, et elle ne le franchit pas, depuis la création du inonde, éternellement.

19 Grâce à ce pacte, les abîmes ont été affermis, ils sont stables et ne bougent pas de place, d’éternité en éternité.

20 Grâce à ce pacte, le soleil et la lune accomplissent leur course, sans transgresser leur loi, depuis toujours.

21 Grâce à ce pacte, les astres accomplissent leur course, Il les appelle par leur nom, et ils Lui répondent, d’éternité en éternité.

22 Il en va de même pour l’eau, les souffles des vents, tous les esprits et leurs voies, dans toutes les compagnies d’esprits.

23 C’est là que sont gardées la voix du tonnerre et la lueur de l’éclair. C’est là que sont gardés les réservoirs de la grêle, les réservoirs du gel, les réservoirs de la nuée, les réservoirs de la pluie et de la rosée. 24 Tous ceux-là confessent la foi et rendent grâces devant le Seigneur des Esprits ; ils (le) glorifient de toutes leurs forces, et leur nourriture consiste en toutes sortes d’action de grâces. Ils rendent grâce, glorifient et exaltent le nom du Seigneur des Esprits, pour les siècles des siècles.

25 C’est pour eux que ce pacte a été fermement établi. Grâce à lui, ils sont maintenus, ainsi que toutes leurs voies, et leur course n’est pas déviée.

Louange du Fils d’homme

26 Ils ont ressenti une grande joie,
ils ont béni, glorifié, exalté,
parce que le nom de ce Fils d’homme leur a été révélé.
27 Il s’est assis sur Son trône glorieux,
et la somme du jugement a été donnée à ce Fils d’homme.
Il fera disparaître les pécheurs de la face de la terre
et les livrera à la corruption, avec ceux qui ont égaré le monde.
28 Ils seront enchaînés, enfermés dans leur prison de corruption,
et toute leur oeuvre disparaîtra de la face de la terre.
29 Dès lors, il n’y aura plus rien de corruptible,
car ce Fils d’homme sera apparu
et se sera assis sur Son trône glorieux.
Tout mal disparaîtra de la face de la terre et s’en ira.
Ils parleront à ce Fils d’homme,
et il subsistera devant le Seigneur des Esprits.
Ici (s’achève) la troisième « Parabole » d’Hénoch.

CONCLUSION DU LIVRE DES « PARABOLES »

L’assomption d’Hénoch

Chapitre 70

1 Ensuite, il arriva que le nom de ce fils d’homme fut élevé vivant auprès du Seigneur des Esprits (et retiré) d’entre les habitants de l’aride. 2 Il fut élevé sur le char du vent, et son nom fut retiré d’entre eux.

3 Depuis ce jour, je n’ai plus été compté parmi eux. Il m’a placé entre deux points cardinaux, entre le nord et l’ouest, là où les anges avaient porté les cordeaux afin de mesurer pour moi le domaine (destiné) aux élus et aux justes. 4 Là j’ai vu les patriarches et les justes qui depuis toujours demeurent en cet endroit.

Chapitre 71

La montée d’Hénoch vers le séjour de Dieu

1 Ensuite, il arriva que mon âme fut enlevée et élevée dans les cieux.
J’ai vu les saints êtres angéliques marcher sur des flammes de feu,
tout revêtus de blanc et le visage brillant comme du cristal.
2 J’ai vu deux fleuves de feu
dont la lumière avait l’éclat de l’hyacinthe
et je me suis prosterné devant le Seigneur des Esprits.
3 Michel, un des saints anges, m’a pris la main droite,
il m’a relevé et m’a conduit vers tous les mystères.
Il m’a montré tous les mystères de miséricorde,
il m’a montré tous les mystères de justice.
4 Il m’a montré tous les mystères des extrémités du ciel,
tous les réservoirs des astres et de tous les luminaires, les lieux d’où ils sortent, en présence des Saints.
5 Il a enlevé mon esprit *à moi Hénoch* au plus haut des cieux.
Et là j’ai vu, dans cette lumière, un édifice fait de blocs de glace
et au milieu des blocs, des langues de feu vivant.
6 Mon esprit a vu ce qui entourait ce palais de feu :
l’entourant sur les quatre côtés, des fleuves remplis de feu vivant.
7 Tout autour, les Séraphins, les Chérubins, les Ophanim,
ce sont ceux qui ne dorment pas et gardent Son trône glorieux.
8 J’ai vu des anges innombrables entourer ce palais,
des milliers de milliers, des myriades de myriades,
et Michel, Raphaël, Gabriel et Phanouël,
les saints anges du haut du ciel, y entraient et en sortaient.
9 Michel, Raphaël, Gabriel et Phanouël,
ainsi qu’une foule innombrable de saints anges, sortirent de ce palais.
10 Le Principe des jours était avec eux.
Sa tête avait la blancheur et la pureté de la laine, ainsi que Son vêtement indescriptible.
11 Je suis tombé sur le visage,
le corps alangui, l’esprit transformé,
et j’ai crié à pleine voix.
D’un souffle puissant, j’ai béni, glorifié, exalté,
12 et les bénédictions sorties de ma bouche ont été agréables à ce Principe des jours.

L’investiture d’Hénoch

13 Le Principe des jours est venu avec Michel, Raphaël, Gabriel, Phanouël et les milliers et les myriades des anges innombrables. 14 Il [var. L’ange] est venu vers moi, et m’a salué de la voix. Il m’a dit :
« Tu es le Fils d’homme, toi qui es né pour [var. selon] la justice, la justice a demeuré sur toi,
la justice du Principe des jours ne te quittera pas. »
15 Il m’a dit (encore) :
« Il appellera pour toi la paix en Son nom, pour le siècle à venir,
car c’est d’ici que procède la paix depuis la création du monde, et ainsi tu l’auras pour toujours, pour les siècles des siècles.
16 Chacun suivra ta voie, la justice ne te quittera jamais.
C’est avec toi qu’ils auront leur demeure, c’est avec toi qu’ils auront leur lot,
et ils ne se sépareront pas de toi, pour toujours, pour les siècles des siècles. »
17 Et ainsi, la longévité accompagnera ce Fils d’homme,
la paix sera pour les justes, la rectitude sera pour les justes, au nom du Seigneur des Esprits, pour les siècles des siècles.

TROISIÈME SECTION

TRAITÉ D’ASTRONOMIE ET DE MÉTÉOROLOGIE

Introduction

Chapitre 72

1 Traité de la révolution des luminaires célestes, (décrits) chacun selon sa catégorie, son pouvoir, son temps, son nom, son lieu de lever, ses mois, que m’a montrés le saint ange Ouriel, mon compagnon et leur guide. Tout le traité les concernant est conforme à ce qu’il m’a montré et (vaut) pour toutes les années du monde, perpétuellement, jusqu’à ce que s’accomplisse l’oeuvre nouvelle qui doit durer éternellement.

La loi du soleil

2 Voici la première loi des luminaires, (celle qui concerne) le luminaire soleil. Son lever est aux portes du ciel situées du côté de l’orient, et son coucher aux portes occidentales du ciel. 3 J’ai vu six portes là où le soleil se lève, et six portes là où le soleil se couche. La lune se lève et se couche par ces (mêmes) portes, ainsi que les guides des (autres) astres avec ce qu’ils guident. Il y en a six à l’orient et six à l’occident, chacune l’une derrière l’autre, en bon ordre. Plusieurs fenêtres (sont ménagées) à droite et à gauche de ces portes.

4 Le grand luminaire, appelé le soleil, se lève le premier. Son orbe est pareil à l’orbe du ciel, et il est tout rempli d’un feu qui éclaire et embrase. 5 Un vent souffle sur le char où il monte. À son coucher, le soleil quitte le ciel à l’ouest et regagne l’orient par le nord. Il est conduit de manière à revenir à sa porte pour briller (à nouveau) sur la face du ciel.

6 C’est ainsi qu’il sort le premier mois par une grande porte qui est la quatrième des six portes de l’orient. 7 Cette quatrième porte — par laquelle sort le soleil au premier mois — est munie de douze fenêtres ouvertes, d’où sort une flamme quand elles s’ouvrent en leur temps. 8 Quand le soleil se lève dans le ciel, il sort par cette quatrième porte pour trente matins, et c’est par la quatrième porte occidentale qu’il descend, régulièrement. 9 En ce temps-là, les jours allongent, et les nuits raccourcissent, durant trente matins. 10 À cette date, le jour est plus long que la nuit d’un neuvième. Le jour compte exactement dix parts, pour huit parts à la nuit, exactement. 11 Le soleil sort par cette quatrième porte et se couche par la quatrième (porte de l’occident), mais il revient à la cinquième porte de l’orient. Pour trente matins, il sort par cette porte et se couche par la cinquième porte (de l’occident). 12 Alors, le jour est plus long de deux parts : il compte onze parts, tandis que la nuit raccourcit et compte sept parts.

13 Puis il revient à l’est et entre par la sixième porte. Il en sort et se couche par la sixième porte (occidentale) pour trente et un matins, en vertu du signe de celle-ci. 14 À cette date, le jour est plus long que la nuit, il en est le double : le jour compte douze parts ; la nuit raccourcit et compte six parts.

15 Puis le soleil s’élève de manière à ce que le jour raccourcisse et que la nuit allonge. Il revient à l’est, entre par la sixième porte, il s’y lève et se couche pour trente matins. 16 Au bout des trente matins, le jour a raccourci exactement d’une part : le jour compte onze parts, et la nuit sept.

17 Puis le soleil, après avoir quitté l’occident par la sixième porte, regagne l’orient et s’y lève par la cinquième porte, pour trente matins, et à l’occident, il se couche aussi par la cinquième porte.

18 À cette date, le jour a raccourci de deux parts : ils comptent dix parts, et la nuit huit parts.

19 Le soleil sort par cette cinquième porte et se couche par la cinquième porte de l’occident, mais il se lève par la quatrième porte, en vertu des signes de celle-ci, pour trente et un matins, et se couche à l’occident.

20 À cette date, le jour est égal à la nuit : le jour compte neuf parts et la nuit également.

21 Puis le soleil, après être sorti par cette porte et s’être couché à l’occident, regagne l’est et y sort par la troisième porte, pour trente matins, et il se couche aussi a l’occident par la troisième porte.

22 À cette date, la nuit devient plus longue que le jour, les nuits allongent, et les jours raccourcissent pendant trente matins. La nuit comporte exactement dix parts, et le jour huit parts. 23 Le soleil sort par cette troisième porte et se couche par la troisième porte de l’occident, mais quand il revient à l’orient, il sort par la deuxième porte orientale, pour trente matins. De même, il se couche par la deuxième porte, à l’occident du ciel. 24 À cette date, la nuit compte onze parts, et le jour sept parts.

25 À cette date, le soleil sort par cette deuxième porte, il se couche aussi à l’occident par la deuxième porte, puis il revient à l’orient, à la première porte, pour trente et un matins, et il se couche par la première porte, à l’occident du ciel. 26 À cette date, la nuit est (la plus) longue, elle est le double du jour : la nuit compte exactement douze parts, et le jour six parts.

27 Le soleil a (alors) accompli ses apparitions. Il revient maintenant sur elles. Il entre par cette porte pendant trente matins et se couche à l’occident par celle lui qui correspond. 28 À cette date, la nuit a diminué de longueur d’un neuvième : la nuit compte onze parts, et le jour sept parts.

29 En revenant, le soleil entre par la deuxième porte de l’orient. Pendant trente matins, il se lève et se couche. 30 À cette date, la nuit diminue : elle compte dix parts, et le jour huit parts.

31 À cette date, le soleil sort par cette deuxième porte, se couche à l’ouest, revient à l’orient, se lève par la troisième porte pour trente et un matins et va se coucher à l’occident du ciel. 32 À cette date, la nuit raccourcit : elle compte neuf parts, et le jour neuf parts. Le jour est égal à la nuit.

L’année est exactement de trois cent soixante-quatre jours. 33 La longueur des jours et des nuits et leur brièveté sont différenciées par la course du soleil. 34 C’est pour cette raison que les jours allongent et que les nuits diminuent.

35 Tels sont la loi du soleil, sa course et son retour, quand ce grand luminaire, appelé soleil, entre et sort soixante fois (par chacune des six portes de l’orient et de l’occident), éternellement. 36 Ce qui sort, c’est ce grand luminaire, il est nommé selon son apparence, comme l’a ordonné le Seigneur. 37 Tel il sort, tel il entre : il ne diminue pas et ne se repose pas, mais circule le jour et la nuit. Sa lumière est le septuple de celle de la lune, mais les dimensions des deux (luminaires) sont égales.

Première loi de la lune : ses phases

Chapitre 73

1 Après cette loi, j’ai vu une seconde loi, concernant le petit luminaire, appelé lune. 2 Son orbe est pareil à l’orbe du ciel, un vent souffle sur le char qu’elle emprunte, mais la lumière lui est mesurée. 3 Chaque mois, elle change de lieu de lever et de coucher, et ses jours sont pareils à ceux du soleil. Quand elle est également répartie, sa lumière est le septième de celle du soleil. 4 Voici comment elle brille : son commencement est ce qui apparaît du côté de l’orient, le trentième jour. C’est à cette date qu’elle devient visible, et cela vous sert à compter le début du mois, le trentième jour. (Elle sort) avec le soleil, à la porte de sortie du soleil. 5 (Ou bien) son quartier apparaît pour un septième, tout le disque lunaire étant dépourvu de lumière sauf un septième de quartier, la quatorzième partie de sa lumière (totale). 6 Le jour où elle prend un septième de quartier de lumière, sa lumière devient un septième et demi (de sa lumière totale). 7 (Ou bien) elle se couche avec le soleil et se lève avec lui en (ne) prenant (qu’)une demi-part de lumière cette nuit-là, à son lever, au commencement du jour lunaire, et elle se couche avec le soleil. Cette nuit-là, elle demeure obscure pour six septièmes et un demi-septième (de quartier). 8 À cette date, elle se lève (avec) exactement un septième (de quartier), et elle s’incline à partir de l’orient. Les autres jours, elle s’éclaire (successivement) à six (plus) sept parties.

Seconde loi de la lune : le cycle des mois

Chapitre 74

1 J’ai vu un autre cycle et la loi qui le régit. C’est en vertu de cette loi que (la lune) accomplit le cycle des mois. 2 Tout cela m’a été montré par le saint ange Ouriel qui est leur guide à tous. J’ai décrit leur position comme il me l’a montrée, leurs mois tels qu’ils sont et le spectacle de leur lumière jusqu’à ce que soit accompli le quinzième jour.

3 C’est par septièmes que (la lune) parfait son illumination à (sa) croissance, et par septièmes qu’elle parfait son obscurcissement à (son) déclin. 4 À des mois déterminés, elle change (ses) couchers, et à des mois déterminés, elle parcourt ses propres étapes une à une. 5 Pendant deux mois, elle se couche avec le soleil par les deux portes centrales, la troisième et la quatrième portes. 6 Elle sort pendant sept jours, elle fait le tout et revient par la porte de sortie du soleil ; elle parfait (alors) son illumination ; puis elle s’incline (plus loin) du soleil et entre pendant huit jours par la sixième porte de sortie du soleil. 7 Quand le soleil sort par la quatrième porte, elle (en) sort pendant sept jours, jusqu’à ce qu’elle sorte par la cinquième et, de nouveau, elle revient pendant sept jours par la quatrième porte et parfait son illumination. Elle s’incline et entre par la première porte pendant huit jours. 8 De nouveau, elle revient pendant sept jours par la quatrième porte de sortie du soleil. 9 C’est ainsi que j’ai vu leurs positions, comment se lèvent les lunes et se couche le soleil à ces dates.

L’année solaire et l’année lunaire

10 (Si) on totalise (les jours de) cinq années, le soleil gagne trente jours (sur cinq années lunaires), et tous les jours (excédentaires) reviennent à chacune des cinq années, qui fait à plein trois cent soixante-quatre jours. 11 L’excédent des jours pour le soleil et les astres atteint six jours, cinq ans à six jours font trente jours. C’est le déficit de la lune sur le soleil et les astres.

12 Le soleil et les astres produisent des années exactes, conformes entièrement à leur position, éternellement, sans avance ni retard d’un seul jour. Ils changent l’année avec une exactitude rigoureuse. Chaque année est de trois cent soixante-quatre jours, 13 (soit) pour trois ans, mille quatre-vingt-douze jours, pour cinq ans, mille huit cent vingt jours, si bien que huit ans comptent deux mille neuf cent douze jours. 14 Pour la lune seule, le total des jours de trois années atteint mille soixante-deux jours, et pour cinq ans, elle perd (sur le soleil) cinquante jours *car on ajoute au total mille soixante-deux jours*. 15 Cinq années (lunaires) font mille sept cent soixante-dix jours, si bien que huit années lunaires comptent deux mille huit cent trente-deux jours 16 *Puisque quatre-vingts jours manquent pour huit années,* le total des jours manquant sur huit années est de quatre-vingts.

17 L’année s’accomplit régulièrement selon l’ordre cosmique (des astres) et la position du soleil. (Les astres) se lèvent par les portes que (le soleil) emprunte trente jours pour se lever et se coucher.

Les quatre jours intercalaires

Chapitre 75

1 Ceux qui dirigent les chefs de mille préposés à toute la création et à tous les astres, ainsi qu’aux quatre jours supplémentaires n’abandonnent pas leur activité, conformément au calendrier. Ils font (également) leur office ces quatre jours qu’on ne fait pas entrer (à tort) dans le calendrier, 2 et au sujet desquels les hommes s’égarent. En effet, ces luminaires s’emploient régulièrement à (maintenir) l’ordre cosmique, un à la première porte, un à la troisième porte du ciel, un à la quatrième porte et un à la sixième porte. L’ordre cosmique exact s’accomplit par chacune de ces trois cent soixante-quatre portes.

Conclusion des lois du soleil et de la lune

3 Les signes, les temps, les années et les jours m’ont été montrés par Ouriel, l’ange que le Seigneur de gloire a préposé pour toujours à tous les luminaires célestes, dans le ciel et dans le monde, afin que le soleil, la lune, les astres et toutes les créatures serves tournant sur tous les chars célestes dominent à la face du ciel, soient visibles sur terre et soient les guides du jour et de la nuit.

Les chars célestes

4 De même, Ouriel m’a montré douze portes ouvertes dans l’orbe du char dans le ciel. C’est par elles que sortent les rayons du soleil et qu’ils répandent la chaleur sur la terre, quand elles sont ouvertes, aux temps qui leur sont fixés. 5 (Il en est aussi) pour les vents et pour l’esprit de la rosée, *quand les portes sont ouvertes dans le ciel aux extrémités de* 6 quand sont ouvertes dans le ciel, aux extrémités de la terre, les douze portes de sortie du soleil, de la lune, des astres et de tous les corps célestes, à l’orient et à l’occident. 7 Il y a plusieurs fenêtres ouvertes, à droite et à gauche, et chaque fenêtre répand la chaleur en son temps, selon les portes que les astres empruntent pour sortir selon l’ordre qu’ils ont reçu, et pour se coucher selon leur chiffre. 8 J’ai vu les chars célestes parcourir le monde au-dessus de ces portes ; c’est avec eux que les astres qui ne se couchent pas opèrent leur révolution. 9 Il en est un plus grand que tous les autres, c’est lui qui fait le tour du monde entier.

Les portes des vents

Chapitre 76

1 Aux extrémités de la terre, j’ai vu douze portes ouvertes pour tous les vents : c’est par elles que sortent les vents qui vont souffler sur la terre. 2 Trois d’entre elles sont ouvertes à l’avant du ciel, trois à l’occident, trois à droite du ciel et trois à gauche. 3 (Autrement dit,) les trois premières sont du côté de l’est, les trois suivantes du côté du nord, (les) trois (suivantes) du côté du sud, (les) trois (suivantes) à l’ouest. 4 Par quatre de ces (portes) sortent des vents chargés d’assainir et de vivifier la terre et par les huit (autres) des vents de châtiment : quand ils sont envoyés, ils ravagent la terre entière, les eaux et tout ce qui s’y trouve, ce qui croît, fleurit et pullule dans les eaux et sur l’aride.

5 En premier, le vent appelé oriental sort par la première de ces portes, celle qui est du côté de l’est, s’inclinant vers le sud. Il en provient la dévastation, la sécheresse, la chaleur et la ruine. 6 Par la deuxième porte, celle du milieu, sort le vent d’est-est. Il en provient la pluie, la germination, le bien-être et la rosée. Par la troisième porte, ( sort le vent de) nord-est, proche du (vent du) nord. Il en provient le froid et la sécheresse.

7 (Viennent) ensuite les vents du côté du sud, sortant par trois portes. Par la première de ces portes, s’inclinant vers l’orient, sort en premier un vent de chaleur. 8 Par la porte voisine, celle du milieu, sortent ce qu’on appelle le vent austral, la rosée, la pluie, le bien-être et la vie. 9 Par la troisième porte, celle qui est du côté de l’occident sortent la rosée, la pluie, les sauterelles et la désolation.

10 (Viennent) ensuite les vents du côté du nord, appelé « mer ». Par la septième porte, celle qui est du côté de l’orient < > ;. Il en provient la rosée, la pluie, les sauterelles et la désolation. 11 De la porte du milieu sortent (tout) droit la vie, la pluie, la rosée, le bien-être. Par la troisième porte, celle qui est du côté de l’occident < > ;. Il en provient le brouillard, le gel, la neige, la pluie, la rosée et les sauterelles.

12 (Viennent) ensuite les vents du côté de l’ouest. Par la première porte, celle qui est du côté du nord < > ; et il en provient la rosée, le gel, le froid, la neige et le frimas. 13 De la porte du milieu sortent la rosée, la pluie, le bien-être et la bénédiction. Par la dernière porte, celle qui est du côté du sud < > ; il en provient la sécheresse, la désolation, la canicule et la ruine.

14 C’en est fini des douze portes des quatre vents du ciel, j’en ai reçu la (liste) complète et l’explication, et je te l’ai montrée, ô mon fils Mathusalem.

Les quatre points cardinaux

Chapitre 77

1 On appelle le premier point cardinal « est » parce qu’il est le premier. On appelle le sud [var. le deuxième] « sud » parce que c’est là que réside le Très-Haut et que descend par prédilection Celui qui est béni à jamais. 2 L’(autre) point cardinal (est appelé) « couchant » parce que les astres du ciel y vont, là où se couchent et là où entrent tous les astres. C’est pourquoi on l’appelle « couchant ». 3 < ;On appelle le nord « nord »> ; parce que c’est là que se cachent, se rassemblent et tournent tous les vaisseaux du ciel pour aller vers le levant du ciel. < ;Le levant > ; (est appelé) « levant » parce que c’est de là que se lèvent les corps célestes et aussi « orient » parce que c’est à partir de là qu’ils brillent. La terre se divise en trois régions : une d’elles est un séjour pour les humains, une d’elle (est réservée) [ ] à des déserts [ ] aux mers, aux abîmes, aux bois, aux fleuves, aux ténèbres et aux brouillards, et la troisième région au paradis de justice.

Les sept montagnes, les sept fleuves, les sept îles

4 J’ai vu sept hautes montagnes, plus hautes que toutes les montagnes terrestres. Sur elles descend la neige. Il en provient le gel. Et les jours, les temps et les années passent.

5 J’ai vu sept fleuves sur la terre, plus grands que tous les autres fleuves. L’un d’eux vient de l’occident et déverse ses eaux dans la grande mer. 6 Deux (autres) viennent du nord jusqu’à la mer et déversent leurs eaux dans la mer Rouge de l’orient. 7 Les quatre qui restent sortent du côté du nord (et vont) jusqu’à leur mer : (deux jusqu’à) la mer Rouge, et deux dans la grande mer. (D’autres) disent (dans) le désert.

8 J’ai vu sept grandes îles dans la mer et dans les terres : deux dans les terres, et cinq dans la grande mer.

Les noms du soleil et de la lune

Chapitre 78

1 Voici les noms du soleil : le premier est Oryârês et le second Tomâs.

2 La lune a quatre noms : le premier est Asonyâ, le deuxième Abelâ, le troisième Benâsê et le quatrième Erâ’e.

3 Ce sont les deux grands luminaires, leur orbe est pareille à celle du ciel, et leurs disques sont d’égales dimensions. 4 Dans le disque du soleil sont ajoutées sept parts de lumière si on compare à la lune. (À celle-ci, la lumière) est mesurée jusqu’à ce qu’elle atteigne le septième (de celle) du soleil. 5 Ils se couchent en entrant par les portes occidentales, reviennent par le nord et sortent en avant du ciel par les portes orientales.

Nouvel énoncé de la loi de la lune

6 Quand la lune se lève, il en apparaît dans le ciel la quatorzième partie, de la lumière s’y (ajoute) chaque jour, et elle atteint sa pleine luminosité le quatorzième jour. 7 (Ou bien) il est mis en elle quinze (parts) de lumière, en sorte qu’elle atteint sa pleine luminosité le quinzième (jour), selon le signe de l’année. Les lunaisons se constituent par moitiés de septièmes. 8 À son décroît, elle se réduit le premier jour à quatorze parties de sa lumière ; le lendemain, elle se réduit à treize parties de lumière ; le troisième jour, elle se réduit à douze ; le quatrième à onze ; le cinquième, elle se réduit à dix ; le sixième, elle se réduit à neuf parties ; le septième, elle se réduit à huit parties ; le huitième, elle se réduit à sept ; le neuvième, elle se réduit à six ; le dixième, elle se réduit à cinq ; le onzième, elle se réduit à quatre ; le douzième, elle se réduit à trois ; le treizième, elle se réduit à deux ; le quatorzième, elle se réduit à un quatorzième de sa lumière totale, et le quinzième jour, ce qui reste de toute (sa lumière) disparaît. 9 Pour certains mois, la lunaison est de vingt-neuf jours, mais il en est de vingt-huit.

10 Ouriel m’a fait voir un autre calcul [var. É loi] : à quel moment la lumière est mise dans la lune, et par où elle lui est mise à partir du soleil. 11 Tout le temps que la lune progresse, la lumière lui est projetée en face du soleil, pendant quatorze jours. Sa luminosité est (alors) accomplie. Quand elle est tout entière embrasée, elle atteint sa pleine luminosité dans le ciel. 12 Le premier jour, elle est appelée « nouvelle lune », parce que ce jour-là, la lumière se lève sur elle. 13 Elle est pleine exactement au moment où le soleil descend à l’ouest et où elle se lève à l’orient, à la nuit ; la lune brille toute la nuit, jusqu’au lever du soleil en face d’elle ; la lune apparaît (donc) en face du soleil. 14 Par où la lumière arrive à la lune, par là elle se remet à décroître, jusqu’à ce que toute sa lumière disparaisse, que passent les jours du mois et que son disque reste vide, sans lumière.

15 Durant trois mois, elle accomplit (son cycle) en trente jours, en son temps et opérant son décroit. Durant trois mois, elle l’accomplit en vingt-neuf jours, pendant lesquels elle opère son décroît dans le premier temps et par la première porte. (Tout cela) dure cent soixante-dix-sept jours. 16 Au déclin (de l’année), elle apparaît pendant trois mois de trente jours chacun, puis elle apparaît pendant trois mois de vingt-neuf jours chacun. 17 La nuit, son apparence est [É pendant vingt jours] presque celle d’un homme, mais le jour, elle est comme le ciel, car elle « n’a rien d’autre que sa lumière.

Résumé des lois astrologiques

Chapitre 79

1 Et maintenant, mon fils, je t’ai tout montré. C’en est fini de la loi de tous les astres des cieux. 2 On m’a montré toute leur loi, pour chaque jour, pour chaque temps soumis à l’autorité, pour chaque année, quand elle décline selon le lieu où (l’astre) se couche, selon l’ordre, pour chaque mois et pour chaque semaine. 3 (On m a montré) le décroît de la lune s’opérant à la sixième porte. C’est en effet à cette porte qu’elle atteint sa pleine luminosité, et c’est là qu’est le début de son décroît. 4 (On m’a montré) le décroît qui s’opère à la première porte, en son temps, jusqu’à ce que soient accomplis cent soixante-dix-sept jours, soit vingt-cinq semaines et deux jours. 5 Il manque (donc) par rapport au soleil et selon l’ordonnance des astres exactement cinq jours pour une seule période (de six mois), quand est parfaite la position que tu vois. 6 Tels sont le spectacle et l’image de chaque luminaire. Ouriel, le grand ange qui les guide, me les a montrés.

La perturbation des mouvements célestes sous le signe du péché

Chapitre 80

1 En ce temps-là, l’ange Ouriel m’a parlé en ces termes : « Voilà, je t’ai tout montré, ô Hénoch. Je t’ai tout révélé, pour que tu voies ce soleil, cette lune, ceux qui guident les astres du ciel et tous ceux qui les font tourner, leur oeuvre, leurs temps et leur lieu de sortie. 2 Mais au temps des pécheurs, les saisons pluvieuses seront abrégées,
leurs semailles viendront en retard, sur la terre et dans les champs.
Tout le travail qui se fait sur la terre sera bouleversé
et n’apparaîtra plus en son temps.
La pluie sera retenue, le ciel l’arrêtera.
3 En ce temps-là, le fruit de la terre viendra en retard,
il ne germera pas en son temps,
et le fruit des arbres sera retenu en son temps.
4 La lune changera sa loi
et n’apparaîtra plus en son temps.
5 En ce temps-là, le ciel sera visible,
et la famine viendra à la traîne d’un grand char, à l’occident.
(Le ciel) brillera plus qu’il n’est régulier.
6 Plusieurs chefs des astres violeront la règle
et bouleverseront leur trajet et leur oeuvre.
Ils n’apparaîtront plus aux temps qui leur ont été fixés.
7 Toute l’ordonnance des astres se cachera aux pécheurs.
La pensée des habitants de la terre errera à leur sujet,
et ils se détourneront de toutes leurs voies.
Ils erreront, et des (astres) se feront des dieux.
8 Mais les maux se multiplieront contre eux,
et le châtiment viendra sur eux pour tout détruire. »

Les tablettes célestes et la mission d’Hénoch

Chapitre 81

1 Il m’a dit encore : « Regarde, Hénoch, ces tablettes célestes, lis ce qui y est écrit et apprends-en tout le détail. » 2 J’ai regardé les tablettes célestes, j’ai lu tout ce qui était écrit et j’ai tout appris. J’ai lu le livre de tous les actes des hommes, de tous les enfants de la chair (vivant) sur la terre, jusqu’à la génération finale.

3 Alors, j’ai béni le Seigneur, le Grand, le Roi de gloire, pour l’éternité, pour avoir fait tout l’ouvrage du monde. J’ai loué le Seigneur pour Sa patience, je (L’) ai béni pour les enfants d’Adam. 4 Puis j’ai dit : « Bienheureux l’homme qui meurt juste et probe, contre lequel n’a été tenu aucun registre de méfait, pour être présenté au jour du Jugement. »

5 Et les sept [var. trois] Saints m’ont conduit. Ils m’ont déposé sur terre, devant la porte de ma maison, et ils m’ont dit : « Fais connaître à ton fils Mathusalem et montre à tous tes enfants que nul être de chair n’est juste devant le Seigneur, car c’est Lui qui les a créés. 6 Pendant une année, nous te laisserons auprès de ton fils, jusqu’à nouvel ordre, afin que tu instruises tes enfants et écrives ton témoignage pour eux, pour tous tes enfants. L’année suivante, on te retirera d’entre eux. 7 Que ton coeur soit ferme,
car les probes annonceront aux probes la justice.
Le juste se réjouira avec le juste, et ils se salueront.
8 Le pécheur mourra avec le pécheur,
et l’apostat sera englouti avec l’apostat.
9 Mais les artisans de la justice périront du fait des hommes
et ils seront réunis (dans la mort) par l’oeuvre des méchants. »
10 À ce moment, (les Saints) ont cessé de me parler, et je suis rentré dans ma famille en bénissant le Seigneur du monde.

Instructions d’Hénoch à Mathusalem : le calendrier et les guides des saisons

Chapitre 82

1 Maintenant, ô mon fils Mathusalem, je te dis toutes ces choses et je les écris pour toi. Je t’ai tout révélé et je t’ai donné les livres qui les contiennent toutes. Garde, mon fils, ce qu’a écrit la main de ton père, pour le donner à la génération finale.
2 Je t’ai donné la science, ainsi qu’à tes enfants,
et à ceux qui deviendront pour toi des enfants,
pour qu’ils donnent aux leurs, pour des générations,
cette science supérieure à leur entendement.
3 Ceux qui comprendront ne s’endormiront pas,
mais ils prêteront l’oreille à l’enseignement de cette science
plus douce pour eux que des mets délicieux à manger. 4 Bienheureux tous les justes qui marchent dans le sentier de la justice et ne pèchent pas comme les pécheurs dans le compte de tous leurs jours ! C’est conformément à cela que le soleil chemine dans le ciel, entrant et sortant par des portes pendant trente jours, ainsi que les chefs de mille de l’ordre des astres et les quatre (chefs) supplémentaires qui distinguent les quatre saisons dont ils sont les guides et entrent avec eux aux quatre jours. 5 C’est au sujet de ces derniers que les hommes s’égarent en ne les comptant pas dans le calendrier de l’année, parce qu’ils se trompent à leur sujet et ne les connaissent pas exactement. 6 En effet, ils appartiennent au calendrier de l’année et sont véritablement assignés pour l’éternité, un à la première porte, un à la troisième porte, un à la quatrième et un à la sixième. L’année est complète en trois cent soixante-quatre jours. 7 Cette parole est véridique, et exact le chiffre indiqué, car pour ce qui est des luminaires, des mois, des fêtes, des hivers et des jours, Ouriel m’a montré et inspiré ce que <lui> a ordonné le Seigneur de toute la création au sujet de l’armée du ciel. 8 (Il) a autorité sur la nuit et sur le jour, dans le ciel, pour que le soleil, la lune, les astres et toutes les puissances célestes qui reviennent avec leur disque fassent apparaître la lumière sur les hommes. 9 Telle est la loi des astres qui se couchent en leurs lieux et en leurs temps, leurs fêtes, leurs mois, selon leurs signes.

