John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire,
v.3, ch. 26 : L'existence et la nature des Douze,
pp 125-197, selon la version anglaise

(Résumé détaillé)


Le groupe des Douze autour de Jésus est-il une invention des premiers chrétiens?


Sommaire

Les Douze désignent ce groupe de disciples formant un cercle d’intimes autour de Jésus. Or, il y a des biblistes qui croient que ce groupe a été créé de toutes pièces par les premiers chrétiens et, pour lui donner une certaine crédibilité, a été projeté à l’époque de Jésus. Cette hypothèse ne tient pas la route devant nos critères habituels d’historicité.

L’existence du groupe des Douze pendant le ministère de Jésus est soutenue par le critère d’attestations multiples.

  1. Tout d’abord, Marc et Luc semblent avoir eu en leurs mains deux listes indépendantes des noms des Douze, ce qui expliquerait la présence de Thaddée dans la première, remplacé par Jude (de) Jacques dans l’autre; il est possible que l’un ait quitté le groupe ou soit mort, amenant Jésus à le remplacer.
  2. Jean offre également une autre attestation indépendante, alors qu’il parle de Pierre, Judas Iscarioth et Thomas Didyme comme membres des Douze.
  3. La source Q offre encore une autre source indépendante quand elle présente Jésus promettant aux Douze de siéger sur douze trônes pour diriger les douze tribus d’Israël.
  4. Enfin, Paul, mais de manière indirecte, nous donne également une attestation indépendante quand il rappelle le Credo reçu lors de sa conversion et mentionne l’apparition de Jésus ressuscité aux Douze.

L’existence historique des Douze ait aussi appuyé par le critère d’embarras : le fait que Judas, l’un du groupe des intimes, ait livré Jésus aux mains des autorités devait être quelque chose de vraiment choquant, et il aurait été compréhensible que les chrétiens cherchent à le camoufler; un raison simple d’avoir gardé le souvenir de l’un des Douze remettant son maître aux autorités est qu’il s’agit d’un fait véridique.

Enfin, le rôle des Douze se comprend difficilement en dehors du cadre de la mission de Jésus. Très tôt dans l’histoire de l’église primitive, ce rôle a complètement disparu. Mais pour Jésus ce groupe représentait non seulement le modèle du disciple, mais également de manière symbolique et prophétique le rassemblement des douze tribus d’Israël qu’il considérait comme sa mission urgente en ces temps derniers indissociables de l’arrivée du règne de Dieu. Ce groupe non seulement participera à sa mission, mais il constituera le début et les fondations de l’Israël rassemblé.


  1. Disciples, apôtres et les Douze : le problème de terminologie

    L’expression « Les Douze » désigne un groupe de douze hommes qui n’étaient pas seulement des disciples de Jésus mais aussi constituaient un cercle d’intimes autour de lui. De plus, à l’époque de Jésus l’expression est utilisée de manière absolue, sans lui accoler les qualificatifs de disciple ou encore apôtre, même si Matthieu parle parfois de « Douze disciples » ou de « Douze apôtres ». Les disciples ou les apôtres représentaient des groupes plus larges que les Douze. C’est l’évangéliste Luc qui est responsable d’avoir fait des Douze et des apôtres deux groupes interchangeables.

  2. L’existence des Douze pendant le ministère de Jésus

    1. Le premier critère : les attestations multiples

      1. Marc utilise 10 ou 11 fois le terme Douze. On sait qu’il accorde une attention particulière à ce groupe dans sa théologie. Mais c’est l’expression disciple qu’il préfère utiliser. On a plusieurs raisons de croire qu’il n’a pas inventé le terme Douze et, au contraire, c’est quelque chose qu’il a reçu de la tradition. C’est le cas de Mc 3, 16-19 (Il institua donc les Douze, et il donna à Simon le nom de Pierre...). C’est le cas également le cas de Mc 14, 43 (Survient Judas, l’un des Douze, et avec lui une bande armée de glaives et de bâtons...) qui reprend la même expression qu’en Jn 6, 71 (Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote; c’est lui en effet qui devait le livrer, lui, l’un des Douze).

