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- Analyse verset par verset
v. 31 Quand apparaîtra le nouvel Adam accompagné de ses messagers, alors il siègera avec toute sa qualité dêtre.
Littéralement: Quand viendra le fils de lhomme dans sa gloire et tous les anges avec lui, alors il sassoira sur son trône de gloire.
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Cette scène semble copiée sur celle de la cour dun roi avec ses courtisans ou ses fonctionnaires qui sassoient sur son trône royal pour exercer sa fonction judiciaire. Une telle représentation du jugement final nest pas nouvelle chez Matthieu :
- 16, 27 : Cest quen effet le Fils de lhomme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite.
- 19, 28 : Jésus leur dit: "En vérité je vous le dis, à vous qui mavez suivi: dans la régénération, quand le Fils de lhomme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus dIsraël."
Matthieu reprend une vision théologique familière du monde juif. En effet, il existait un courant de pensée qui croyait que Dieu interviendrait un jour pour mettre fin à lhistoire humaine et exercerait un jugement pour évaluer la conduite humaine, récompenser ceux qui ont fait le bien, punir ceux qui ont fait le mal. Il suffit de regarder quelques textes :
- Proverbes 24, 12 : Diras-tu: "Voilà! nous ne savions pas?" Celui qui pèse les coeurs ne comprend-il pas? Alors quil sait, lui qui a façonné ton âme; cest lui qui rendra à lhomme selon son oeuvre.
- Ecclésiastique 11, 26 : Cest quil est aisé au Seigneur, au jour de la mort, de rendre à chacun selon ses actes.
- Ecclésiastique 16, 12-14 : Autant que sa miséricorde, autant est grande sa sévérité, il juge les hommes selon leurs oeuvres. Il ne laisse pas impuni le pécheur avec ses larcins, il ne frustre pas la patience de lhomme pieux. Il tient compte de tout acte de charité et chacun est traité selon ses oeuvres.
- Ezéchiel 18, 30 : Cest pourquoi je vous jugerai chacun selon sa manière dagir, maison dIsraël, oracle du Seigneur Yahvé.
- Zacharie 14, 5 : Et Yahvé mon Dieu viendra, tous les saints avec lui
- Daniel 12, 2 : "Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière séveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour lopprobre, pour lhorreur éternelle.
Cest surtout à travers le courant apocalyptique que cette idée dune intervention soudaine de Dieu sest accentuée. Dans les textes que nous venons de citer, nous en avons deux représentants : les prophètes Ézéchiel et Daniel. Le propre de cette littérature apocalyptique est de se développer dans des situations politiques et religieuses difficiles où, pour celui qui veut demeurer fidèle à Dieu, seule une intervention exceptionnelle de Dieu peut le libérer. Cest dans cette littérature que se répand lexpression « fils dhomme ». En soi, cela ne désigne quun être humain. Cest sous ce vocable que se fait appeler le prophète Ézéchiel. Mais chez le prophète Daniel, lors dune de ses visions, il devient une figure mystérieuse qui vient sur les nuées du ciel et à qui est conféré empire, honneur et royaume, et que tous peuples, nations et langues sont appelés à servir (voir Daniel 7, 13-14). Ce fils de lhomme semble représenter le peuple fidèle que Dieu relèvera de son humiliation à la fin des temps et qui sera appelé à juger toute lhumanité; il devient en quelque sorte la mesure de toute chose, le critère dévaluation. Ce que les évangiles nous ont transmis de Jésus fait écho à cette ligne pensée, et on en retrouvera un certain nombre déléments dans lApocalypse de Jean, dont celui du « fils dhomme ».
Devant tout ce qui vient dêtre dit, le chrétien daujourdhui peut ressentir un certain malaise.
- Commençons dabord par lidée dune fin du monde. Notre pensée scientifique est très loin de celle du Judaïsme où Dieu intervient pour mettre fin à lhistoire humaine. En acceptant la théorie du « big bang », le scientifique observe une expansion et une transformation constante de lunivers, et donc conçoit très mal, même chez un croyant, un Dieu qui viendrait brouiller les lois quIl a lui-même créées. Bien sûr, dans cinq milliards dannée, le soleil aura brûlé tout son hydrogène et commencera à devenir une étoile géante rouge en fusionnant de lhélium pour produire du carbone et de loxygène, augmentera énormément de volume au point de vaporiser la terre entière qui retournera à son état de gaz galactique. Mais on peut facilement imaginer que lhomme, au cours des cinq milliards prochaines années, aura développé une capacité inouïe de circuler dans lunivers et de transformer son monde. Quoi quil en soit, une chose est sûre : lhomme, en tant quindividu, meurt. Et cest ici que cette phrase dévangile a encore sa pertinence. Car, même si cette idée dune fin des temps et dun jugement général nest pas à prendre à la lettre, il reste que chaque être humain est responsable de ses actes, quil aura à vivre les conséquences de ses choix et à faire le bilan de sa vie.
- Il y a ensuite limage du Dieu juge. Il a fallu plusieurs années pour se libérer de la figure terrible du Dieu sévère qui porte un jugement sur tout. Quest devenu le Dieu damour et libérateur? Mais il y a surtout lidée dune intervention extérieure qui vient punir, comme un père qui vient donner la fessée à son enfant parce quil a désobéi. Vivre la conséquence de ses gestes nest-il pas suffisant? Il nous faut admettre que nous sommes devant une image qui appartient à un contexte culturel, et nous devons avant tout chercher à comprendre ce quon essaie de dire à travers les limites de cette image.