10 Et voici les noms de ceux qui les dirigent, de ceux qui (les) gardent et entrent en leurs temps, qui les dirigent sur leurs positions, selon leurs lois, à leurs époques et à leurs mois, selon leurs pouvoirs et dans leurs stations.11 Entrent d’abord les quatre guides qui distinguent les quatre saisons, puis les douze guides des ordres qui distinguent les mois. Les trois cent soixante jours ont des chefs de mille qui les séparent, et les quatre jours supplémentaires sont accompagnés par les guides qui séparent les quatre saisons. 12 Les chefs de mille se placent entre chaque guide (de jour) supplémentaire, et leurs guides déterminent la séparation.

13 Voici les noms des guides séparant les quatre saisons établies : Milki’êl, Hêl’emermêlêk, Mêl’êyal et Nârêl. 14 Ceux qu’ils dirigent se nomment Adnâre’êl, lyasusa’êl et Elomê’êl ; ces trois-là suivent les guides des ordres qui suivent (eux-mêmes) les guides des Stations séparant les quatre saisons.

15 Au début de l’année, le premier qui se lève pour régner est Milki’êl, appelé aussi Tama’âyni et « Soleil ». Le total des jours placés sous l’autorité qu’il exerce est de quatre-vingt-onze. 16 Voici les signes saisonniers qui doivent apparaître sur la terre au temps de sa domination : la tiédeur, la chaleur, le calme ; tous les arbres fructifient ; le feuillage pousse sur tous les arbres ; (c’est le temps de) la moisson de l’orge, des roses et de toutes les fleurs poussant dans la campagne ; la végétation hivernale se dessèche. 17 Et voici les noms des guides subordonnés : Berka’êl, Zêlbese’êl < >. L’autre chef de mille qui vient en supplément se nomme Hilouyâsef. C’en est fini du temps de domination de (Milki’êl).

18 Le deuxième guide, venant après lui, est Hêl’ememêlêk, appelé « Soleil brillant ». Le total des jours où il luit est de quatre-vingt-onze. 19 Voici les signes saisonniers (apparaissant) sur la terre : la température torride et la sécheresse ; les arbres produisent leur fruit mûr, ils donnent leur fruit mûr et à point ; les brebis sont accouplées et deviennent pleines ; on récolte tout le fruit de la terre, tout ce qu’il y a dans les champs et (ce qui va) au pressoir. (Tout cela) se passe sous sa domination. 20 Et voici, (par) leur nom et (dans) leur ordre, les guides des chefs de mille : Gidâ’iyal, Kê’êl et Hê’êl. Le nom du chef de mille venant avec eux en supplément est Asfâ’êl. C’en est fini du temps de domination de (Hêl’ememêlêk) < >

[ ] (la rosée) et la pluie descendent sur la terre, la semence [ ] l’herbe de la terre et le bois. (Le soleil) sort et rentre [ ] c’est l’hiver, et tous leurs arbres (voient leur feuillage se dessécher, à l’exception des) quatorze arbres dont on ne voit pas (se dessécher le feuillage) persistant, [ ]

QUATRIÈME SECTION

LES SONGES VISIONNAIRES D’HÉNOCH

Introduction

Chapitre 83

1 Maintenant, ô mon fils Mathusalem, je vais te montrer toutes les visions que j’ai vues, je vais les raconter devant toi. 2 J’ai vu deux visions avant de prendre femme, et la première ne ressemblait pas à la seconde. J’ai vu la première alors que j’apprenais à écrire, et la seconde avant d’épouser ta mère.

LE PREMIER SONGE D’HÉNOCH

Vision du cataclysme

J’ai vu une vision terrible, et j’ai à ce propos imploré le Seigneur.

3 J’étais couché dans la maison de Mahalalel, mon aïeul. J’ai vu en vision le ciel se détacher, s’effondrer et s’abattre sur la terre. 4 Et comme il s’abattait sur la terre, j’ai vu celle-ci s’engloutir dans un vaste abîme, les montagnes se suspendre aux montagnes, et les collines s’abîmer sur les collines. De grands arbres étaient abattus de leurs souches, s’écroulaient et sombraient dans l’abîme. 5 Alors une parole est tombée dans ma bouche, et je me suis écrié : « C’est la destruction de la terre. » 6 Mahalalel, mon aïeul, m’a fait lever, alors que j’étais couché auprès de lui, et il m’a dit : « Pourquoi cries-tu ainsi, mon enfant? Pourquoi gémis-tu ainsi? » 7 Je lui ai raconté toute la vision que j’avais vue, et il m’a dit : « C’est une chose terrible que tu as vue, mon enfant, la vision de ton rêve est grave, (ce sont) les mystères de tout le péché de la terre : elle est vouée à s’engloutir dans les abîmes et à subir une grande destruction. 8 Maintenant, mon enfant, lève-toi et implore le Seigneur de gloire, puisque tu es fidèle, de laisser subsister un reste sur la terre et de ne pas la détruire tout entière. 9 Ô mon enfant ! C’est du ciel que tout cela viendra sur la terre, et il y aura sur terre une grande destruction. » 10 Alors je me suis levé, j’ai prié, imploré, supplié. J’ai mis ma prière par écrit pour la génération finale, et je vais tout te montrer, ô mon fils Mathusalem. 11 Quand je suis sorti en bas et que j’ai vu le ciel, le soleil sortant à l’orient, la lune descendant à l’occident, quelques étoiles et toute la terre, tout ce qu’on avait connu au commencement, j’ai béni le Seigneur du jugement et je (Lui) ai rendu honneur, parce qu’il avait fait sortir le soleil des fenêtres de l’orient, et il était monté, s’était levé en plein ciel et s’était mis en route pour parcourir la voie qui lui est montrée.

Chapitre 84

1 J’ai élevé mes mains comme il convient et j’ai béni le Saint, le Grand, en parlant avec le souffle de ma bouche et la langue de chair créée par Dieu pour que les enfants de la chair puissent parler ; (Dieu) leur a donné le souffle, la langue et la bouche pour qu’ils puissent parler.

La prière d’Hénoch

2 (J’ai dit :) « Béni sois-Tu, ô Seigneur,
Roi, grand et fort dans Ta grandeur,
Roi des rois et Dieu de l’univers !
Ta divinité, Ta royauté, Ta grandeur
demeurent à toujours et aux siècles des siècles,
et Ta souveraineté (est) de tous les âges.
Tous les cieux (sont) Ton Trône éternel,
la terre est Ton marchepied pour toujours et aux siècles des siècles.
3 Car c’est Toi qui as créé, c’est Toi qui règnes sur toute chose.
Aucune oeuvre ne T’est pénible, pas une seule.
La sagesse ne Te quitte pas,
elle ne s’éloigne pas de <son trône,> Ton trône, ni de Ta face.
C’est Toi qui connais, vois et entends tout,
rien ne T’est caché, car Tu vois tout.
4 Maintenant, les anges de Tes cieux font le mal,
et la chair des hommes subira Ta colère,
jusqu’au grand jour du Jugement.
5 Maintenant, ô Dieu, Seigneur et grand Roi,
je T’implore, je Te prie d’exaucer ma prière,
de me laisser sur terre une postérité,
de ne pas anéantir toute la chair des hommes
et de (ne pas) dépeupler la terre (pour) une destruction éternelle.
6 Maintenant donc, Seigneur, fais disparaître de la terre la chair qui T’a irrité, mais fais de la chair de justice et de rectitude une plante dont la semence soit éternelle, et ne détourne pas Ta face de la prière de Ton serviteur, Seigneur. »

LE SECOND SONGE D’HENOCH L’APOCALYPSE AU BESTIAIRE

D’Adam à la chute des anges

Chapitre 85

1 Plus tard, j’ai eu en rêve une autre vision. Je vais te montrer tout ce que j’ai rêvé, mon enfant.

2— Et Hénoch éleva (la voix) pour dire à son fils Mathusalem : — Je te parle, mon enfant. Écoute ma parole et prête l’oreille au songe visionnaire de ton père.

3 Avant d’épouser Édnâ, ta mère, j’ai vu une vision dans mon lit. La voici : un taureau sortit de la terre, et ce taureau était blanc. Après lui sortit une génisse, et avec celle-ci deux veaux, dont l’un était noir et l’autre roux. 4 Le veau noir frappa le roux et le poursuivit sur la terre, et dès lors je ne pus voir le veau roux. 5 Le veau noir grandit, avec lui vint une génisse, et je vis sortir de lui des bovins en grand nombre qui lui ressemblaient et le suivaient. 6 La première femelle quitta le premier taureau à la recherche du veau roux. Elle ne le trouva pas, poussa sur lui de grands gémissements et le chercha. 7 Et cela, je l’ai vu, jusqu’à ce que le premier taureau vint la calmer. Dès lors, elle ne cria plus. 8 Puis elle mit au monde un autre taureau blanc et après lui, beaucoup de génisses et de taureaux noirs. 9 J’ai vu en dormant le taureau blanc grandir lui aussi, il devint un grand taureau blanc, et de lui sortirent beaucoup de bêtes blanches à sa ressemblance. 10 Celles-ci se mirent à donner naissance à de nombreuses bêtes blanches leur ressemblant et se suivant l’une l’autre.

La chute et le châtiment des anges

Chapitre 86

1 J’ai vu autre chose de mes yeux, tout en dormant. J’ai vu le ciel en haut, et voici qu’un astre tomba du ciel. Il se dressait, broutait et paissait au milieu des taureaux. 2 J’ai vu alors de grands taureaux noirs changer tous de parc, de pâturage et de génisses et se mettre à vivre [var. se lamenter] les uns avec les autres. 3 De nouveau, en vision, j’ai vu et contemplé le ciel : plusieurs astres étaient descendus, précipités du ciel au même endroit que le premier. Ils se tenaient au milieu des bovins et broutaient avec eux. 4 Je les ai observés, et voici ce que j’ai vu : tous sortirent leurs membres comme des chevaux et se mirent à saillir les génisses. Toutes, elles devinrent pleines et mirent au monde des éléphants, des chameaux et des ânes. 5 Tous les taureaux en furent effrayés et terrifiés. (Les éléphants, les chameaux et les ânes) commencèrent à mordre de leurs dents, à dévorer et à frapper de leurs cornes. 6 Ils commencèrent donc à dévorer les taureaux, et voici que tous les enfants de la terre commencèrent à frémir, à trembler et à fuir devant eux.

Chapitre 87

1 Je les ai encore vu commencer à se frapper entre eux, à se dévorer entre eux, et la terre se mit à crier. 2 J’ai de nouveau levé mes yeux vers le ciel, et voici ce que j’ai vu en vision : des êtres blancs, d’apparence humaine, sortirent du ciel. Il en sortit quatre de ce lieu, et trois (autres) avec eux. 3 Les trois êtres sortis en dernier me prirent par la main, me retirèrent de la génération terrestre, me firent monter sur un lieu élevé et me montrèrent une haute tour s’élevant de la terre. (Auprès d’elle) toutes les montagnes étaient basses. 4 On me dit : « Reste ici, jusqu’à ce que tu voies tout ce qui arrivera aux éléphants, aux chameaux et aux ânes, ainsi qu’aux astres et à tous les taureaux. »

Chapitre 88

1 J’ai vu l’un des quatre qui étaient sortis en premier saisir le premier astre tombé du ciel, lui lier les mains et les pieds et le précipiter dans un abîme. Cet abîme était étroit et profond, âpre et ténébreux. 2 L’un d’eux tira une épée, la donna aux éléphants, aux chameaux et aux ânes (qui) commencèrent à se frapper les uns les autres, et toute la terre en fut ébranlée. 3 Et tandis que je regardais, dans ma vision, voici que l’un des quatre (anges) descendus jeta des pierres du haut du ciel et rassembla et saisit tous les grands astres dont le membre était pareil à celui des chevaux. Il les lia tous par les mains et par les pieds et les jeta dans une anfractuosité de la terre.

Le déluge

Chapitre 89

1 L’un des quatre (anges) alla trouver un taureau blanc et lui apprit un secret, sans que celui-ci tremblât. Né taureau, il devint homme. Il se construisit un grand vaisseau et s’y installa. Trois taureaux s’installèrent avec lui dans le vaisseau, et il fut refermé sur eux. 2 De nouveau j’ai levé les yeux vers le ciel et j’ai vu un toit élevé surmonté de sept cataractes qui se déversaient en torrents dans un enclos. 3 J’ai vu aussi des sources ouvertes sur la terre, à l’intérieur de ce vaste enclos. L’eau se mit à bouillonner et à s’élever sur la terre. Je voyais l’enclos jusqu’au moment où toute la terre fut recouverte par l’eau. 4 L’eau, les ténèbres et la nuée s’y accumulèrent, et je voyais la hauteur de cette eau. L’eau s’éleva au-dessus de l’enclos, se déversant par-dessus, et elle demeura sur la terre.

5 Tous les taureaux de l’enclos se rassemblèrent, jusqu’au moment où je les vis s’engloutir, sombrer et disparaître dans l’eau. 6 Le vaisseau flottait sur l’eau avec tous les taureaux, et sur terre, tous les éléphants, les chameaux et les ânes avaient été engloutis avec tous les animaux. Je fus incapable de les voir, et eux-mêmes n’avaient pu échapper, mais ils avaient péri engloutis dans l’abîme.

7 J’ai vu encore, en vision, le moment où les cataractes cessèrent de tomber du toit élevé. Les (fissures) des chambres (souterraines) furent bouchées [ É Les sources de la terre furent comblées] et d’autres fissures s’ouvrirent 8 par lesquelles les eaux commencèrent à descendre, jusqu’à ce que disparussent (les eaux) et que la terre réapparût. Le vaisseau s’arrêta sur la terre, les ténèbres se dissipèrent, et il y eut de la lumière. 9 Le taureau blanc qui était devenu un homme sortit du vaisseau, accompagné de trois taureaux, dont l’un était blanc à sa ressemblance, l’autre roux comme le sang, et le troisième noir. Puis ce taureau blanc les quitta.

Les patriarches

10 Ils se mirent à engendrer des bêtes sauvages et des oiseaux. Il y en avait de toutes les espèces : des lions, des panthères, des loups, des chiens, des hyènes, des sangliers, des renards, des damans, des porcs, des rapaces, des aigles, des milans, des éperviers et des corbeaux. Mais il naquit parmi eux un taureau blanc. 11 Ils commencèrent à se mordre et à se poursuivre les uns les autres. Le taureau blanc né parmi eux engendra un onagre et un taureau blanc, et les onagres se multiplièrent. 12 Le taureau qui en était né engendra un sanglier noir et un mouton blanc. Le premier engendra beaucoup de sangliers, et le mouton engendra douze moutons. 13 Quand ces douze moutons eurent grandi, ils livrèrent l’un d’eux à des ânes, les ânes à leur tour le livrèrent à des loups, et ce mouton devint grand au milieu des loups. 14 Le Maître fit venir les onze moutons pour habiter et paître avec lui parmi les loups. Ils se multiplièrent et devinrent un grand troupeau.

Israël en Égypte

15 Les loups commencèrent à les craindre et à les opprimer, jusqu’à faire périr leurs petits en les jetant dans un grand cours d’eau. Les moutons commencèrent à crier au sujet de leurs petits et à se plaindre auprès de leur Maître. 16 Mais un mouton qui avait été sauvé des loups s’échappa et passa chez les ânes du désert. J’ai vu les moutons gémir, crier et prier leur Maître de toutes leurs forces, jusqu’à ce qu’à, leur appel le Maître des moutons descendît d’une haute demeure et vint les voir. 17 Il appela le mouton qui avait échappé aux loups, lui parla des loups et lui dit de les inviter à ne plus toucher aux moutons. 18 Le mouton alla trouver les loups avec l’ordre du Maître, un autre mouton le rejoignit et l’accompagna, et tous deux entrèrent ensemble dans l’assemblée des loups pour leur parler et les inviter à ne plus toucher désormais aux moutons. 19 J’ai vu alors combien plus durement les loups sévirent contre les moutons, de toutes leurs forces, et les moutons crièrent. 20 Le Maître des moutons vint les trouver, ils se mirent à frapper les loups, et les loups commencèrent à gémir. Mais les moutons se turent et cessèrent de crier.

L’exode

21 J’ai vu le moment où les moutons sortirent de chez les loups. Les loups furent aveuglés et se lancèrent à la poursuite des moutons avec toutes leurs forces. 22 Mais le Maître des moutons vint avec eux pour les guider, et tous les moutons Le suivirent. Son visage était resplendissant, glorieux et redoutable à voir. 23 Les loups se jetèrent à la poursuite des moutons jusqu’à ce qu’ils les aient rejoints à une nappe d’eau. 24 La nappe d’eau s’ouvrit, et l’eau se dressa de part et d’autre devant eux et devant leur Maître qui les guidait, debout entre eux et les loups. 25 Les loups ne virent plus les moutons, ils pénétrèrent dans la nappe d’eau et poursuivirent les moutons en courant derrière eux à travers la nappe d’eau. 26 Mais quand ils virent le Maître des moutons, ils se retournèrent pour fuir devant Sa face, et la nappe d’eau se reforma. Reprenant soudain son état naturel, l’eau remplit (le passage) et monta jusqu’à ce qu’elle eut recouvert les loups. 27 J’ai vu le moment où tous les loups qui avaient poursuivi les moutons périrent noyés, recouverts par les eaux.

Le Sinaï

28 Après avoir traversé l’eau, les moutons parvinrent dans un désert sans eau ni herbe. Ils commencèrent à ouvrir les yeux et à voir. J’ai vu le Maître des moutons les faire paître et leur donner de l’eau et de l’herbe, tandis que le mouton marchait pour les conduire. 29 Le mouton gravit la cime d’un roc élevé, et le Maître des moutons l’envoya auprès d’eux. 30 Puis j’ai vu le Maître des moutons debout devant eux. Son aspect était grandiose, redoutable et imposant. Tous les moutons Le virent et eurent peur devant Sa face. 31 Tous, ils avaient peur et tremblaient devant Lui. Ils jetèrent cet appel au mouton qui était parmi eux : « Nous ne pouvons pas nous tenir devant notre Maître et Le regarder. » 32 Le mouton qui les guidait remonta sur la cime de ce roc. Mais les moutons commencèrent à ne plus voir clair et à se détourner du chemin qu’il leur montrait, à l’insu du mouton. 33 Le Maître des moutons se fâcha contre eux d’une grande colère.

Le mouton le sut, il descendit de la cime du roc, revint près des moutons et découvrit que la plupart d’entre eux étaient devenus aveugles et s’étaient égarés. 34 En le voyant, ils furent saisis de crainte et de tremblement devant sa face et voulurent regagner leurs bercails. 35 Mais le mouton prit avec lui d’autres moutons, alla vers les moutons qui s’étaient égarés et commença à les tuer. Les moutons eurent peur devant sa face. Le mouton ramena les moutons égarés, et ils rentrèrent dans leurs bercails. 36 Dans cette vision, j’ai vu le moment où ce mouton, devenu un homme, construisit une Demeure pour le Maître du troupeau et y fit se tenir tous les moutons. 37 J’ai vu le moment où se coucha le mouton qui avait rejoint le mouton guide. J’ai vu le moment où périrent tous les moutons adultes. Les jeunes prirent leur place pour entrer dans le pâturage et ils parvinrent au bord d’un fleuve. 38 Le mouton qui les guidait et qui était devenu un homme s’éloigna d’eux pour se coucher. Tous les moutons Te recherchèrent et poussèrent sur lui de grands cris. 39 J’ai vu le moment où ils cessèrent de pleurer ce mouton.

De l’entrée en Palestine à la construction du Temple

Ils passèrent le cours d’eau, et <deux> moutons se levèrent pour les conduire, à la place de ceux qui s’étaient couchés après les avoir conduits. 40 J’ai vu les moutons entrer dans une belle contrée, dans une terre délicieuse et magnifique. J’ai vu les moutons rassasiés. La Demeure était au milieu d’eux dans (cette) terre délicieuse. 41 Mais il y avait des moments où leurs yeux s’ouvraient, et d’autres où ils restaient aveugles, jusqu’à ce que se fût levé un autre mouton pour les conduire et les ramener tous et que leurs yeux se fussent ouverts. 42 Les chiens se mirent à dévorer les moutons, les sangliers et les renards les dévoraient aussi, jusqu’à ce que le Maître des moutons suscitât parmi eux un bélier [pour les conduire]. 43 Ce bélier commença à frapper de ses cornes [les chiens] et à les poursuivre. Il se rua aussi contre les renards, puis contre les sangliers, et fit périr des sangliers en grand nombre. 44 Mais [<un> mouton] dont les yeux étaient ouverts [vit que ce bélier issu du troupeau] s’était dévoyé. Il s’était mis [à frapper les moutons, à les écraser et] à suivre une mauvaise voie. 45 Le Maître du troupeau envoya ce mouton auprès d’un autre, pour en faire un bélier à la tête du troupeau, à la place du bélier qui s’était dévoyé. 46 Il alla le trouver, lui parla en secret, seul à seul, et le suscita pour en faire un bélier, un chef et un guide du troupeau. Et pendant tout cela, les chiens pourchassaient les moutons. 47 Le premier bélier persécuta le second qui prit la fuite devant lui. J’ai vu ensuite le moment où le premier bélier succomba devant les chiens. 48a Le second bélier se leva pour conduire le troupeau [et engendra des moutons en grand nombre]. 49 Le troupeau crût et multiplia, et tous les chiens, les renards [et les sangliers] s’enfuyaient effrayés devant lui. [Le bélier frappa et tua toutes les bêtes. Elles n’eurent plus de pouvoir au milieu du troupeau et n’en ravirent plus rien du tout. 48b Puis (le bélier) se coucha, et un jeune mouton devint bélier à sa place. Il devint un chef et il devint un guide pour le troupeau.]

50 La Demeure fut agrandie, élargie et rebâtie pour les moutons, et une tour haute et imposante fut bâtie au-dessus de la Demeure pour le Maître du troupeau. La Demeure était basse, et la tour était élevée et haute. Le Maître du troupeau prit résidence sur cette tour, et on présenta devant Lui une table servie.

Les prophètes et la ruine du royaume

51 J’ai vu encore les moutons se remettre à errer, à suivre diverses voies et à abandonner leur Demeure. Leur Maître appela parmi eux des moutons qu’il envoya vers le troupeau, et celui-ci commença à les mettre à mort. 52 L’un de ceux-ci échappa au massacre, s’élança et cria contre les moutons. Ils cherchèrent à le tuer, mais le Maître du troupeau le sauva de leurs coups, l’éleva et le fit demeurer là où je me trouvais. 53 Il envoya vers le troupeau beaucoup d’autres moutons, pour témoigner contre lui et pleurer sur lui. 54 J’ai vu ensuite le moment où ils abandonnèrent la Demeure du Maître et Sa tour, errant de tous côtés et aveuglés. J’ai vu le Maître des moutons faire parmi eux un grand massacre dans leurs pâturages, jusqu’à ce que les moutons appellent eux-mêmes Te massacre, et ils livrèrent Sa résidence. 55 Il les abandonna aux lions, aux panthères, aux loups, aux hyènes, aux renards, à toutes les bêtes, et tous ces fauves commencèrent à enlever les moutons. 56 J’ai vu comment Il abandonna leur Demeure et leur tour et les jeta aux lions pour qu’ils les enlèvent et à toutes les bêtes pour qu’elles les dévorent.

57 Et moi, je me suis mis à crier de toute ma force, appelant le Maître des moutons. À propos du troupeau, je Lui ai représenté qu’il était dévoré par tous les fauves. 58 Mais Il garda le silence voyant avec plaisir qu’ils étaient dévorés, engloutis et mis au pillage, et Il les laissa en pâture à tous les fauves.

Israël asservi aux nations : les soixante-dix pasteurs

59 Puis Il appela soixante-dix pasteurs et leur abandonna le troupeau pour qu’ils le fassent paître, disant aux pasteurs et à leurs valets : « Qu’à partir de maintenant, chacun d’entre vous fasse paître à son tour le troupeau. Mais faites tout ce que Moi, Je vous ordonnerai. 60 Je vous les livre dénombrés. Je vous indiquerai ceux qui doivent périr, et vous les exécuterez. » Et Il leur remit les moutons. 61 Il en appela un autre et lui dit : « Surveille attentivement tout ce que les pasteurs feront des moutons, car ils en tueront plus que Je ne leur ai ordonné. 62 Inscris tout le surnombre et le massacre que feront les pasteurs. Inscris au compte de chacun des pasteurs combien ils en tueront par Mon ordre et combien ils en tueront de leur propre chef. 63 Lis devant Moi le compte : combien ils en auront fait périr et combien on leur en aura livré pour la destruction, afin que Je dispose d’un témoignage contre eux, que Je connaisse toute l’action des pasteurs pour les livrer (à leur tour) et que Je voie s’ils s’en sont tenus à Mon ordre ou non. 64 Mais qu’ils ne le sachent pas ! Garde-toi de leur montrer et de les avertir. Inscris seulement tous les massacres que feront les pasteurs, chacun en son temps, et monte Me présenter le tout. »

La domination babylonienne

65 J’ai vu jusqu’au moment où les pasteurs paissaient le troupeau, chacun en son temps. Ils commencèrent à en tuer et à en massacrer plus qu’on ne leur avait ordonné et ils abandonnèrent les moutons aux lions. 66 Les lions dévorèrent et engloutirent la plupart des moutons; des panthères et des sangliers les dévorèrent en même temps qu’eux, incendièrent la tour et firent crouler la Demeure. 67 J’ai été tout triste au sujet de cette tour. En effet, la Demeure des moutons s’était écroulée et dès lors je n’ai pu voir si les moutons y entraient. 68 Les pasteurs et leurs valets livrèrent les moutons à tous les fauves pour qu’ils les dévorent. Chacun des (pasteurs) recevait en son temps (le troupeau) dénombré, et chacun d’eux (le remettait) à l’autre. On inscrivait dans le livre combien de (moutons) il massacrait. 69 Et chacun en tuait et en massacrait plus que le nombre fixé. Et moi, tout triste, je pleurais et je gémissais sur les moutons.

70 J’ai vu de même en vision comment celui qui tenait le livre inscrivait chaque victime des pasteurs, jour par jour. Il montait déposer ce livre auprès du Maître du troupeau et Lui montrait tout ce qu’avaient fait les pasteurs, ce que chacun d’eux avait retranché du troupeau et livré au massacre. 71 (Une fois) le livre lu en présence du Maître du troupeau, (Celui-ci) le prit dans Ses [var. de ses] mains, le lut, le scella et le reposa.

L’époque perse

72 J’ai vu ensuite des pasteurs paître le troupeau pendant douze heures. Et voilà que trois moutons revinrent. Ils arrivèrent, entrèrent et entreprirent de relever les ruines de la Demeure. Mais les sangliers les en empêchèrent, et ils ne purent (réussir). 73 Ils recommencèrent à bâtir comme la première fois, élevèrent la tour, et on l’appelait « tour élevée ». Ils recommencèrent à placer une table devant la tour, mais tout le pain qu’ils y posaient était souillé et impur. 74 En tout cela, les moutons étaient aveugles ; ils ne voyaient pas, et leurs pasteurs non plus. Ceux-ci les livrèrent à d’autres pasteurs pour un plus grand massacre, et ces (pasteurs) piétinèrent les moutons et les dévorèrent. 75 Mais le Maître du troupeau resta impassible jusqu’à ce que tous les moutons fussent dispersés au désert et mêlés aux fauves, et (les pasteurs) ne les en préservèrent pas. 76 Celui qui tenait le livre monta le présenter et le lire au Maître des moutons. Il intercédait pour eux et priait pour eux en montrant tout ce que faisaient les pasteurs et en témoignant devant lui contre tous les pasteurs. 77 Il prit son livre, le déposa auprès du (Maître) et s’en alla.

La domination grecque et la persécution

Chapitre 90

1 J’ai vu jusqu’au temps où trente-sept pasteurs eurent ainsi paît (le troupeau). Ils avaient tous accompli (leur tâche) en leur temps, comme les premiers, et d’autres le prirent en charge pour le paître en leur temps, chaque pasteur en son temps.

2 Puis j’ai vu en vision venir tous les oiseaux du ciel : des aigles, des vautours, des milans et des corbeaux. Les aigles, conduisant les autres oiseaux, commencèrent a dévorer les moutons, à leur crever les yeux et à manger leur chair. 3 Les moutons crièrent, parce que leur chair était mangée par les oiseaux. Et moi, dans mon sommeil, j’ai regardé et je me suis lamenté contre le pasteur qui paissait le troupeau.

4 J’ai vu le moment où les moutons furent dévorés par les chiens, les aigles et les milans. Ils ne laissèrent rien de leur chair, de leur peau, de leurs nerfs. Il n’en resta que les os. Les os tombèrent sur le sol, et le troupeau décrût.

5 J’ai vu jusqu’au temps où vingt-trois (pasteurs) eurent fait paître (le troupeau). (Tous les pasteurs) avaient accompli, chacun en son temps, cinquante-huit périodes, 6 et voici qu’il naquit de ces moutons des agneaux blancs qui commencèrent à ouvrir les yeux, à voir et à appeler les moutons. 7 Mais (ceux-ci) les persécutèrent ; ils n’écoutaient pas leur appel ; au contraire, leur surdité et leur aveuglement allèrent en s’aggravant. 8 J’ai vu en vision les corbeaux fondre sur ces agneaux, saisir l’un d’eux, déchirer les moutons et les dévorer.

L’insurrection

9 J’ai vu le moment où des cornes sortirent à ces agneaux. Les corbeaux abattaient leurs cornes, mais j’ai vu le moment où une grande corne poussa à l’un des moutons, et où leurs yeux s’ouvrirent. 10 Il les vit, alors que leurs yeux étaient ouverts, et appela les moutons. Les mâles le virent et accoururent tous près de lui. 11 Néanmoins, tous les aigles, vautours, corbeaux et milans continuaient à enlever les moutons, à fondre sur eux et à les dévorer. Les moutons restaient silencieux, mais les mâles gémissaient et criaient. 12 Les corbeaux attaquaient et combattaient le mouton. Ils voulurent lui arracher sa corne, mais ils échouèrent. 13 J’ai vu arriver les pasteurs, les aigles, les milans et les vautours. Ils crièrent aux corbeaux de fracasser la corne de ce mâle. Ils se battirent et luttèrent contre lui, mais il se battit contre eux et appela au secours.

La première victoire et les derniers combats

14 J’ai vu venir l’homme qui avait inscrit les noms des pasteurs et montait (les) présenter au Maître du troupeau. Il secourut (le mouton), le sauva et lui montra tout. Il descendit au secours de ce mâle. 15 J’ai vu le Maître des moutons venir auprès d’eux, en colère. Ceux qui Le virent prirent la fuite et, devant Sa face, tombèrent tous dans les ténèbres.

16 Tous les aigles, les vautours, les corbeaux et les milans se rassemblèrent, et tous les moutons sauvages les rallièrent. Ils vinrent tous ensemble et s’entraidèrent pour fracasser la corne du mâle. 17 J’ai vu l’homme qui tenait le livre par ordre du Maître ouvrir devant Lui le livre des massacres commis par les douze derniers pasteurs et exposer devant le Maître des moutons qu’ils en avaient massacré plus que leurs prédécesseurs. 18 J’ai vu le Maître des moutons venir auprès d’eux, prendre en main la verge de Sa colère et frapper la terre. La terre se fendit, et toutes les bêtes et tous les oiseaux du ciel succombèrent devant les moutons et s’engloutirent dans la terre qui se referma sur eux.

19 J’ai vu le moment où une grande épée fut donnée aux moutons. Ils marchèrent contre tous les fauves pour les tuer, et tous, bêtes et oiseaux, prirent la fuite devant eux.

Le Jugement dernier

20 J’ai vu le moment où un trône fut dressé dans la terre délicieuse, et le Maître des moutons s’y assit. On prit tous les livres scellés et on les ouvrit devant le Maître des moutons. 21 Le Maître appela les sept hommes blancs du début. Il leur ordonna de faire comparaître devant Lui le premier astre, celui qui précédait les astres doués d’un membre pareil à celui des chevaux. Et ils les firent tous comparaître devant Lui.

