Saint Augustin |
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Ausgustin (latin : Aurelius Augustinus) est né le 13 novembre 354 à Thagaste (aujourdhui Souk Ahras, au nord est de lAlgérie, non loin de la frontière de la Tunisie), et est décédé le 28 août 430, à lâge de 75 ans, dans la ville dHippone où il était évêque (aujourdhui Annaba, en Algérie du nord, sur le bord de la Méditerranée). Il appartient à une famille berbère aisée. Sa mère, Monique, était une femme pieuse, alors que son père, Patricius, était un romanisé païen qui ne sest converti au christianisme que sur son lit de mort. Il a un aussi un frère, Navigius, et une soeur, qui sera supérieure du monastère dHippone. Le père dAugustin réussit à lui payer une éducation classique, en particulier à Carthage, où il fait connaissance de la femme dont il aura un fils, Adéodat, et dont il partage la vie durant quinze ans. Devenu enseignant, il exerce dabord son métier de rhéteur à Carthage, puis à Rome, et enfin à Milan, où il rencontre Ambroise, lévêque chrétien de la ville, dont il suit avec assiduité les homélies. Cest en 386, âgé de 31 ans, quil décide de se convertir au christianisme. Il reçoit le baptême des mains dAmbroise en même temps que son fils Adéodat lors de la vigile pascale de 387. Revenu en Afrique en 388, les chrétiens dHippone le proposent comme prêtre en 391, puis comme évêque en 395. Il meurt à Hippone lors du siège de Genséric, chef des troupes Vandales, en 430 en laissant derrière lui une oeuvre considérable. Parmi ses écrits citons :
Dix-neuvième sermon sur lÉpiphanie de Notre-Seigneur Sommaire
1. Il y a peu de jours, nous avons célébré, comme il vous en souvient, la naissance de Celui qui est appelé le Jour. En ce moment nous célébrons le mystère de sa manifestation, alors quil sest révélé aux Gentils avec un éclat ravissant. En ce jour, selon le texte même de lÉvangile, les Mages vinrent dOrient, cherchant le Roi des Juifs qui venait de naître, et sécriant : « Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus ladorer »1. Pour annoncer Jésus-Christ aux bergers dIsraël, nous avons lu que des anges étaient descendus du ciel ; et pour amener les Mages des confins de lOrient au berceau du Sauveur, une étoile parut jetant un vif éclat dans le ciel. Soit quil sagisse des Juifs avertis par des anges, soit quil sagisse des Gentils guidés par une étoile étincelante, il est toujours vrai de dire que « les cieux ont raconté la gloire de Dieu »2; et cest par ces prémices de la foi des peuples à la nativité du Sauveur, « que notre pierre angulaire » sest manifestée3. Ils ont cru, et bientôt ils ont prêché Jésus-Christ. Avertis par la voix des anges, les bergers ont cru ; les Mages aussi ont adoré, eux qui venaient de pays si éloignés. De son côté, Jésus-Christ, qui était venu « annoncer la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près reçut, »4; dans la paix chacun de ces peuples ; car « il est lui-même notre paix, ayant formé des uns et des autres lunité »5, cest-à-dire de tous les peuples dont il avait reçu les prémices au moment de sa naissance; cette unité, cependant, ne commença à se réaliser quaprès le grand miracle de lAscension. 2. Isaïe avait entrevu cette unification des peuples par Jésus-Christ, quand il sécriait « Le boeuf connaît son possesseur, et lâne létable de son maître »6. Le boeuf désigne ici les Israélites courbés sous le joug de la loi; les Gentils sont désignés par lâne, animal immonde, parce que limpureté de lidolâtrie séparait ces Gentils des Israélites adorateurs du vrai Dieu; et cependant ces Gentils, comme les Juifs, devaient venir à létable, et après y avoir été purifiés par la foi de Jésus-Christ, participer à la table commune du corps de Jésus-Christ. Cest ainsi que le Seigneur, sadressant à lÉglise formée des deux peuples, disait : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et êtes chargés de quelque fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau est léger »7. Comme sil eût dit au boeuf : « Mon joug est doux », et à lâne : « Mon fardeau est léger ». Aux Juifs courbés sous le joug écrasant de la loi, il disait « Mon joug est doux »; aux Gentils plongés dans les voluptés naturelles et refusant le fardeau salutaire des préceptes, il disait : Pourquoi restez-vous rebelles; pourquoi refusez-vous daccepter le fardeau? « Mon fardeau est léger ». 