      2. Dans les quatre passages qui donnent la liste des Douze, on note de légères différences, ce qui laisse entendre que Marc et Luc recourent à des traditions indépendantes.

        Marc 3, 16-19 Matthieu 10, 2-4 Luc 6, 14-16 Actes 1, 13
        Un premier groupe de quatre
        Simon Pierre
        Jacques, le fils de Zébédée
        Jean, le frère de Jacques
        André
        Simon Pierre
        André son frère
        Jacques (fils de) Zébédée
        Jean son frère
        Simon Pierre
        André son frère
        Jacques
        Jean
        Pierre
        Jean
        Jacques
        André
        Un deuxième groupe de quatre
        Philippe
        Barthélemy
        Matthieu
        Thomas
        Philippe
        Barthélemy
        Thomas
        Matthieu le collecteur d’impôt
        Philippe
        Barthélemy
        Matthieu
        Thomas
        Philippe
        Thomas
        Barthélemy
        Matthieu
        Un troisième groupe de quatre
        Jacques (le fils d’) Alphée
        Thaddée
        Simon le Cananéen
        Judas Iscarioth
        Jacques (le fils d’) Alphée
        Thaddée
        Simon le Cananéen
        Judas Iscarioth
        Jacques (le fils d’) Alphée
        Simon le Zélote
        Jude (de) Jacques
        Judas Iscarioth
        Jacques (le fils d’) Alphée
        Simon le Zélote
        Jude (de) Jacques
        ______

        Quand on regarde les quatre listes, il y a seulement une différence fondamentale : Thaddée mentionnée par Marc et Matthieu est remplacé par Jude chez Luc et les Actes. Autrement, non seulement les noms sont les mêmes, mais on peut les regrouper en trois groupes de quatre noms : ces groupes commencent toujours par la même personne et contiennent toujours les mêmes noms, à l’exception du dernier groupe. On peut être surpris de voir une liste de noms transmis ainsi à la première et deuxième génération de chrétiens, alors qu’une partie des noms représentaient des gens inconnus.

        Comment expliquer cette variation entre les noms de Thaddée et Simon le Zélote dans le 3e groupe?

        • Une première explication serait que cette liste a perdu son importance dans l’Église primitive et son souvenir n’a pas été bien préservé.
        • Une deuxième explication serait que, étant donné que le ministère de Jésus s’est étendu sur deux ans et demi, Jésus a dû remplacer un de ses disciples pour quelque raison que ce soit, départ, maladie, mort ou renvoi : cela montrerait l’importance pour Jésus du nombre douze pour représenter l’Israël eschatologique.

        Cette légère différence pose la question : Matthieu et Luc ont-ils eu à leur disposition une autre liste que celle transmise par Marc?

        1. Les différences chez Matthieu peuvent s’expliquer par son travail rédactionnel et sa vision théologique :
          • Matthieu aime les belles structures, et donc il regroupe des gens par deux, comme ceux qui sont frères
          • Matthieu aime associer les gens que Jésus appelle comme disciple au groupe des Douze, et c’est ainsi que celui qu’on appelle Lévi, le collecteur d’impôt, dans l’appel de Jésus chez Marc, devient tout à coup Matthieu afin de garder cette cohérence

        2. Le cas de Luc et des Actes Apôtres est plus compliqué.
          • On peut facilement expliquer le remplacement de "Cananéen" par "Zélote" dans le nom de Simon, car Luc essaie d’éviter les noms hébreux ou araméens
          • Mais le remplacement de Thaddée par Jude (ou Judas) ne peut s’expliquer pour des raisons littéraires. De fait, Jean mentionne ce Jude lors du dernier repas de Jésus (Jn 14, 22 : « Jude (Judas), non pas l’Iscarioth »). Luc se trouve donc à confirmer qu’il existait une deuxième liste.

        3. Dans les Actes des Apôtres on y trouve un mélange de travail rédactionnel (Jean accompagne Pierre et Jacques mourra bientôt, de même Judas est déjà mort) qui explique l’ordre Jacques et Jean et l’absence de Judas l’Iscarioth, mais aussi l’utilisation de la deuxième liste, ce qui explique la présence de Jude.