22 Il dit à l’homme qui écrivait devant Lui, l’un des sept (hommes) blancs : « Saisis les soixante-dix pasteurs auxquels J’ai remis les moutons et qui, après les avoir reçus, en ont tué plus que Je ne leur avais ordonné. » 23 Et je les ai vus tous enchaînés et debout devant Lui. 24 Le Jugement fut d’abord exercé contre les astres, et ils furent reconnus coupables. (Les anges) se rendirent au lieu du supplice et les précipitèrent dans un gouffre plein de feu ardent et de colonnes de feu. 25 Puis les soixante-dix pasteurs furent jugés, reconnus coupables et précipités eux aussi dans ce gouffre de feu.

26 J’ai vu en ce temps-là qu’un gouffre semblable s’était ouvert dans la terre, plein de feu. On fit comparaître les moutons aveuglés, et tous furent jugés, reconnus coupables et précipités dans ce gouffre de feu pour y brûler. Ce gouffre était situé au sud de la Demeure. 27 J’ai vu brûler les moutons ; leurs os même brûlaient.

Le nouveau Tabernacle

28 Je me suis levé pour voir le moment où l’on replia la vieille Demeure. On en enleva tous les poteaux, et tous les étançons et tout l’ornement de cette Demeure furent repliés en même temps. On l’enleva et on la jeta en un lieu, au sud de la terre. 29 Et j’ai vu le moment où le Maître du troupeau apporta une Demeure neuve, plus grande et plus haute que la précédente, et la mit à la place de la première qui avait été repliée. Tous les poteaux en étaient neufs, l’ornement en était neuf et plus imposant que celui de l’ancienne qu’il avait enlevée. Tous les moutons étaient au milieu.

La résurrection et la conversion de l’univers

30 J’ai vu tous les moutons qui étaient restés. Toutes les bêtes de la terre et tous les oiseaux du ciel tombaient prosternés devant les moutons, les invoquaient et obéissaient à toutes (leurs) paroles. 31 Puis les trois (hommes) vêtus de blanc — ceux qui auparavant m’avaient fait monter — me prirent par la main, et la main de ce mâle me tenant, ils me firent monter et me placèrent au milieu des moutons, sans qu’il y ait de Jugement.

32 Les moutons étaient tous blancs ; leur laine était abondante et pure. 33 Tous ceux qui avaient péri et avaient été dispersés, toutes les bêtes de la terre et tous les oiseaux du ciel, se rassemblèrent dans cette Demeure, et le Maître du troupeau se réjouit d’une grande joie, car tous ils étaient devenus bons et ils étaient entrés dans Sa Demeure.

34 J’ai vu le moment où ils déposèrent l’épée qui avait été donnée aux moutons. Ils la mirent au milieu de la Demeure, et on la marqua d’un sceau, devant la face du Maître. Tous les moutons furent appelés dans cette Demeure, mais elle ne les contenait pas (tous). 35 Tous eurent les yeux ouverts, ils virent bien, et il n’y eut plus d’aveugle parmi eux. 36 Et j’ai vu que cette Demeure était vaste, spacieuse et pleine à craquer.

L’humanité nouvelle

37 J’ai vu naître un taureau blanc aux grandes cornes. Toutes les bêtes de la terre et tous les oiseaux du ciel le craignaient et l’invoquaient en tout temps. 38 Je les ai tous vus changer d’espèce et devenir tous des taureaux blancs. *Première parmi eux était la Parole, et cette Parole devint la bête magnifique portant de grandes cornes noires.* Le Maître du troupeau prit plaisir à les voir, eux, *et* tous les taureaux. 39 Quant à moi, j’étais couché parmi eux et je me suis éveillé, ayant tout vu.

Conclusion du songe

40 Telle est la vision que j’ai vue alors que j’étais couché. À mon réveil, j’ai béni le Seigneur de justice et je Lui ai rendu gloire. 41 Puis j’ai pleuré abondamment; mes larmes ne s’arrêtèrent pas, au point de devenir insupportables ; quand je voyais, elles descendaient sur ce que je voyais. Car tout (cela) arrivera et s’accomplira, et pour chaque époque, c’est toute l’oeuvre des hommes qui m’a été montrée.

42 Cette nuit-là, je me suis rappelé le premier songe. J’ai pleuré à cause de lui et j’ai été bouleversé d’avoir vu cette vision.

CINQUIÈME SECTION

LES PARÉNÈSES

Annonce du triomphe final de la justice

Chapitre 91

1 « Et maintenant, ô mon fils Mathusalem, convoque auprès de moi tous tes frères,
réunis autour de moi tous les enfants de ta mère,
car une voix m’appelle, un esprit s’est répandu sur moi,
afin que je vous montre tout ce qui vous arrivera,
jusqu’à la fin des temps. »
2 Alors Mathusalem alla convoquer tous ses frères auprès (d’Hénoch) et réunit sa parenté.
3 Hénoch s’adressa à tous les enfants de justice et dit :
« Écoutez, enfants d’Hénoch, la parole de votre père,
soyez bien attentifs à ce que dit ma bouche,
car je vous exhorte et je vous parle.
Bien-aimés ! Chérissez la vérité et marchez en elle.
4 Ne l’abordez pas avec un coeur double
et ne vous joignez pas aux hommes au coeur double, mais marchez dans la justice, mes enfants,
et elle vous guidera dans la bonne voie,
et la justice sera votre compagne.
5 Je sais, en effet, que l’état d’oppression s’aggravera sur la terre.
Mais il s’y accomplira un châtiment sévère.
Il sera mis fin à toute injustice,
elle sera coupée de ses racines,
et tout son édifice disparaîtra.
6 L’injustice reprendra et viendra à son comble sur la terre,
tous les actes d’injustice, d’oppression et de crime redoubleront.
7 Mais quand le péché, l’injustice, le blasphème,
l’oppression auront grandi partout,
quand auront grandi la perversion, le crime et l’impureté,
un châtiment sévère viendra du ciel sur eux tous,
et le Seigneur Saint sortira, armé de la colère et du châtiment,
pour exercer le jugement sur la terre.
8 En ce temps-là, l’oppression sera coupée de ses racines,
l’injustice et la perfidie (disparaîtront) de dessous le ciel.
9 Les idoles des païens seront toutes livrées,
ainsi que les temples, à un feu ardent.
On les retirera de par toute la terre,
elles seront jetées dans le supplice du feu
et périront sous la colère et la sentence rigoureuse, éternelle.
10 Le juste [La justice] se lèvera de son sommeil,
la sagesse se lèvera aussi et leur sera donnée.

Préambule de l’instruction d’Hénoch : les deux voies

18 Maintenant donc, je vous le déclare, mes enfants, je vais vous montrer les voies de la justice et celles de l’oppression. Je vous les montrerai de nouveau pour que vous connaissiez ce qui arrivera. 19 Maintenant donc, écoutez-moi, mes enfants, et marchez dans les voies de la justice. Ne marchez pas dans celles de l’oppression, car ils périront pour l’éternité tous ceux qui empruntent les voies de la violence.

Nouvelle annonce du triomphe de la justice

Chapitre 92

1 Lettre qu’Hénoch écrivit et donna à Mathusalem (, son fils). C’est bien Hénoch qui a mis par écrit tous les signes, lui le plus sage des hommes, l’illustre, élu (parmi) les fils (de la terre) [var. É juge de toute la terre].

« À tous mes enfants qui habiteront la terre
et à la génération finale qui accomplira la justice et la paix
2 Que votre esprit ne s’attriste pas du fait des temps, car le Saint, le Grand, a donné une durée à toute chose.
3 Le Juste se lèvera de son sommeil, il se lèvera et empruntera les voies de la justice,
et toute sa voie et sa conduite seront conformes à la vertu et à la grâce, à jamais.
4 (Dieu) fera grâce au juste, Il lui donnera la justice éternelle,
Il lui donnera la puissance, et ce sera dans la vertu et la justice,
et ils marcheront dans la lumière éternelle.
5 Mais le péché disparaîtra dans les ténèbres, pour toujours
et on ne le verra plus, dès ce jour et à jamais. »

L’Apocalypse des semaines

Chapitre 93

1 Ensuite, Hénoch proféra son poème et commença à parler d’après les écrits. 2 Il dit :
« Au sujet des enfants de justice, au sujet des élus d’éternité, au sujet de la plantation de rectitude, voici, mes enfants ce que j’ai à vous dire et à vous faire savoir, moi Hénoch, selon ce qui m’a été montré par la vision céleste, ce que j’ai appris de la parole des saints Veilleurs et ce que j’ai compris des tablettes célestes. »
3 Hénoch proféra son poème [É d’après les écrits] et dit :
« Je suis né le septième, dans la première semaine.
Jusqu’à moi la justice [É et le droit] avaient régné.
4 Après moi, dans la deuxième semaine,
le mensonge et la violence fleuriront.
Alors aura lieu le premier accomplissement,
mais alors (aussi) un homme sera sauvé.
Après l’accomplissement, la violence grandira,
mais une loi sera instituée pour les pécheurs.
5 Ensuite, dans la troisième semaine, à son accomplissement,
un homme sera élu, pour (devenir) une plante de juste jugement
et <sa postérité> (deviendra) une plante de justice, pour l’éternité.
6 Ensuite, dans la quatrième semaine, à son accomplissement,
on aura des visions des saints et des justes,
et il leur sera donné une loi et un enclos pour toutes les générations.
7 Ensuite, dans la cinquième semaine, à son accomplissement,
la maison de gloire et de royauté sera fondée pour l’éternité.
8 Ensuite, dans la sixième semaine, ceux qui y vivront seront tous aveugles,
et le coeur de chacun oubliera la sagesse,
mais alors un homme montera au ciel.
À l’accomplissement (de la semaine), la maison de royauté sera consumée par le feu,
et alors toute la race (issue) de la racine élue sera dispersée.
9 Ensuite, dans la septième semaine, se lèvera une génération perverse.
Elle fera beaucoup de choses, et toutes ses oeuvres seront perverses.
10 Mais à l’accomplissement (de la semaine), seront choisis des justes comme témoins de la vérité [var. É élus] (issus de) la plante de justice éternelle, et ils recevront au septuple la sagesse et la connaissance [var. É la science de toute Sa création]

Chapitre 91

11 Par eux seront extirpés les fondements de l’iniquité ainsi que l’oeuvre du mensonge, à l’accomplissement (au Jugement)
12 Ensuite viendra une huitième semaine, celle de la justice, dans laquelle une épée sera donnée à tous les justes
pour accomplir le juste jugement sur tous les impies.
et ceux-ci seront livrés en leurs mains
.
13 À l’accomplissement (de la semaine), ils acquerront des biens légitimes,
et le palais royal du Grand (Dieu) sera bâti
dans la grandeur de Sa majesté, pour toutes les générations
.
14 Ensuite viendra une neuvième semaine.
La justice et le juste Jugement seront dévoilés à tous les fils de la terre entière,
toute l’oeuvre des impies s’en ira de toute la terre,
on (la) jettera dans la fosse [É éternelle]
et tous les hommes verront la voie de la justice éternelle.
15 Ensuite, dans la dixième semaine, (en sa) septième partie aura lieu le Jugement du monde, (viendra) le temps du grand Jugement qui sera exercé parmi les anges.
16 Les premiers cieux passeront; alors, des cieux neufs apparaîtront,
toutes les puissances des cieux brillant et resplendissant au septuple.
17 Ensuite (viendront) des semaines nombreuses, innombrables, sans fin (où) tous accompliront la vertu et la justice, et dès lors le péché ne sera plus nommé, à jamais.

Qui peut connaître l’oeuvre divine ?

Chapitre 93

11 Qui donc parmi tous les humains peut attendre sans frémir les paroles [var. E la voix] du Saint? Qui peut connaître Sa pensée ? Quel est l’homme qui peut contempler toute l’oeuvre céleste? 12 Qui peut contempler le ciel? Qui peut connaître ce qui s’y fait, voir un esprit ou un être spirituel et parler, ou monter voir leurs ailes, les comprendre et agir comme eux? 13 Qui parmi tous les hommes peut connaître la longueur et la largeur de la terre entière? À qui parmi tous les hommes ont été montrées les mesures de l’univers? Est-il un homme qui puisse connaître l’étendue du ciel et sa hauteur, (savoir) où [var. É sur quoi] il s’appuie, quel est le nombre des étoiles et où se reposent tous les luminaires?

Exhortation à la justice

Chapitre 94

1 Et maintenant, je vous le dis, mes enfants, aimez la justice et marchez en elle,
car les voies de la justice sont dignes et convenables,
mais dans celles de l’injustice on a tôt fait de se perdre et de s’abaisser.
2 À certains, dans une génération, se révèlent les voies de l’oppression et de la mort,
ils s’en tiennent éloignés et ne les suivent pas.
3 Et maintenant, je vous le dis, justes,
ne marchez pas dans les voies du mal, les voies de la mort.
Ne vous en approchez pas, de crainte que vous ne périssiez.
4 Mais recherchez et choisissez pour vous la justice, la vie excellente
et marchez dans les voies de la paix, pour vivre et prospérer.
5 Gardez cela dans la pensée de vos coeurs, que ma parole ne s’en efface pas.
Je sais en effet que les pécheurs tenteront les hommes, pour qu’ils changent la sagesse en mal.
Et il ne se trouve pas pour elle de demeure, et la tentation ne diminue pas.

Imprécations contre les pécheurs, consolations pour les justes

6 Malheur à ceux qui édifient l’injustice et l’oppression et consolident la fraude,
car ils seront brutalement renversés et n’auront pas de paix.
7 Malheur à ceux qui bâtissent leurs maisons par le péché,
car elles seront renversées de leur base.
Ils tomberont par l’épée,
et ceux qui amassent l’or et l’argent périront par un châtiment brutal.
8 Malheur à vous, riches, car vous vous êtes fiés à vos biens.
Vous en serez dépouillés, parce que vous ne vous êtes pas souvenus du Très-Haut au temps de votre richesse.
9 Vous avez blasphémé et commis l’injustice,
vous avez mérité le jour d’effusion de sang, le jour de ténèbres,
le jour du grand Jugement.
10 Voilà ce que je vous dis, ce que je vous annonce :
Celui qui vous a créés vous renversera,
on ne s’apitoiera pas sur votre chute,
et votre Créateur se réjouira de votre perte.
11 Mais les justes d’entre vous subsisteront en ce temps-là,
opprobre pour les pécheurs et les impies.

Chapitre 95

1 Qui fera de mes yeux un nuage chargé d’eau, que je pleure sur vous,
que je verse mes larmes comme une nuée pluvieuse, et que je me soulage de la tristesse de mon coeur?
2 Qui a fait de vous des agents de la haine et du mal?
Le Jugement vous frappera, pécheurs.
3 Justes, ne craignez pas les pécheurs.
Encore une fois, le Seigneur les remettra entre vos mains,
pour que vous exerciez contre eux le Jugement, à votre gré.
4 Malheur à vous qui proférez des anathèmes irrévocables.
La guérison est loin de vous, à cause de vos péchés.
5 Malheur à vous qui rendez le mal à votre prochain,
car vous serez rémunérés selon vos oeuvres.
6 Malheur à vous, témoins mensongers,
et à ceux qui font des pesées iniques,
car vous périrez soudain.
7 Malheur à vous, pécheurs, car vous persécutez les justes.
Or c’est vous qui serez livrés et persécutés par l’injustice,
et son joug s’appesantira sur vous.

Chapitre 96

1 Gardez l’espérance, Justes, car bientôt les pécheurs périront devant vous,
et vous aurez pouvoir sur eux, à votre gré.
2 Le jour du tourment des pécheurs, vos petits se lèveront, se dresseront comme des aigles,
et votre nid sera plus haut que celui des vautours.
Vous grimperez, vous pénétrerez dans les cavités de la terre,
dans les anfractuosités du roc, pour toujours,
pareils aux damans, (fuyant) loin des impies,
et contre vous glapiront, gémiront les sirènes.
3 Ne craignez pas, vous qui avez souffert, car vous lirez la guérison.
Une lumière éclatante brillera pour vous,
et vous entendrez du ciel la parole qui soulage.
4 Malheur à vous, pécheurs, car votre richesse vous faisait paraître justes,
alors que votre coeur vous convainquait de péché.
Cette parole sera un témoin, un rappel contre vous, mauvais !
5 Malheur à vous qui mangez la fleur du froment,
qui buvez le meilleur du plant d’<impiété>,
et piétinez les humbles dans votre puissance.
6 Malheur à vous qui buvez l’eau en tout temps,
car vous serez bientôt payés de retour, consumés, desséchés,
pour avoir délaissé la source de vie.
7 Malheur à vous, agents d’injustice, de fraude et de blasphème.
Il y aura contre vous un mauvais rapport.
8 Malheur à vous, puissants, qui de votre force écrasez le juste,
car il vient sur vous le jour de votre perte.
En ce temps-là viendront pour les justes des jours nombreux et heureux, le jour de votre Jugement.

Chapitre 97

1 Ayez confiance, justes, car les pécheurs sont voués à l’opprobre, et ils périront au jour de l’injustice.
2 Et pour vous, pécheurs, il est certain que le Très-Haut se souviendra de vous détruire
et que les anges du ciel fêteront votre destruction.
3 Que ferez-vous, pécheurs, où fuirez-vous en ce jour de Jugement,
lorsque vous entendrez s’élever la prière des justes?
4 Vous serez pareils à ceux contre lesquels on citera cette parole :
« Vous avez été les complices des pécheurs. »
5 En ce temps-là, la prière des saints arrivera auprès du Seigneur,
et pour vous, arriveront les jours de votre jugement.
6 On lira tout le récit de vos forfaits devant le Grand, le Saint, en votre présence, [var. É votre visage sera couvert de honte] et toute oeuvre entachée d’impiété sera rejetée.
7 Malheur à vous, pécheurs, qui vivez au milieu de la mer et sur l’aride. Il y a contre vous un mauvais témoignage.
8 Malheur à vous qui acquérez de l’or et de l’argent au détriment de la justice et qui dites : « Nous nous sommes enrichis, nous avons acquis et nous possédons des biens, [É nous possédons tout ce que nous voulons. 9 Maintenant] taisons tout ce que nous voulons, puisque nous avons amassé de l’argent dans nos trésors, et dans nos maisons toute une fortune 10 (qui) se déverse comme de l’eau. » Vous vous égarez, car, à coup sûr, votre richesse ne subsistera pas ; elle vous sera promptement retirée, parce que vous avez tout acquis injustement, et vous serez vous-mêmes livrés à une grande malédiction.

Chapitre 98

1 Maintenant je vous le jure, à vous les sages, et non aux insensés, vous verrez beaucoup de forfaits sur la terre : 2 les hommes se pareront comme des femmes, ils se farderont plus que des jeunes filles, à la façon des rois, avec majesté et magnificence. Ils auront de l’argent et de l’or pour nourriture. Mais tout s’écoulera comme de l’eau 3 à cause de leur ignorance et de leur irréflexion. Ainsi vous périrez partageant le sort de tous vos biens, de toute votre gloire, de tout votre honneur, et pour l’opprobre la destruction, le massacre, [É vos esprits seront jetés dans la fournaise ardente.

Responsabilité de l’homme

4 Je vous le jure, pécheurs : de même qu’un mont n’est jamais devenu et ne deviendra jamais un serviteur, ni une colline une servante, de même le péché n’a pas été envoyé (d’en haut)] sur la terre, mais ce sont les hommes qui l’ont établi d’eux-mêmes, et ceux qui le (ont sont voués à une grande malédiction. 5 < L’esclavage > n’a été donné également à une femme que par l’oeuvre de ses mains. Il n’a pas été déterminé qu’une esclave devait être esclave ; cela ne vient pas d’en haut, mais résulte d’une oppression. De même le péché n’a pas été donné d’en haut, mais (résulte) d’une transgression. De même une femme n’a pas été créée stérile ; c’est pour des fautes personnelles qu’elle a été punie de Stérilité et mourra sans enfant.

Omniscience divine

6 Je vous le jure, pécheurs, par le Saint, le Grand : chacun de vos méfaits sera découvert dans le ciel, aucun acte inique ne restera caché. 7 Ne croyez pas en votre âme, ne croyez pas en votre coeur qu’on ne connaît pas vos méfaits, qu’on ne les voit pas, qu’ils ne sont pas observés, ni inscrits devant le Très-Haut. 8 Sachez désormais que tous vos forfaits sont inscrits jour après jour, jusqu’au jour de votre jugement.

Griefs et menaces contre les pécheurs

9 Malheur à vous, insensés, car vous allez périr par votre folie. Vous ne voulez pas écouter les sages, il ne vous arrivera rien de bon, mais le malheur vous saisira. 10 Sachez maintenant que vous êtes destinés au jour de destruction. N’espérez pas être sauvés, pécheurs ; passez et mourez [É sans connaître de rachat], car vous êtes destinés au jour du grand Jugement et d’une angoisse accrue pour vos esprits.

11 Malheur à vous, hommes au coeur dur, qui faites le mal et mangez le sang. D’où recevez-vous [E la bonne nourriture, la boisson, ce qui rassasie ? C’est de tout le bien que le Seigneur, le Très-Haut, multiplie sur la terre. Pour vous, point de salut !

12 Malheur à vous qui aimez commettre] l’injustice. Pourquoi concevez-vous de belles espérances pour vous- mêmes ? Sachez que vous devez être livrés aux mains des justes, ils [É vous couperont le cou et] vous tueront sans pitié.

13 Malheur à vous qui vous réjouissez du tourment des justes, car pour vous il ne sera point creusé de tombeau.

14 Malheur à vous qui ne voulez pas tenir compte de la parole des justes, car vous n’aurez pas d’espoir de salut.

15 Malheur à vous qui écrivez des discours mensongers, des discours fallacieux. Il en est qui écrivent et égarent beaucoup de gens par leurs mensonges ; 16 vous, vous vous égarez vous-mêmes. Il n’y a pas de salut pour vous, mais vous périrez bientôt.

Chapitre 99

1 Malheur à vous qui créez l’égarement, qui obtenez gloire et honneur par vos oeuvres fallacieuses. Vous périrez et vous n’aurez pas le salut bénéfique.

2 Malheur à vous qui dénaturez les paroles de vérité, transgressez l’ordonnance éternelle et vous croyez exempts de péché. Ceux-là seront engloutis.

3 Alors préparez-vous, justes, élevez vos prières comme un mémorial et offrez-les en témoignage devant les anges, afin qu’eux-mêmes présentent les péchés des impies comme un mémorial devant le Très-Haut.

4 Alors ils seront bouleversés et se lèveront, le jour où l’injustice sera détruite.

5 En ce temps-là, les mères rejetteront, abandonneront, délaisseront leur nourrisson, les femmes enceintes avorteront, les nourrices laisseront là leurs enfants, elles ne se retourneront pas vers leurs nourrissons, même à la mamelle, et n’en auront pas pitié.

6 [É Encore une fois, je vous le jure, pécheurs : pour le jour où le sang ne cessera pas (de couler), il a été préparé une (occasion de) péché. 7 Ceux qui adorent la pierre,] ceux qui sculptent des images d’argent et d’or, de bois, de pierre, d’argile, ceux qui adorent des fantômes, des démons, des choses infâmes, des esprits mauvais et toutes sortes d’illusions, (ceux-là), faute de connaissance, n’en obtiendront aucune espèce de secours. 8 Ils erreront dans la stupidité de leur coeur. Les visions du sommeil vous égareront.

9 Vous-mêmes et vos oeuvres, les mensonges que vous avez faits et taillés dans la pierre, vous périrez ensemble.

10 Heureux en ce temps-là tous ceux qui, ayant entendu les paroles des sages, les apprendront pour accomplir les commandements du Très-Haut. Ils marcheront dans Ses justes voies, sans risque de s’égarer avec les égarés, et ils seront sauvés.

11 [É Malheur à vous qui répandez le mal contre votre prochain, car vous serez mis à mort dans le Shéol.

12 Malheur à vous qui faites des mensurations de péché et de fraude. (Malheur) à ceux qui mettent à l’épreuve sur la terre, car ils y seront anéantis.]

13 Malheur à ceux qui bâtissent leurs maisons sans y mettre la main. (Malheur à vous) qui faites toutes sortes de constructions de pierre et de briques. Il ne vous sera pas fait grâce.

14 Malheur à ceux qui rejettent la fondation et l’héritage de leurs pères venu d’un lointain passé (Malheur à vous), car l’esprit d’égarement vous poursuivra. Point de repos pour vous !

15 Malheur à vous qui commettez l’impiété et favorisez l’injustice en tuant (votre) prochain jusqu’au jour du grand Jugement, 16 car alors Il écrasera votre gloire, Il éveillera contre vous Sa colère, Il vous fera tous périr par l’épée, et tous les justes [var. É les saints et les justes] se rappelleront votre injustice.

Chapitre 100

1 En ce temps-là, en un même lieu, [É les pères et les fils s’affronteront, et les frères entre eux, et il en succombera tant qu’il coulera un fleuve formé de leur] sang. 2 Un homme n’hésitera pas à porter la main sur son fils, sur son bien-aimé, pour le tuer, ni le pécheur sur l’homme honorable ou sur son frère. De l’aurore au coucher du soleil, ils s’entretueront. 3 Un cheval pourra marcher jusqu’au poitrail dans le sang des pécheurs, et le char y enfoncera jusqu’aux essieux.

4 Ce jour-là, les anges descendront, pénétrant dans les lieux secrets. Tous les auxiliaires de l’injustice seront punis en un même lieu. Le Très-Haut se lèvera pour rendre sur tous un grand jugement.

5 Il donnera à tous les justes et tous les saints une garde de saints anges, et ils seront préservés comme la prunelle de l’oeil jusqu’à ce que cessent les maux et le péché. Dès lors, les fidèles dormiront d’un doux sommeil, et il n’y aura plus personne pour les effrayer. 6 Alors les sages d’entre les hommes verront et les enfants de la terre comprendront les paroles de cette lettre, et ils sauront que leur richesse ne peut les sauver quand s’écroulera l’injustice.

7 Malheur à vous, injustes, toutes les fois que vous écrasez les justes en un jour de dure contrainte et que vous les gardez dans du feu. Vous paierez vos crimes.

8 Malheur à vous, coeurs endurcis, qui veillez pour méditer le mal : une terreur vous saisit, et il n’y a personne pour vous défendre.

9 Malheur à vous tous, pécheurs, pour les paroles de votre bouche et pour les oeuvres de vos mains, car vous vous êtes égarés loin des oeuvres saintes. [E <Vous brûlerez> à la chaleur d’une flamme plus ardente que le feu.

10 Sachez maintenant qu’il s’informera de vos oeuvres auprès des anges dans le ciel, et de votre péché auprès du soleil, de la lune et des étoiles, car sur la terre vous rendez le jugement contre les justes. 11 Il fera témoigner contre vous] toutes les nuées, les brumes, la rosée et la pluie. [É Elles seront retenues loin de vous) à cause de vos péchés. 12 Allez donc donner des présents à la pluie, à la rosée, à la nuée, à la brume, pour qu’elles ne soient pas empêchées de descendre pour vous ! Allez donc les acheter à prix d’or pour qu’elles descendent ! 13 Quand la neige et le gel glacial se jetteront sur vous, et que les vents glacés vous flagelleront, vous ne pourrez pas en supporter le froid et la morsure.

Exhortation à la crainte de Dieu

Chapitre 101

1 Considérez donc, humains, les oeuvres du Très-Haut et craignez de faire le mal devant Lui.

2 Quand Il obstruera les fenêtres du ciel et empêchera la rosée et la pluie de descendre à cause de vous, que ferez-vous? 3 Et quand Il enverra Sa colère contre vous et contre vos oeuvres, ne Le supplierez-vous pas? Pourquoi proférez-vous des paroles hautaines et dures contre Sa majesté?

4 Voyez les pilotes qui naviguent sur la mer : leurs vaisseaux sont agités par les vagues et la tempête; 5 s’ils sont en détresse, tous ils ont peur, jettent par-dessus bord toutes leurs marchandises et leurs biens et appréhendent en eux-mêmes de voir la mer les engloutir et de périr en son sein. 6 La mer tout entière, avec toutes ses eaux, n’est-elle pas l’oeuvre du Très-Haut? Lui-même en a établi les limites, l’a contenue et enclose dans du sable. 7 À son grondement, [É (les flots) ont peur] et se dessèchent, et les poissons [É périssent, ainsi que tout ce qui est (dans la mer). Et vous, coupables, qui êtes sur la terre, vous ne Le craindriez pas! 8 N’est-ce pas Lui qui a fait le ciel et la] terre et tout ce qui s’y trouve? Qui a donné la connaissance à tous ceux qui se déplacent sur [É terre et sur] mer? Les pilotes redoutent la mer, [E et les coupables ne redouteraient pas le Très-Haut !]

Cataclysmes du Jugement dernier

Chapitre 102

1 Quand Il déchaînera sur vous l’ouragan de feu qui vous brûlera, où fuirez-vous pour vous sauver? Quand Il donnera de la voix contre vous, ne serez-vous pas ébranlés et terrifiés par ce grand fracas ? 2 [É Tous tes luminaires trembleront de terreur,] et la terre tout entière sera agitée, tremblante, bouleversée. 3 Les anges accomplissant leur tâche, le ciel et les luminaires seront agités et tremblants, et tous les enfants de la terre, et vous-mêmes, pécheurs, vous serez éternellement maudits. Il n’y a pas de salut pour vous.

Assurances données aux justes sur la rémunération posthume

4 Ayez courage, âmes des justes défunts, des justes et des fidèles.

5 Ne vous attristez pas parce que vos âmes sont descendues tristement dans le Shéol et parce que votre corps de chair n’a pas obtenu pendant votre vie la récompense de votre piété. C’est que les jours que vous avez vécus étaient les jours des pécheurs, de ceux qui sont maudits sur la terre.

6 À votre mort, les pécheurs diront : « Les fidèles ont succombé au destin. Que leur reste-t-il de leurs oeuvres? Ils sont morts, comme nous (mourrons). 7 Voici qu’ils meurent [É comme nous] dans la tristesse et dans les ténèbres. Quel avantage ont-ils sur nous? Que maintenant ils ressuscitent et soient sauvés, 8 et ils nous verront bien manger et bien boire jusqu’à la fin du monde, 9 (À nous) donc de manger, boire, accaparer, pécher, piller, posséder, voir des jours heureux ! 10 Voyez ceux qui se disent justes : quelle chute est la leur ! C’est que nulle justice n’a été trouvée en eux jusqu’à leur mort. 11 Ils ont péri et sont devenus comme s’ils n’avaient pas existé, et leurs âmes sont descendues tristement [É dans le Shéol. »

Chapitre 103

1 Mais en réalité,] je vous le jure, [É justes, par la gloire du (Dieu) grand, majestueux et à la royauté puissante, je vous le jure par Sa grandeur,] 2 je comprends ce mystère. J’ai lu en effet les tablettes célestes, j’ai vu l’écrit infaillible, j’ai lu tout ce qui y était écrit et gravé vous concernant, 3 à savoir que des biens, la félicité et l’honneur sont tenus prêts et inscrits pour les âmes des fidèles défunts. 4 Ils seront dans la joie, et leurs esprits ne périront pas, non plus que (leur) mémoire, devant le Grand, pour toutes les générations des âges. Ne craignez donc pas leurs injures.

5 Quant à vous, pécheurs défunts, on dira de vous à votre mort : « (Ils ont été) heureux les pécheurs, tous les jours qu’ils ont vus durant leur vie. 6 Ils sont morts entourés d’honneur, sans avoir connu de jugement durant leur vie. » 7 (Or,) sachez qu’on fera descendre vos âmes dans le Shéol et qu’elles y seront dans une grande angoisse, 8 dans des ténèbres, dans des liens, dans une flamme brûlante, et qu’elles subiront une peine rigoureuse pour toutes les générations du monde. Malheur à vous ! Il n’y a pas de salut pour vous.

9 Justes, et vous qui avez saintement vécu, ne dites pas : « Nous avons souffert le temps de l’oppression, nous avons subi des pertes, nous avons été décimés et nous n’avons pas trouvé de défenseur.

10 « Nous avons été écrasés, anéantis et nous avons perdu l’espoir même de voir le salut quelque pur. 11 Nous espérions être la tête, et nous sommes devenus la queue. Nous avons peiné sur notre travail et nous n’avons pas disposé de (ses) fruits. Nous avons servi de pâture aux pécheurs, les impies ont appesanti le joug sur nous.

12 « Dominateurs, nos ennemis nous aiguillonnent et nous encerclent.

13 « Nous avons cherché où leur échapper pour reprendre souffle [É et nous reposer, mais nous n’avons pas trouvé de refuge, ni de lieu de salut hors de leur atteinte. 14 Dans notre tourment, nous les avons accusés auprès des anges,] nous avons crié contre ceux qui nous abattaient et nous faisaient violence, mais ils n’ont pas accueilli nos réclamations et ont refusé même d’écouter notre voix.