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v. 32 Devant lui seront rassemblées toutes les nations. Alors il séparera les gens les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs.
Littéralement : Et seront rassemblées devant lui toutes les nations, et il les séparera (aphorisei) les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs.
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toutes les nations |
Il sagit du procès de lhumanité entière, Juifs et non Juifs. Cest une façon daffirmer que personne ny échappera. Cest une façon daffirmer aussi que lautorité de Dieu sétend sur lunivers entier.
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aphorisei (il séparera) |
Lacte de séparer est lacte de mettre à part certaines personnes, et donc de les évaluer et de les juger. La communauté chrétienne a repris du Judaïsme cette idée quà la fin des temps Dieu exercera son rôle de juge pour séparer ceux qui ont fait le bien de ceux qui ont fait le mal. On le voit chez saint Paul.
- Romains 2, 5-7 : Par ton endurcissement et limpénitence de ton coeur, tu amasses contre toi un trésor de colère, au jour de la colère où se révélera le juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres: à ceux qui par la constance dans le bien recherchent gloire, honneur et incorruptibilité: la vie éternelle
Cette idée que chacun sera jugé selon ses actes lors du grand jugement de Dieu est accentuée chez Matthieu qui, en plus de cette scène du jugement dernier, nous en offre quelques autres :
Matthieu 13, 47-50 : Le Royaume des Cieux est encore semblable à un filet quon jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils sasseyent, recueillent dans des paniers ce quil y a de bon, et rejettent ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges se présenteront et sépareront les méchants dentre les justes pour les jeter dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents
- Matthieu 13, 40-43 : De même donc quon enlève livraie et quon la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde: le Fils de lhomme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs diniquité, et les jetteront dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles!
Il ne faut pas se surprendre dun tel accent sur lévaluation de lagir, car lévangile de Matthieu sadresse à une communauté judéo-chrétienne, et le Judaïsme est avant tout une orthopraxie, i.e. limportant est dagir conformément à ce qui est demandé, et non pas une orthodoxie comme on le voit aujourdhui dans le catholicisme, i.e. limportant est la pensée correcte.
On pourrait poser la question : pourquoi repousse-t-on cette évaluation des gens à la fin des temps? Le Jésus de Matthieu nous raconte cette histoire où le propriétaire dune ferme demande de retarder la séparation de livraie du blé au temps de la moisson, i.e. au temps où chaque plante aura atteint sa maturité, et donc facilement identifiable. Limage de la moisson évoque la fin des temps, et la demande de retarder la séparation de ce qui est bon et mauvais fait allusion à la difficulté dopérer actuellement une discrimination entre ce qui est bien et ce qui est mal, et donc tout est remis au jugement de Dieu.
- Matthieu 13, 28-30 : Il leur dit: Cest quelque ennemi qui a fait cela (semer livraie). Les serviteurs lui disent: Veux-tu donc que nous allions la ramasser? Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant livraie, darracher en même temps le blé. Laissez lun et lautre croître ensemble jusquà la moisson; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs: Ramassez dabord livraie et liez-la en bottes que lon fera brûler; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier."
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v. 33 Dune part, il y aura les brebis à sa droite, et dautre part, les boucs à sa gauche.
Littéralement : Et se tiendront dune part les brebis à sa droite, et dautre part les boucs à sa gauche.
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Il est probable que cette scène évoque un événement réel de la vie des gens en Palestine à lépoque de Jésus. La brebis est la femelle du mouton, tandis que le bouc est le mâle dont la femelle est la chèvre. Sans doute tous deux faisaient partie du même pâturage sur lequel veillait le berger, et venait un moment où il fallait former deux troupeaux différents pour de multiples raisons, tout dabord pour éviter les conflits provoqués par le bouc qui atteignait sa maturité, ensuite pour procéder à la vente des éléments du cheptel. Rappelons que le bouc était lanimal traditionnellement offert en sacrifice pour lexpiation des péchés (voir Lv 4, 23; He 9, 12.19; 14, 4).
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à sa droite... à sa gauche |
Dans lhistoire de la symbolique, la droite est associée au « bon » côté, au côté noble, à la position de faveur. Est-ce parce que le nombre de droitiers surpassent le nombre de gauchers dans lhistoire de lhumanité, et donc la droite devient la règle par rapport à laquelle les gauchers dévient? Peu importe, nous trouvons de nombreux passages dans la Bible associant la droite au bon côté. En voici quelques exemples :
- Genèse 48, 14 : Mais Israël étendit sa main droite et la posa sur la tête dÉphraïm, qui était le cadet (lui assurant une bénédiction plus grande que celui sur lequel il a posé sa main gauche).
- Exode 15, 6 : Ta droite, Yahvé, sillustre par sa force, ta droite, Yahvé, taille en pièces lennemi (cest la main la plus forte).
- Lévitique 7, 32 : A titre de prélèvement sur vos sacrifices de communion, vous donnerez au prêtre la cuisse droite (la meilleure part).
- 1 Rois 2, 19 : Bethsabée se rendit donc chez le roi Salomon pour lui parler dAdonias, et le roi se leva à sa rencontre et se prosterna devant elle, puis il sassit sur son trône, on mit un siège pour la mère du roi et elle sassit à sa droite (position de faveur).
- 2 Maccabées 14, 33 : Nikanor leva la main droite (main pour prêter serment) vers le Temple et affirma avec serment: "Si vous ne me livrez pas Judas enchaîné, je raserai cette demeure de Dieu, je détruirai lautel, et, au même endroit, jélèverai à Dionysos un sanctuaire splendide."