      3. La tradition johannique offre une attestation indépendante des Douze. Car Jean n’a pas d’intérêt spécial pour les Douze, son attention se portant plutôt sur d’autres disciples, comme Nathanaël, Lazare et ce disciple anonyme appelé « bien-aimé » qui ne semble pas appartenir aux Douze. Cette mention des Douze apparaît sporadiquement, par exemple au chapitre 6 dans le discours sur le pain de vie. On ne connaît cependant pas leur nom, à l’exception de Pierre, Judas Iscarioth et de Thomas Didyme (le jumeau) à qui Jean fait jouer un rôle unique dans une scène après la résurrection. On peut bien sûr croire qu’André, Jacques et Jean en font partie, mais ce n’est pas dit explicitement. Ainsi nous sommes devant une tradition très différente de celle des synoptiques.

      4. Même si la référence aux Douze est indirecte, la source Q (Mt 19, 28 || Lc 22, 30) offre une autre attestation de son existence. Le texte se lit comme suit :

        Matthieu 19, 28 Luc 22, 30
        (contexte : discours de Jésus en marche vers Jérusalem)
        quand le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire,
        vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël
        (contexte : dernier repas de Jésus)
         
        vous mangerez et boirez à ma table en mon Royaume,
        et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.

        La version de Matthieu contient l’expression « douze trônes » tandis que celle de Luc se limite à trônes. C’est Matthieu qui reflète mieux la source Q et c’est Luc qui l’aurait modifié: ce dernier aurait laissé tomber l’expression douze pour éviter d’inclure Judas alors que Jésus vient d’annoncer la trahison de Judas. Cette idée d’associer les Douze à la gouvernance de l’Israël reconstitué est cohérente avec la création par Jésus du groupe des Douze qui symbolise le début du rassemblement des douze tribus d’Israël dans le contexte de l’arrivée du règne de Dieu. Il est donc fort probable que l’expression remonte à Jésus lui-même.

      5. Tournons-nous enfin vers Paul.
        1 Corinthiens 15, 3-5
        Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que
        le Christ est mort pour nos péchés
        selon les Écritures,
        qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour
        selon les Écritures,
        qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze.

        Paul nous présente donc le Credo qu’il a reçu au moment de sa conversion quelques années après la mort de Jésus vers l’an 30. Tout comme Pierre fut appelé Céphas au cours du ministère de Jésus, il est logique de penser que les expressions Céphas et Douze dans ce Credo remonte aussi à Jésus lui-même.

        Ainsi, avec Marc, Jean, Paul, Luc et la source Q nous avons non seulement de multiples sources pour attester de l’historicité du groupe des Douze, mais nous avons des genres littéraire différents : récits, liste-catalogue, Credo.

    2. Le deuxième critère : l’embarras

      Le fait que Jésus soit mort par crucifixion, une mort horrible et infâme dans l’ancien monde, représentait quelque chose de choquant pour un chrétien qui devait prêcher que c’était lui, le messie. Voilà pourquoi l’église primitive a senti le besoin d’insister que cette mort scandaleuse concordait avec le contenu des Écritures. En parallèle avec la mort de Jésus, il y a le fait, attesté par Marc, Jean, les traditions derrière Matthieu (Mt 27, 3-10) et Luc (Ac 1, 16-20), que Judas, l’un des Douze, est celui qui a livré Jésus aux autorités. Le fait même que l’un des Douze, choisi par Jésus pour faire partie du cercle des intimes, ait trahi Jésus était extrêmement embarrassant pour les premiers chrétiens et demandait une explication. De nouveau, on s’est tourné vers les Écritures pour amortir le choc et affirmer que tout cela a été prophétisé. On ira plus loin en retrouvant le geste de Judas dans certains passages particuliers, par exemple Ps 41, 10 (Même le confident sur qui je faisais fond et qui mangeait mon pain, se hausse à mes dépens).

      Nous pouvons dégager trois points.

      1. Judas a été membre du groupe des Douze comme le prouve les attestations multiples
      2. Judas a livré Jésus aux autorités, également soutenu par des attestations multiples
      3. Enfin, le fait que Judas, du groupe des Douze, ait livré Jésus aux autorités est aussi soutenu par le caractère d’embarras comme nous l’avons vu, et donc permet d’affirmer que la trahison de Judas est fermement enracinée dans la tradition et confirme de manière corollaire l’existence du groupe des Douze.