15 « Ils ne nous ont pas défendus, ne trouvant rien contre ceux qui nous faisaient violence et nous dévoraient, au contraire, ils appuient contre nous (ceux qui) nous tuent et nous déciment, ils ne dénoncent pas les meurtres que nous subissons et à propos des pécheurs ne mentionnent pas leurs péchés. »

Chapitre 104

1 Je vous jure que dans le ciel les anges font de vous une mention favorable devant la gloire du Grand [É et que vos noms sont écrits devant la gloire du Grand]. 2 Ayez donc courage, puisque vous avez lutté dans l’adversité et les tourments. Vous apparaîtrez brillants comme les luminaires célestes, et les fenêtres du ciel s’ouvriront pour vous. 3 Votre clameur sera entendue, et la justice que vous réclamez sera manifestée contre tout ce qui s’associera à votre tourment, contre tout complice de ceux qui vous persécutent et vous dévorent.

4 [É Espérez, ne perdez pas espoir, car il y aura pour vous une grande joie, pareille à (celle des) anges du ciel.] 5 Ne craignez pas le malheur au jour du grand Jugement ; à coup sûr, vous ne serez pas assimilés aux pécheurs. Mais vous, pécheurs, vous serez tourmentés, et un jugement éternel sera tiré de vous pour toutes les générations des siècles.

6 Gardez-vous de craindre, justes, quand vous voyez les pécheurs prendre l’avantage et prospérer. Gardez-vous de vous faire leurs complices. Au contraire, tenez-vous loin de tous leurs méfaits [É car c’est aux bons (anges) du ciel que vous devez être associés].

Nouvel avertissement aux pécheurs

7 N’allez certes pas dire, pécheurs, que vos péchés ne sont pas scrutés [É ni enregistrés. Tous vos péchés sont enregistrés, tous] les jours. 8 À présent je vous le signifie : la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit observent tous vos péchés. 9 Ne vous égarez pas en votre coeur, ne mentez pas, n’altérez pas les paroles de la vérité, ne proférez pas de mensonges contre les paroles du Saint, ne donnez pas gloire à vos idoles, car tout mensonge, tout égarement ne conduisent pas à la justification, [E mais à un grand péché.

Fausses et vraies Écritures

10 Et maintenant, je vous dis ce mystère :] les pécheurs altèrent et récrivent [É les paroles] de vérité, ils en changent la plupart, ils mentent et forgent de grandioses fictions, ils rédigent des Écritures en leur nom. 11 Si seulement ils écrivaient en leur nom toutes mes paroles, fidèlement, sans les abolir ni les altérer, mais en rédigeant fidèlement les témoignages que je leur transmets ! 12 Je sais encore un second mystère : les justes, les saints et les sages recevront mes livres pour se réjouir de la vérité. 13 [É Ils recevront les livres,] ils y accorderont foi et s’en réjouiront, et tous les justes jubileront d’y apprendre toutes les voies de la vérité.

Dieu et son fils unis aux justes

Chapitre 105

1 [É « En ce temps-là, dit le Seigneur, ils s’adresseront aux enfants de la terre et leur enseigneront leur sagesse. Montrez-leur que vous êtes leurs guides et une rétribution sur toute la terre, 2 que Moi et Mon fils nous serons unis à eux pour toujours dans la voie de la vérité, pendant leur vie, et vous aurez la paix. Réjouissez-vous, enfants de la vérité. Amen. »]

La naissance de Noé

Chapitre 106

1 Quelque temps après, je pris une femme pour mon fils Mathusalem, et elle enfanta un fils qu’elle appela Lamech. Jusqu’à ce jour, la justice avait décru. Quand il fut en âge, il prit une femme, 2 et celle-ci lui donna un enfant. Quand l’enfant naquit, son corps était plus blanc que neige et plus rouge qu’une rosé, toute sa chevelure était blanche comme de blancs flocons, bouclée et splendide. Et quand il ouvrit les yeux, la maison brilla comme le soleil. 3 Il se leva des bras de l’accoucheuse, ouvrit la bouche et bénit le Seigneur. 4 Lamech en eut peur, prit la fuite et vint trouver Mathusalem, son père, pour lui dire : 5 « Il m’est né un enfant étrange, ne ressemblant pas aux hommes, mais aux enfants des anges du ciel, d’une apparence toute particulière et différente de nous ; ses yeux sont comme des rayons du soleil, et son visage resplendit. 6 Je présume qu’il n’est pas de moi, mais d’un ange, et je crains que pendant sa vie il ne se passe quelque chose sur la terre. 7 De grâce, père, je t’en prie, va trouver Hénoch notre père, interroge-le, [E et tu entendras de lui la vérité, car il demeure avec les anges. » 8 Quand Mathusalem eut entendu son fils, il] vint me trouver aux extrémités de la terre, où il me savait être alors, et il me dit : « Père, écoute ma voix et viens vers moi. » J’entendis sa voix, j’allai vers lui et je lui dis : « Me voici, mon enfant. Pourquoi es-tu venu vers moi? » 9 Il me répondit : « C’est une grave nécessité qui m’a conduit ici, père. 10 Il vient de naître à mon fils Lamech un enfant dont l’apparence et la figure ne sont pas pareilles à (celles) des hommes. Il est d’une couleur plus blanche que la neige et plus rouge que la rose. La chevelure de sa tête est plus blanche que de blancs flocons, et ses yeux sont comparables aux rayons du soleil. 11 Il s’est levé des bras de l’accoucheuse, a ouvert la bouche et a béni le Seigneur d’éternité. 12 Mon fils Lamech a pris peur et s’est enfui auprès de moi. Il croit, que ce n’est pas son fils, mais (un enfant) des anges. [É Me voici venu auprès de toi, pour que tu me fasses connaître] l’exacte vérité que tu détiens. 13 Alors je lui ai répondu : « Le Seigneur va établir sur la terre une ordonnance nouvelle. C’est ainsi que je l’ai vu, (mon) enfant, et que je te l’ai expliqué. C’est que dans la génération de Yéréd, mon père, (les anges) ont transgressé la parole du Seigneur, au mépris de l’ordonnance céleste 14 Et voici qu’ils pèchent, violent la morale, s’unissent à des femmes, pèchent avec elles. Ils les ont épousées 17a et en engendrent des êtres qui ne ressemblent pas aux esprits, mais (sont) charnels. 15 Il viendra sur la terre une grande colère, un déluge, une grande calamité, durant une année. 16 Alors, ce petit enfant qui vient de naître sera épargné, ses trois enfants seront sauvés, tandis que les habitants de la terre périront, 17b et il guérira la terre du fléau qu’elle aura connu. 18 Et maintenant, dis à Lamech : « C’est légitimement et véritablement ton fils. Donne-lui le nom de Noé, car il est ce qui restera de vous quand vous aurez pris votre repos, et ses fils [É échapperont] à la destruction de la terre, à tous les péchés et à tout ce qui s’accomplira [É d’injustice sur la terre en son temps.

19 « Par la suite, il y aura encore plus d’injustice qu’auparavant sur la terre. Je connais en effet les mystères des Saints, puisque] les Saints [var. É le Seigneur] me les ont montrés et révélés, et que je les ai lus sur les tablettes célestes.

Chapitre 107

1 J’ai vu ce qui y est écrit : les générations iront en empirant, et cela, je l’ai vu, jusqu’au lever des générations de justice. (Alors) le vice et le péché cesseront, l’injustice sera bannie de la terre, et le bien y viendra pour eux. 2 Et maintenant, mon enfant, va faire savoir à ton fils Lamech que ce petit enfant qui vient de naître est légitimement et véritablement son fils. » 3 Quand Mathusalem eut entendu les paroles d’Hénoch son père, qui l’avait instruit en secret, il s’en retourna et les rapporta (à Lamech. Et celui-ci) appela l’enfant Noé, celui qui réconforte la terre de sa destruction. (Ici s’achève la) lettre d’Hénoch.

Dernière instruction d’Hénoch à son fils

Chapitre 108

1 Seconde lettre qu’écrivit Hénoch pour son fils Mathusalem et pour ses descendants (qui) garderont l’ordonnance à la fin des temps. 2 Vous qui avez fait le bien, persévérez en vue de ce temps-là, jusqu’à ce que soient exterminés ceux qui font le mal, et que soit exterminée la puissance des impies. 3 Vous, donc, persévérez jusqu’à la disparition du péché, car le nom (des impies) doit être effacé du livre de vie et des écrits des Saints. Leur race sera détruite pour toujours, leurs esprits périront, ils crieront et gémiront dans le désert <désolé> et dans le feu ardent, car là il n’y a plus de terre. 4 J’ai vu là comme une nuée <infime>, si profonde que je ne pouvais regarder en haut. J’ai vu une flamme brûler avec éclat, et des sortes de montagnes étincelantes se rouler et s’agiter en tout sens.

5 J’ai demandé à l’un des saints anges qui m’accompagnait : « Qu’est-ce qui étincelle? Ce n’est pas le ciel, il n’y a là qu’une flamme ardente, des sanglots, des gémissements et une grande douleur. » 6 Il m’a dit : « Cet endroit que tu vois, c’est là que seront jetés les esprits des pécheurs, des impies, de ceux qui font le mal et dénaturent tout ce que le Seigneur a dit par la bouche des prophètes, (à savoir) tout ce qui doit arriver. 7 En effet, certains de ces (événements) sont inscrits et gravés là-haut dans le ciel, de sorte que les anges les lisent et savent ce qui doit arriver aux pécheurs et aux esprits des humbles, de ceux qui ont souffert dans leur chair et ont été récompensés par Dieu et outragés par les méchants, 8 de ceux qui aiment Dieu et n’ont aimé ni l’or, ni l’argent, ni tous les biens de ce monde, mais ont livré leur chair à la peine, 9 de ceux qui, de toute leur existence, n’ont pas recherché les nourritures terrestres, mais ont constamment regardé leur vie comme un souffle passager. Le Seigneur les a beaucoup éprouvés, mais leurs esprits ont été trouvés purs pour bénir Son nom. »

Dernières promesses de Dieu

10 J’ai dit dans Mes écritures toute la bénédiction et la récompense qui leur sont destinés, parce qu’ils ont été trouvés préférant le ciel à leur propre vie en ce monde, tout en étant écrasés par les méchants, accablés par eux de honte et d’opprobre et couverts d’outrages, alors qu’ils Me bénissaient. 11 Et maintenant, Je vais appeler les esprits des vertueux (nés dans) la génération de lumière, et transfigurer ceux qui sont nés dans les ténèbres, ainsi que ceux qui n’ont pas reçu dans leur chair l’honneur digne de leur fidélité. 12 Je ferai sortir dans une brillante lumière ceux qui ont aimé Mon saint nom et Je ferai asseoir chacun d’eux sur son siège de gloire. 13 Ils resplendiront pour des temps innombrables, car juste est le jugement de Dieu : Il accorde confiance aux fidèles dans la demeure (où conduisent) les voies de la rectitude. 14 Ils verront jeter dans les ténèbres ceux qui sont nés dans les ténèbres, tandis que les justes resplendiront. 15 Les pécheurs gémiront et les verront resplendir, et ils iront eux-mêmes là où leur ont été fixés par écrit des jours et des temps.

(Ici s’achève la) vision apocalyptique d’Hénoch.


Chapitre 1
1. L’auteur s’adresse à des gens convaincus d’être les seuls justes et d’obtenir la victoire au jour du Jugement, appelé « jour d’angoisse » comme en Sophonie 1, 15.

2. « Poèmes », littéralement « paraboles », c’est le terme employé pour introduire les oracles de Balaam (voir Nombres 23, 7) ; le pluriel est attesté en araméen seulement, le grec et l’éthiopien ont « son poème ». « Juste » est une épithète souvent accordée à Hénoch (voir 12, 4; Testament de Lévi 10, 5 ; Testament de Dan 5, 6 ; Testament de Benjamin 9, 1). Le « Saint » est Dieu. On préfère ensuite l’éthiopien au grec : « Il m’a montré et j’ai entendu moi-même les saintes paroles des saints et comme j’avais tout entendu auprès d’eux, j’ai connu en contemplant. » La « génération présente » est celle d’Hénoch, la « génération lointaine » est celle de l’auteur.

4. Le camp de Dieu est formé des myriades angéliques qui l’entourent; comparer Genèse 32, 2-3. Le grec a « il apparaîtra depuis Son camp ».

5. Les « Veilleurs » sont les anges, comme en Daniel 4, 14, et très souvent dans les livres d’Hénoch; voir aussi Écrit de Damas 2, 18. Il s’agit ici des anges restés fidèles (le grec a : « les Veilleurs seront fidèles »), mais le texte éthiopien (« les veilleurs frémiront, la crainte et une grande terreur les saisiront ») semble avoir en vue les anges coupables.

6. Réminiscence de théophanies bibliques (voir Isaie 40, 4 et Psaumes 68, 3).

8. « Il leur accordera Sa bienveillance » rappelle le titre de « fils de Sa bienveillance » que se donnent les Esséniens (voir Hymnes 4, 32 et 11, 9 et comparer Luc 2, 14).

9. C’est ce passage que Jude 14-15 cite avec une variante comme une « prophétie d’Hénoch ».

Chapitre 2
1. Les considérations agronomiques sont l’une des caractéristiques d’Hénoch, en particulier dans les chapitres 72-82. Elles sont déterminées par des préoccupations relatives au calendrier et aux fêtes. Dans le développement suivant, le cours régulier des phénomènes naturels est invoqué comme une preuve cosmologique de l’existence de Dieu. Il sert aussi de modèle d’obéissance à la volonté divine (comparer Ecclésiastique 16, 26-28).

3. Aux « signes [de l’été] » de l’araméen correspond en grec et en éthiopien « l’été ». Le fragment araméen présente une lacune que les versions ne permettent pas de combler. Au lieu de « se déversent », l’éthiopien a « reposent ».

Chapitre 3
1. L’homéotéleute « arbres », en 3, 1 et 5, 1, explique l’omission dans le grec du passage mis entre crochets, attesté en éthiopien et partiellement en araméen. Une liste de quatorze arbres toujours verts est donnée par une compilation byzantine du 10e siècle, les Geoponica (11, 1) : palmier, citronnier, pin, laurier, etc. L’araméen atteste l’antiquité de cette information.

Chapitre 4
1. L’éthiopien a « le soleil est au-dessus d’elle en son commencement ».

Chapitre 5
1. Grec et éthiopien : « toutes Ses oeuvres ».

2-3. Le grec paraît avoir amplifié quand on le compare aux vestiges de l’araméen. La version éthiopienne de ces versets est un peu différente : « Son oeuvre est devant Lui pour chaque année à venir. Toute Son oeuvre Lui est asservie, elle ne change pas, mais c’est selon l’ordre de Dieu que tout est exécuté. Voyez comment les mers et les fleuves accomplissent ensemble leur oeuvre. »

4. Le tableau contrasté des destins promis à l’impie et au juste peut avoir été inspiré par Isaïe 65, 11-15. L’expression « coeur endurci » se lit dans Règlement de la Guerre 14, 7.

5. À « alors » de l’araméen correspond en grec et en éthiopien « c’est pourquoi ». Seront interrompues : littéralement « périront ». La vie des impies sera écourtée, et leur mort sera suivie de tourments éternels, avant comme après le Jugement dernier (comparer 22,11).

6. Éthiopien : « C’est vous que les pécheurs maudiront continuellement et vous aurez (votre sort) avec les pécheurs. » On parle ici d’un temps précédant le Jugement dernier. La surcharge du grec en ce verset est corrompue ; peut-être annonçait-elle un salut définitif des pécheurs, ce qui contredirait tout le contexte.

7. La lumière symbolise à la fois la connaissance et le salut qui en procède. Ils hériteront la terre : comparer : Psaumes 37, 11 et Matthieu 5, 5.

9. Les justes jouiront de la longévité (comparer 10, 17), et leur vie terrestre sera suivie d’une béatitude éternelle.

Chapitre 6
1. Les chapitres 6 - 8 développent le mystérieux épisode de Genèse 4, 1-4 pour en tirer une explication de l’origine du mal. Le principe de la corruption de l’humanité est l’apport civilisateur attribué aux anges. L’auteur exprime le pessimisme d’un milieu hostile aux techniques et aux raffinements de la civilisation et révèle une tendance ascétique. Le récit de la chute des anges permet en outre d’introduire un rappel du déluge, présenté comme un prototype du Jugement dernier, et de mettre en scène le personnage d’Hénoch, montré comme un surhomme ayant un accès direct auprès de Dieu.

3. Sur Shemêhaza, voir la note du verset 7.

6. L’épisode est situé au temps de Yéréd, père d’Hénoch (Genèse 5, 19), en vertu d’une étymologie rattachant ce nom au verbe yârad, « descendre ». Le nom du mont Hermon, à l’extrême nord de la Palestine, est expliqué par l’hébreu ḩêrém, « anathème ».

7. Trois fragments araméens ont permis de reconnaître la quasi-totalité des noms angéliques, souvent déformés dans les différentes versions. Ces noms sont affectés d’un numéro d’ordre dans le texte araméen, dans le texte du Syncelle et dans la liste parallèle donnée au chapitre 69 du livre éthiopien. L’ordre d’énumération a été maintenu dans les versions avec quelques variantes ; la divergence que présente le manuscrit d’Akhmim n’est qu’apparente, car le scribe qui avait trouvé les noms alignés sur quatre colonnes les a recopiés en suivant l’ordre des colonnes, et non celui des lignes, à partir du troisième nom. La plupart des appellations angéliques sont terminées par -el qui signifie « dieu » et mettent en lumière les fonctions cosmiques dévolues à leur porteur. Voici une explication sommaire de chacune : Shemêhaza signifie « les cieux du Voyant », « Voyant » étant un titre divin substitué ici à -el ; ce nom est aussi donné au chef des anges déchus par le targoum du pseudo-Jonathan de Genèse 4, 4 ; le Talmud (Niddah, 61a) dit qu’il était le père des géants Sihon et Og. Arataqif est « la terre du Fort » (autre titre divin). Le troisième nom est incomplet ; il comporte l’adjectif ram, « élevé », probablement suivi d’un titre divin commençant par t- ; le texte éthiopien donne ici « Ramaël ». Kokabiel est formé sur le nom de l’étoile (kokab). Le texte d’Akhmim et l’éthiopien présentent le nom de Tamiel qu’il est difficile d’expliquer en l’absence de l’original araméen. Ramiel est formé sur le nom du tonnerre (ra῾am). Daniel signifie « Dieu juge ». Ziqiel est formé sur le nom de l’étoile filante (ziq). Baraqiel est formé sur le nom de la foudre (baraq); comparer Oracles sibyllins 2, 215. Asaël signifie « Dieu a fait ». Le texte d’Akhmim qui donne ici « Aseal » mentionne ailleurs (8, 1; 9, 6; 10, 4.8; 13, 1) l’ange Azaël, « Dieu est puissant », nom proche de celui d’Ouzziel, que le targoum du pseudo-Jonathan de Genèse 6, 4, associe à Shemêhaza. Sauf en 6, 7, le texte éthiopien parle d’Azazel (dont se rapproche ici le « Azalzel » du Syncelle), résultant probablement d’une contamination avec le nom du destinataire de l’un des boucs du Grand Pardon (Lévitique 16, 8). Un texte de Qoumrân (4Q180, 1, 6) désigne l’ange corrupteur sous le nom d’Azazel. Hermoni signifie « celui de l’Hermon »; ce nom était méconnaissable dans les différentes versions (Akhmim : « Arearos »; Syncelle : « Pharmaros »; éthiopien : « Armeros »), Matariel est formé sur le nom de la pluie (maṬar). Ananiel est formé sur le nom de la nuée (῾anan). Setaouël est formé sur le nom araméen de l’hiver (sétwâ). Shamshiel est formé sur le nom sémitique du soleil (šéméš). Sahriel est formé sur le nom araméen de la lune (sehar). Toumiel signifie « perfection de Dieu ». Touriel est formé sur le nom araméen du roc (Ṭura). Yomiel est formé sur le nom araméen du jour (yôm). Yehadiel signifie en araméen « Dieu guide ». Rien ne correspond à ce nom dans les versions (Akhmim : « Atriel » ; Syncelle : « Sariel »; éthiopien : « Araziel »). Il est donc probable que le nom du vingtième ange n’était guère fixé.

8. Le grade donné aux chefs des anges est le premier de la hiérarchie militaire essénienne, laquelle reproduit celle d’Israël au moment de l’Exode (voir Règle de la Communauté 2, 21-22).

Chapitre 7
1. Les rapports sexuels ont souillé les anges (comparer 9, 8 ; 10,11 et 15, 3-4). L’argument révèle une tendance encratite de l’auteur.

2. Le Syncelle ajoute : « Les géants engendrèrent les Nephilim, et les Nephilim eurent pour enfants (les) Elyoud, et ils grandissaient selon leur gigantisme. » Les Nephilim sortent de Genèse 6, 4 ; sur Elyoud voir la note sur Jubilés 7, 22. Alors que ce passage des Jubilés parle d’une guerre exterminatrice que se livrèrent trois catégories de géants, le Syncelle croit qu’il y a eu trois générations de créatures monstrueuses. L’araméen ne paraît pas présenter de trace de cette fable.

3. En stigmatisant la voracité des géants, l’auteur exprime peut-être sa haine de riches oppresseurs « dévorant le peuple » (comparer Psaume 53, 5).

5. Boire le sang est un grave péché, comparer Genèse 9, 4.

Chapitre 8
1. Après une digression sur la progéniture des anges, on revient aux origines de la civilisation, de sorte que le verset paraît continuer 7, 1. On stigmatise d’abord l’usage des armes et les artifices de la coquetterie. L’initiative du péché est attribuée ici à Azaël (ou Azazel, voir la note sur 6, 7), qui apparaît donc comme le pair de Shemêhaza ; c’est la position que lui donne le targoum du pseudo-Jonathan de Genèse 6, 4. À la fin du verset, l’éthiopien ajoute « et le changement du monde » : il faut entendre « le changement de parure », le traducteur éthiopien ayant commis un contresens sur le grec kosmos.

3. Deux fragments araméens de Qoumrân ont permis de retrouver la teneur de ce verset, très déformé dans les versions (la plus proche étant celle du Syncelle). La traduction suit donc l’araméen et, pour les parties absentes de celui-ci, corrige le texte d’Akhmim conformément à la liste des anges de 6, 7. Les révélations nocives des six derniers anges mentionnés correspondent à leur nom.

4. Ce verset doit se rattacher à 7, 2-6. Les hommes y sont moins représentés comme des pécheurs, corrompus par les inventions angéliques (comparer 8, 2), que comme des victimes de la violence introduite par les géants.

Chapitre 9
1. L’archange Michel est nommé en Daniel 10, 13, Raphaël en Tobit 3, 16-17, Gabriel en Daniel 8, 16. Il y a eu une hésitation sur le nom du deuxième archange de cette liste : Sariel attesté en araméen et dans le grec de 20, 6, est l’un des quatre archanges du Règlement de la Guerre 9, 15 ; il est aussi mentionné dans le targoum palestinien (recension du manuscrit Neofiti) de Genèse 32, 25, comme nom de l’adversaire de Jacob au gué du Yabboq ; Ouriel n’est connu que du livre d’Hénoch, de IV Esdras 4, 1 et de textes juifs postérieurs (le midrash Zemidbar Rabbâ 2, 9, appelle les archanges Michel, Gabriel, Ouriel et Raphaël). L’alternance Sariel-Ouriel constatée ici explique peut-être le nom de l’archange Souriel connu du Talmud (Berakot, 51a) et de l’angélologie copte.

3. Les archanges intercèdent pour les hommes comme l’ange de Zacharie 1, 12.

4-5. Comparer 1 Chroniques 29, 10-12.

6. La prière des archanges combine les deux motifs précédemment invoqués : la corruption enseignée par les anges et les sévices exercés par les géants, leurs fils.

Chapitre 10
1. Au lieu d’Ouriel le texte d’Akhmim présente « Istraël » qui pourrait être une corruption de Sariel (voir la note sur 9, 1), et certaines recensions de l’éthiopien un nom double où l’on peut reconnaître une déformation de Sariel-Ouriel. Ouriel transmet à l’homme la parole divine comme en IV Esdras. Le fils de Lamech est Noé. Ce passage (10 - 11) semble avoir appartenu à une apocalypse de Noé dont d’autres fragments se retrouvent dans la compilation hénochienne (chap. 10 - 11 ; 54, 7 – 55, 2 ; 65 - 68, 1 ; 106 - 107).

4. Le nom de Dadouël (devenu « Doudaël » dans le texte du Syncelle et en éthiopien) est formé sur le nom ararnéen dâd, « mamelle ». Le pays est ainsi désigné d’après les montagnes appelées « mamelles du septentrion» dans le Roman d’Alexandre grec (3, 29), et la tradition remonte au moins à l’Épopée de Gilgamesh (IX, 2, 9) qui nomme « monts jumeaux » les sommets entre lesquels apparaît le soleil levant, tout à l’est de la terre. Le désert de Dadouël est un paysage particulièrement sinistre (comparer 10, 5). Il correspond au pays « à l’est d’Éden » où se trouvent bannis Caïn (Genèse 4, 16) et déjà Adam (Genèse 3, 24, et Jubilés 3, 32, où « Elda » est probablement une déformation de ce toponyme fantastique). Une autre explication préfère la variante Doudaël et rapproche ce nom du toponyme Bêt Hadoudo, localité sise à l’entrée du désert de Juda et où, selon la Mishna (Yomâ 6, 8), se terminait le voyage du bouc lâché « vers Azazel » le jour du Grand Pardon (Lévitique 16, 10).

7. La mission de Raphaël est conforme à son nom, formé sur le verbe râphâ, « guérir » (comparer Tobit 6, 3-9; 11, 7-8).

9. Le mot traduit « bâtards » est une transcription de l’hébreu mamzêr qui, en Deutéronome 23, 3 désigne un métis indigne de participer aux assemblées d’Israël. Le terme ne convient pas mal aux géants, hybrides de femmes et d’êtres divins. L’extermination mutuelle des géants est signalée dans Jubilés 5, 9 et 7, 22. Gabriel, « le fort de Dieu », partage avec Michel la fonction d’exterminateur.

12. « Soixante-dix » est un nombre vague et ne permet pas de deviner quel laps de temps l’auteur imagine entre la condamnation des anges et le Jugement dernier.

14. Le verset a été abrégé en grec et en éthiopien. Il se termine par « sera enchaîné avec eux jusqu’à l’accomplissement de la génération » dans le manuscrit d’Akhmim.

16. La métaphore de la plantation appartient à la phraséologie essénienne (voir Écrit de Damas 1, 7). « Justice et vérité » du grec sont signifiés par un seul mot araméen, qšṭâ.

17. Le châtiment des anges rebelles s’accompagnera du déluge qui purifiera la terre souillée par les crimes de leurs fils. Mais on passe insensiblement de cet épisode à une annonce du Jugement dernier dont le déluge est la préfiguration. La « plantation de justice et de vérité » n’est plus seulement une race issue de Noé, mais la société des élus qui survivront à l’événement eschatologique et triompheront dans un monde pacifié. Il est clair ici que les justes n’obtiendront pas d’immortalité personnelle, mais une grande longévité et une postérité. « Leur vieillesse » est donné par l’araméen. À cause d’une erreur de lecture, le grec et l’éthiopien lui ont substitué « leurs sabbats ».

18. Reprise d’un thème de l’eschatologie prophétique; voir Amos 9, 13-14; Ézéchiel 28, 26. L’arbre qui sera planté est l’Arbre de vie voir 25, 4-5.

19. La fertilité surnaturelle est une des caractéristiques des temps messianiques (comparer 2 Baruch 29, 5; et Talmud, Ketouboth, 3b). Une des sources de cette fabulation est Psaumes 72, poème royal appliqué au Messie.

Chapitre 11
1. Comparer Ézéchiel 34, 26.

2. Comparer Psaumes 85, 11.

Chapitre 12
1. « Auparavant » relie le récit où Hénoch intervient au fragment noachique qui précède. L’auteur est inspiré par Genèse 5, 24, compris comme l’allusion à une assomption d’Hénoch vivant, et suppose qu’Hénoch s’est alors joint aux anges qui entourent le trône de Dieu.

2. « Travaux » et « jours » rappellent peut-être le titre du poème d’Hésiode.

4. La justice est un attribut plus d’une fois conféré à Hénoch (voir 1, 2). Hénoch est appelé « scribe » parce qu’il a consigné par écrit les secrets divins dont il a eu la révélation et dont notre livre prétend communiquer une partie. Ce détail rapproche Hénoch, d’une part du roi légendaire mésopotamien Enmedouranki, fondateur de la guilde des devins, et d’autre part de l’ange Metatron du judaïsme auquel le targoum du pseudo-Jonathan sur Genèse 5, 24, assimile Hénoch (« Hénoch monta en personne au firmament, et il fut appelé Metatron, le grand scribe »). Il faut noter que les rabbins ont parfois combattu ces fables concernant Hénoch, tellement appréciées des mînîm, ou hétérodoxes (voir le Midrash Berêshît Rabbah, 25, 1).

5. Grec : « Vous avez apporté... pour vous... »

6. Doublet de 10, 12.

Chapitre 13
1. Grec : « Hénoch dit à Azaël : « Va... »

6. Longanimité : littéralement « longueur »; certains interprètent « longévité ». Le grec a peut-être commis un faux sens sur l’araméen ’arkâ qui signifie « longueur » mais aussi « sursis ».

7. Hénoch se tient au pied de la montagne sur le sommet de laquelle les anges se sont liés par serment (voir 6, 6). C’est une région du territoire danite bien arrosée par les rivières qui descendent de l’Anti-Liban vers le lac de Houle.

8. Ce verset sert d’introduction à la vision de 14, 8-23. Mais auparavant on transcrit la sentence de Dieu contre les anges déchus communiquée à Hénoch au cours de sa vision.

9. Abelmaïm : grec « Ebelsata », éthiopien « Abelseyail ». La restitution est imposée par Testament de Lévi 2, 3, nommant « Abelmaoum », correspondant à « Abelmaïm » du fragment araméen de ce Testament. La localité est nommée en 2 Chroniques 16, 4, et elle est identique à l’Abel-Beth-Maakah de 1 Rois 15, 20. Elle est précisément située au sud-ouest de l’Hermon. Le toponyme évoque le verbe ’âbal, « se lamenter ». C’est pourquoi Testament de Lévi 2, 4, montre Lévi pleurant en ce lieu sur les péchés des hommes, et notre verset y place la lamentation des Veilleurs. C’est également le lieu où Lévi, comparable sur ce point à Hénoch, a une expérience visionnaire. Senir : grec « Senisêl », éthiopien « Sênisêr ». C’est une désignation biblique de l’Hermon (voir Deutéronome 3, 9). Abelmaïm est entre les contreforts méridionaux du Liban et ceux de l’Anti-Liban.

Chapitre 14
1. Le verset sert de titre aux chapitres 14 - 16, mais l’annonce faite aux anges déchus est aussitôt interrompue par la vision des demeures divines (14, 8-23) qu’Hénoch rapporte pour garantir la véracité de son message.

2. Comparer Hymnes 1, 27-28.

9. L’expression grecque désignant les grêlons est la même qu’en Ézéchiel 38, 22.

13. Au lieu d’« aliment » (grec trophê), l’éthiopien a le mot « plaisir » (grec truphê).

15. Le visionnaire pénètre au coeur même du palais céleste. La littérature mystique juive a eu recours à de semblables descriptions des demeures divines pour symboliser les étapes de l’ascension spirituelle.

18. Passage inspiré de Daniel 7, 9-10 et d’Ézéchiel 1. À la fin du verset, l’éthiopien mentionne la « voix » au lieu de la « montagne » des Chérubins.

22. Les anges chargés du service divin entourent le trône, mais restent à une distance respectueuse. La leçon de l’éthiopien qui rappelle Ecclésiastique 42, 21 précise que la cour divine n’est pas un conseil.

Chapitre 15
3. Voir 9, 8.

4. Le grec et l’éthiopien donnent « vous avez eu pour désir le sang des humains ». Comme il n’est pas prêté ailleurs aux anges de désirs sanguinaires, on supposera qu’un original demû, « ressemblance », a été confondu par un traducteur avec dam, « sang ».

8. « Esprits mauvais » est préféré en général à la leçon du manuscrit d’Akhmim, « vigoureux », en grec iskura, qui pourrait rendre à la rigueur un terme sémitique signifiant « héros » ou « tyrans ». Dans le judaïsme, « esprits mauvais » est une désignation fréquente des démons. L’auteur essaie d’expliquer pourquoi les puissances nocives n’ont pas disparu totalement avec la destruction des géants, fils des anges, et doivent continuer à sévir jusqu’au Jugement dernier. Les « esprits mauvais » sont regardés comme les âmes des géants, errant après la mort de ceux-ci (comparer 16, 1). Le même problème a reçu une solution différente en Jubilés 10, 9 : le déluge n’a anéanti que neuf dixièmes des géants, assimilés aux esprits mauvais, et en a laissé subsister un dixième.