- Psaume 16, 8 : Jai mis Yahvé devant moi sans relâche; puisquil est à ma droite (être au côté de quelquun pour lappuyer), je ne bronche pas.
- Psaume 110, 1 : Oracle de Yahvé à mon Seigneur: "Siège à ma droite (poste privilégié), tant que jaie fait de tes ennemis lescabeau de tes pieds."
Pourquoi les brebis à droite et les boucs à gauche? Sur le plan symbolique, il est sans doute normal dassocier la brebis au côté droit : celle-ci donne du lait, une laine abondante et peut engendrer des agneaux, et donc a plus de valeur que le bouc dont la laine est sans doute moins importante et dont le nombre na pas besoin dêtre élevé afin dassurer la survie de lespèce. Sur le plan symbolique, ce dernier point est intéressant : le petit nombre de boucs dans le troupeau laisse entendre que le nombre de ceux qui reçoivent les reproches du juge est moins élevé que ceux qui reçoivent des éloges.
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v. 34 Le roi dira alors à ceux qui sont à sa droite : « Venez! Vous que mon Père na cessé destimer, recevez en héritage le domaine qui est le vôtre depuis la fondation du monde.
Littéralement : Alors il dira le roi à ceux qui sont à sa droite : « Venez! Les bénis (eulogēmenoi) de mon père, recevez (klēronomēsate) en héritage le royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde (apo katabolēs kosmou).
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le roi |
Nous sommes surpris de voir un changement dans les personnages, car on sattendrait à retrouver lexpression « fils de lhomme (ou nouvel Adam) » qui exerce sa fonction de juge, et non le mot « roi » qui apparaît subitement et est mentionné pour la première fois dans ce récit. Cest comme si Matthieu faisait référence à une autre source, comme celle à lorigine de certaines de ses paraboles où il est question du royaume de Dieu :
- 18, 23 : "A ce propos, il en va du Royaume des Cieux comme dun roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
- 22, 2 : "Il en va du Royaume des Cieux comme dun roi qui fit un festin de noces pour son fils.
Même si on parle souvent du règne du Christ, il est très rare que le titre de roi soit attribué de manière positive à Jésus par des croyants ou des disciples ou par Jésus lui-même dans le Nouveau Testament :
- Jean 1, 49 : Nathanaël reprit: "Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi dIsraël."
- Jean 18, 37 : Pilate lui dit: "Donc tu es roi?" Jésus répondit: "Tu le dis: je suis roi. Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix."
- Apocalypse 17, 14 : Ils mèneront campagne contre lAgneau, et lAgneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et roi des rois, avec les siens: les appelés, les choisis, les fidèles.
- Apocalypse 19, 16 : Un nom est inscrit sur son manteau et sur sa cuisse: roi des rois et Seigneur des seigneurs.
On associe ici Jésus au roi parce quil est celui qui exerce le jugement en tant que fils de lhomme et parce ce roi parle de « mon Père ». Le titre de roi est sans doute appelé par la mention du royaume, domaine propre à un roi.
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eulogēmenoi (les bénis) |
Le terme grec eulogeō, quon traduit habituellement par bénir, signifie littéralement : dire du bien, louanger. Étant donné le contexte où Jésus énumère une série dactions dont il fait une évaluation, jai préféré utiliser un langage du domaine des valeurs comme « estimer ». Dans le Nouveau Testament, « bénir » est souvent attribué à un geste de Jésus, et il est plus rare dy voire une action de Dieu lui-même. Et dans ce dernier cas, cest souvent pour faire référence à la bénédiction donnée par Dieu à Abraham. Autrement, on entend décrire les interventions favorables de Dieu.
- Actes 3, 25 : "Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de lalliance que Dieu a conclue avec nos pères quand il a dit à Abraham: Et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre.
- Galates 3, 8-9.14 : Et lÉcriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, annonça davance à Abraham cette bonne nouvelle: En toi seront bénies toutes les nations. Si bien que ceux qui se réclament de la foi sont bénis avec Abraham le croyant... afin quaux païens passe dans le Christ Jésus la bénédiction dAbraham et que par la foi nous recevions lEsprit de la promesse
- Éphésiens 1, 3 : Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ.
- Hébreux 6, 7 : En effet, lorsquune terre a bu la pluie venue souvent sur elle, et quelle produit des plantes utiles à ceux-là mêmes pour qui elle est cultivée, elle reçoit de Dieu une bénédiction.
- Hébreux 6, 14 : en disant: Certes, je te (Abraham) comblerai de bénédictions et je te multiplierai grandement.
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klēronomēsate (recevez) |
Limage de lhéritage est indicatrice de notre relation au royaume : cest la propriété de Dieu, et on y a accès que si Dieu veut bien nous le donner sous forme dhéritage (voir Mt 21,38 et la parabole des vignerons homicides qui veulent semparer de force de lhéritage et se voient éliminés). Car personne ne peut revendiquer le droit à ce royaume; cest la décision de Dieu. Qui sont donc les héritiers? La suite du récit nous décrira ces héritiers. Mais on peut regarder pour linstant à un échantillon de références au terme klēronomeō pour constater quil a presquexclusivement une connotation religieuse, et largement en rapport avec le royaume de Dieu.