    3. Le courant général de la tradition

      La manière dont la tradition sur les Douze apparaît puis disparaît dans la période néotestamentaire plaide en faveur de l’apparition du groupe pendant le ministère de Jésus et non pas au cours de l’église primitive. Car si le groupe des Douze était une création des premiers chrétiens, on se serait attendu à rencontrer de multiples exemples de leur rôle. C’est l’exact opposé qui se passe. La dernière mention des Douze dans les Actes des Apôtres se trouve au début du chapitre 6, donc au tout début du récit des premiers temps de l’église. Quant à Paul, il n’en fait jamais mention, sinon dans cette citation du Credo ancien qu’il a reçu et que nous avons mentionné plus haut. Cela est d’autant plus étonnant qu’il se vante d’avoir rencontré les principaux leaders de l’église, Pierre, Jacques, Jacques, Barnabé, Apollos, les Apôtres. La conclusion s’impose : les Douze ont eu une relation d’intimité avec Jésus au cours de son ministère, et cette relation a été restaurée et confirmée par l’expérience de Jésus ressuscité, mais le rôle des Douze a rapidement décliné par la suite pour disparaître.

      Comment expliquer la disparition rapide de cette référence aux Douze? Une première explication serait le décès d’un certain nombre dans la décennie qui a suivi la crucifixion, comme Jacques mort martyr. Étant donné qu’on ne les remplace plus pour conserver le même nombre, il devient incongru de continuer à parler des Douze sinon pour faire souvenir de la période de Jésus. Une autre explication serait la désintégration du pouvoir des Douze comme groupe au profit de grands leaders comme Pierre ou Jacques, une désintégration qui a pu être accentué par le fait de quitter la Palestine pour partir en mission un peu partout dans la diaspora.

  3. La nature et la fonction des Douze

    1. Les Douze comme modèle de la condition de disciple

      Les Douze incarne de manière publique ce que signifie être disciple de Jésus et en présente de manière permanente les trois conditions.

      • Être appelé par Jésus
      • Suivre physiquement Jésus, et donc rompre les liens avec sa famille
      • Accepter de s’exposer aux souffrances

  4. Les Douze comme symbole prophétique du rassemblement des douze tribus d’Israël.

    Le groupe des Douze représente beaucoup plus qu’un exemple de la condition du disciple. Pour le comprendre, il faut reprendre l’histoire d’Israël. La Genèse raconte le choix par Yahvé d’Abraham, Isaac et Jacob pour être à l’origine d’une nation spéciale. Puis à travers Jacob, Yahvé se donne un peuple formé de douze tribus. Ce sera le rôle de David de souder ensemble ces tribus pour former un royaume unifié. Mais très tôt la rébellion s’installe et, à la période des petits fils de David, le royaume se divise en deux, avec dix tribus au nord, deux au sud. Au 8e siècle, l’Assyrie envahit le nord et exile les dix tribus. Au 6e siècle c’est Babylone qui envahit le sud et exile une partie des gens. La nation d’Israël semble pratiquement détruite. Par la suite, un certains nombres des tribus de Juda, Benjamin et Lévi retourneront en Palestine. Mais l’effort pour restaurer Jérusalem et son temple est dérisoire et décevant.

    C’est à la suite de ces événements tragiques qu’il faut comprendre l’apparition de toute une littérature tant du côté des prophètes que des sages annonçant qu’à la fin des temps Yahvé recréera son peuple dans toute son intégrité. En particulier, il suscitera un rejeton de David qui rassemblera les tribus dispersés ou encore enverra le prophète Élisée régner sur ce peuple. Cet espoir est décrit un peu partout non seulement dans la littérature après le dernier exil, mais aussi dans les textes pseudépigraphiques et à Qumran. Cela donne une idée de l’environnement religieux à l’orée du premier siècle.