9. La leçon du Syncelle est préférable à celle du manuscrit d’Akhmim et de l’éthiopien, « les êtres d’en haut ».

10. Ce verset, absent du Syncelle, est parfois tenu pour un doublet de 7-8.

11. Le texte d’Akhmim et l’éthiopien ont au début du verset : « les esprits des géants faisant tort aux nuées », et le Syncelle : « les esprits des géants allant paître ». On supposera que l’original araméen comportait une forme nominale du verbe ’annî, « opprimer » et qu’un traducteur grec a lu à la place ’anân, « nuage », et un autre ’ânîn, « troupeau ». La leçon « créant la douleur » est plus claire que celle des témoins grecs, « faisant des courses ». Peut-être y a-t-il eu confusion entre tromos, « tremblement », et dromos, « course ».

Chapitre 16
1. « Siècle » rend le grec aiôn, traduction de l’araméen ’alma que la terminologie juive applique à tout le temps précédant l’événement eschatologique (« ce siècle » ou « ce monde-ci ») et à celui qui le suivra (« le Siècle — ou le monde — qui vient »).

Chapitre 17
1. Le premier voyage visionnaire d’Hénoch est en réalité un doublet résumé du second qui est relaté avec beaucoup plus de détails aux chapitres 21 - 36. — Ceux qui « prennent » Hénoch sont les anges qui l’ont appelé selon 12, 3. Les êtres de feu capables de se métamorphoser en hommes sont d’autres anges (comparer Juges 13, 6-20). Hénoch est d’abord emporté au ciel.

3. Réservoirs : ce mot sort de Job 38, 22. Il est fréquent dans Hénoch et dans la littérature rabbinique. Comparer Règlement de la Guerre 10, 12

4. Le voyage d’Hénoch paraît maintenant s’effectuer sur le plan horizontal. Les « eaux vives » sont celles du grand fleuve qui entoure la terre, selon la cosmologie hébraïque. Le « feu du Couchant » et le « fleuve de feu » du verset 5 ont été rapprochés du Phlégéton des Grecs. Mais il s’agit plutôt d’une explication naïve de l’embrasement du ciel quand le soleil se couche.

5-6. La « grande mer du Couchant » évoque l’Okéanos des Grecs, et les « grands fleuves » ont été interprétés comme une référence au Styx, à l’Achéron et au Cocyte. Mais ce peut être une simple réminiscence de l’antique cosmologie cananéenne, qui a laissé tant de traces dans les Psaumes et dans Job, plaçant à l’extrémité occidentale du monde le confluent des fleuves mythiques qui enserrent la terre habitée.

7. La description fait penser à la légende grecque des Hyperboréens. « Espaces » est une restitution. Le grec a « vents » et l’éthiopien « montagnes ». Un original araméen rewaḥ (espace) a peut-être été confondu avec rûaḥ (vent) dans un cas, avec rûm (hauteur) dans l’autre.

Chapitre 18
1-2. La pierre angulaire de la terre : comparer Job 38, 6 (et Psaumes 24, 2). « Esprits », dans ce verset et les suivants, remplace les « vents » des versions grecque et éthiopiennes. On a sans doute commis un contresens sur le mot rûḥîn qui peut désigner les vents, mais aussi, et dans la phraséologie essénienne en particulier, se dire des « esprits » ou anges auxquels on attribuait le gouvernement des météores sous la surveillance divine (comparer Psaumes 104, 4 ; Jubilés 2, 2 ; Hymnes 1, 11).

3. Verset mutilé dans le grec à cause de l’homéotéleute « ciel ».

4. La variante éthiopienne : « J’ai vu les vents (esprits) qui font tourner le ciel » repose sur une confusion du génitif pluriel ouranôn avec l’accusatif singulier ouranôn.

5. Les « chemins des anges » sont les trajectoires des astres guidés par les anges.

6. L’orientation des sept montagnes indique qu’elles se trouvent au nord-ouest de la terre. On en lit une description plus précise au chapitre 24.

7. L’éthiopien a « pierre de guérison »; on suppose que le grec iaspidos, « de jaspe » a été confondu avec iaseôs, « de guérison ». Le texte d’Akhmim présentait peut-être le nom « hyacinthe ».

8. Albâtre : le grec et l’éthiopien montrent une simple transcription du mot araméen (phouka). Cette montagne est celle qui porte le paradis et l’Arbre de vie, selon 24, 3-4. Le trône de saphir est le siège de Dieu (voir Ézéchiel 1, 26). La localisation du séjour divin donnée dans ce passage permet peut-être de comprendre pourquoi les tombes esséniennes sont orientées vers le nord.

10. La limite (peras) : en éthiopien « au-delà » (du grec peran). Les cieux seront repliés : le texte grec porte « s’achèveront », et l’éthiopien « seront rassemblés ». C’est une allusion probable à un épisode de la fin du monde, puisque, au commencement, Dieu a étendu le ciel (voir Jérémie 10, 12).

11. Comparer 21, 7.

12. Ce lieu est donc un vestige du chaos primordial ; « désert et effrayant » semble être une paraphrase du tohû-bohû de Genèse 1, 2. Du verset 12 au verset 16, comparer 21, 1. L’idée d’un jugement des astres sort d’Isaïe 34, 4. Les astres punis pour avoir désobéi à Dieu doivent être les planètes. La course errante de celles-ci a longtemps déconcerté les observateurs du ciel, et il en est resté une sorte de phobie des planètes, très nette chez les Mandéens, voir aussi Jude 13. On leur garde ici leur nombre traditionnel de sept, bien que le Livre des secrets astronomiques (1 Hénoch 72 - 82) s’efforce de montrer que le soleil et la lune obéissent à une loi divine.

13. L’ange est Ouriel, d’après 19, 1.

16. Comme les soixante-dix générations de 10, 12, dix mille ans indiquent un temps très long, mais limité.

Chapitre 19
1. L’enfer des anges (comparer 2 Pierre 2, 4) est distingué de l’enfer des astres dans le récit plus détaillé du second voyage visionnaire, alors que celui-ci paraît les confondre.

2. On ne parle pas ailleurs du sort des femmes qui se sont laissé séduire par les anges. En grec biblique, « sirène » traduit parfois les mots hébraïques aujourd’hui rendus par « chacal » ou « autruche », mais dans la pensée de notre auteur ce sont des êtres démoniaques. Rappelons que dans la mythologie grecque les sirènes sont des démones ailées et lascives provenant des enfers. Comparer II Baruch 10, 8.

Chapitre 20
1. On compte sept archanges en Tobit 12, 15, et Apocalypse de Jean 8, 2, mais 1 Hénoch 9, 1, en énumère seulement quatre, comme le Règlement de la Guerre 9, 15-16.

2. Les attributions d’Ouriel s’expliquent par sa fonction de guide d’Hénoch à travers le monde et les enfers (21, 5.9; 28, 2).

3. Raphaël est l’ange de la Providence comme en Tobit.

4. Ragouël (transcription d’un hébreu signifiant « ami de Dieu ») reparaît en 23, 4. Il n’est attesté que tardivement dans l’angélologie juive.

5. Les deux textes grecs ont « chaos » au lieu de « peuple », par suite d’une confusion entre laos et chaos.

6. Sur Sariel, voir la note sur 9, 1. L’éthiopien donne les variantes « Saraqiel » ou « Araqiel ».

7. Allusion à Genèse 3, 24, indiquant que Gabriel était considéré comme le gardien du jardin d’Éden évacué par l’homme.

8. La fonction de Remiel correspond à son nom, comportant le verbe « se lever ». Comparer IV Esdras 4, 36.

Chapitre 21
1. Du verset 1 au verset 6, même épisode qu’en 18, 12-16. Le mot rendu par « chaos », akataskeuastos, traduit bôhû dans la version grecque de Genèse 1, 2.

2. Description du chaos primitif, où le ciel et la terre ne sont pas séparés.

10. Hénoch voit se réaliser le châtiment éternel des anges déchus tel qu’il a été annoncé à Noé (voir 10, 13) et à Hénoch lui-même (voir 14, 5).

Chapitre 22
1. Dans les représentations Israélites anciennes, le séjour des morts, ou Shéol, était une sorte de grande caverne souterraine où juste et pécheurs menaient la même existence larvaire. Ce passage d’Hénoch manifeste l’évolution des idées. Non seulement les justes sont séparés des pécheurs, mais il est de plus question de répartir ces derniers en différentes catégories. Des doctrines grecques, et plus particulièrement orphiques, semblent être à l’origine de cette évolution. La nouvelle représentation des enfers demeure cependant subordonnée à l’eschatologie traditionnelle annonçant la venue du du Jugement dernier. C’est en attendant l’intervention divine à la fin des temps que les esprits des morts prennent place dans les différentes cavernes où ils commencent déjà à connaître la rétribution de leurs oeuvres terrestres. La localisation du séjour des morts à l’ouest n’a pas de fondement biblique. Elle correspond en revanche à certaines croyances égyptiennes et grecques.

5. Le grec et l’éthiopien ont le pluriel « morts » au lieu du singulier qui s’impose et que l’araméen est venu attester.

7. En paraissant oublier que la race de Caïn a dû disparaître lors du déluge, l’auteur prend Abel et la race de Caïn comme les prototypes du juste et des impies.

9. Il est en réalité question de quatre cavernes, dont trois sont destinées aux pécheurs.

11. Au lieu de « maudits », l’éthiopien a compris « qui maudissent ». Il paraît avoir pensé aux démons qui châtient les damnés.

12. Ce sont des pécheurs, mais comme ils ont souffert durant leur vie, à la différence des précédents, leur châtiment sera sans doute moins cruel.

13. Seule l’hypothèse d’une lacune permet de rendre compte de la première phrase. Mais on ignore quelle fut la conduite de ceux qui sont ainsi condamnés à rester dans la caverne même après le Jugement dernier.

Chapitre 23
4. On a proposé de corriger ekdiôkon, « qui poursuit », en ekdikon, « qui châtie », mais on a déjà parlé du châtiment des astres (21, 1-6) et dans la version résumée du voyage visionnaire, le feu de l’occident ne paraît pas être un lieu de supplice. La leçon de l’éthiopien n’est pas plus satisfaisante, car on voit mal comment les luminaires pourraient être allumés à l’endroit de leur coucher.

Chapitre 24
1. Les montagnes de feu isolent le paradis du nord-ouest (comparer 18, 6).

3. Au lieu d’« odorants », mieux en situation, le grec a « magnifiques » (eueidês, pour euôdês).

4. L’Arbre de vie de Genèse 2, 9, est assimilé à un palmier, symbole de beauté (Cantique des cantiques 7, 8-9) et emblème des justes (Psaumes 92, 13).

Chapitre 25
5. Comme en Genèse 2 - 3, l’Arbre de vie est une plante de jouvence assurant la jeunesse à ceux qui mangent de son fruit. Le lieu où il doit être replanté est la Jérusalem nouvelle où les justes seront rassemblés après le Jugement dernier. « Nourriture », en lisant en grec boran, au lieu de borran, qui explique « en direction du nord » de l’éthiopien.

6. Après avoir été triés au Jugement dernier, les justes retrouveront la longévité fantastique des patriarches antédiluviens. Sur eux-mêmes : littéralement « dans leurs os », expression sémitique.

Chapitre 26
1. Jérusalem est le centre de la terre comme en Jubilés 8, 19. L’image des rejetons verdoyants repoussant d’un arbre coupé est inspirée de passages prophétiques (Isaïe 11, 1 ; Ézéchiel 17, 21-22). La métaphore végétale est fréquente dans les Hymnes (6, 15-19; 7, 19; 8, 4-10). Elle s’applique ici aux justes, issus du tronc mutilé d’Israël, qui seront regroupes sur la montagne du Temple pour assister au châtiment de leurs ennemis.

2. La colline du Temple et les eaux de Siloé.

3. Le mont des Oliviers et la vallée du Cédron.

4. Le premier ravin est le Tyropéon, entre la colline du Temple et le Golgotha. Le second ravin est la Géhenne qui rejoint la vallée du Cédron au sud de la colline du Temple.

Chapitre 27
2. La mauvaise réputation de la géhenne est établie dans l’Ancien Testament : c’est là qu’avant le règne de Josias on brûlait vifs les enfants selon 2 Rois 23, 10, et Jérémie (19, 6-15) prophétise que Dieu y punira les infidèles de Jérusalem. Ici, elle paraît confondue avec la « vallée de Josaphat » où Joël (4, 2.12.14) place le théâtre du Jugement dernier. Plus tard la géhenne n’a plus été comme en Hénoch le leu du jugement, mais celui du supplice des damnés par le feu (voir IV Esdras 7, 36 ; II Baruch 85, 13 ; Matthieu 5, 22).

3. À l’éthiopien « miséricordieux » correspond en grec « les impies », asebeis, qui peut être une erreur pour eusebeis, « fidèles ».

Chapitre 28
1. Grec : « au milieu de Mandobara » ; éthiopien : « au milieu des monts de Madbarâ ». C’est une transcription de l’araméen madberâ, « désert », qui a été pris pour un toponyme. La phrase suivante a été manifestement mutilée dans les versions. La restitution proposée est conjecturale.

2. Grec et éthiopien : « de l’eau coulait des semences ». Le texte est probablement corrompu. Ce chapitre doit décrire une oasis.

Chapitre 29
1. Grec : « à Badbara » l’éthiopien : « à Madbarâ », voir 28, 1.

2. Grec et éthiopien : « les arbres de jugement ». On a proposé de restituer « des arbres 'odorants' ».

Chapitre 30
2. Les versions ont substitué un « arbre » aux « roseaux » de l’araméen.

Chapitre 31
1. Le grec a simplement transcrit le nom araméen du « styrax ».

2. La lacune de l’araméen ne peut être comblée en recourant au grec qui présente à cet endroit une expression inintelligible. L’éthiopien donne : « et ces arbres étaient pleins comme un amandier vigoureux ».

Chapitre 32
1. Grec et éthiopien : « j’ai vu sept montagnes ». Le chiffre sept a dû être inspiré au traducteur par la description des montagnes du nord-ouest en 24, 2.

2. La « mer Rouge » est l’océan Indien. La traversée des ténèbres (comparer 17, 6) indique que l’itinéraire fantastique sort des limites de la terre habitée. Les ténèbres de l’est qui séparent celle-ci du paradis correspondent au feu de l’occident qui isole les sept montagnes de pierres précieuses et l’Arbre de vie (23). Au lieu de « ténèbres » de l’araméen, le grec a le nom propre Zôtiêl, et l’éthiopien qui en dépend a « l’ange Zute’êl ». On veut y reconnaître une corruption du grec zophos, « ténèbres ».

3. Le paradis est à l’extrême orient. C’est essentiellement le jardin où pousse l’Arbre de la connaissance (voir Genèse 2, 9) que notre texte sépare de l’Arbre de vie, puisque celui-ci est planté sur la montagne divine du nord-ouest en attendant que Dieu le replante à Jérusalem (24 - 25). La mention de « deux arbres » en grec est donc surprenante ; comme elle n’est pas confirmée par l’éthiopien, on peut imaginer qu’un copiste s’est laisse entraîner par une réminiscence de la Bible qui met les deux arbres dans le même jardin.

6. Voir Genèse 3. Le grec donne « ton père en a mangé », et c’est sur ces mots que s’achève le texte du manuscrit d’Akhmim. Seul l’éthiopien offre désormais un texte continu, jusqu’à 97, 6.

Chapitre 33
1. Les chapitres 33 à 36 apparaissent comme une ébauche ou un résumé du traité d’astronomie qui forme la troisième section du livre (chapitres 72 - 82). Ils viennent après le récit du voyage visionnaire parce que celui-ci sert de garantie d’authenticité à l’enseignement astronomique d’Hénoch. Le chapitre sert d’introduction aux différents voyages d’Hénoch vers les extrémités de la terre et met en relief sa découverte des portes des luminaires, à l’est. Les grandes bêtes comprennent peut-être Léviathan et Behémoth (voir 60, 7-10).

2. Sur les portes des astres, voir 36, 3, et 72, 2-37 ; 75, 4-9 ; sur les portes des vents, voir 76.

3. Le traité d’astronomie fait aussi d’Ouriel le guide et l’instructeur d’Hénoch (72, 1 ; 79, 6).

4. Comparer 81, 1.

Chapitre 36
2. Les (grandes) portes sont celles des vents et autres météores comme au nord et au sud ; les petites portes sont empruntées par les astres.

Chapitre 37
1. L’expression « seconde vision » rattache l’ensemble des « Paraboles » d’Hénoch, caractérisées par leurs visions eschatologiques, aux « paraboles » dont parle le préambule (voir la note sur 1, 2). La deuxième section du livre se présente ainsi comme une continuation de la première : les révélations eschatologiques ont été données à Hénoch lors de son assomption. La généalogie d’Hénoch est celle de Genèse 5, 2-18.

2. « L’aride » est une locution constante dans les « Paraboles ». Dans la Bible, elle signifie la terre ferme, par opposition à la mer (Genèse 1, 9 ; Psaumes 66, 6) ; on la rencontre aussi dans les Hymnes (3, 31 ; 8, 4). Le « Saint » est Dieu comme en 1, 3-4. Le « Seigneur des Esprits » est le titre divin le plus courant dans les « Paraboles ». Il n’a pas de précédent biblique exact (voir cependant 2 Maccabées 3, 24), mais on trouve une expression fort semblable en Hymnes 10, 8). Il s’agit probablement d’une adaptation du titre biblique traduit conventionnellement « Iahvé des armées » ; on a vu dans les « armées » la désignation des légions d’anges, ou « esprits », qui entourent la divinité (voir Hymnes 13, 8, et Règlement de la Guerre 12, 9).

3. Les « premiers » pourraient être les plus anciens adeptes de la Communauté (comparer Écrit de Damas 8, 16-18), et les « derniers » ceux dont il est dit en Écrit de Damas 4, 7 qu’ils « sont entrés dans l’Alliance après eux ». Les « derniers » sont encore appelés ainsi parce qu’ils vivent, croit-on, les derniers temps précédant l’événement eschatologique (Écrit de Damas 1, 12). »).

4. « Lot » est un terme très caractéristique de la phraséologie essénienne pour signifier la catégorie, bonne ou mauvaise, à laquelle tout individu appartient (voir par exemple Règle de la Communauté 2, 2 : « le lot de Dieu », et 2, 5 : « le lot de Bélial »).

5. Poèmes : littéralement paraboles » comme en 1, 2.

Chapitre 38
1. La Communauté des justes (c’est-à-dire des adeptes) mène une existence cachée. L’auteur attend de l’événement eschatologique qu’il la fasse apparaître au grand jour, dans la gloire. ».

2. Comme « Élu » et « Fils d’homme », « Juste » semble être un titre donné à la figure messianique dont l’avènement est espéré (comparer 47, 1 ; 53, 6). Cette épithète pourrait faire penser au « Serviteur de Iahvé » (Isaïe, 53, 11). C’est aussi un titre d’Hénoch lui-même (voir note sur 1, 2). Suspendue : on trouve une tournure analogue en Isaïe 22, 24 et Judith, 8, 24. La métaphore de la lumière comme symbole du salut est fréquente et d’origine biblique (voir Isaïe, 9, 1). Mieux vaudrait ne pas être né : comparer Matthieu, 26, 24.

4. L’identification des grands de ce monde aux pécheurs qui doivent être condamnés est révélatrice de l’esprit sectaire (voir les notes sur 6, 1 et 7, 3). Possesseurs de la terre : comparer Matthieu 5, 5. On a proposé de corriger la fin du verset de manière à la traduire : « car le Seigneur des Esprits aura montré sa lumière sur la face des justes ».

6a. Le pouvoir d’intercession est reconnu aux justes, comme à Hénoch lui-même selon 13, 3-7.

Chapitre 39
1. Le rappel de la chute des anges (voir chap. 6) sert à nouveau d’introduction au récit de visions célestes.

2a. Les « lettres » ou « livres » reçus par Hénoch sont le texte de la condamnation que Dieu a prononcée contre les anges et qu’Hénoch doit leur communiquer. Le verset est allusif, mais s’éclaire à la lumière de 13, 3 - 14, 1.

3. Comparer 14, 8-9. L’assomption d’Hénoch est assimilée plus nettement ici à celle d’Élie selon 2 Rois 2, 1. On notera qu’Hénoch ne pénètre pas encore dans les profondeurs du ciel où se trouve le palais de Dieu. L’accomplissement de son ascension est raconté au chapitre 71.

4. « Saint » est souvent amphibologique. Ici, il s’applique aux justes, alors qu’au verset 5 les « Saints » sont les anges. Hénoch découvre les demeures célestes que les justes défunts occuperont dès avant le Jugement dernier, puisqu’ils peuvent encore intercéder pour les vivants (verset 5).

5. L’image de la justice coulant comme de l’eau sort d’Amos 5, 24.

6. Un groupe de manuscrits donne « les élus » au lieu de l’« Élu » et présente les possessifs qui suivent au pluriel, et non au singulier. Mais les meilleurs manuscrits attestent le singulier. Ce titre messianique apparaît quinze fois dans les « Paraboles » et n’est guère fréquent en dehors (voir Testament de Benjamin 11, 4 ; Apocalypse d’Abraham 31, 1). Il est donné au personnage appelé ailleurs « Juste » (voir 38, 2) et « Fils d’homme » (voir 46, 2) et comporte plusieurs connotations : 1° c’est un vieux titre royal (2 Samuel 21, 6 ; Psaumes, 89, 4) transférable par conséquent au Messie, roi des derniers temps, bien que les « Paraboles » ignorent le Messie davidique ; 2° il indique que le personnage représente les hommes « élus » par Dieu, de même que « le Juste » incarne la collectivité des « justes »; 3° le titre a pu permettre de combiner la représentation messianique avec celle du « serviteur souffrant » (voir Isaïe 42, 1).

7. « Devant lui » est équivoque, le pronom pouvant se rapporter à l’Élu ou au Seigneur. La splendeur des élus paraît exprimer la croyance, d’origine grecque, en une immortalité astrale (comparer 43 ; Daniel 12, 3 ; II Baruch, 51, 10). Les verbes éthiopiens pouvant traduire des imparfaits aussi bien que des futurs, il n est pas toujours facile de distinguer ce qui dans la vision se rapporte au temps antérieur au Jugement de ce qui concerne l’avenir, postérieur au Jugement.

12. « Ceux qui ne dorment pas » sont les anges, ou « Veilleurs », dans la bouche desquels est mise une paraphrase du trisagion d’Isaïe 6, 3.

Chapitre 40
1. Ce sont les quatre archanges, comme en 9, 1 (voir note sur 20, 1), mais ici Ouriel est remplacé par Phanouël (voir note sur le verset 9).

7. Le rôle des « Satans » est analogue à celui du « Satan » de Job 1, 6 et suiv., et de Zacharie 3, 1-2, qui inspire directement le verset.

9. Le nom de Phanouël, qui reparaît en 54, 6 ; 71, 8-9, 13, est peu fréquent en dehors des « Paraboles » (voir la version slave de III Baruch 2, 5). C’est peut-être une autre désignation de l’archange Souriel (voir note sur 9, 1) que le Talmud (Berakot 51a) appelle « l’ange de la Face » (en hébreu pên). La fonction qui lui est prêtée ici révèle un jeu de mots sur le verbe hébreu pânâh, araméen penâ, « se tourner, se convertir ».

Chapitre 41
1. Le « royaume » (des cieux) sera réparti en « demeures » lors du Jugement dernier. La pesée des âmes est un motif d’origine égyptienne passé dans la littérature sapientiale d’Israël (voir Job 31, 6; Proverbes 16, 2 ; 21, 2).

3. Ici commence un bref résumé des révélations astronomiques d’Hénoch, tout à fait comparable, dans sa rédaction et sa fonction, à celui des chapitres 33 - 36 (voir notes à ces chapitres).

4. Le nuage primordial paraît venir d’une interprétation du mystérieux ’êd, « flot » (?), de Genèse 2, 6.

5. La « gloire » est la lumière que le soleil communique à la lune (comparer 78, 10). La fin du verset est d’ordinaire corrigée. En effet les meilleurs manuscrits donnent : « qu’ils ont habité ». Le traducteur éthiopien a dû confondre le grec hôrkisthêsan (de « jurer ») avec ôikisthêsan (d’« habiter »).

8. L’opposition entre la lumière et les ténèbres, fondée dans la cosmologie biblique (Genèse 1, 4), permet d’exprimer un dualisme moral opposant le lot prédestiné des justes à celui des pécheurs.

9. Le mouvement incessant et régulier des corps célestes manifeste l’immutabilité des volontés de Dieu, servies par les anges, ou « princes ». D’après le contexte, les volontés divines ne sont pas moins rigides en ce qui concerne les destinées humaines.

Chapitre 42
1 La résidence céleste de la Sagesse personnifiée est une notion biblique (voir Proverbes 8, 12 et suiv.). Ici la pensée est plus pessimiste : la Sagesse a voulu s’établir sur terre, mais elle n’y a pas été reçue, tandis que son antithèse, la Violence, a été accueillie avec enthousiasme par les hommes. On estime parfois que ce bref poème interrompt le développement astronomique. Il semble cependant que l’auteur ait voulu signaler les demeures de la Sagesse et de la Violence sur le même plan que les « réservoirs » des astres et des vents.

Chapitre 43
2. D’après le nombre des anges : l’expression évoque le texte qoumrânien, et la version grecque, de Deutéronome 32, 8 (texte massorétique : « d’après le nombre des fils d’Israël »). Ce rapprochement suggère que les anges, guides des astres, commandent aussi par là aux destins des nations (comparer Ecclésiastique 17, 17).

4. Les lumières célestes matérialisent la gloire des justes élevés au ciel après leur mort. Cette croyance est d’origine pythagoricienne.

Chapitre 44
1. Une doctrine grecque fait des éclairs la projection de corps célestes. « Demeurer avec eux » est la leçon du manuscrit n° 9 de Kebran Gabriel. Les autres témoins ont : « ne peuvent quitter leur parabole ». Peut-être faut-il donner à parabole le sens que ce mot revêt dans le vocabulaire astronomique néo-platonicien, celui de « conjonction » astrale. Nous rendons par « conjonction » le mot éthiopien mesâlê, « dit allégorique » (en hébreu, mâshâl), en supposant que le traducteur a commis un contresens sur le grec parabolê qui rend d’habitude l’hébreu mâshâl, mais qui dans le vocabulaire astronomique néoplatonicien dénote la conjonction » des astres.

Chapitre 45
2. Par conséquent, la félicité promise aux justes consiste d’une part en une vie terrestre bienheureuse, d’autre part en une immortalité céleste. Comparer les versets 4 et 5.

3. Le trône de gloire est le trône de Dieu lui-même qu’occupera l’Élu au jour du Jugement, comparer 51, 3 ; 61, 8 ; cette idée repose sans doute sur une interprétation de Psaumes 110, 1. Les « demeures » sont celles qui sont réservées aux pécheurs, même terme en 38, 2. Tout en voyant se manifester la puissance de Dieu et de son Élu, les impies ne viendront pas à résipiscence.

4. La métamorphose du ciel et de la terre (verset 5) est annoncée dans Isaïe 66, 22.

Chapitre 46
1. Le Principe des jours : littéralement « la tête des jours ». On comprend d’ordinaire cette expression comme synonyme de 1’« ancien des jours » de Daniel 7, 9, mais « tête » peut signifier au sens figuré l’origine ou la somme. Le personnage ainsi désigné correspond de toute façon au vieillard de Daniel 7, 9.

3. « Fils d’homme » peut désigner un être humain en général, et cela pourrait être le cas au verset 2, mais son emploi pour désigner le personnage eschatologique dans la seconde et la troisième « paraboles » d’Hénoch provient de Daniel 7, 13. Ce qui était pour l’auteur de Daniel 7, un pur symbole, représentant le peuple des saints dans la vision céleste, paraît être devenu pour celui d’Hénoch un objet de foi : un être céleste proche de Dieu. Son identité avec l’Élu ressort du texte de ce verset.

4. Il fera lever les rois : comparer Isaïe 14, 9. Il dénouera les liens des forts : comparer Job 12, 18. « Il broiera les dents des pécheurs » évoque Psaumes 3, 8.

5. Les grands de ce monde n’ont pas reconnu que toute puissance vient de Dieu, comparer Daniel 2, 21 ; Sagesse de Salomon 6, 1-3.

7. On retrouve le lieu commun biblique de la condamnation de la démesure derrière cette satire d’êtres terrestres tentant de s’attaquer aux astres. Le même grief est adressé à Antiochus Épiphane en Daniel 7, 10. Mais dans notre verset, comme dans celui de Daniel, les astres peuvent représenter les fidèles (comparer 38, 4 et 39, 7). Le verset 8 exprime la même idée d’une manière plus prosaïque. La polémique contre l’idolâtrie, qui s’ébauche à la fin du verset, n’est pas très fréquente dans le livre d’Hénoch (voir cependant 99, 7-9).

Chapitre 47
1. La « prière qui s’élève », rappelant 8, 4, suggère que le jugement a bien pour type le déluge. On tient souvent « le juste » pour un nom collectif au singulier. Mais il faut remarque que les « Paraboles » prennent soin de distinguer les « élus » de 1’« Élu », même si ce dernier représente en quelque sorte ceux-là. On peut donc envisager pour le « Juste » une interprétation individuelle. Le martyre qu’il semble avoir souffert résume la persécution endurée par les justes, ses fidèles.

2. Les « Saints » sont les anges, dont Hénoch voit par avance exaucée l’intercession (comparer 15, 2).

3. Les « livres des vivants » pourraient être les registres où Dieu fait inscrire les oeuvres des vivants en vue de l’ultime Jugement (comparer Daniel 7, 10). Mais il s’agit plutôt d’une liste des hommes qui sont prédestinés à survivre au Jugement, conformément à Daniel 12, 1.

4. Au début du verset, la variante « juste », tenue pour un singulier collectif, a conduit à interpréter le texte, d’après II Baruch 23, 4-5, comme une annonce du moment où seront nés tous les justes qui doivent naître avant l’accomplissement des temps. Selon la fin du verset, le Jugement dernier sera une vengeance de la persécution des justes et du martyre du « Juste ».

Chapitre 48
1. La « fontaine de justice » matérialise l’idée exprimée à 39, 5. Le verset s’inspire d’Isaïe 55, 1.

2. On pourrait aussi bien traduire les derniers mots : « avant le commencement des jours », comparer le verset 3, mais le parallélisme du verset 2 plaide pour la traduction retenue.

3. La croyance en une préexistence du nom du Messie est bien connue dans le judaïsme pharisien. Les « signes » sont les signes du zodiaque.

4. Le « bâton » comme symbole du secours se trouve en Psaume 23, 4, 1’« appui » en Psaumes 18, 19. Ici, les symboles passent de Dieu au Fils d’homme. « La lumière des nations » suggère une identification du Fils d’homme au « serviteur de Iahvé » d’Isaïe (42, 6 ; 49, 6).

6. Jusqu’à l’avènement du Siècle : l’éthiopien ’eska la’âlam (du grec mekri tou aiônos) ne peut signifier ici « à toujours », puisque le Fils d’homme cessera d’être caché quand viendra le Jugement, comparer 16, 1.

7. Tout en restant caché auprès de Dieu, le Fils d’homme s’est fait connaître, dès avant le Jugement dernier, à quelques humains et ce sont eux les « élus » et les « saints ». Si le sujet du verbe « préserver » est bien le « Fils d’homme », il faut admettre que celui-ci exerce aussi sur eux une protection invisible. « Il est devenu leur vie » a alors pour sujet le « Fils d’homme ». Une variante de la dernière ligne donne : « Il est devenu le vengeur de leur vie ».

8. Le début du verset a été défiguré, bazentu, « en ce [ ]-là » ayant été omis à cause de sa ressemblance graphique avec bakantu, « en vain ». L’idée se retrouve au chapitre 63.

9. Les images sortent d’Exode 15, 7.10.

10. Au lieu de « le calme viendra », le manuscrit no 9 de Kebran Gabriel donne : « il y aura un obstacle ». Le Seigneur et Son Messie : comparer Psaumes 2, 2. Le personnage eschatologique est encore appelé « Messie » (éthiopien masib, du grec christos) en 52, 4.

Chapitre 49
1-2. La puissance du Messie réside en sa sagesse, c’eSt-à-dire en la connaissance des mystères divins, comparer 46, 3 ; 51, 3.

3. Réminiscence d’Isaïe 11, 2. « Ceux qui se sont endormis dans la justice » sont les justes défunts. Leur « esprit » doit être l’esprit de vérité dont parle la Règle de la Communauté 4, 21.

4. On ne pourra abuser, lors du Jugement, le Messie qui viendra armé de l’omniscience divine.

Chapitre 50
2-3. Ceux auxquels sera offerte in extremis la possibilité de se convertir sont probablement les païens. On pourrait alors comprendre « l’oeuvre de leurs mains » comme une allusion aux idoles. Ils seront préservés des tourments éternels, sans plus, et par pure grâce.