- Matthieu 5, 5 : Heureux, les gens doux, car ils recevront en héritage la terre
- Matthieu 19, 29 : Et quiconque aura laissé maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle
- Marc 10, 17 : Il se mettait en route quand un homme accourut et, sagenouillant devant lui, il linterrogeait: "Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" (suit lénumération des commandements)
- Actes 20, 32 : "Et à présent je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a le pouvoir de bâtir lédifice et de procurer lhéritage parmi tous les sanctifiés.
- Actes 26, 18 : pour leur (les païens) ouvrir les yeux, afin quelles reviennent des ténèbres à la lumière et de lempire de Satan à Dieu, et quelles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et une part dhéritage avec les sanctifiés.
- Romains 8, 17 : Enfants (tous ceux quanime lEsprit de Dieu), et donc héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui.
- 1 Corinthiens 6, 9-10 : Ne savez-vous pas que les injustes nhériteront pas du Royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus quivrognes, insulteurs ou rapaces, nhériteront du Royaume de Dieu.
- 1 Corinthiens 15, 50 : Je laffirme, frères: la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de lincorruptibilité.
- Galates 4, 6-7 : Et la preuve que vous êtes des fils, cest que Dieu a envoyé dans nos coeurs lEsprit de son Fils qui crie: Abba, Père! Aussi nes-tu plus esclave mais fils; fils, et donc héritier de par Dieu.
- Éphésiens 1, 14 : (cet Esprit Saint) qui constitue les arrhes de notre héritage
- Jacques 2, 5 : Écoutez, mes frères bien-aimés: Dieu na-t-il pas choisi les pauvres selon le monde comme riches dans la foi et héritiers du Royaume quil a promis à ceux qui laiment?
La première chose que nous remarquons à partir de cet échantillon, cest quil existe des conditions pour hériter de cette réalité quon appelle soit la vie éternelle, soit le royaume de Dieu : cette réalité sadresse aux gens doux, aux gens qui vivent ce que Dieu demande, aux gens qui ne sont pas injustes, aux gens qui acceptent de souffrir comme le Christ a souffert. En même temps, il est un don auquel on a accès par la foi, par laccueil de lEsprit Saint, car lhomme mortel ne peut hériter de limmortalité. Et par là, on devenant fils de Dieu, nous devenons des héritiers de notre Père. Le premier élément de cet héritage, est lEsprit de Dieu lui-même.
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apo katabolēs kosmou (depuis la fondation du monde) |
Nous sommes face à la cosmologie biblique où la création est présentée de façon linéaire : au début, le ciel et la terre furent créés, et il ny a plus rien à ajouter, et maintenant nous sommes tout près de la fin, au moment où Dieu fait connaître son Fils. Cest ainsi que katabolē désigne ce début de lunivers qui correspond également au début de lhistoire humaine. Avant le début du monde, il y a Dieu qui sait ce quil va faire, qui aime son Fils, qui le choisit déjà en vue de la fin des temps, et qui connaît davance ceux qui sont ses fils héritant de ce royaume quil a planifié leur donner. Regardons le terme katabolē ailleurs dans le Nouveau Testament :
- Matthieu 13, 35 : pour que saccomplît loracle du prophète: Jouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je clamerai des choses cachées depuis la fondation du monde (voir le Psaume 78, 2)
- Luc 11, 50 : afin quil soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la fondation du monde
- Jean 17, 24 : Père, ceux que tu mas donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin quils contemplent ma gloire, que tu mas donnée parce que tu mas aimé avant la fondation du monde.
- Éphésiens 1, 4 : Cest ainsi quIl nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans lamour
- Hébreux 4, 3-4 : Nous entrons en effet, nous les croyants, dans un repos, selon quil a dit: Aussi ai-je juré dans ma colère: Non, ils nentreront pas dans mon repos. Les oeuvres de Dieu certes étaient achevées dès la fondation du monde, puisquil a dit quelque part au sujet du septième jour: Et Dieu se reposa le septième jour de toutes ses oeuvres.
- Hébreux 9, 26 : car alors il (le Christ) aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde. Or cest maintenant, une fois pour toutes, à la fin des temps, quil sest manifesté pour abolir le péché par son sacrifice.
- 1 Pierre 1, 20 : discerné (le Christ) avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous.
- Apocalypse 13, 8 : Et ils ladoreront (la bête), tous les habitants de la terre dont le nom ne se trouve pas écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de lAgneau égorgé.
- Apocalypse 17, 8 : "Cette Bête-là, elle était et elle nest plus; elle va remonter de lAbîme, mais pour sen aller à sa perte; et les habitants de la terre, dont le nom ne fut pas inscrit dès la fondation du monde dans le livre de vie
Notons quon ne parle pas de prédestination. On veut simplement affirmer que lévénement Jésus et le drame vécu par les chrétiens ne sont pas des accidents de lhistoire, mais quelque chose que Dieu a su et a en quelque sorte voulu depuis toujours.
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v. 35 Car jai eu faim et vous mavez donné à manger, jai eu soif et vous mavez donné à boire, jétais étranger et vous mavez accueilli,
Littéralement : Car jai eu faim et vous mavez donné à manger, jai eu soif et vous mavez donné à boire, jétais étranger et vous mavez accueilli,
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Nous sommes devant ce qui constitue les soins de base de la personne : manger et boire afin de survivre, le vêtement pour se protéger du froid, le soutien lorsquon est sans logement ou malade ou lorsquon perd sa liberté et sa source de revenu dans une prison. Ces paroles du Jésus de Matthieu semblent reprendre léthique humaniste du Judaïsme (voir par exemple Proverbes 25, 21 où on invite à donner à manger et boire même à son ennemi). Cette éthique est reprise un peu partout dans lensemble du Nouveau Testament.
