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John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire, v.1, ch. 5 : Les sources: Les agrapha et les évangiles apocryphes, pp 112-166, selon la version anglaise
(Résumé détaillé)
Les évangiles apocryphes nous renseignent-ils vraiment sur Jésus?
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- On appelle ces textes « apocryphes », car les chrétiens les ont exclus de la liste des livres canoniques ou normatifs pour la foi. Ils proviennent avant tout de limagination pieuse et débridée de certains chrétiens du 2e siècle.
- Le Protévangile de Jacques fusionne les récits de lenfance de Luc et Matthieu et y intègre le folklore romanesque de lépoque, tout en montrant une grande ignorance des institutions juives. Ce livre est la source des autres récits apocryphes de lenfance de Jésus ainsi que des légendes autour de Marie (par exemple, la présentation de Marie au temple à lâge de trois ans, accompagnée par le cortège des vierges). Il nous renseigne plus sur le 2e siècle que sur Jésus.
- On peut dire la même chose de Lévangile de lenfance selon Thomas où Jésus apparaît comme un super gamin capable de jeter un sort faisant mourir un autre enfant qui veut lui faire du mal. Non seulement on ny trouve aucune valeur historique, mais également aucune valeur théologique : il sagit dun écho de la fascination de certains chrétiens pour le monde bizarre et magique, ainsi que du goût pour le spectacle.
- Plusieurs autres écrits apocryphes nous sont parvenus seulement sous forme de fragments ou à travers des allusions chez les Pères de lÉglise. LÉvangile des Nazaréniens copie Matthieu en laissant place à limagination et à la moralisation. LÉvangile des Ébionites se base sur les évangiles synoptiques pour développer des vues propres à cette secte judéo-chrétienne. LÉvangile des Hébreux met en vedette Jacques, le frère de Jésus, au point de contredire le Nouveau Testament. LÉvangile de Pierre dans lequel Pierre parle de lui-même à la première personne, du procès, de la crucifixion et de la résurrection de Jésus nest quun pastiche des traditions évangéliques, plus particulièrement Matthieu. Le Papyrus Egerton 2 (4 petits fragments de papyrus trouvés en Égypte dabord publiés en 1935) racontant Jésus guérissant un lépreux, parlant du tribut à César ou marchant sur la rive du Jourdain ne semble quune réécriture des récits synoptiques. LÉvangile secret de Marc découvert en 1958 près de Jérusalem et publié en 1973 serait contenu dans une lettre dune vingtaine de lignes de Clément dAlexandre (150-215) et adressé à un certain Théodore : on y raconte la résurrection de Lazare et on y affirme que Marc se serait rendu à Alexandrie après la mort de Pierre; notons que Clément dAlexandrie nest pas toujours très critique vis-à-vis de ses sources et quon retrouve ici ce quon a déjà dans les évangiles.
- La découverte en 1945 dans le village de Nag Hammadi en Egypte dune librairie en langue copte de douze livres et huit feuilles dun treizième livre datant du 4e siècle mérite un traitement particulier. Il sagit dune véritable bibliothèque puisquon y trouve de tout : des fragments de la République de Platon, les Sentences de Sextus, un moraliste païen, mais aussi beaucoup de documents gnostiques chrétiens (selon la Gnose, ou « Connaissance », à lorigine nous étions un esprit auprès de Dieu et, par un accident de lhistoire, nous nous sommes retrouvés dans la matière, une véritable prison, et le salut consiste à se réveiller et à prendre conscience de nos origines spirituelles, et à devenir le plus indépendant possible de la matière et du corps), comme lÉvangile de Vérité, ou lÉvangile de Philippe. Mais ces évangiles sont à verser au dossier des écrits apocryphes issus de limagination de chrétiens pieux : le charpentier Joseph aurait fait pousser larbre qui aurait servi de croix à Jésus. Il faut cependant accorder un traitement spécial à lÉvangile de Thomas, une collection de 114 paroles de Jésus quon date du 2e siècle, car on a retrouvé des bouts de version grecque sur des papyri découverts dans lancienne ville égyptienne dOxyrhinque. Même si tout lévangile est marqué par la théologie gnostique, plusieurs biblistes y verraient une source indépendante de nos quatre évangiles. Cette conclusion doit être rejetée pour cinq raisons :
- Tous les autres écrits du 2e siècle analysés jusquici étaient tous dépendants des évangiles dont ils prolongeaient les récits grâce à une imagination débordante.
- Les évangiles sont issus dune tradition orale et cette tradition orale ne sest pas arrêtée avec eux, et donc lÉvangile de Thomas pourrait à sa manière faire écho de cette même tradition.
- Le fait que lÉvangile de Thomas ait une forme brève nest pas du tout une preuve dancienneté : a) Matthieu a abrégé et simplifier beaucoup de passages de Marc, et pourtant Marc est plus ancien; b) cela fait partie du propos de lauteur de lÉvangile de Thomas dêtre laconique et daccentuer le caractère hermétique, car son oeuvre sadresse à des « initiés »; c) sa vision gnostique des choses lamène à éliminer beaucoup déléments qui ne cadrent pas avec sa théologie, comme le caractère historique du salut.
- Létude de lÉvangile de Thomas montre que lauteur connaît une version amalgamée des évangiles telle que connue au 2e siècle, avec la priorité donnée à Matthieu, puis à Luc, avec peu de place à Marc et presque rien de Jean.
- Même lordre des textes de lÉvangile de Thomas porte la marque de lordre des récits des évangiles synoptiques.
- En conclusion, il faut reconnaître que tous ces textes napportent pas dinformation particulière sur Jésus et sont même dépendants des récits évangéliques.
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Si les évangiles sont des récits catéchétiques, comment y extraire de l'information historique? Liste de tous les chapitres |