Chapitre 51
1. La « Perdition » remonte à l’hébreu ’abaddôn (voir Psaumes 88, 12), mis en parallèle au Shéol, ou séjour des morts, en Job 26, 6. L’eschatologie de ce chapitre est conforme à Daniel 12, 2.

4. Réminiscence de Psaumes 114, 4.

Chapitre 52
1. Ce développement est introduit par l’allusion aux montagnes bondissantes de 51, 4. L’auteur semble avoir alors pensé aux six montagnes fabuleuses de l’ouest qui entourent le trône divin et qu’Hénoch rencontre dans son voyage visionnaire (18, 6-7 ; 24, 2-3). C’est en effet à l’ouest que se trouvent les monts métalliques selon 67, 4. Si on parle maintenant de montagnes de métal, et non de pierre précieuses, ce peut être d’une part en vertu d’une réminiscence de Daniel 2, 31-45, où les métaux représentent les empires de la terre, et d’autre part pour permettre de polémiquer contre la monnaie et la métallurgie (comparer 8, 1). Variante du manuscrit no 9 de Kebran Gabriel : « enlevé par une roue de vents ».

4. Les montagnes serviront à manifester la puissance du Messie en s’effaçant devant lui. L’empire du Messie sera universel.

5. Ce verset annonce peut-être l’initiation suprême d’Hénoch, au chapitre 71.

6. La parousie messianique aura tous les caractères de la théophanie, voir note sur 1, 6 et Michée, 1, 3-4.

9. De même que les impies ont renié le nom du Seigneur, de même au jour du Jugement les métaux (c’est-à-dire l’argent et les armes) dans lesquels les grands de ce monde voyaient les gages de leur salut seront reniés et deviendront les gages de leur perdition.

Chapitre 53
1. Le gouffre qu’on ne peut combler évoque la vallée de Josaphat de Joël 4, lieu du Jugement dernier (voir note sur 27, 2). Le destinataire des cadeaux paraît être l’Élu, qui ne se laissera pas corrompre (comparer 52, 7).

2. Au lieu d’« ils ne périront pas », on a la variante « ils périront ». La négation doit être maintenue ; elle implique l’idée que les impies ne trouveront pas de soulagement dans la mort.

3. Satan apparaît ici comme le chef des démons qui tourmenteront les pécheurs après le jugement. Ces démons semblent identifiés aux anges du châtiment.

5. Les rois et les grands sont les pécheurs par excellence.

6. Voir 38, 1.

7. Retour à l’image du chapitre 52.

Chapitre 54
1. Le gouffre n’est pas la géhenne, entrevue en 27, 2, mais le lieu, situé hors des limites de la terre habitée, où le voyage visionnaire place le châtiment des anges (voir 21, 7-10).

5. Le nom transcrit ici « Azazel » se présente en éthiopien comme une combinaison de « Azaël » et « Azazel » (voir note sur 6, 7). Il est ici le seul chef des anges déchus. Les damnés seront recouverts de pierres comme Azazel lui-même selon 10, 5.

6. Le personnage de Satan comme principe premier de tout mal et de tout péché est étranger à la première partie d’Hénoch qui semble attribuer la corruption de l’humanité aux seuls anges déchus. La doctrine de ce passage se rapproche de celle de Sagesse de Salomon 2, 24. Mais peut-être vise-t-on sous le nom de « troupes d’Azazel » les pécheurs humains, assimilés aux anges déchus. En ce cas Satan pourrait être le chef des démons qui ont survécu à l’anéantissement des Veilleurs et de leurs fils, comme l’est le Mastéma des Jubilés 10, 8. Comparer aussi le rôle de Bélial dans les écrits de Qoumrân et les Testaments des douze patriarches (voir la note sur Testament de Ruben 4, 7).

7. L’allusion à la punition des anges rebelles entraîne un rappel du déluge, prototype du jugement à venir (voir note sur 10, 17). La description du déluge est conforme à Genèse 7, 11.

8. La tradition juive fait état plusieurs fois de ce sexe des eaux cosmiques. Par exemple dans le Talmud de Jérusalem, Berakot 9, 14a : « les eaux d’en haut sont mâles et les eaux d’en bas femelles ».

Chapitre 55
1-2. Comparer Genèse 8, 21 et 9, 11-17. Le « signe » est l’arc-en-ciel.

3. Ce développement est destiné à résoudre la contradiction que l’on pouvait sentir entre l’annonce d’une catastrophe eschatologique et la promesse divine formulée en Genèse 9, 11. Après le déluge, Dieu a accordé à l’homme une grâce qu’il ne renouvellera pas.

Chapitre 56
3. L’expression « leurs bien-aimés » s’applique aux rejetons des anges déchus à 10, 12 ; 12, 6 ; 14, 6. Mais il est question ici des pécheurs en général, qui sont les « élus » des puissances du mal, comme les justes sont les « élus » de Dieu.

5. Cette allusion paraît être la seule référence des « Paraboles » d’Hénoch à une réalité historique. C’est en 40 avant J.-C. que l’armée parthe de Pacoros envahit la Palestine occupée par les Romains et soutint le parti d’Antigone, fils d’Aristobule II et prétendant au pontificat, contre le grand prêtre Hyrcan II son oncle, Hérode et Rome. Mais d’autres datations ont été proposées. Les « Parthes » représentent de toute manière les puissances païennes suscitées par les anges pour venir mettre devant Jérusalem le siège qui se terminera par la victoire définitive du peuple de Dieu. Cette idée eschatologique, exceptionnelle dans les « Paraboles », est un lieu commun de la prophétie biblique du temps de l’Exil : voir en particulier Ézéchiel 38, 15-16, et Zacharie 14, 2-3.

7. Les chevaux sont une réminiscence de Zacharie 14, 15, ravivée peut-être par le souvenir de la cavalerie parthe. Les ennemis s’entretueront comme dans Ézéchiel 38, 21 ; Zacharie 14, 13.

Chapitre 57
1. Ce chapitre, qui fait corps avec le précédent, semble annoncer le retour des Israélites disperses, conformément à Isaïe 27, 13 ; Zacharie 10, 10. « Depuis l’orient et depuis l’occident » comme en Isaïe 43, 5. L’allusion aux chars fait problème, car c’est ordinairement un des symboles des païens. Il faut considérer que le mot éthiopien pourrait aussi se traduire par « roues » et se demander si l’on n’évoque cas ici le retour du char de Dieu dans le Temple, conformément à Ezéchiel 43, 2-5.

2. Le rassemblement à Jérusalem a un retentissement cosmique, comme dans Joël 4, 16.

Chapitre 58
2. Tout ce chapitre est une amplification de thèmes déjà rencontrés. Pour le « lot », voir 37, 4 ; 45, 2 ; 46, 3 ; 48, 7.

3. La lumière est le symbole de la félicité promise aux justes comme en 38, 4; 45, 4 ; 50, 1.

6. La lumière perpétuelle comme en Isaïe 60, 19-20 ; Règle de la Communauté 4, 6-8.

Chapitre 59
1. Leur jugement : le jugement qu’ils exercent. Les astres régissent les temps, et les météores manifestent aux humains la faveur ou la colère de Dieu (comparer Job 36, 31).

2. Les demeures : on présume que ce mot est dû à une erreur de traduction ; on aurait lu le grec oikêmata au lieu de krimata, « jugements ».

Chapitre 60
1. Le verset 8 prouve que le visionnaire est Noé, et la référence initiale à « l’an cinq cent » n’a de sens que pour Noé (comparer Genèse 5, 32; Jubilés 4, 33). Il s’agit donc d’un nouveau fragment d’une apocalypse de Noé (voir la note sur 10, 1). Le compilateur a maladroitement essayé de l’annexer à l’apocalypse d’Hénoch au moyen des mots mis entre astérisques. Le quatorzième jour du septième mois est la veille de la fête des Tabernacles. L’agitation céleste représente les prodromes du déluge.

4. Le second ange est celui que le Syncelle nomme Ouriel en 10, 1.

6. La fin du verset paraît faire référence à l’alliance noachique (Genèse 9, 9).

7. « Ce jour-là » ne renvoie sûrement pas au jour de la vision, mais au quantième de l’année, du mois ou de la semaine qui lui correspond. On remarquera que dans le calendrier essénien, le quatorzième jour du septième mois tombe un mardi, troisième jour de la semaine. Or c’est le troisième jour de la création que Dieu a séparé la terre et les eaux (Genèse 1, 10) et c’est bien ce que semble rappeler la séparation de Behémoth et de Léviathan. Les deux dragons sont décrits l’un après l’autre en Job 40, 15-24 et 25-32, d’où il ressort que Behémoth habite la terre et Léviathan les eaux. D’après IV Esdras 6, 49-52, Behémoth représente l’élément solide, Léviathan l’élément liquide, et ils ont été séparés par Dieu. Mais II Baruch 29, 4 et des traditions rabbiniques situent te cinquième jour la création des dragons (conformément à Genèse 1, 21). Le texte exprime une idée différente : les monstres séparés le troisième jour de la semaine devaient exister auparavant soudés l’un à l’autre. L auteur a pu être inspiré par Job 40, 19, qui appelle Behémoth « la première des créatures de Dieu ».

8. Désolé : l’éthiopien a « invisible »; il faut rappeler que le grec aoratos, qui doit être ainsi rendu, rend lui-même l’hébreu tôhû en Genèse 1, 2. Certains pensent à une erreur de lecture pour aoristos, « illimité ». Le nom du désert se présente sous des formes variant selon les manuscrits : « Dundayn », « Dunudayn », « Dêdayn »... On peut y reconnaître une transcription de l’araméen daddayin, « deux mamelles », c’est-à-dire les monts jumeaux servant de portes au soleil, à l’extrême orient de la terre habitée, c’est le pays appelé Dadouël en 10, 4 (voir la note). Ce lieu de relégation, parfaitement sec, convient au dragon qui représente la terre, et pour noter ce détail, l’auteur s’est inspiré de Psaumes 50, 10. Le désert de « Dêdayn », à l’est d’Éden, a dû être aperçu par Hénoch, bisaïeul du visionnaire, lors de son voyage aux extrémités de la terre. Mais alors que d’après 32, 2-6, le jardin d’Éden semble inhabité depuis l’expulsion d’Adam, il apparaît ici comme un séjour destiné aux justes et aux saints.

10. « Fils d’homme » est employé ici comme en Ézéchiel 2, 1, pour interpeller le visionnaire. La réticence de l’ange fait deviner que certaines spéculations sur la création ne pouvaient être divulguées inconsidérément. Mais les versets 11-23 ne sont qu’un résumé du traité astronomique des chapitres 72 - 82 dont on a déjà rencontré des esquisses (33 - 36 ; 59). C’est pourquoi on suppose que la révélation de l’ange sur Behémoth et Léviathan — qui est en fait un des mystères de la création — a été censurée et remplacée par la dissertation banale des versets 11-23. Il n’en subsiste plus que le verset 24, lui-même tronqué.

12. Sur les orifices des vents, voir le chapitre 76.

13-15. La solidarité du tonnerre et de l’éclair est expliquée par leur obéissance commune à un même « esprit », ou guide angélique. « Le réservoir de leurs temps est de sable » signifie peut-être que le laps de temps qui sépare le tonnerre de l’éclair est mesuré par l’« esprit » au moyen d’un sablier.

16. La Providence divine retient la mer, comparer Job 38, 8-11. La mer est regardée comme le réservoir où s’alimentent les sources des montagnes, car la cosmologie biblique croit à une communication entre la mer et les « eaux d’en bas ».

19. Si la « nuée » est distinguée des autres météores, c’est peut-être parce qu’elle est un des accessoires des théophanies (voir 1 Rois 7, 12). Celui qui la rassemble : on lit en éthiopien « son réservoir »; un participe présent du verbe « rassembler » a pu être confondu avec le substantif « lieu de rassemblement ».

20. Sur l’habitat de la rosée, voir 34, 1-2 ; 36, 1.

21. Le verset est sûrement inachevé.

23. Le Jardin des justes est le paradis, sis à l’est de la terre.

24. Ce verset est un vestige de la révélation abolie concernant Behémoth et Léviathan. Il est lui-même mutilé, mais on peut sûrement entendre que les dragons nourriront les justes dans le banquet qui leur sera servi a la fin des temps, conformément à une tradition bien attestée (IV Esdras 6, 52 ; II Baruch 29, 4 ; Talmud, Baba Bathra 75a, etc.). La plupart des manuscrits éthiopiens donnent : « sont dignes d’être nourris », correction provoquée par l’amputation du verset.

25. Ce verset se rattache directement au verset 6, dont l’a séparé l’insertion du fragment noachique. Le remaniement a entraîné une corruption du texte. Voici pour ce verset la leçon du manuscrit no 9 de Kebran Gabriel : « De sorte que le châtiment du Seigneur des Esprits se pose sur eux, de sorte que le Seigneur des Esprits ne vienne pas en vain. Et il fera mourir les enfants avec leurs mères et les enfants avec leurs pères lorsque le châtiment du Seigneur des Esprits se posera sur eux. »

Chapitre 61
1. Les anges porteurs de cordeaux évoquent la vision de Zacharie 2, 1-6 où un « homme », qui est un ange, tient le cordeau servant à mesurer le terrain du nouveau temple. Les anges se dirigent vers le nord, lieu du paradis (voir notes sur 18, 8 et 32, 3), pour y mesurer le terrain qui sera donné aux justes.

5. Même ceux qui sont morts sans sépulture ressusciteront. On peut se demander si « ces mesures », au début du verset, n’est pas le résultat d’une confusion avec « ceux qui mesurent ». Le « jour de l’Élu » : comparer IV Esdras 13, 52.

6-7. Le Messie, appelé ici l’« Élu » (voir 39, 6; 45, 3), sera glorifié par les anges.

8. Le « trône de gloire » est le trône de Dieu lui-même que l’Élu occupera pour le jugement (comparer 45, 3, et 62, 2). Sur le motif de la pesée, voir 41, 1 et note.

9. La « conduite » est « secrète » parce que les justes ne se sont pas manifestés durant leur vie terrestre. Le nom du Seigneur : l’intercalation d’un mot-tampon, comme le « nom », est un procédé très fréquent dans les targoums. La trace de leurs pas : littéralement « leur trace »; c’est une autre manière de désigner la conduite terrestre des justes.

10. Les esprits angéliques joindront leur louange à celle des justes. Les « Ophanim » sont les roues du char divin d’Ézéchiel 1, 15-21; personnifiées, elles sont devenues une classe d’anges, comme les Chérubins (voir note sur Genèse 3, 24) et les Séraphins (Isaïe 6, 2) ; les « Ophanim » se trouvent aussi parmi les anges, chargés de louer le Seigneur selon le Talmud (Hagigah 12 b). Ici l’« Élu » est mis au rang des anges.

12. Ceux qui ne dorment pas : les anges appelés « Veilleurs » (voir 1, 5). Les « esprits de lumière », anges et élus glorifiés, sont déjà pleinement capables de louer le Seigneur, « toute chair », c’est-à-dire les nommes ayant passé par le Jugement, recevra la même capacité.

13. Seuls les justes connaissent les secrets de la création qui leur ont été révélés par Hénoch.

Chapitre 62
1. Élevez vos cornes : cette expression dénotant l’arrogance (Psaumes 75, 6) doit être ici employée par ironie.

2. L’aura fait asseoir : l’éthiopien a « se sera assis ». On hésitera sur la personne à laquelle appartient le trône : ce peut être l’Élu ou le Seigneur. L’esprit de justice : comparer 46, 3 ; 53, 6. La fin du verset est une réminiscence a Isaïe 11, 4 ; comparer aussi IV Esdras 13, 9-10.

4. Le passage s’inspire d’Isaïe 13, 8, mais peut-être aussi des Hymnes (3, 6-19).

5. L’expression éthiopienne employée ici pour « fils d’homme » est exceptionnelle dans les « Paraboles » et pourrait désigner un simple être humain, voire un homme du commun, ce qui ferait contraste avec l’élévation qu’il reçoit. La variante « fils de femme » va dans le même sens.

6. La reconnaissance du Fils d’homme par les rois viendra trop tard, comparer 63. Le « détenteur de tous les secrets » est le Seigneur, non le Fils d’homme.

7. Référence à la préexistence du Messie, voir 39, 6 et 48, 2-7.

8. Même idée qu’en 38, 1, avec la métaphore végétale déjà rencontrée en 10, 16. Le passage rappelle aussi Hymnes 8, 10-12.

9. Comparer Isaïe 49, 7.

11. Allusion transparente à la persécution des « justes » par les « grands ». Les justes sont appelés « enfants » de Dieu parce qu’ils représentent le véritable Israël, or Israël est le fils de Dieu (Osée 9, 1), comparer Testament de Juda 24, 3.

12. Le châtiment des damnés est le spectacle des élus, comme en 27, 3 ; 48, 9. On retrouve ici les accents vengeurs du Règlement de la Guerre (12, 10-13 ; 13, 16). L’image de l’épée divine sort d’Ézéchiel 21, 14-22.

14. Comparer Testament de Juda 14, 1 ; Testament de Dan 5, 13 ; Testament d’Aser 7, 3.

16. Vos vêtements ne s’useront pas : expression tirée de Deutéronome 8, 4 ; 29, 4. Le vêtement comme image de la gloire future se retrouve en 2 Corinthiens 5, 3-4.

Chapitre 63
5. Si seulement nous avions eu : la transmission a préservé la tournure sémitique : « Qui nous a donné...? » La palinodie des réprouvés est proche de celle que la Sagesse de Salomon (5, 4-13) met dans la bouche des impies voyant le triomphe du juste.

10. Les rois s’adressent ici aux anges du châtiment.

Chapitre 64
1. Le rappel du châtiment des anges déchus prend place dans le même enchaînement de motifs que celui des chapitres 53 - 54 de la seconde « Parabole » : annonce de la punition des grands de ce monde (53, 5, comparer 62 - 63), châtiment des anges (54, 1-6, et 64), rappel des événements du déluge (54, 7 - 55, 2 et 65 - 67, 3).

Chapitre 65
1. Ce passage (jusqu’à 69, 25) faisant intervenir Noé et Hénoch est tenu pour Te fragment d’une apocalypse de Noé, comme les chapitres 10 - 11 ; 54, 7 - 55, 2 ; 65 - 68, 1 et 106 - 107.

2. Hénoch semble s’être retiré dans le paradis où se termine son voyage visionnaire selon 32, 3.

3. C’est maintenant Noé qui parle.

6. Le terme rendu par « sortilèges » n’est pas connu ailleurs en éthiopien, et il faut recourir au syriaque pour l’expliquer. On n’oubliera pas que la Bible grecque a été traduite en éthiopien par des chrétiens de langue syriaque qui ont introduit en éthiopien classique un certain nombre de syriacismes. La sorcellerie et la métallurgie sont dénoncées conjointement en tant qu’inventions des anges déchus, comme au chapitre 8.

8. La galène ou sulfure de plomb, principale source de ce métal dans l’Antiquité, apparaît à la surface du sol. La cassitérite ou oxyde d’étain était extraite de dépôts alluviaux. C’est pourquoi on oppose ces deux métaux à l’argent qui est retiré de filons souterrains et on leur donne des « sources » pour lieu d’origine. La traduction « éparpille » est conjecturale et repose sur une acception syriaque du verbe ainsi traduit. L’auteur semble avoir voulu dire que l’ange qui réside à la « source » du plomb et de l’étain les broie en particules qui viennent au jour soit dans des gisements affleurant, soit dans les alluvions des cours d’eau.

10. L’auteur prête aux pécheurs antédiluviens ce qui est pour lui une des fautes capitales de ses adversaires : ils se sont trompés dans le comput des mois. On peut reconnaître là une marque essénienne. Cette référence aux mois a surpris les interprètes qui ont substitué « sorcelleries » en supposant une erreur sur un original hébreu.

11. Ceux-ci : les anges corrupteurs de l’humanité.

12. Des rois : peut-être réminiscence d’Exode 19, 6. La « source de justes » doit s’entendre de la secte des élus dont la descendance de Noé, préservée du déluge, est le type (voir 10, 7).

Chapitre 66
2. « Lever la main » paraît signifier « intervenir de sa propre autorité » (comparer Genèse 61, 44); les anges doivent « être attentifs » à l’ordre de Dieu, pour ne pas lâcher les eaux du déluge prématurément.

Chapitre 67
1. Ton lot : voir note sur 37, 4. Est monté auprès de moi : les destins de Noé sont inscrits dans le ciel, auprès de Dieu, comparer l’expression de Jubilés 36, 10.

2. Selon 89, 1, comme dans Genèse 6, 14-21, Noé bâtit lui-même son arche. L’intervention des anges dans la construction du vaisseau ne se retrouve pas dans les légendes juives concernant le déluge.

3. Au lieu de « je disséminerai », le manuscrit n° 9 de Kebran Gabriel donne « ainsi que leur race ».

4. Le gouffre ardent est celui dont il est question en 18, 6-9 ; 21, 7-10; sur les montagnes métalliques, voir 52, 2.

8. Les grands de ce monde se baignent dans les sources thermales pour leur santé ou leur plaisir (Flavius Josèphe, Antiquités juives XVII, 6, 5, 171, rappelle la visite d’Hérode aux eaux chaudes de Callirhoé, en Transjordanie), mais ils oublient que le bouillonnement des sources est provoqué par le feu souterrain où les anges déchus sont suppliciés et où eux-mêmes seront plongés à leur tour.

11. Comparer Jean 5, 4.

Chapitre 68
1. Ce verset, interrompant les propos de l’archange Michel, semble être la conclusion, déplacée, du fragment d’apocalypse noachique. Visions symboliques : littéralement « images » ou « paraboles ».

4. Michel n’a pas compris tout de suite pourquoi la punition des anges est aussi sévère et il s’est laissé aller à la pitié. Les anges ont agi à l’instar de Dieu en procréant, alors qu’ils étaient immortels (voir 6, 2-3 ; 15, 3-7), ou en communiquant aux humains des connaissances que Dieu seul pouvait révéler.

5. On suggère que le supplice des anges sera plus rigoureux que tout autre.

Chapitre 69
1. L’oeuvre des anges déchus survit à leur condamnation, car ils ont laissé les hommes en possession des secrets néfastes.

2. Les noms angéliques sont transcrits ici tels qu’ils sont donnés en éthiopien. On reconnaîtra aisément les variantes dues à la double traduction. « Armên » correspond à « Rammanê », no 3 de la liste de 6, 7, selon le manuscrit d’Akhmim, « Tourou’êl » (no 5) est un doublet de « Tour’êl » (= « Touriel », no 15), « Nêqâ’êl » vient de « Ziqiel » à la suite d’une confusion entre les lettres grecques zêta et noun, « Simipêsi’êl » est « Shamshiel », « Roumâ’êl » est « Yomiel ». Le nom d’Azazel a été porté deux fois (no 10 et no 21). À partir du no 13, les anges sont décalés d’un rang par suite de l’insertion d’un ange, Basas’êl, dont nous ignorons le prototype.

3. Ici commence une seconde ligne, plus détaillée mais incomplète, des anges déchus. Elle indique la spécialité de chacun d’eux comme la liste, également incomplète, donnée en 8, 3. Alors que 69, 2, représente la même tradition que 6, 7 ; 69, 3 et suiv., en paraît indépendant. La division des anges en « centuries », « cinquantaines » et « décuries » est conforme à celle de la Communauté, selon Règle de la Communauté 2, 21-22, et Rouleau du Temple 57, 4-5 ; comparer Deutéronome 1, 15.

4. Yeqon : variantes « Yequn », « Yâqun ». On peut y reconnaître la troisième personne de l’imparfait ou du jussif du verbe hébreu et araméen signifiant « se dresser ». D’après son rôle, Yeqon est un équivalent de Shemêhaza/Semiaza. Êtres angéliques : littéralement « enfants des anges ».

5. Le nom de l’ange paraît formé sur la racine hébraïque ḥšb, « concevoir un dessein ».

6. Si l’on compare le verset à 8, i, Gadre’êl doit être un sobriquet de Azaël/Azazel. Le séducteur d’Ève est appelé ailleurs Samaël (targoum du pseudo-Jonathan sur Genèse 3, 6 ; III Baruch 4, 8 ; 9, 7).

8. Le nom « Pênêmou’e » (pour Pênêmou’êl?) reste énigmatique. On pourrait l’interpréter par l’hébreu penîmî, « ce qui est à l’intérieur », ou par le grec pneuma, « esprit ».

9-10. Curieuse polémique contre l’usage profane de l’écriture, en particulier pour la rédaction de contrats. L’énumération des perversions introduites par les anges permet de reconnaître quelques aspects de la morale sectaire : elle condamne les armes et les tractations commerciales (impliquant l’usage de l’écriture). Ces traits se retrouvent juxtaposés dans la notice de Philon sur les Esséniens (Quod omnis probus liber sit, 78).

12. « Kâsdeyâ’e » pourrait transcrire l’araméen kasdâ’ê, « les Chaldéens », c’est-à-dire les astrologues et les magiciens. La « bête appelée mâle » serait, pensons-nous, le Behémoth de 60, 8. Le monstre habitant le désert aurait été tenu pour le père des démons, dont le désert est l’habitat favori. Le « coup qui frappe à midi » semble être le célèbre « démon de midi » de Psaumes 91, 6. Il est probable que cette liste de noms angéliques expliqués a été interrompue ici. Les versets suivants paraissent appartenir à une autre tradition spéculative, plus ambitieuse.

13. « Kasbe’êl » paraît encore désigner Semyâzâ (Shemêhaza) qui, d’après 6, 4, a pris l’initiative de faire prêter serment aux anges qui l’avaient suivi. Ce nom n’a pas reçu d’explication satisfaisante, non plus que celui de « Biqâ », qui est donné pour son « chiffre ». Mais si on retranscrit ces deux noms en caractères hébraïques, ksb’l et byq’, on constate qu’ils sont isopsèphes : la somme des valeurs numériques des lettres est dans les deux cas égale à 113.

14. L’auteur imagine que Kasbe’êl-Semyâzâ (Shemêhaza) a fait prêter serment aux anges par le nom imprononçable de Dieu que seul parmi les anges Michel connaissait. La connaissance du nom implique celle du mystère suprême de la création, ce qui justifie la digression des versets 16 à 25.

15. Le sens du nom « Akâ’e » n’a pas été non plus élucidé. Peut-être est-ce une transposition cabalistique du tétragramme, ou le résultat (déformé dans la traduction) d’une lecture du tétragramme écrit en paléohébreu. Au lieu de ce nom mystérieux, le manuscrit no 9 de Kebran Gabriel donne ’ekûy, « le Mauvais », sans doute pour fournir un terme compréhensible.

16. Le verset paraît incomplet.

17. Réminiscence de Psaumes 24, 2, et 104, 10.

18. Le sable du fond de la mer et des plages est une barrière qui empêche les eaux de submerger la terre ; voir Jerémie 5, 22, et Psaumes 104, 9.

19. Réminiscence de Proverbes 8, 27.

22. Les « esprits » sont les anges qui ont charge des astres et des météores.

24. Les « esprits » n’interrompent jamais leur tâche ; comparer ce qui est dit du soleil et de la lune en 41, 7.

26. Cet hymne, qui n’a aucun rapport avec ce qui précède, parle de la joie des élus lors du Jugement. Il se rattache apparemment au chapitre 41.

27. Son trône glorieux : voir la note sur 45, 3. La somme du jugement : comparer Jean 5, 22. Les pécheurs seront traités comme les anges corrupteurs.

28. Variante : « leurs assemblées de corruption seront fermées ».

29. La fin du verset est probablement corrompue.

Chapitre 70
1. Ce dernier épisode de la section des « Paraboles » est un nouveau développement du récit biblique de l’enlèvement d’Hénoch (Genèse 5, 24). Le patriarche d’abord transporté dans le jardin du nord-ouest (voir 23 - 25) est élevé de là auprès de Dieu, ce qui donne lieu à une nouvelle vision du palais divin ressemblant à celle de 14, 8-23. En présence de Dieu, Hénoch est salué par lui comme une incarnation du Fils d’homme, du Messie transcendant, parce qu’il est, semble-t-il, un juste accompli. Une sanction insurpassable est ainsi donnée à l’enseignement d’Hénoch auquel adhèrent les « justes » dès ici-bas. « Ensuite » est une transition artificielle. La leçon traduite en ce verset est celle du manuscrit éthiopien no 55 de la collection d’Abbadie (15e siècle). Selon la majorité des témoins, il faut entendre : « son nom (d’Hénoch) fut élevé vivant auprès du Fils d’homme et du Seigneur des Esprits » et voir en « Fils d’homme » le titre messianique et non la simple désignation du visionnaire déjà rencontrée en 60, 10. Mais cette leçon est difficilement conciliable avec le verset 71, 14, qui identifie Hénoch et le Fils d’homme.

2. L’allusion au « char du vent » souligne la similitude entre l’assomption d’Hénoch et celle d’Élie décrite en 2 Rois 2, 11.

3. Passage brusque de la troisième à la première personne comme en 65, 3. Points cardinaux : littéralement, « vents », voir 75, 14. Les anges portant les cordeaux sont apparus en 61, 1-2.

Chapitre 71
1. Hénoch poursuit son ascension quittant la montagne du nord-ouest pour le ciel, alors que les visions des « Paraboles » avaient lieu seulement « à la frange des cieux » (39, 3). Le verbe éthiopien traduit par « fut enlevée » est le même qu’en 12, 1.

3. Le guide d’Hénoch n’est pas l’ange anonyme des « Paraboles » (46, 2), ni Ouriel comme dans le récit du voyage visionnaire (21, 1) ou dans le traité d’astronomie (72, 1), mais Michel, premier des archanges. C’est le signe qu’Hénoch va s’élever plus haut que jamais.

5-6. La description du palais céleste est conforme à celle de 14 (versets 9 et 19).

7. Sur les Ophanim, voir 61, 10.

10. La description est plus proche de Daniel 7, 9, que ne l’est 46, 1.

14. Comme la variante y invite, on peut se demander si le sujet n’est pas Michel plutôt que Dieu. La première phrase de la déclaration peut être comprise « tu es un fils d’homme (un humain) né pour la justice ».

15. Ce qui est annoncé (probablement par l’ange) est l’avènement d’une ère de paix (et de prospérité) éternelle garantie par Dieu en faveur d’Hénoch et des siens. « D’ici » paraît se rapporter au séjour céleste (on pensera alors à une réminiscence de Job 25, 2), à moins que ce ne soit un adverbe de temps, « depuis lors » anticipant « depuis la création du monde ». La félicité eschatologique des justes fait partie des choses décidées de toute éternité auprès de Dieu.

16. Hénoch, reconnu comme une incarnation du « Fils d’homme » préexistant, demeure à jamais en esprit au milieu des siens, ou bien ceux-ci seront réunis pour toujours a lui après le jugement.

17. On ne peut décider si cette brève doxologie appartient au discours adressé à Hénoch ou si c’est un dernier mot de l’auteur. La « longévité » a probablement une connotation eschatologique. Elle est associée à la paix comme dans Règle de la Communauté 4, 7 et Règlement de la Guerre 1, 8-9.

Chapitre 72
1. Traité : littéralement, « écrit » ou « livre ». L’« oeuvre nouvelle » est la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre après le Jugement dernier.

2. Les « portes du soleil » appartiennent à une antique cosmologie sémitique. Pour expliquer la durée inégale et variable des jours et des nuits au cours des saisons, on suppose que le soleil se lève par six portes différentes, alignées et numérotées du sud au nord, à l’est du monde, et va se coucher par six portes correspondantes à l’ouest. La première porte est la plus méridionale ; c’est en sortant par elle que le soleil accomplit son trajet diurne le plus court et son trajet diurne le plus long ; la sixième porte est la plus septentrionale, et c’est en l’empruntant que le soleil accomplit son trajet diurne le plus long.

6. L’année commence au lendemain de l’équinoxe de printemps.

12. Plus long de deux parts : une « part » est un dix-huitième de la durée totale du jour et de la nuit. Au second mois, le jour est plus long que la nuit de deux parts, par rapport à l’état équinoxial qui donne neuf parts au jour et neuf à la nuit.

13. Trente et un matins : le troisième mois de chaque trimestre compte trente et un jours ; c’est la caractéristique du calendrier essénien. Dans notre texte, le dernier jour de chaque trimestre est marqué par un solstice (été au verset 14, hiver au verset 26) ou par un équinoxe (automne au verset 20, printemps au verset 32). C’est pourquoi la porte correspondant à l’une de ces dates porte un « signe ».

14. Théoriquement, c’est à la latitude de 45o que le jour est le double de la nuit lors du solstice d’été. Même si la description du mouvement annuel du soleil est systématisée à l’excès, on ne peut admettre que ce système ait été conçu en Palestine. L’auteur paraît vouloir adapter, tant bien que mal, une observation astronomique faite sous des cieux plus septentrionaux. La même remarque doit être faite pour le solstice d’hiver signalé au verset 26.