3. Aux Mages qui, à leur arrivée, demandaient où était né le Christ, les Juifs firent connaître le lieu de sa naissance, et cependant restèrent immobiles. Dans tous les livres des Prophètes, les Juifs trouvent clairement désignés Jésus-Christ et son Église, et cependant ce nest point par eux, mais par les Gentils, que Jésus-Christ est adoré. De son côté, limpie Hérode, apprenant des Mages la naissance du Roi des Juifs, frémit aussitôt pour sa couronne, et se flattant, « malgré lAnge du Grand Conseil »8, de triompher de ses alarmes par lhabileté de ses desseins, prend deux moyens, à ses yeux infaillibles, de sassurer la victoire : le mensonge et la cruauté. Dabord, il ment aux Mages quand il leur dit : « Allez donc, informez-vous avec soin de lenfant, et quand vous laurez trouvé, empressez-vous de men instruire, afin que jaille moi-même et que je ladore »9; il feint ainsi de vouloir adorer Celui quil désirait tuer. Déçu dans ses desseins, il ordonna dimmoler, dans toute la Judée, les enfants qui pourraient avoir le même âge que Jésus-Christ. Horrible cruauté dictée par lambition, et qui fit couler inutilement des flots de sang innocent ! 4. Vous le voyez, mes frères, Jésus-Christ est encore porté dans les bras de sa Mère, et déjà il multiplie les prodiges. Petit enfant, il triomphe dun roi puissant; sans armes, il se joue de la force armée; enveloppé de langes, il dédaigne ce prince couvert de la pourpre ; couché dans une crèche, il se joue du tribunal dun roi; silencieux, il a ses hérauts; caché, il trouve des témoins. Hérode, vous usez de cruauté, et parmi les persécuteurs du Christ, vous tenez le premier rang. Mais Celui « qui a le pouvoir de donner sa vie »10, na rien à craindre de votre colère. Laiguillon de la crainte peut vous agiter, vous pouvez brûler des feux de la fureur ; mais, pour Jésus-Christ, le temps nest point encore venu de mourir. Toutefois, sil vous faut satisfaire votre affreuse cruauté, faites des martyrs de Jésus-Christ. Arrachez aux embrassements des nourrices ceux que vous narracherez pas aux embrassements des anges. Quils quittent le sein maternel pour sélever au-dessus des astres; quils échappent aux larmes de leurs mères pour se couvrir de la gloire des martyrs; quils quittent les bras de celles qui les portent, afin quils parviennent à la couronne immortelle; quils soient témoins, eux qui ne peuvent encore parler ; quils rendent témoignage, ceux qui nont pas encore lusage de la parole, et que ceux qui, par leur âge, ne peuvent prononcer le nom de Jésus-Christ, commencent, par sa grâce, à confesser Jésus-Christ. Hérode, vous ne connaissez pas lordre des décrets divins, et voilà ce qui vous trouble. Jésus-Christ est venu sur la terre, non point pour semparer de votre trône, mais pour subir des humiliations de toute sorte ; non pas pour senivrer des flatteries des peuples et de leurs adulations, mais pour sélever sur la croix que lui auront assignée les clameurs des Juifs; non pas pour faire scintiller sur son front le diadème royal, mais pour être méprisé sous une couronne dépines. 5. Nous, mes frères, pour qui tout a été fait, pour qui le Très-Haut sest humilié si profondément, pour qui un Dieu sest fait homme, pour qui notre Créateur a été créé, pour qui notre pain a daigné avoir faim, et passant tant dautres titres, nous pour qui notre vie a goûté les horreurs de la mort, vivons de telle sorte quau moins en quelque manière nous nous rendions dignes dun si grand bienfait; marchons sur les traces mortelles de lhumilité de Jésus-Christ, afin que nous recevions de lui la récompense éternelle. 10 Jean 10, 18 -Traduction française sous la direction de M. Raulx, publiée sur le site de Saint Augustin: ses oeuvres complètes |