Sassurer que les gens aient à manger et à boire :
- Matthieu 10, 42 : "Quiconque donnera à boire à lun de ces petits rien quun verre deau fraîche, en tant quil est un disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense."
- Luc 3, 11 : Il leur répondait: "Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui nen a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même."
- Luc 14, 13 : Mais lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles
- Actes 6, 1 : En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, il y eut des murmures chez les Hellénistes contre les Hébreux. Dans le service quotidien, disaient-ils, on négligeait leurs veuves.
- Romains 12, 20 : Bien plutôt, si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; sil a soif, donne-lui à boire; ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête.
- 1 Corinthiens 11, 33 : Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour le Repas, attendez-vous les uns les autres.
Offrir lhospitalité :
- Matthieu 10, 40 : "Qui vous accueille maccueille, et qui maccueille accueille Celui qui ma envoyé.
- Romains 12, 13 : prenant part aux besoins des saints, avides de donner lhospitalité.
- Colossiens 4, 10 : Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions: sil vient chez vous, faites-lui bon accueil.
- 1 Pierre 4, 9 : Pratiquez lhospitalité les uns envers les autres, sans murmurer.
- Hébreux 13, 2 : Noubliez pas lhospitalité, car cest grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges.
Vêtir ceux qui sont nus :
- Luc 3, 11 : Il leur répondait: "Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui nen a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même."
- Actes 9, 36.39 : Il y avait à Joppé parmi les disciples une femme du nom de Tabitha, en grec Dorcas. Elle était riche des bonnes oeuvres et des aumônes quelle faisait... Pierre partit tout de suite avec eux. Aussitôt arrivé, on le fit monter à la chambre haute, où toutes les veuves en pleurs sempressèrent autour de lui, lui montrant les tuniques et les manteaux que faisait Dorcas lorsquelle était avec elles.
- Jacques 2, 15-16 : Si un frère ou une soeur sont nus, sils manquent de leur nourriture quotidienne, et que lun dentre vous leur dise: "Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il?
Soutenir les êtres souffrants et prisonniers :
- Luc 10, 33-34 : Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. Il sapprocha, banda ses plaies, y versant de lhuile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à lhôtellerie et prit soin de lui.
- 2 Thimothées 1, 16-18 : Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille dOnésiphore, car souvent il ma réconforté, et il na pas rougi de mes chaînes; au contraire, à son arrivée à Rome, il ma recherché activement et ma découvert. Que le Seigneur lui donne dobtenir miséricorde auprès du Seigneur en ce Jour-là. Quant aux services quil ma rendus, à Éphèse, tu les connais mieux que personne.
- Hébreux 13, 3 : Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez emprisonnés avec eux, et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous aussi dans un corps.
- Jacques 5, 13-14 : Quelquun parmi vous souffre-t-il? Quil prie. Quelquun est-il joyeux? Quil entonne un cantique. Quelquun parmi vous est-il malade? Quil appelle les presbytres de lÉglise et quils prient sur lui après lavoir oint dhuile au nom du Seigneur.
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v. 36 nu et vous mavez vêtu, jai été malade et vous mavez rendu visite, jétais en prison et vous êtes venu vers moi. »
Littéralement : nu et vous mavez vêtu, jai été malade et vous mavez rendu visite, jétais en prison et vous êtes venu vers moi. »
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v. 37 Alors les justes lui feront cette réponse : « Seigneur, quand tavons-nous vu avoir faim et tavons-nous nourri, ou avoir soif et tavons-nous donné à boire?
Littéralement : Alors répondront à lui les justes (dikaioi) disant : « Seigneur (kyrie), quand tavons-nous vu (eidomen) ayant faim et nous avons nourri, ou ayant soif et tavons-nous donné à boire?
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dikaioi (justes) |
Cest la première fois dans le récit quon identifie ceux qui ont été placés à la droite du roi et qui sont « estimés » ou « bénis » par lui. Matthieu les appelle : les justes. À la base, ladjectif « juste » désigne les actions conformes à ce qui doit être fait et au bon jugement, ou à ce qui est équitable. Cest donc une qualité générale de la personne authentique et vraie, la personne sage. Mais comme dans le Proche-Orient ancien laction juste sur le plan moral est également inspirée par les prescriptions religieuses, lêtre juste est également un être religieux. Aussi, lêtre juste soppose au pécheur ou à lêtre injuste ou à lêtre sans Dieu ou qui na pas peur de Dieu. Chez Matthieu, on a plusieurs exemples dêtres justes :
- 1, 19 : Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit.
- 5, 45 : afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
- 9, 13 : En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs."
- 10, 41 : "Qui accueille un prophète en tant que prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en tant que juste recevra une récompense de juste.
- 13, 17 : En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne lont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne lont pas entendu!
- 13, 43 : Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père (alors que tous les scandales et tous les fauteurs diniquité ou les gens sans loi seront jetés dehors).
- 13, 49 : Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges se présenteront et sépareront les méchants dentre les justes
- 23, 29 : "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez les sépulcres des prophètes et décorez les tombeaux des justes
- 27, 19 : Or, tandis quil siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: "Ne te mêle point de laffaire de ce juste (Jésus)
On aura remarqué que le juste soppose au pécheur, ou à lêtre méchant, ou à lêtre inique ou sans loi, et il est présenté à côté des prophètes comme représentatif du peuple de Dieu. La femme de Pilate voit Jésus comme un juste, un terme bien connu dans la culture gréco-romaine pour parler dun être innocent et sans reproche. Le terme a donc une connotation universelle, et comme Matthieu dans cette scène du jugement final entend inclure lunivers entier, et non seulement les Juifs, alors le terme de juste est approprié pour désigner les êtres droits de quelque origine quils soient.