16. A raccourci exactement d’une part : par rapport au mois précédent.

18. A raccourci de deux parts : par rapport à l’état solsticial.

27. Il revient sur elles : après avoir emprunté les portes de la sixième (solstice d’été) à la première (solstice d’hiver), le soleil prend maintenant le chemin du retour, de la première à la sixième porte.

28. Un neuvième : soit deux dix-huitièmes, ou « parts », par rapport à l’état solsticial (comparer verset 18).

32. Trois cent soixante-quatre jours : le nombre de jours caractéristique de l’année essénienne a été retenu dans la transmission manuscrite éthiopienne.

Chapitre 73
4. Cela vous sert à compter le début du mois : l’auteur s’adresse peut-être à des adversaires de la secte qui déterminent les mois d’après l’apparition de la lune, et non comme il prétend le faire par le mouvement du soleil.

5-6. Ces versets envisagent le cas où la lune met quatorze jours à devenir pleine, puisqu’elle a le premier jour du mois lunaire un septième de quartier de lumière, soit un quatorzième de sa lumière totale. Le second jour, elle a un septième et demi de quartier, soit les trois quatorzièmes de sa lumière quand elle est pleine.

7-8. Cas où la lune met quinze jours à devenir pleine : le jour de la néoménie, elle n’est éclairée que pour « une demi-part », c’est-à-dire un vingt-huitième ; il reste dans l’obscurité treize quatorzième du quartier, soit vingt-sept vingt-huitièmes de toute la lune, elle est donc pratiquement invisible et n’apparaît que le lendemain.

Chapitre 74
3. Par « septièmes », il faut entendre des septièmes de quartier comme dans la loi précédente.

5-9. Cette description des mouvements de la lune en relation avec ceux du soleil est obscure et probablement incomplète. Des fragments araméens dont l’éthiopien ne présente pas le correspondant indiquent qu’on avait laborieusement tenté d’établir un calendrier synchronique des mouvements de la lune et du soleil.

10-16. Dans cette comparaison des calendriers solaire et lunaire, on constate une hésitation sur le nombre des jours de l’année lunaire. D’après le premier paragraphe (versets 10-11), l’année lunaire compterait six jours de moins que l’année solaire de trois cent soixante-quatre jours, soit trois cent cinquante-huit jours, tandis que le verset 14 compte trois cent cinquante-quatre jours pour l’année lunaire. On a tenu compte en un cas de la révolution synodique de la lune et dans l’autre de sa révolution sidérale.

14. Le membre de phrase mis entre astérisques semble être le vestige d’une autre manière de dénombrer les jours de huit années lunaires.

15-16. Si on juge nécessaire de totaliser aussi laborieusement les jours de huit années lunaires, c’est probablement qu’on pense à réfuter le système grec de l’oktaétêris utilisé avant Méton (5e siècle avant J.-C.) pour faire rattraper les années solaires par les années lunaires en ajoutant trois mois à huit années lunaires. Tous les manuscrits présentent au verset 16 une quasi-dittographie.

17. « Cosmique », ou « éternel ».

Chapitre 75
1. Calendrier : littéralement « compte de l’année ». Au lieu de « qu’on ne fait pas entrer », (sous-entendu « à tort »), certains manuscrits ont « qu’on fait entrer » (sous-entendu « avec raison »). Le passage paraît défendre l’année de trois cent soixante-quatre jours contre un calendrier comptant douze mois de trente jours (avec intercalation d’un mois tous les six ans).

4. Ces portes du soleil sont distinctes de celles qu’énumère le chapitre 72
et que rappelle plus loin le verset 6. Il s’agit de portes ouvertes dans le disque solaire, en nombre variable, ce qui permet d’expliquer les variations de l’insolation.

8. Les « astres qui ne se couchent pas » sont les étoiles circumpolaires.

9. Probablement la Grande Ourse.

Chapitre 76
2. L’« avant » du ciel est l’est, conformément à la double acception du terme araméen sous-jacent, de même, la « droite » est le sud, la « gauche » le nord.

3. Un fragment araméen de Qoumrân a restitué quelques lignes du texte original des versets 3-10. Elles sont ici traduites en italique.

4. En éthiopien : « des vents de bénédiction et de bien-être ». Les vents bienfaisants sortent des portes centrales des quatre points cardinaux. Ceux qui sortent des huit portes latérales sont nocifs.

5. C’est le vent d’est-sud-est.

6. En éthiopien : « le vent sort (tout) droit », c’est-à-dire sans s’incliner au nord ou au sud. La description du vent d’est-nord-est qui vient ensuite est mutilée en éthiopien : « par la troisième porte, celle qui est du côté du nord, sortent le froid et la sécheresse ».

9. Les sauterelles sont apportées par les vents mauvais, comme le suggère Exode 10, 13.

10. Il n’y a pas lieu de tenir pour une interpolation cette assimilation du nord à la mer, qui trahit peut-être une influence égyptienne, mais qui peut aussi représenter une tentative d’explication du grec boreas, « vent du nord », par l’éthiopien bāhr, « mer ». L’éthiopien présente une lacune, dans laquelle devait se trouver le nom du vent, à l’analogie des versets 6 et 8. Il en est de même aux versets 11, 12 et 13. Cette lacune s’explique par ce que l’éthiopien n’a qu’un verbe pour « sortir » (en parlant du vent) et « provenir » (en parlant des météores).

13. On a le témoignage de deux fragments araméens pour 76, 13 - 77, 4.

14. « Vents » signifie « points cardinaux » comme en Daniel 7, 2. Le texte éthiopien donne, au lieu de « la (liste) complète et l’explication », « toute leur loi et toute leur action, malfaisante et bienfaisante ». On apprend ainsi que le traité d’astronomie est enseigné par Hénoch à Mathusalem. Cette troisième section d’Hénoch a donc le même destinataire que la quatrième (voir 82, 1) et la cinquième (91, 1).

Chapitre 77
1. « Est » et « premier » sont formés sur la même racine en araméen. Il y a ensuite un jeu de mot sur le nom du sud, darom, décomposé en dâr « résider » et râm « élevé ». Le sud : le lieu où Dieu se manifeste (Deutéronome 33, 2 ; Juges 5, 4; Habacuc 3, 3).

2. Le texte éthiopien est : « L’ouest (a pour) nom "le diminué" parce que c’est là que diminuent et descendent tous les luminaires du ciel. » Le « diminué » est peut-être un essai de rendre le grec husteron, « ce qui est inférieur » ou « ce qui vient en dernier » susceptible de rendre un terme sémitique antonyme de « premier » qui désigne l’orient.

3. La plus grande partie du verset a disparu en éthiopien : « Le quatrième est celui qui a pour nom le "nord". Il se divise en trois régions... ». Le nom du « nord » (ṣpn) est expliqué par le verbe ṣpn, « cacher ».

4. Les sept montagnes sont celles qu’Hénoch a vues lors de son voyage visionnaire (18, 6 ; 24, 2). Il n’est pas sûr que le vestige araméen et le texte éthiopien puissent se raccorder comme on le présente ici.

5. La « grande mer » est la Méditerranée (voir Josué, i, 4).

8. Comparer Jubilés 8, 29.

Chapitre 78
1. On peut reconnaître en « Oryarês » l’hébreu ’or ha-ḥérés, « lumière du soleil » (ḥérés est le nom du soleil en Job 9, 7). « Tomâs », avec un s final venu du grec, est l’araméen ḥwm’, « chaleur », lu par erreur twm’.

2. Les noms de la lune sont inintelligibles, sauf le dernier où l’on reconnaît une transcription de l’hébreu yârêaḥ, « lune ».

6. Deux fragments araméens contiennent des groupes de mots qui paraissent se retrouver dans le chapitre 78 et au début de 79.

7. Comme en 73, 5-8, on envisage successivement le cas où la lune met quatorze jours à devenir pleine (mois de vingt-neuf jours), et celui où la croissance prend quinze jours (mois de trente jours).

8. Ce verset ajoute à la loi du chapitre 73 une description de la décroissance de la lune, qui prend toujours quinze jours.

9. Rien ne prépare l’allusion finale à des mois de vingt-huit jours. Elle suppose probablement la connaissance du cycle de Callippos (4e siècle) qui corrigea les intercalations du système de Méton en réduisant à vingt-huit jours la durée d’un mois tous les soixante-seize ans.

15-16. Il y a trois mois de vingt-neuf jours et trois mois de trente jours par semestre. L’année lunaire est donc de trois cent cinquante-quatre jours, comme on l’enseigne en 74, 12-16.

17. Les taches lunaires ont été très souvent interprétées comme l’image d’un visage humain.

Chapitre 79
5. Il ressort de ce verset qu’Ouriel a donné à Hénoch un tableau théorique des mouvements célestes. L’année solaire de trois cent soixante-quatre jours ne peut de toute manière correspondre longtemps à la réalité. Le chapitre 80 suggère peut-être que cette ordonnance idéale a été troublée par le péché, qui affecte le cosmos entier.

Chapitre 80
2-8. Ce chapitre ne décrit peut-être pas, comme on l’a cru, des prodiges eschatologiques, mais un désordre caractéristique du temps présent, qui est celui du péché. Il est marqué par des irrégularités climatiques (allusions à la sécheresse, verset 2, et à la famine, verset 5), ainsi que par des mouvements astraux et une succession des saisons non conformes au schéma théorique du calendrier de trois cent soixante-quatre jours.

5. Texte peu clair. On a proposé une série de corrections qui donneraient au verset la teneur suivante : « En ce temps-là, le soleil apparaîtra le soir... et brillera plus qu’il n’est régulier. » Mais cette correction présume que le chapitre décrit les signes des derniers temps.

7. Le désordre présent des mouvements célestes empêche les pécheurs, ceux qui n’ont pas reçu l’enseignement d’Hénoch, de reconnaître l’ordonnance véritable qui a été troublée. L’Écrit de Damas (3, 13-14) dénonce aussi l’égarement des pécheurs au sujet du calendrier. La connaissance des temps est le bien des « justes », qui ont dû méditer dans cet esprit Psaumes 90, 12. La fin fait allusion à l’astrolâtrie, souvent considérée comme l’essence de l’idolâtrie (comparer Apocalypse d’Abraham 7, 4-5).

8. Annonce du Jugement à venir.

Chapitre 81
2. Les tablettes célestes remises à Hénoch, comparables sur ce point à Enmedouranki (voir note sur 12, 4), contiennent la doctrine astronomique et eschatologique qu’il a charge de révéler. La génération finale : littéralement, « la génération du siècle » ; sur cette acception de l’éthiopien ’âlam, voir note sur 48, 6.

4. Registre de méfait : en vue du Jugement, les actions humaines sont inscrites sur un livre gardé auprès de Dieu (comparer Daniel 7, 10, et Hénoch 89, 62-64). La formulation est inspirée par Psaumes 1, 1.

5. Les « sept Saints » sont les sept archanges, voir la note sur 20, 1. La variante « trois » rappelle les trois guides d’Hénoch dans le « livre des songes » (87, 3-4; 90, 31). Nul être de chair n’est juste : comparer Job 9, 2. Ce verset peut servir d’introduction au « livre des parénèses » (91 - 104).

9. Annonce d’une persécution des justes. Ils seront réunis : idiome hébraïque, comme en Isaïe, 57, 1, que démarque ce verset. Le manuscrit no 9 de Kebran Gabriel donne une variante : « Les artisans de la justice ne périront pas du fait des hommes et ils se soustrairont. »

Chapitre 82
1. La génération finale : voir 81, 2.

2. Réminiscence de Psaumes 78, 5-6.

4-12. Saisons : ou « trimestres », littéralement, « parties de l’année ». Ultime plaidoyer en faveur du calendrier de trois cent soixante-quatre jours qui semble être un élément capital de la doctrine sectaire, puisqu’on en fait le critère de la justice (versets 4-5). Chaque temps est placé sous l’autorité d’un « guide » angélique : il y a quatre guides pour les quatre trimestres, douze guides, appelés « guides des ordres » pour les douze mois (voir verset 11) et trois cent soixante-quatre « chefs de mille » commandant chacun à un jour de l’année.

5-6. Le plus important aux yeux de l’auteur est de reconnaître la division quadripartite de l’année. Ici, les quatre guides des saisons apparaissent aux portes du ciel signalées au chapitre 72 pour les équinoxes et les solstices. Les portes sont énumérées selon leur rang, et non selon la succession des saisons.

7. L’éthiopien a : « ce que m’a ordonné ».

8. Le sujet de la phrase n’est pas précisé. Il s’agit d’Ouriel, car le verset contient une explication de son nom, compose de ’or, « lumière ».

9. « Selon leurs signes » est absent de l’éthiopien.

11. Le titre de « guides des ordres », donné aux chefs des mois, doit traduire le grec taxiarchos; taxis pourrait rendre l’araméen mašritâ (hébreu maḥaneh), « camp » qui s’applique à une troupe angélique. La hiérarchie des anges est d’allure militaire (voir note sur 6, 8). Les quatre chefs de saison et les douze chefs de mois correspondent aux quatre tribus maîtresses et aux douze tribus d’Israël selon le règlement e Nombres 2.

13-20. Il est très difficile d’expliquer les noms angéliques indiqués dans ce passage.

14. Texte très obscur. La fonction des trois anges, apparemment subordonnés aux guides des saisons et des mois, est mystérieuse. On se demandera si l’auteur n’a pas voulu tenir compte d’une répartition des mois de l’année en trois catégories, conformément au calendrier essénien : ceux qui commencent un mercredi (premier, quatrième, septième et dixième mois), ceux qui commencent un vendredi (deuxième, cinquième, huitième et onzième mois) et ceux qui commencent un dimanche (troisième, sixième, neuvième et douzième mois).

15. Milki’êl commande au trimestre suivant l’équinoxe de printemps. Derrière l’éthiopien tama’âyni on reconnaît une transcription de l’araméen taymânayyâ, « le méridional ».

17. Il manque le nom du « guide » commandant au troisième mois du premier trimestre. Hilouyâsef est le « chef de mille » ou ange du jour, préposé au solstice d’été.

18-20. Hêl’ememêlêk commande au trimestre suivant le solstice d’été.

20. Asfâ’êl est l’ange du jour de l’équinoxe d’automne. Le fragment araméen de Qoumrân traduit en italiques a permis de retrouver une partie de la description de l’hiver. Le détail des quatorze arbres à feuillage persistant est apparu en 3, 1.

Chapitre 83
1-2. L’introduction est commune aux deux songes visionnaires composant cette section du livre d’Hénoch. Le songe des chapitres 83 et 84 est une annonce du déluge, modèle de la catastrophe à venir. Les chapitres 85 à 90 consistent en un panorama de l’histoire sainte, suivi d’une révélation sur les temps futurs. En raison du symbolisme animal mis en oeuvre dans ce deuxième songe visionnaire nous l’appellerons l’« Apocalypse au bestiaire ». Ces songes visionnaires ont un propos différent de celui du « voyage visionnaire » et des « Paraboles » et ont été situés à une étape antérieure de la carrière d’Hénoch, probablement par le compilateur des écrits « hénochiens ». De même, dans Jubilés 4, 17-25, les songes visionnaires d’Hénoch sont mentionnés avant son enlèvement au ciel et son élévation au rang de prêtre céleste.

6. Le rôle de Mahalalel auprès d’Hénoch rappelle celui d’Hénoch auprès de Noé au chapitre 45. Mais Mahalalel n’a pas autorité pour annoncer à Hénoch son salut. Il ne peut que l’inviter à prier.

10. La génération finale : même expression qu’en 81, 2. La prière est celle que nous lisons au chapitre 84.

11. Épouvanté par son rêve, Hénoch est rassuré en se réveillant, quand il constate que le cataclysme ne s’est pas encore produit, puisque les astres ont leur position matinale habituelle.

Chapitre 84
2. Les cieux et la terre : réminiscence d’Isaïe 46, 1.

3. Aucune oeuvre : réminiscence de Jérémie 32, 17. Le trône de la Sagesse est celui qu’elle partage avec Dieu (comparer Sagesse de Salomon 9, 4).

4. La catastrophe prévue par Hénoch est une conséquence du péché des anges. Il s’agit donc du déluge. Mais les effets du péché des anges doivent se prolonger au-delà du déluge, jusqu’à la fin des temps. Aussi le déluge n’est-il qu’un type de la catastrophe eschatologique (voir note sur 10, 17).

5. Hénoch demande d’abord qu’une partie de sa postérité survive au déluge.

6. La seconde demande d’Hénoch concerne la perdition des pécheurs. Sur le motif de la « plante », voir la note sur 10, 16.

Chapitre 85
3. Le nom de la femme d’Hénoch esst donné par le livre des Jubilés (4, 20) sous la forme Édni. Le taureau blanc est Adam, la génisse Ève, les deux veaux sont Caïn et Abel. L’auteur réserve à ses héros, les patriarches et les Israélites, les symboles animaux les plus nobles, bovins et ovins. Le symbolisme des couleurs s’y superpose parfois : le blanc est la marque de l’élection, le noir a la signification contraire, le rouge est rarement employé. S’il est affecté ici à Abel, c’est peut-être pour rappeler son martyre, mais aussi pour réserver le blanc à Seth (verset 8). On remarquera l’absence d’allusion au « péché originel ».

5. La génisse est une soeur de Caïn, celle qui est appelée Awân dans Jubilés 4, 9.

6. Les gémissements d’Ève sur son fils tué sont inspirés par un jeu de mots sur le nom d’Abel expliqué par l’hébreu ’âbêl, « se lamenter ».

8. Le taureau blanc est Seth qui transmet la ressemblance d’Adam (Genèse 5, 3). Sur les autres enfants du premier couple, voit Jubilés 4, 10.

9-10. Les bêtes blanches sont les patriarches antédiluviens.

Chapitre 86
1. Des fragments de Qoumrân ont révélé des lambeaux du texte araméen pour les chapitres 86, 88 et 89. La tradition sur la chute des anges, représentés par des astres, diffère légèrement de celle des chapitres 6 - 8. Il est question ici d’un ange descendu avant les autres. D’après 88, 1, rapproché de 10, 4, il s’agit d’Azazel. Cette fabulation a pu s’inspirer de la satire d’Isaïe 14, 12, sur le destin de l’« astre brillant ».

2. L’ange déchu suscite parmi les pécheurs, figurés par les taureaux noirs, une promiscuité coupable.

3. Ces nouveaux astres représentent Shemêhaza et ses complices (voir 6 - 7).

4. La comparaison des membres à ceux des chevaux provient d’Ézéchiel 23, 20. Les animaux énumérés ici représentent les géants nés des anges et des femmes. Ils sont répartis en trois catégories comme dans Jubilés 7, 22 (voir note sur l Hénoch, 7, 2).

5-6. Les sévices des géants sont signalés en 7, 4-5.

Chapitre 87
1. La plainte de la terre : comparer 7, 6 et 9, 2-3.

2. Ce sont les sept archanges : trois d’entre eux sont chargés de retirer Hénoch de la terre, et les quatre autres accomplissent les missions dont parle le chapitre 10.

Chapitre 88
1. Raphaël (comparer 10, 4).

2. Gabriel (comparer 10, 9).

3. Michel (comparer 10, 12).

Chapitre 89
1. L’ange en question est Ouriel, d’après 10, 1. Le texte éthiopien paraît être plus diffus que l’original araméen qui ne devait pas signaler, en particulier, la transformation en homme du taureau représentant Noé ; cette adjonction doit signifier que ce patriarche a eu accès à une connaissance supérieure, ou a été l’objet d’une élection particulière, le mettant au-dessus de l’humanité. Rappelons qu’en Genèse 6, 9, Noé reçoit le qualificatif de « juste » qui le rapproche d’Hénoch.

2. Le toit est le ciel. L’image de l’enclos pour la terre habitée est conforme au symbolisme animal.

8. « Jusqu’à ce que disparussent les eaux » ne se trouve pas en éthiopien. L’apparition de la lumière après le déluge est évoquée au moyen d’une expression rappelant Genèse 1, 3, pour suggérer que le déluge a été suivi d’une nouvelle création.

9. Les trois taureaux sont Sem, Japhet et Cham.

10. Ces animaux impurs représentent les nations de la terre issues des fils de Noé. L’auteur s’est inspiré de passages bibliques comme Ézéchiel 39, 17, pour représenter les ennemis d’Israël par des bêtes et des oiseaux de proie. Le taureau blanc, qui perpétue la race élue, est Abraham, né au milieu des idolâtres selon la légende juive.

11. L’éthiopien a seulement : « ils commencèrent à se mordre ». L’onagre est Ismaël, conformément à Genèse 16, 12. Les descendants d’Ismaël se multiplient, selon Genèse 21, 13.

12. Le second taureau blanc est Isaac, le sanglier noir est Ésaü. Le mouton blanc représente Jacob-Israël. Désormais les Israélites sont figurés par des moutons, non pour suggérer une décadence par rapport aux bovins mentionnés jusqu’ici, mais pour appliquer les images bibliques du « troupeau » et du « berger » d’Israël.

13. Rappel de l’histoire de Joseph : les ânes sont les Madianites et les loups, les Égyptiens (comparer Genèse 37, 36).

16. Moïse se réfugie chez les Madianites.

18. Le second mouton est Aaron.

19. Renforcement de la persécution après le premier avertissement de Moïse au Pharaon et nouvelles plaintes des Israélites, d’après Exode 5, 6-14 et 15-23.

20. Allusion aux plaies d’Égypte. Le pronom personnel « ils », sujet de « se mirent », représente Moïse et Aaron. Une variante donne « Il se mit »; le pronom sujet représente alors Dieu.

22. La colonne guidant les Israélites lors de leur exode est une manifestation visible de Dieu selon Exode 13, 21-22.

23-27. Le miracle de la mer Rouge.

28. La fin de la cécité des moutons rappelle que le miracle de la mer Rouge a été le premier témoignage reconnu de la puissance de Dieu (Exode 14, 31) et qu’Israël est désormais prêt à recevoir la Loi. On évoque ensuite Dieu nourrissant les Israélites au désert (Exode 16).

29. Texte : « la cime de ce roc élevé ». Il s’agit du mont Sinaï, dont notre texte n’a pas encore parlé.

32-35. L’épisode du veau d’or (Exode 32).

34. La face de Moïse est aussi majestueuse que celle de Dieu, dont il a été question au verset 30, par application d’Exode 34, 30.

35. « Les autres moutons » sont les Lévites qui sur l’ordre de Moïse massacrent les Israélites infidèles (Exode 32, 25-29).

36. Rappel de la construction par Moïse de la Demeure, ou Tabernacle (Exode 35 - 40). Comme Noé selon le verset 1, Moïse est transfiguré en homme ; c’est qu’il est lui aussi tenu pour un grand initié.

37. Mort d’Aaron (Nombres 20, 24) et extinction de la génération de l’exode (Nombres 14, 22-23). Le « pâturage » est la Palestine, le fleuve est le Jourdain.

38. Évocation de la mort de Moïse (Deutéronome 34). C’est peut- être à dessein que le verset ne parle pas d’enterrement, pour suggérer que la disparition de Moïse a été mystérieuse.

39. C’est après le deuil sur Moïse que Josué est investi pour lui succéder (Deutéronome 34, 8-9). Les deux moutons (texte corrigé pour « tous les moutons ») sont Josué et le prêtre, successeur d’Aaron, Éléazar, associé à Josué, selon Josué 14, 1.

40. La « terre délicieuse » est la Palestine ; réminiscence de Jérémie 3, 19.

41. Les vicissitudes du temps des Juges sont expliquées par l’alternance de l’aveuglement et de la clairvoyance, c’est-à-dire de l’infidélité et de l’obéissance (voir Juges 2, 11-19).

42-49. Les animaux sont les nations qui assaillent Israël avant les débuts de la monarchie. Les chiens représentent les Philistins (voir verset 47). Le « bélier » est Saül. Dans la suite, les rois sont représentés par des béliers. Le texte grec de ces versets a été conservé dans un manuscrit grec du Vatican. Les passages traduits d’après l’éthiopien sont mis entre crochets. Un fragment qoumrânien a restitué quelques mots du texte araméen des versets 43 et 44.

43. Éthiopien : « Ce bélier commença à frapper de-ci de-là les chiens, les renards et les sangliers, jusqu’à leur totale destruction. »

44. Le grec a : « les moutons dont les yeux s’étaient ouverts », et l’éthiopien : « ce mouton ». Le singulier est préférable, car il s’agit de Samuel, censeur de Saül. Au lieu de « s’était dévoyé », l’éthiopien donne : « avait manqué à son honneur », et à la fin du verset : « déshonneur » au lieu de « mauvaise voie ».

45-46. Investiture de David par Samuel (1 Samuel 16).

47. Persécution de David par Saül, puis mort de Saül sous les coups des Philistins. L’éthiopien donne : « les chiens abattirent le premier bélier ».

48a. Avènement de David.

49. C’est le règne de David qui a assuré la victoire d’Israël sur les nations ennemies. Aussi convient-il de modifier l’ordre des versets donné par le texte éthiopien et placer 49 avant 48b qui parle de la mort de David et de l’avènement de Salomon.

50. La « Demeure », ou le Tabernacle, mentionnée au verset 36. La tour élevée est le Temple abritant le Tabernacle. La « table servie » est l’autel du parvis.

51. L’abandon de la « Demeure » fait allusion au schisme des dix tribus qui écarte l’Israël du nord du Temple de Jérusalem. Les moutons envoyés vers le troupeau représentent les prophètes. Le meurtre des envoyés est une réminiscence de 1 Rois 19, 10, texte mis dans la bouche d’Élie auquel notre passage fait allusion. Mais le thème du martyre des prophètes (voir Martyre d’Isaïe; Matthieu 23, 31) est peut-être esquissé ici.

52. L’assomption d’Élie paraît destinée à le soustraire à la persécution, ce que ne suggère pas la Bible. Là où je me trouvais : littéralement, « près de moi »; Élie rejoint Hénoch dans sa retraite céleste.

53. On insiste sur le rôle d’accusateur tenu par les prophètes.

54-58. La décadence du royaume de Juda est présentée comme le châtiment infligé par Dieu à l’infidélité du peuple (comparer Écrit de Damas 1, 3-4).

56. Les lions représentent les Babyloniens qui détruisent le Temple et la royauté de Jérusalem en 587.

59-64. Ce passage sert d’introduction à la rétrospective de l’histoire nationale après 587. Dieu cesse de conduire directement son peuple et en laisse le soin à des « pasteurs » (comparer Zacharie 11, 4-6) qui sont les agents de sa colère. Ces « pasteurs » sont des anges représentant les nations païennes. Leur nombre, soixante-dix, a une double implication. C’est d’une part le nombre des nations de la terre, conformément à une tradition reposant sur le décompte des descendants de Noé en Genèse 10 ; cette tradition, très répandue dans la littérature juive, apparaît dans Jubilés 44, 34. D’autre part, les pasteurs se succèdent l’un à l’autre pour paître le troupeau de Dieu jusqu’à l’intervention divine ; le temps séparant la fin du royaume judéen de l’événement eschatologique est donc divisé en soixante-dix périodes. Comme Daniel 9, 24-25, qui place soixante-dix « semaines (d’années) » entre la captivité de Babylone et la restauration miraculeuse, cette spéculation apocalyptique est une adaptation de la prophétie de Jérémie 25, 11-12.

60. Dieu conserve un contrôle sur l’histoire de son peuple. Les anges des nations auxquels Dieu a abandonné Israël restent responsables devant lui, chacun pour la période où il a la charge du troupeau.

64. C’est à leur insu que les nations sont les instruments de la colère de Dieu. Elles ne savent pas qu’elles doivent comparaître devant lui pour rendre compte du sort qu’elles ont réservé au troupeau de Dieu.

66. Les panthères pourraient représenter les Édomites qui ont profité de la dernière guerre entre Juda et Babylone (voir Abdias; Ézéchiel 35). Mais après 587, toutes les nations voisines ont été suspectes aux yeux des prophètes. Le rappel de la ruine du Temple et de la Demeure est inspiré de Psaumes 74, 7.

71. Le décompte quotidien des excès commis par les pasteurs est enregistré et gardé près de Dieu pour être dévoilé au jour du Jugement (voir 90, 17).

72. Les « douze heures » sont les douze premières périodes de domination pastorale. Les trois moutons qui reviennent sont Zorobabel, le prêtre Josué et Néhémie, que l’auteur doit tenir pour leur contemporain parce qu’il a eu lui aussi un rôle de reconstructeur. Esdras semble exclu. Les sangliers représentent probablement les païens qui s’opposèrent à l’oeuvre de Néhémie, c’est-à-dire Sanballatat et Tobias l’Ammonite (Néhémie 3, 33-38). Si d’après Daniel 9, 24-25, on évaluait à sept ans une « période pastorale », l’auteur situerait la restauration de l’époque perse en 503, c’est-à-dire après Zorobabel et Josué et avant Néhémie.

73. Tour élevée : réminiscence probable de Michée 4, 8 où le terme « Ophel » aura été compris « altier ». Les offrandes souillées évoquent la satire de Malachie 1, 7, contre le clergé de l’époque perse.

74. La livraison du troupeau par les pasteurs à d’autres pasteurs évoque la dispersion des Juifs parmi différentes nations.

76. L’archange qui tient le livre intercède pour Israël. Il a donc le rôle tenu par l’« ange de Iahvé » en Zacharie 1, 12, et, plus tard, par Michel.

Chapitre 90
1. Trente-sept pasteurs : les exégètes ont généralement corrigé ce chiffre en « trente-cinq », parce que si l’on ajoute trente-cinq à vingt-trois (nombre de périodes pastorales indiqué en 90, 5), on retrouve les cinquante-huit périodes pastorales dont parle 90, 5. Si séduisante qu’elle soit, cette correction ne s’impose peut-être pas. 90, 1, signale un tournant de l’histoire : c’est après ces trente-sept périodes qu’arrivent de nouveaux oppresseurs représentés par les oiseaux de proie. Il s’agit sûrement des Grecs. Or l’arrivée d’Alexandre le Grand en Palestine se situe en 323, c’est-à-dire dans la trente-huitième semaine d’années après 587. Voir la note sur 90, 5.

2. Si les rapaces comportent quatre espèces, ce peut être pour signifier les prétentions de l’Empire grec à l’universalité, étant donné la valeur symbolique de ce nombre. Les oiseaux de proie sont énumérés en allant du plus honorable (l’aigle) au plus méprisable (le corbeau), pour suggérer que cette domination étrangère est devenue de plus en plus insupportable. Il est dit que les oiseaux crèvent les yeux des moutons pour rappeler qu’outre leurs ravages matériels les Grecs ont exercé sur les Juifs une certaine « séduction » : on vise peut-être ainsi le mouvement hellénisant qui appuya les pontifes « impies », Jason et Ménélas. « Manger la chair » rappelle l’invective de Michée 3, 2-3, contre les « chefs de Jacob », qui sont des oppresseurs des pauvres.

5. Ajoutées au trente-sept périodes de 90, 1, ces vingt-trois périodes nous conduisent, semble-t-il, soixante semaines d’années après 587, soit après 167. On a peut-être ici la limite de l’expérience vécue de l’auteur, à partir de laquelle la rétrospective historique fait place à l’annonce apocalyptique. L’Apocalypse au bestiaire aurait donc été composée durant la soixante et unième période, celle qui s’ouvre, en 167. Rappelons que 167 est l’année où la persécution d’Antiochus Épiphane atteint son point culminant et où éclate la révolte maccabéenne, à laquelle 90, 9, fait une allusion assez claire. À l’intérieur de ces soixante périodes, ou semaines, l’auteur distingue un événement qui aurait eu lieu au bout de cinquante-huit périodes, soit après 181.

6. L’événement de la cinquante-neuvième période est l’apparition de la secte à laquelle l’auteur se rattache : elle est représentée par les agneaux blancs et clairvoyants qui appellent leurs frères à la conversion. Nous retrouvons ici le symbolisme de la couleur, abandonné depuis 99, 12, où il était question de Jacob, ce qui pourrait suggérer que le groupe des agneaux blancs se considère comme le véritable Israël. On sait par Flavius Josèphe (Guerre juive, II, 8, 2, 123) que les Esséniens se faisaient un devoir d’être toujours vêtus de blanc. C’est peut-être la même date que l’Écrit de Damas (1, 5-10) a voulu distinguer en parlant de quatre cent dix ans d’aveuglement après la ruine de Jérusalem par Nabuchodonosor, ce qui nous conduit en 177, toujours en supposant que ce milieu avait une connaissance à peu près exacte de la chronologie. L’apparition du Maître de justice, signalée ensuite par l’Écrit de Damas, serait placée un laps de temps indéterminé après cette date.

7. L’appel des illuminés n’a pas de succès et renforce au contraire l’aveuglement de leurs compatriotes.

8. L’agneau enlevé paraît être Onias III, le dernier grand prêtre légitime, déposé par Antiochus Épiphane en 174 et assassiné en 170. Onias III était regardé comme un saint (voir 2 Maccabées 4, 2) et s’il est représenté par un agneau, c’est probablement qu’il est revendiqué par la secte, peut-être à titre posthume. Comme dans Daniel 9, 26, la disparition d’Onias marquerait ainsi le début de la grande persécution.