    Nous avons maintenant le contexte pour interpréter le geste de Jésus de créer un groupe de Douze personnes. Se situant dans la perspective du nouvel Élisée annonçant que la fin des temps est tout proche, sa proclamation du règne de Dieu est indissociable du rassemblement de tout Israël. Cela signifie que son intérêt est centré sur un peuple précis, et cet intérêt englobe le peuple dans on intégralité, riches ou pauvres. En créant le groupe des Douze, il ne veut pas seulement annoncer symboliquement le but de sa mission, i.e. rassembler les douze tribus d’Israël, mais en planter déjà les fondations.

  5. Les Douze comme missionnaires prophétiques en Israël

    Il est probable que Jésus a envoyé les Douze pour des missions brèves et urgentes dans les villes et villages d’Israël. Cela prolongeait le geste prophétique de rassembler tout le peuple. Le fait même que Jésus ait envoyé en mission des disciples s’appuie sur deux sources différentes, Marc et la source Q.

    • Mc 6, 1-13 est un extrait abrégé d’une version pré-marcienne
    • Luc a probablement eu en main la version de Marc et la source Q, et selon son habitude, il a préféré créer deux récits d’envoi en mission pour présenter les deux versions : l’envoie des Douze (Lc 9, 1-4) qui reprend Marc, et l’envoi du groupe des Soixante-douze (Lc 10, 1-12) qui reprend la source Q et pour lequel Luc doit inventer ce groupe.
    • Selon sa tendance à fusionner les récits, Matthieu combine les deux sources dans un long discours, y ajoutant des éléments de source personnelle

    En plus du critère des attestations multiples, on peut invoquer celui de cohérence pour appuyer le fait de l’envoi en mission : il est tout à fait logique, qu’après avoir invité ses disciples à partager son ministère, il les invite à partager sa mission itinérante. Sans pouvoir dire combien de fois, on peut dire que Jésus a envoyé ses disciples pour des missions brèves et urgentes en Israël.

    On ne peut pas reconstituer les mots exacts de cet envoi en mission, mais on peut en reconstituer néanmoins les composantes principales.

    • Le récit commence par une parole de Jésus qui envoie explicitement les disciples en mission
    • Jésus donne des instructions pour la conduite sur la route : pas d’argent, pas de provisions
    • Jésus donne des instructions pour le comportement chez l’hôte : le saluer et accepter son hospitalité
    • Jésus donne des instructions pour le comportement devant l’attitude d’une ville : soit y demeurer, soit partir
    • L’attitude vis-à-vis du missionnaire révèle l’attitude vis-à-vis de Jésus

Quand on regarde les sources utilisées par les évangélistes, on remarque que l’auditoire des discours de mission n’est pas clairement identifié, ou du moins, est aujourd’hui perdu. Mais on peut croire que Marc a raison de relier cet auditoire aux Douze. Voici pourquoi.

  • Puisque nous avons établi l’existence historique des Douze pendant le ministère de Jésus ainsi que la valeur symbolique de leur nombre, il est tout à fait logique et normal que ce soit ces gens que Jésus ait envoyé en mission
  • Les biblistes qui prétendent que le groupe des Douze est une création de l’église primitive par la suite projetée à l’époque de Jésus doivent reconnaître que les Douze ne sont jamais allés en Galilée pendant les premiers temps de l’église, mais sont demeurés à Jérusalem; on entend seulement parler de Pierre se rendant à Antioche de Syrie et peut-être à Corinthe. La seule base pour expliquer cette mission en Galilée est d’admettre l’envoi des Douze par Jésus.
  • Quand Jésus appelle Pierre et André comme le rapporte Marc et Matthieu (Mc 1, 16-20 || Mt 4, 18-22), il fait une promesse unique, celle de faire d’eux des pêcheurs d’homme. L’expression « pêcheur d’hommes » dans son sens positif ne se retrouve ni dans la littérature juive ni dans la tradition hellénique. Ce critère de discontinuité soutient l’affirmation que cette expression provient du Jésus historique, qu’elle n’est pas adressée à tout le monde mais à des personnes particulières, dont Pierre et André, et qu’elle associe ces gens à sa mission de rassembler l’Israël eschatologique. Et puisque Pierre est le chef des Douze et qu’André en est un membre proéminent, on peut facilement en déduire que c’est l’ensemble des Douze que Jésus a ainsi associé à sa mission.

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