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kyrie (seigneur) |
La racine du mot grec signifie : force, pouvoir. En grec classique, le mot désigne « celui qui est maître de, qui a lautorité », cest-à-dire le maître, le maître de maison, le représentant légal, le tuteur (voir notre glossaire). Ainsi, dans la civilisation grecque, le terme renvoie à toute une panoplie dentités : des possesseurs desclaves aux souverains de divers royaumes, en passant par une multitude de dieux. Mais quand les Juifs feront une traduction grecque de lAncien Testament au 2e siècle av. J.-C, appelée Septante (LXX), pour éviter dutiliser le nom propre Yahvé qui doit demeurer imprononçable, ils opteront pour le terme seigneur pour transcrire et remplacer le tétragramme Yhwh. Par là, ils donneront un éclat particulier à un terme plutôt banal, si bien que les empereurs romains finiront par se revêtir de ce titre. Chez les premiers chrétiens, en raison de linfluence de la LXX, mais aussi de lexpression araméenne mārē (maître), qui est utilisé en Daniel 5, 23 pour désigner Dieu ainsi que par les chrétiens dorigine araméenne (voir 1 Corinthiens 16, 22; Apocalypse 22, 20), le terme Seigneur désignera bien sûr Dieu, mais aussi Jésus qui est maintenant exalté à la droite de Dieu (voir Actes 2, 36) et qui sera appelé à juger lhumanité, et même également lEsprit Saint (voir 2 Corinthiens 3, 17-18).
Si on revient à notre texte du v. 37, « Seigneur » désigne le roi en vertu de son pouvoir de juge. Mais dans la bouche de Matthieu, il désigne également Jésus ressuscité, Fils de lhomme, qui est appelé à juger lhumanité. Et puisque Matthieu insistera pour dire que toute action de compassion vis-à-vis dun être humain est avant tout une action vis-à-vis du Christ, le terme Seigneur renvoie avant tout au Jésus ressuscité.
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eidomen (nous avons vu) |
Dans le récit, les justes expriment leur surprise. Quel est lobjet de la surprise? Elle ne concerne pas les actes eux-mêmes, ceux de donner à manger, à boire, le vêtement, lhospitalité ou le réconfort. Elle concerne la signification de ces gestes. Pour les justes, le sens de leur action était daider des individus particuliers, alors que le Jésus de Matthieu leur donne un sens chrétien, i.e. en référence au Christ. Notons quà aucun moment du récit on ne parle de foi et le juste nest attaché à aucune religion. Mais Matthieu tient à donner à tout geste de compassion une dimension chrétienne.
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v. 38 Et quand tavons-nous vu étranger et tavons-nous accueilli, ou nu et tavons-nous vêtu?
Littéralement : Et quand tavons-nous vu étranger et tavons-nous accueilli, ou nu et tavons-nous vêtu?
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v. 39 Et quand tavons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous venus vers toi? »
Littéralement : Et quand tavons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous venus vers toi? »
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v. 40 Le roi leur répondra alors: « Vraiment, je vous lassure, tout ce que vous avez fait à lun de ces plus petits qui sont mes frères, cest à moi que vous lavez fait.
Littéralement : Et répondant le roi leur dira: « Amen je vous le dis (amēn legō hymin), tout ce que vous avez fait à lun de ces frères (adelphōn) de moi les plus petits (elachistōn), cest à moi que vous lavez fait.
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amēn legō hymin (Amen je vous le dis) |
Le mot amēn vient de lhébreu, de la racine mn, et il désigne soit une chose solide, soit une personne fiable. Le verbe aman signifie faire confiance ou avoir confiance. À la fin dune prière, il proclame quon fait sien son contenu en toute confiance, ou encore, à la fin dune déclaration solennelle, il en affirme la solidité. Dans les évangiles, il est mis dans la bouche de Jésus (Mt 30 fois, Mc 13 fois, Lc 6 fois, Jn 25 fois) pour introduire une affirmation importante. Il est possible que tout cela remonte à un usage de Jésus lui-même. En reprenant cette expression, les évangiles donnent à lénoncé qui suit lautorité de Jésus ressuscité. Cest ce que fait Matthieu ici en mettant tout le poids de lautorité de Jésus sur les gestes de compassion. Parmi les 30 emplois de Matthieu, donnons quelques exemples :
- 5, 18 : Car je vous le dis, amēn: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur li, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé.
- 10, 42 : "Quiconque donnera à boire à lun de ces petits rien quun verre deau fraîche, en tant quil est un disciple, amēn je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense."
- 11, 11 : "Amēn je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il nen a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste; et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui.
- 17, 20 : "Parce que vous avez peu de foi leur dit-il. Car, je vous le dis amēn, si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne: Déplace-toi dici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible."
- 18, 3 : et dit: "Amēn je vous le dis, si vous ne retournez à létat des enfants, vous nentrerez pas dans le Royaume des Cieux.
- 18, 18 : "Amēn je vous le dis: tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié.
- 18, 19 : "De même, je vous le dis amēn, si deux dentre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.