9. Les agneaux auxquels poussent des cornes sont les membres de la secte, identifiables aux Asidéens, ou piétistes, qui prirent les armes pour soutenir Juda Maccabée (1 Maccabées 2, 42). Juda Maccabée n’appartient pas à la secte, puisqu’il est représenté non par un agneau, mais par un mouton, ou par un « mâle », comme les Juifs combattants.

10. Il les vit : le mouton représentant Juda Maccabée passe en revue les Juifs « clairvoyants » (pour ce sens de « voir », comparer 1 Samuel 16, 1).

11. La guerre de libération est conduite par une minorité. Les cris des moutons rappellent ce que dit 1 Maccabées 3, 53, de l’assemblée de Maspha.

12. Les résistants réussissent à contenir l’attaque ; allusion probable à la victoire de Juda sur Gorgias à Emmaüs (1 Maccabées 4, 1-25).

13. Nouvelle offensive grecque, plus sévère, peut-être celle de Lysias en 164 (1 Maccabées 4, 26-35). Il n’est pas fait allusion à la victoire remportée par Juda Maccabée, qui lui permet de reconsacrer le Temple de Jérusalem. Comme la suite parle d’une intervention miraculeuse, on peut supposer que l’auteur espère qu’elle est seule capable de triompher de la nouvelle attaque ennemie, et qu’il n’a pas connu la victoire réelle, mais limitée, de Juda Maccabée. On aurait là un indice permettant de dater l’Apocalypse au bestiaire.

14-15. L’intervention de l’ange champion d’Israël n’est pas un secours temporaire (comme dans 2 Maccabées 8, 20 et 10, 29) ; elle assure le triomphe de Juda Maccabée.

16. Les « moutons sauvages » sont des Israélites considérés comme renégats. Ce verset, qui semble revenir en arrière, a été regardé comme un doublet du verset 13, le « mâle » paraissant être à nouveau Juda Maccabée. On peut toutefois se demander s’il n’y a pas eu contamination par le développement précédent du récit d’un nouvel épisode eschatologique parlant de l’ultime assaut des nations de la terre contre Jérusalem, assaut encore plus violent que le précédent (comparer Ézéchiel 38 - 39) et qui ne prendra fin qu’avec le jugement dernier. C’est ainsi que selon Daniel 11, 45 - 12, 1, la défaite d’Antiochus Épiphane, prédite mais non vécue, sera suivie d’un temps de détresse encore pire qui précédera lui-même le Jugement.

17. Le règne des douze derniers pasteurs représenterait, dans notre hypothèse, le temps qui s’écoulera entre l’apparition de la secte (voir 90, 5) et l’achèvement des soixante-dix périodes, c’est-à-dire le Jugement dernier et la fin de l’histoire. Après leur première défaite, dans la soixante et unième période, les forces du mal redoubleront de violence avant leur écrasement définitif.

18-19. Défaite eschatologique des nations de la terre.

20-21. La « terre délicieuse » est la Palestine, comme en 39, 40. Les « livres scellés » ne sont plus ceux où ont été enregistrés les massacres des pasteurs et qui ont déjà été ouverts, d’après le verset 17, mais les inventaires des forfaits commis par les puissances cosmiques et par les hommes (comparer 97, 6). Les sept hommes blancs sont les archanges de 87, 2. Le « premier astre » et ceux qui ont suivi son exemple ont déjà été emprisonnés (88, 1 et 3), mais c’était en attente du Jugement dernier (comparer 10, 4-6).

22. Les nations ont déjà été vaincues (18-19), mais leurs représentants angéliques, les pasteurs, doivent maintenant passer en jugement, à l’instar des anges responsables de la corruption originelle.

24-25. Le lieu de supplice des anges est la fournaise décrite en 10, 6 et 21, 7-10.

26. Châtiment des Israélites infidèles dans la géhenne (voir 27, 2). On ne parle pas ici de résurrection des morts, mais du supplice corporel des impies de la dernière génération.

28. L’ancien Tabernacle est mis au rebut. On le représente comme une construction démontable, conformément à Exode 26.

29. L’installation par Dieu lui-même d’un temple achéiropoiète à la fin des temps est annoncée en Rouleau du Temple 29, 9-10, et Jubilés 1, 17. Le peuple se tiendra dans la nouvelle Demeure, comme il se tenait dans le Tabernacle fait par Moïse selon 89, 36. Les conditions idéales du passé se retrouveront dans l’avenir idéal : le peuple sera en la présence directe de Dieu.

30. Les Israélites deviennent les souverains et les docteurs de l’univers. Les bêtes et les oiseaux figurent comme à l’ordinaire les nations, maintenant inoffensives et soumises.

31. Les trois hommes vêtus de blanc sont les archanges qui ont guidé Hénoch selon 87, 3. Le « mâle » est Élie, élevé auprès d’Hénoch selon 89, 52. La fin du verset semble indiquer qu’Hénoch se retrouve parmi les moutons triomphants sans avoir lui-même à passer par le Jugement.

33. Nouvelles étapes eschatologiques : résurrection des morts; rassemblement des Juifs dispersés ; les nations rejoignent Israël pour prendre place dans la Demeure.

34. L’épée est l’arme qui a servi à défaire les nations dans la guerre eschatologique (90, 19); elle est désormais inutile.

35. Tous les hommes adhèrent à la secte, désignée à 90, 6, comme le groupe des moutons clairvoyants.

37. Le taureau blanc est un nouvel Adam (comparer 85, 3) et représente le prototype d’une humanité transfigurée. Il reçoit des nations les honneurs royaux. Le Messie de cette apocalypse n’est pas un juge, comme celui des « Paraboles », mais un roi régnant sur le monde magnifié. Rien ne semble le rattacher à la dynastie de David ou à celle des grands prêtres.

38. Transfiguration de l’humanité à l’image du Messie. Nous avons traduit l’éthiopien aussi littéralement que possible. Un manuscrit a éliminé la « Parole », un autre donne : « le premier devint parmi eux la Parole ». Étant donné que l’éthiopien nagar, « parole », traduit le grec logos en 1 Jean 1, 1, il est difficile de ne pas voir en ce texte une interpolation chrétienne, plus particulièrement johannique. On a proposé plusieurs corrections : ou bien un terme hébreu re’êm, « buffle », aurait été simplement transcrit en grec, et confondu avec rhêma, « parole »; ou bien l’original aurait été l’hébreu ṭâléh, « agneau », pris pour millah, « parole »; ou bien l’on aurait confondu ’immar, « agneau », et ’êmèr, « parole ». Ces corrections supposent un changement, malaisément explicable, dans l’allégorie animale.

42. Le premier songe d’Hénoch est celui que relate le chapitre 83.

Chapitre 91
1. Un esprit s’est répandu sur moi : réminiscence d’Isaïe 61, 1. Cet exorde convient à la révélation eschatologique qui suit, où Hénoch annonce que l’injustice prendra fin. Le discours eschatologique fonde le propos moralisateur de cette dernière collection d’écrits hénochiens : s’il faut se garder de l’injustice, c’est que celle-ci est vouée à un châtiment inévitable.

3. Enfants de justice : par-delà la descendance immédiate d’Hénoch, cette expression s’applique à tous ceux qui adhéreront à son enseignement.

4. Coeur double : duplicité, comparer Psaumes 12, 3.

6-7. Le salut final doit être précédé d’un accroissement du péché.

9. Polémique contre l’idolâtrie, lieu commun biblique, mais relativement rare dans le livre d’Hénoch (voir 99, 7).

10. Selon une des variantes du texte éthiopien, seule la résurrection des justes semble envisagée ici. Dans le texte éthiopien, la fin du chapitre 91 est occupée par la conclusion de 1’« Apocalypse des semaines », le tableau des trois dernières semaines qui suivront la victoire décisive sur les forces du mal. Conformément à l’ordonnance originale, confirmée par un fragment de Qoumrân, le texte de 91, 11-17, est reporté après 93, 10. Le verset 10 du chapitre 91 annonçant le retournement significatif a pu attirer, à un moment de la transmission, la fin de l’« Apocalypse des semaines » qui raconte le triomphe progressif de la justice.

18. La continuité de 91, 18-19, et 92 est assurée par un fragment araméen, celle de 92, 5, et de 1’« Apocalypse des semaines » (93, 1-4) par un autre. L’image des deux voies est celle de Règle de la Communauté 3, 20-21.

Chapitre 92
1. « À Mathusalem » n’est attesté qu’en araméen. L’intitulé et le Style épistolaire de ce verset font croire que le chapitre constitue le début de cette « lettre d’Hénoch » qui contient l’essentiel des « parénèses » et qui prend fin après 107, 3, selon le papyrus grec qui a conservé une grande partie de cette section. « Juge de toute la terre » — qui n’est attesté qu’en éthiopien — suppose l’identification d’Hénoch au Fils d’homme des « Paraboles » (voir 71, 4).

2. Comparer Ecclésiaste 3, 1.

3. Comparer 91, 10.

Chapitre 93
1. Proféra son poème : même expression araméenne qu’en 1, 2. L’« Apocalypse des semaines » qui débute ici embrasse toute l’histoire de l’humanité en dix « semaines » (division inspirée par Daniel 9, 24). Il est impossible de traduire ces « semaines » en un nombre constant d’années. Sept « semaines » appartiennent au passé et trois à l’avenir. L’auteur doit donc se situer lui-même à la fin de la septième semaine (93, 10).

2. Enfants de justice : comparer Règle de la Communauté 3, 20; plantation de rectitude : voir la note sur 10, 16. Moi, Hénoch : littéralement, « je suis Hénoch », formule présentant celui qui l’énonce comme le détenteur d’une autorité supérieure (voir Exode 20, 2). Hénoch doit sa connaissance de l’univers et de son histoire non seulement à ses visions et à l’enseignement des anges, mais aussi à la lecture de tablettes — ou de livres célestes. L’Enmedouranki babylonien, qui est à certains égards un modèle lointain d’Hénoch (voir note sur 12, 4) a reçu lui aussi la communication des secrets du ciel et de la terre par des tablettes divines.

3. Un papyrus provenant d’Antinoé a conservé des fragments d’une traduction copte des versets 338. Elle diffère peu de la version éthiopienne. Hénoch est le septième des patriarches antédiluviens (voir 60, 8, et Jude, 14).

4. Au lieu de « mensonge » de l’araméen, la version éthiopienne a « un grand mal ». Le « premier accomplissement » est le déluge, 1’« homme sauvé » est Noé. La « loi » est la loi noachique de Genèse 9, à laquelle l’essénisme a dû attacher du prix (voir Jubilés 7, 20).

5. Élection d’Abraham. « Sa postérité » doit probablement être substitué à « après lui » de l’éthiopien; la confusion s’explique en araméen.

6. Allusion, un peu obscure, à la sortie d’Égypte. La « loi » est celle du Sinaï, 1’ « enclos » est la Terre promise.

7. La « maison » est le Temple de Jérusalem; la « gloire » et la « royauté » sont des attributs de Dieu.

8. Annonce de la décadence de la monarchie (comparer 89, 54) ; allusions à l’enlèvement d’Élie et à la destruction du Temple en 587.

9. Elle fera beaucoup de choses : l’éthiopien a peut-être voulu rendre un terme grec péjoratif comme polypragmôn.

10. Un fragment araméen assure la continuité de 90, 10, à 91, 11-7. L’apparition du groupe des clairvoyants (comparer 90, 6) est le premier trait marquant de la septième semaine. Il n’est pas suggéré qu’ils prennent les armes, ce qui permet de croire que l’ « Apocalypse des semaines » est antérieure au soulèvement des Maccabées. Il n’est même pas fait allusion à une persécution violente. L’auteur semble dénoncer l’aveuglement et l’impiété de ses compatriotes plutôt que la cruauté d’une oppression étrangère. Ce qui distingue le groupe des élus, c’est la connaissance, c’est-à-dire, probablement, la doctrine d’Hénoch.

Chapitre 91
11. Le texte éthiopien correspondant à cet araméen est assez différent : « Alors les racines de la violence seront coupées, les pécheurs périront par l’épée < >, les impies seront retranchés en tout lieu, ceux qui méditent l’oppression et ceux qui commettent l’impiété périront par le glaive. » La version paraît avoir été contaminée par le verset 12. L’araméen annonce seulement que les justes participeront à l’éradication du mal dans un avenir que le verset suivant identifie à la huitième semaine.

12. « L’épée », comme en 90, 19, mais l’« Apocalypse des semaines » vise des impies plutôt que des oppresseurs étrangers.

13. Ils acquerront des biens légitimes (éthiopien : « des maisons pour prix de leur justice ») : réminiscence de Jérémie 32, 15, impliquant que le pays connaîtra la prospérité et la paix. Le « palais royal » est le Temple. A la différence de 90, 28-29, la restauration du Temple n’aura pas lieu après le Jugement dernier, mais après une victoire sur les impies.

14. « On la jettera dans la fosse » est absent de la version éthiopienne. L’humanité entière recevra la connaissance (comparer 90, 30).

15. Éthiopien : « le Jugement éternel (aura lieu), il sera exécuté sur les Veilleurs du ciel éternel; c’est le Grand (Dieu) qui exercera la vengeance parmi les anges. » À la différence de 92, 22, le jugement des anges séducteurs est remis aux toutes dernières étapes eschatologiques.

16. La rénovation de l’univers est exprimée par une image reprise Isaïe 30, 26.

17. Règne éternel de la justice.

Chapitre 93
11. Les questions posées dans ce paragraphe appellent une réponse positive et exclusive : c’est Hénoch seul qui a pu connaître tout ce qui relève du plus profond mystère pour le commun des hommes. Les interrogations rhétoriques rappellent celles de Job 38 - 39. Les deux premières questions de ce verset se présentaient en araméen dans un ordre inverse.

12. Réminiscence de Proverbes 30, 4, et allusion à l’assomption d’Hénoch. Du texte araméen correspondant il ne reste que quelques lettres : « les extrémités [sur les]quelles » et, plus loin, le verbe « retourner ». Le premier vestige faisait allusion aux « extrémités » de la terre ou du ciel et c’est peut-être ainsi qu’il faut traduire le mot éthiopien qui se rend aussi par « ailes » (mais le texte éthiopien se rapporte à des anges ou « esprits »). Le second vestige est ce qui subsiste d’une question « qui a pu retourner sur terre? », disparue de l’éthiopien.

Chapitre 94
1. Variante : «les voies de l’injustice se perdront et s’abaisseront ».

2. Le discernement du bien et du mal n’est accordé qu’à un nombre restreint de juste qu’Hénoch, maintenant présenté comme un maître de morale, encourage à persévérer.

5. La Sagesse ne trouve pas de demeure : comparer 42, 2.

6-9. Les pécheurs sont accusés d’injustice et d’avarice. L’auteur exprime le ressentiment d’un groupe qui se sent opprimé par des puissants. On peut supposer qu’il vise des Israélites des hautes classes qui après 174 ont formé le parti des grands prêtres hellénisants, Jason et Ménélas.

7. Réminiscence de Jérémie 22, 15.

8. Réminiscences d’invectives bibliques contre le danger des richesses (voir Proverbes 11, 28 ; Psaumes 49, 7 et 52, 7).

9. Le jour du Jugement est évoqué en des termes inspirés de Sophonie 1, 14-18.

10. La joie de Dieu, des anges et des justes au spectacle de la ruine des méchants est un motif courant (voir 89, 58 ; 97, 2).

11. Tout ce passage s’adresse alternativement aux pécheurs et aux justes, ces derniers étant les enfants spirituels d’Hénoch.

Chapitre 95
1. La formule est inspirée de Jérémie 8, 23. Hénoch pleure sur les pécheurs, parce qu’il voit les malheurs dont ils sont responsables (comparer 90, 41).

5-6. Reprise de plusieurs griefs bibliques contre les impies : ingratitude (comparer Proverbes 17, 13 ; 20, 22 ; 24, 29), faux témoignage (Proverbes 19, 5, 9 ; 21, 28), fausses pesées (Proverbes 11, 1 ; 20, 23).

Chapitre 96
2. La première phrase, inspirée par Isaïe 40, 31, veut dire que les justes échapperont aux tourments promis aux pécheurs pour le jour du Jugement. La seconde phrase reprend des images d’Isaïe 2, 19 et 21 pour évoquer la fuite des justes au désert quand ils voudront échapper à la persécution des pécheurs. Les sirènes : voir note sur 19, 2.

3. La persécution qu’on vient d’annoncer ne doit pas décourager les justes, car elle sera suivie du salut, évoqué en termes rappelant Malachie 3, 20.

5. Littéralement : « qui buvez la force de la racine de la source ». Cette phrase dénoncerait des propriétaires accaparant les eaux et ferait double emploi avec le verset 6. Mais un original ’âwôn, « impiété », a pu être confondu avec ’ayin, « source ». Le « plant d’impiété » serait la vigne. On trouve des mises en garde contre l’ivrognerie, péché favori des rois et des grands, dans les Proverbes (23, 29-35 ; 31, 4) et dans les Testaments des douze patriarches (Juda 12, 3 ; 14, 1 ; 16, 2.4; Issachar 7, 3).

6. Les accapareurs d’eau, comparables à Nabal, qui est le modèle biblique du mauvais riche (voir 1 Samuel 25, 11), endureront la sécheresse infernale, parce qu’ils ont préféré les sources terrestres et les biens qu’elles symbolisent à la source de vie, qui est la Loi et la crainte de Dieu (Proverbes 13, 14; 14, 27, et Jérémie 17, 13).

Chapitre 97
1. Le « jour de l’injustice » est le jour où l’injustice sera punie.

5. Les saints sont les hommes justes dont la prière touchera enfin Dieu (comparer 47, 1, et Apocalypse de Jean 6, 10), et non des anges intercesseurs comme en 99, 3.

6. Ici commence le texte grec conservé par le papyrus de l’université de Michigan que la traduction suit désormais. Quand on a recours à l’éthiopien, il est mis entre crochets droits. Le récit des forfaits est consigné dans des livres gardés près de Dieu (voir 90, 20).

Chapitre 98
2. Censure contre le luxe dans la parure (comparer Isaïe 3, 18-24). L’eau qui s’écoule est une image de la dissolution, comme un baumes, 22, 15.

3. Annonce du supplice des grands après le Jugement dernier (comparer 53, 5 ; 62 - 63).

4. Le papyrus grec présente à cet endroit une lacune. L’image des monts et des collines qui ne peuvent changer de nature a été tenue pour une polémique contre le mythe de la chute des anges considérés comme responsables de l’origine du mal. Ce développement combat de toute manière une sorte de fatalisme faisant croire qu’un homme est par avance condamné à pécher. Même si le péché a été introduit par les anges déchus, les individus peuvent décider librement de suivre la bonne voie ou la mauvaise.

5. « L’esclavage » est une correction. Le grec porte : « et il n’a été donné à une femme stérile que selon les oeuvres de ses mains » ; en éthiopien : « la stérilité n’a été donnée à une femme que par l’oeuvre de ses mains », et la comparaison avec l’esclavage est absente.

6-8. Réponse au scepticisme des pécheurs au sujet de la justice de Dieu, tel qu’on le trouve exprimé, par exemple, en Job 22, 12-20.

11. En « mangeant le sang », les impies imitent le péché des géants (voir 7, 5). Une nouvelle lacune du papyrus a fait disparaître le texte grec de la fin du verset 11 et du début du verset 12. Il est reproché aux pécheurs de ne pas reconnaître que Dieu dispense tous les biens, donc d’ignorer qu’il est providentiel.

13. Les pécheurs sont menacés d’un sort posthume aussi triste que celui des morts sans sépulture (comparer Isaïe 14, 19-20).

15. Cette accusation est reprise en 104, 10-12. On distingue, semble-t-il, les falsificateurs qui ne sont pas dupes et ceux qui finissent par croire à leurs propres faux.

Chapitre 99
3. Les anges ont le pouvoir d’intercéder, comme en 9, 3 ; 15, 2.

4. Résurrection des impies pour le Jugement dernier (comparer Daniel 12, 2). L’éthiopien parle ici d’un jugement des nations (« Les peuples seront bouleversés, et les familles des peuples se lèveront au jour de la de destruction »).

5. Brève description des affres du jour du Jugement ; comparer 100, 1-3 et Matthieu 24, 19.

6-7. Lacune de quatre lignes dans le papyrus grec.

8-9. Le verset 8 de l’éthiopien a un texte légèrement différent : « Ils erreront dans la stupidité de leur coeur. Leurs yeux seront aveuglés par la crainte de leur coeur et ce qu’ils voient en leurs songes. » Le verset 9 de l’éthiopien s’écarte davantage du grec : « Par cela ils sont dans l’erreur et dans la crainte, parce que toutes leurs oeuvres se font dans le mensonge. Ils ont adoré la pierre et ils périront tout d’un coup. »

10. « Macarisme » interrompant les invectives contre les pécheurs et évoquant, entre autres, Psaumes 106, 3.

11-12. Ces deux versets ne figurent pas dans le grec. Mettent à l’épreuve : nous traduisons ainsi la variante yârnekeru (pour yâmêkeru); comparer 67, 3. D’autres manuscrits éthiopiens donnent yâ’ameru, « enseignent », yâmareru, « provoquent l’amertume ».

13. Ethiopien : « Malheur à vous dont les maisons s’édifient par la peine d’autrui et dont tout l’édifice (est) brique et pierre de péché. Je vous le dis, vous n’aurez point de paix. » En reprochant aux pécheurs de faire édifier de belles maisons par une main-d oeuvre servile, l’auteur se souvient des critiques de Jérémie 22, 13-14 contre le roi Joachim.

14. Condamnation de l’apostasie ; comparer Jérémie 35, où Jona-dab, fils de Rékab, est donné en exemple de fidélité à des traditions ancestrales.

Chapitre 100
1. Lacune du grec. La discorde interne allant jusqu’aux meurtres est annoncée par Aggée 2, 22 ; Zacharie 14, 13 ; comparer Matthieu 10, 21.

3. L’image se retrouve en Apocalypse de Jean 14, 20.

4. Intervention des anges du châtiment ; comparer 53, 3-5 ; 62, 11. L’éthiopien donne un autre texte, rappelant fa punition au jour du Jugement des anges déchus : « En ce temps-là les anges descendront dans les (lieux) secrets. Ils rassembleront en un même endroit tous ceux qui ont fait descendre le péché. Et en ce jour de Jugement, le Très-Haut se lèvera pour exercer le grand Jugement au milieu des pécheurs. »

5. Les anges gardent les esprits des justes défunts en attendant le Jugement (comparer 22). Comme la prunelle de l’oeil : réminiscence de Deutéronome 32, 10; Psaumes 17, 8.

10-13. Non seulement les anges, mais encore les astres et les éléments sont témoins des crimes des pécheurs. Ces témoins participeront au châtiment, d’abord en privant la terre de l’humidité (comparer Jérémie 5, 24-25), puis en se déchaînant avec une violence excessive.

Chapitre 101
1. Au lieu d’« humains », l’éthiopien porte « enfants des cieux », c’est-à-dire les justes, par opposition aux « enfants de la terre » de 100, 6. Mais l’exhortation s’adresse à tous les hommes, et non aux seuls justes.

4-5. La comparaison tirée de la vie maritime sort de Psaumes 107, 23-30. On la retrouve dans les Hymnes (6, 22-24).

6. Réminiscence de Jérémie 5, 22, et Job 38, 8-11.

Chapitre 102
1-3. L’évocation d’une catastrophe maritime dans le chapitre précédent entraîne celle de la catastrophe finale.

3. Éthiopien : « Les anges accompliront tous leur tâche. Ils chercheront à se cacher devant la grande Gloire. Les enfants de la terre trembleront, et seront agités... »

4. Éthiopien : « Ne craignez point, âmes des justes. Espérez, vous qui êtes morts dans la justice. »

5. Corps de chair : voir la note sur Ecclésiastique 23, 17, et le Commentaire d’Habacuc 9, 2.

6-10. Les réflexions des pécheurs sur l’infortune terrestre des justes et l’inutilité de leur vertu rappellent principalement Sagesse de Salomon 2, 1-20. Les pécheurs adhèrent à une doctrine de la rétribution immanente.

Chapitre 103
1. Lacune de trois lignes dans le papyrus grec.

2. Sur les tablettes célestes, voir 93, 2.

4. Leurs injures : les sarcasmes des pécheurs, raillant le malheur des justes.

5. Jusqu’au verset 8, contrepartie de 102, 6-11 : les réflexions auxquelles peuvent donner lieu les succès temporels des pécheurs sont aussi erronées que celles qu’inspiré l’infortune des justes. L’éthiopien donne une leçon différente pour le début du verset : « Malheur à vous qui êtes morts pécheurs. Quand vous mourrez dans votre richesse pécheresse, ceux qui vous ressemblent diront de vous... »

9. Après les pécheurs et les observateurs indifférents, on fait parler les justes eux-mêmes, tentés de se plaindre de leur sort terrestre.

13-14. Lacune de trois lignes dans le papyrus.

14-15. Les justes persécutés se sont plaints auprès des anges qui portent les prières à Dieu. Leur malheur continuel leur fait croire que les anges ne transmettent pas leur prière et qu’ils ont pris le parti de leurs persécuteurs.

Chapitre 104
1. Hénoch réfute l’erreur qui vient d’être dite au sujet de l’action des anges.

2. Rappel de l’immortalité céleste et astrale promise aux justes après leur mort (comparer 43 et Daniel 12, 3).

4. Phrase absente du texte grec.

5. Éthiopien : « Qu’avez-vous à faire? Vous n’aurez pas à vous cacher le jour du grand Jugement, vous ne serez pas trouvés comme les pécheurs, et le Jugement éternel aura lieu hors de vous pour toutes les générations du monde. »

6. Avertissement aux justes : leur échec apparent ne doit pas les conduire à l’apostasie. L’éthiopien ajoute à la fin du verset : « car c’est à l’armée du ciel (c’est-à-dire aux anges) que vous serez associés ».

7-9. Reprise de motifs déjà rencontrés : le compte de tous les péchés est tenu (98, 6-8), les éléments de la nature sont pris à témoins (100, 10-11), les pécheurs sont des faussaires (98, 15-16 ; 99, 2) et des idolâtres (99, 7-8).

10. Jusqu’au verset 13, développement de l’accusation formulée plus haut à l’encontre des pécheurs : ils falsifient les Écritures. On ne peut en mesurer la portée exacte : ont-ils falsifié les livres saints, comme le Coran (2, 70) le reproche aux Juifs? Ont-ils ajouté aux Écritures des livres mensongers ? Ou bien ont-ils seulement donné des interprétations erronées? Hénoch indique que ces falsifications vont contre la vérité, non seulement dans sa lettre, mais encore dans son esprit, et il leur oppose sa propre révélation, véridique, que les justes se transmettent. Éthiopien : « Les pécheurs détournent et corrompent beaucoup et ils disent des paroles mauvaises... » Le grec tous pollous, traduit ici par « la plupart », se rapporte aux « paroles » mot absent du grec, mais qu’on peut suppléer d’après l’éthiopien. L’éditeur du papyrus comprend « ils égarent les nombreux », ce qui convient moins bien pour le verbe, qui signifie « changer ». La traduction de tous pollous proposée par l’éditeur ferait apparaître dans Hénoch l’expression par laquelle se désignent souvent les Esséniens (voir Règle de la Communauté 6, 1).

Chapitre 105
1. Ce chapitre ne figure pas dans le grec, ce qui a paru confirmer l’opinion le tenant pour une interpolation chrétienne. Un fragment araméen de Qoumrân semble bien indiquer qu’il n’y avait pas solution de continuité dans l’original entre les chapitres 104, 105 et 106. Il est cependant difficile de ne pas attribuer à un rédacteur chrétien la formulation du verset 2.

2. Si « fils de Dieu » désigne le Messie, on se trouve devant une représentation sans parallèle dans Hénoch, et l’idée d’une union de Dieu et de son fils avec les justes vivant encore leur vie terrestre paraît plus proche de Matthieu 18, 20, que de 1 Hénoch 62, 14, où il est enseigné que le Messie habitera avec les justes après le Jugement dernier. Le verset doit donc être rapproché de 90, 37-38. Une autre solution serait de voir en « mon fils » une erreur de transmission pour « mes fils », qui se rapporterait aux anges.

Chapitre 106
1. Ce chapitre, dont Noé est le personnage principal, a été probablement adjoint aux parénèses à cause de la référence du verset 13 aux révélations d’Hénoch à son fils Mathusalem. Il expose une légende sur la naissance de Noé dont on a retrouvé la trace au début de l’Apocryphe de la Genèse. Quelques fragments de la grotte 4 de Qoumrân paraissent indiquer que la légende faisait bien partie de l’original araméen d’Hénoch. Les premiers mots, « quelque temps après », montrent que ce chapitre doit être détaché d’un récit de la vie d’Hénoch. C’est le temps d’avant le déluge qui est désigné par « Jusqu’à ce jour, la justice avait décru » (comparer 93, 4), phrase absente de la version éthiopienne.

2. L’aspect radieux, le corps vermeil et les cheveux blancs du nouveau-né reparaissent dans la légende iranienne de Zâl, fils de Sâm, contée par Ferdowsi dans son Livre des rois (Éd. J. Mohl, I, p. 216 et suiv.).

5-6. L’apparence surnaturelle de Noé fait soupçonner à Lamech que sa femme a eu commerce avec les anges séduits par les humaines (6, 2). L’Apocryphe de la Genèse (2, 1-18) montre Lamech faisant part de ses soupçons à sa femme, Bat-Enosh, et chargeant Mathusalem d’interroger Hénoch (2, 19-21).

8. Au moment de la naissance de Noé, Hénoch est encore vivant, mais il a terminé sa carrière terrestre qui avait duré trois cent soixante-cinq ans (Genèse 5, 23). Il a été retiré mystérieusement, conformément à Genèse 5, 24, vit aux extrémités de la terre (comparer 65, 2), et seul son fils Mathusalem sait où le trouver. D’après l’Apocryphe de la Genèse 2, 23, Hénoch se trouve dans le pays de Parwaïm, nom d’une contrée lointaine et mystérieuse.

13. L’introduction du péché par les anges déchus est la cause du déluge (voir 10, 17). Une ordonnance nouvelle : peut-être allusion à l’alliance noachique de Genèse 9.

17. La première partie du verset 17 n’est pas à sa place dans le texte éthiopien. Le papyrus grec a permis de rétablir l’ordre exact.

18. Ce qui est dit de Noé rappelle l’Ecclésiastique 44, 17. Le verset a retenu une explication du nom de Noé par le verbe hébraïque signifiant « se reposer ». Lacune de 4 lignes dans le papyrus grec.

Chapitre 107
1. Hénoch annonce maintenant les péchés postérieurs au déluge et la fin de l’ère de l’injustice. Au lieu des « générations de justice » de l’araméen, le grec et l’éthiopien ont « une génération de justice ».

3. L’explication du nom de Noé reprend Genèse 5, 29. « Lettre d’Hénoch » sont les derniers mots du papyrus de l’université de Michigan. Ils sont absents de la version éthiopienne. Ils marquent la fin d’un texte qui commençait probablement en 92, 1.

Chapitre 108
1. Cette « lettre d’Hénoch », dont nous n’avons que le texte éthiopien, est une invitation adressée aux justes à persévérer, en leur rappelant que les impies sont voués à un châtiment éternel. Elle ne fait guère que reprendre divers motifs du livre.

3. Sur le « livre de vie », voir 47, 3. Les « écrits des Saints » paraissent être les livres où les Saints, c’est-à-dire les anges, tiennent le compte des actions humaines (comparer 90, 20 ; 97, 6). Les damnés seront punis par le feu, à l’instar des astres coupables (voir 18, 12-16 ; 21, 1-6) ou des anges déchus (21, 7-10). Le lieu du supplice est celui que décrit 21, 1. Il est qualifié de « désert désolé » : littéralement, « invisible » (voir la note sur 60, 8).

4. Nuée infinie : dans le texte, « nuée invisible »; on a peut-être lu aoratos pour aoristos (voir note sur 60, 8). Les montagnes embrasées sont celles de 18, 13, et 21, 3.

5. L’ange est sans doute Ouriel, comme en 21, 5.

7. Selon ce verset, la révélation prophétique a été transmise à Hénoch par les anges qui peuvent consulter librement les écritures célestes (comparer 93, 2).

9. La vie est comparée à un souffle en Job 7, 7.

10. Ce passage, jusqu’au verset 15, constitue une sorte d’oracle divin, résumant et confirmant les assurances données aux justes par les lettres d’Hénoch. Il paraît s’inspirer de Sagesse de Salomon, 3, 1-10.

11. « Ceux qui sont nés dans les ténèbres » sont les infidèles qui se laisseront convertir, les autres étant voués aux ténèbres éternelles, selon le verset 14. Comparer 90, 37-38.

14-15. Les justes verront les supplices des damnés, et les damnés verront la félicité des justes (comparer 27, 3 ; 62, 12, et Luc, 16, 23).