|
De manière générale, les biblistes admettent que limage de Jésus comme guérisseur et exorciste remontent au Jésus historique. Les choses se compliquent quand on veut émettre un jugement sur les différents miracles individuels. Après avoir accepté leur valeur historique globale, certains rejettent la plupart des récits individuels sous prétexte quils sont une création de lÉglise. Tout cela soulève un problème sérieux de méthode.
Beaucoup aimerait avoir une solution simple et globale qui explique tous les miracles.
- Les conservateurs croient que tout est arrivé comme cest raconté.
- Les rationalistes croient pouvoir tout expliquer en invoquant des causes naturelles.
- Les champions de lexplication symbolique voient tous les miracles comme une création de lÉglise primitive pour exprimer sa foi à laide de symbole, sans véritable événement à la base.
Notre enquête a montré quon ne peut pas expliquer tous les récits de miracle de la même manière.
- Dans certains, il sagit dune création en partie ou en totalité de lÉglise primitive pour faire une catéchèse, comme lépisode du figuier desséché
- Dans dautres cas, le récit possède des fondements historiques : des contemporains ont été témoins dun événement quils croient être un miracle, comme cest le cas de la guérison de laveugle Bartimée
- Enfin, la scène du ravitaillement de la foule par Jésus a probablement pour origine un repas symbolique que le Jésus historique a célébré avec une grande foule, et que les chrétiens ont interprété seulement plus tard comme un miracle
Résumons nos découvertes.
- Parmi les sept récits dexorcismes, trois ont de bonnes chances de remonter au Jésus historique : lépileptique (Mc 9, 14-29), la référence à lexorcisme de Marie-Madeleine (Lc 8, 2) et le démoniaque gérasénien (Mc 5, 1-20).
- Les récits de guérison se divisent en quatre catégories fondamentales :
- Chez ceux qui souffrent de diverses formes de paralysie, deux récits (lhomme quon descend à travers le toit de la maison en Mc 2, 1-12 et le paralytique à la piscine de Bethesda en Jn 5, 1-9) sont probablement historiques
- Les trois récits de guérison daveugle (Bartimée en Mc 10, 46-52, laveugle de Bethsaïda en Mc 8, 22-26 et laveugle-né en Jn 9) reflètent des événements du ministère de Jésus
- En ce qui concernent ceux qui sont affligés dune maladie de la peau (les lépreux en Mc 1, 40-45 et Lc 17, 11-19), les données ne sont pas assez claires pour portée un jugement, même sil semble que Jésus avait la réputation de guérir les lépreux
- Parmi les guérisons générales qui ne se rattachent à aucune catégorie particulière, une seule peut revendiquer remonter au Jésus historique, la guérison du petit garçon du centurion (ou officier royal) en Mt 8, 5-13.
- Quand on regarde les récits de ressuscitations des morts, on note la présence de multiples attestions qui démontrent que Jésus avait la réputation de ramener des gens à la vie, si bien que les récits de la ressuscitation de la fille de Jaïre (Mc 5, 21-43), du fils de la veuve de Naïm et Lazare remontent probablement au Jésus historique, même sil est possible que ce soit des guérisons interprétés comme des ressuscitations.
- Le jugement sur ce mélange de récits appelés à tort « miracles de la nature » est plus facile. À lexception du ravitaillement de la foule par Jésus, touts les récits sont une création de lÉglise primitive pour diverses raisons théologiques.
|
Chapitre suivant: Jésus a-t-il vraiment attiré de grandes foules durant son ministère?
Liste de tous les chapitres |