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adelphōn (frères) |
Dans le récit, Jésus montre sa solidarité vis-à-vis les gens sans importance en les appelant « mes frères ». Dans le Nouveau Testament, le terme adelphos peut avoir plusieurs sens : le frère de sang, celui dont on se fait proche socialement, un membre de la communauté chrétienne. Quel est le sens ici? Matthieu nutilise que très peu souvent lexpression « mes frères ».
- 12, 48-50 : A celui qui len informait Jésus répondit: "Qui est ma mère et qui sont mes frères (adelphos)?" Et tendant sa main vers ses disciples, il dit: "Voici ma mère et mes frères (adelphos). Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là mest un frère (adelphos) et une soeur et une mère."
- 28, 10 : Alors Jésus leur dit: "Ne craignez point; allez annoncer à mes frères (adelphos) quils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront."
Et donc, ne nous basant sur ces quelques références, on serait porté à croire quil sagirait des disciples de Jésus. Mais le contexte du jugement final est celui de lensemble de lhumanité, sans référence à une suite explicite de Jésus. Ainsi, il plus probable que « mes frères » renvoie à tous ceux qui ont su exprimer leur compassion, et donc à leur façon on démontré une attitude digne dun disciple de Jésus sans en porter létiquette.
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elachistōn (les plus petits) |
Quentend-on par ces tous petits? Elachistos est le superlatif de elachys (petit, court, bas). Cest le plus bas dans une échelle de grandeur. On le trouve utilisé à quelques reprises dans le Nouveau Testament :
- Matthieu 2, 6 : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu nes nullement le moindre (elachistos) des clans de Juda; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël."
- Matthieu 5, 19 : Celui donc qui violera lun de ces moindres (elachistos) préceptes, et enseignera aux autres à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux.
- Luc 12, 26 : Si donc la plus petite chose (elachistos) même passe votre pouvoir, pourquoi vous inquiéter des autres?
- Luc 16, 10 : Qui est fidèle en très peu (elachistos) de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu (elachistos) est malhonnête aussi en beaucoup.
- Luc 19, 17 : Cest bien, bon serviteur, lui dit-il; puisque tu tes montré fidèle en très peu de chose (elachistos), reçois autorité dix villes.
- 1 Corinthiens 4, 3 : Pour moi, il mimporte fort peu (elachistos) dêtre jugé par vous ou par un tribunal humain. Bien plus, je ne me juge pas moi-même.
- 1 Corinthiens 6, 2 : Ou bien ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? Et si cest par vous que le monde doit être jugé, êtes-vous indignes de prononcer sur des riens (elachistos) ?
- 1 Corinthiens 15, 9 : Car je suis le moindre (elachistos) des apôtres; je ne mérite pas dêtre appelé apôtre, parce que jai persécuté lÉglise de Dieu.
- Jacques 3, 4 : Voyez encore les vaisseaux: si grands quils soient, même poussés par des vents violents, ils sont dirigés par un tout petit (elachistos) gouvernail, au gré du pilote.
Le mot sapplique donc aux réalités généralités de la vie et aux choses sans importance ou insignifiante, ou encore qui sont mineures. Le superlatif est une façon daffirmer quil nexiste rien qui soit inutile ou qui ne doit pas retenir notre attention.
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v. 41 Alors il dira à ceux qui sont à sa gauche: « Allez loin de moi au feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses messagers.
Littéralement : Alors il dira aussi à ceux qui sont à sa gauche : « Allez loin de moi au feu (pyr) éternel qui a été préparé pour le diable (diabolō) et ses anges.
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pyr (feu) |
On peut dire que Matthieu est un spécialiste du feu, car il est celui qui en parle le plus, en particulier de la géhenne de feu. À part un passage de la lettre de Jude (7), il est le seul à mentionner un « feu éternel » (voir Géhenne ou Vallée de Hinnon, au sud du premier mur sur la carte de Jérusalem). Il faut dabord se rappeler que la géhenne désigne un terrain à Jérusalem qui servait de dépotoir et où un feu était allumé en permanence pour brûler les déchets. On imagine facilement comment ce dépotoir a pu servir dimage pour décrire lélimination définitive du mal à la fin des temps. En plus de notre verset, regardons les autres utilisations chez Matthieu :
- 3, 10-12 : Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. Pour moi, je vous baptise dans de leau en vue du repentir; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne denlever les sandales; lui vous baptisera dans lEsprit Saint et le feu. Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire; il recueillera son blé dans le grenier; quant aux bales, il les consumera au feu qui ne séteint pas."
- 5, 22 : Eh bien! moi je vous dis: Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal; mais sil dit à son frère: Crétin! il en répondra au Sanhédrin; et sil lui dit: Renégat!, il en répondra dans la géhenne de feu.
- 7, 19 : Tout arbre qui ne donne pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu.
- 13, 40-42 : De même donc quon enlève livraie et quon la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde le Fils de lhomme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs diniquité, et les jetteront dans la fournaise de feu: là seront les pleurs et les grincements de dents.
- 13, 49-50 : Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges se présenteront et sépareront les méchants dentre les justes pour les jeter dans la fournaise de feu: là seront les pleurs et les grincements de dents.
- 17, 15 : "Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique et va très mal: souvent il tombe dans le feu, et souvent dans leau.
- 18, 8-9 : "Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de péché, coupe-les et jette-les loin de toi: mieux vaut pour toi entrer dans la Vie manchot ou estropié que dêtre jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel. Et si ton oeil est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi: mieux vaut pour toi entrer borgne dans la Vie que dêtre jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu.
On remarquera les images dune culture agraire où on sépare les bonnes et mauvaises plantes, et où on met au feu les mauvaises, comme on peut le faire encore aujourdhui. Pour un être authentique, ces images permettent davoir un soupir de soulagement devant lespoir dune élimination du mal.
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diabolō (diable) |
Le mot grec diabolos est formé de deux termes, dia, qui signifie « à travers », et ballō, qui signifie « jeter » ou « lancer ». Il pouvait désigner ce bâton quon pouvait lancer à travers les barreaux de roue dun char pour lenrayer. En référence à une personne, le substantif signifie : lhomme médisant, le calomniateur, et le verbe signifie : accuser, dénoncer. Dans les évangiles, le terme nest pas si fréquent : le diable joue un rôle dans le récit des tentations de Jésus (Mt 4, 1-11 || Lc 4, 2-12), il est celui qui sème livraie (Mt 13, 39) ou enlève la semence de la Parole de Dieu (Lc 8, 12), il est celui qui prend le contrôle de Judas (Jn 6, 70; 13, 2). Il désigne ainsi ladversaire du plan de Dieu. Aujourdhui, nous parlerions dune force qui soppose à la vie, mais le Nouveau Testament aime personnaliser les choses. Et cest ainsi que cet adversaire a comme Dieu toute une cour pour le soutenir, des messagers ou anges. Cest comme si deux armées saffrontaient, et plusieurs récits apocalyptiques décriront cette confrontation finale. Mais lissue de ce combat est connue : la force adverse sera détruite et jetée dans cette poubelle éternelle.
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v. 42 Car jai eu faim et vous ne mavez pas donné à manger, jai eu soif et vous ne mavez pas donné à boire,
Littéralement : Car jai eu faim et vous ne mavez pas donné à manger, jai eu soif et vous ne mavez pas donné à boire,
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v. 43 jétais étranger et vous ne mavez pas accueilli, nu et vous ne mavez pas vêtu, malade et en prison et vous ne mavez pas rendu visite. »
Littéralement : jétais étranger et vous ne mavez pas accueilli, nu et vous ne mavez pas vêtu, malade et en prison et vous ne mavez pas rendu visite. »
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v. 44 Alors eux aussi feront cette réponse: « Seigneur, quand tavons-nous vu ayant faim ou ayant soif ou étranger ou nu ou malade ou en prison et nous ne tavons pas porté assistance? »
Littéralement : Alors ils répondront aussi en disant: « Seigneur, quand tavons-nous vu ayant faim ou ayant soif ou étranger ou nu ou malade ou en prison et nous ne tavons pas servi? »
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v. 45 Alors il leur fera cette réponse: « Vraiment, je vous lassure, tout ce que vous navez pas fait à lun de ces plus petits, à moi non plus vous le lavez pas fait. »
Littéralement : Alors il leur répondra disant: « Amen je vous le dis: tout ce que vous navez pas fait à lun de ces plus petits, à moi non plus vous ne lavez pas fait. »
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Il y a peu de choses à dire de tous ces versets. Nous avons une répétition du dialogue que le roi a eu avec les justes, sauf quil prend la forme de reproches concernant ce qui aurait dû être fait, et qui na pas été fait. Mais il vaut la peine de relever un point important de la vie morale : on identifie trop souvent le mal à des actions répréhensibles comme tuer ou voler ou calomnier quelquun, alors que le mal prend ici la forme dune absence daction.
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v. 46 Et ils partiront pour un châtiment sans fin, et les justes pour une vie sans fin.
Littéralement : Et ils partiront eux vers un châtiment (kolasin) éternel (aiōnion), et les justes vers la vie (zōēn) éternelle (aiōnion).
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kolasin aiōnion (châtiment éternel) |
Le verbe kolazō (châtier) signifie littéralement : élaguer, émonder, retrancher, contenir, corriger, doù laction de châtier ou punir est dérivée. Il est très peu utilisé dans le Nouveau Testament, et cest ici le seul emploi de Matthieu.
- Actes 4, 21 : Cependant, après de nouvelles menaces, ils les relâchèrent, ne voyant pas comment les punir (kolazō), à cause du peuple: car tout le monde glorifiait Dieu de ce qui sétait passé.
- 2 Pierre 2, 9 : cest que le Seigneur sait délivrer de lépreuve les hommes pieux et garder les hommes impies pour les châtier (kolazō) au jour du Jugement
- 1 Jean 4, 18 : Il ny a pas de crainte dans lamour; au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment (kolasis), et celui qui craint nest point parvenu à la perfection de lamour.
Le seul texte qui a une certaine similitude avec celui de Matthieu est 2 Pierre avec sa référence au jour du jugement et à son contexte apocalyptique. On ne sait absolument rien de ce châtiment, sinon que les hommes sauront quils nont pas agi en accord avec ce que Dieu attendait. La 2e lettre de Pierre fait référence à la destruction de Sodome et Gomorrhe, mais une telle image ne donne pas de détail sur ce qui attend les impies. Enfin, quand on regarde le terme kolasis dans la Septante, on y reçoit peu dinformation nouvelle : le terme reçoit le sens habituel dun châtiment pour corriger un comportement (voir Sagesse 11, 13; 16, 1-2; 16, 24; 19, 4; LXX: Jérémie 18, 20; LXX: Ézéchiel 14, 3-4; 18, 30; 43, 11; 44, 12; 3 Maccabées 1, 3; 7, 10; 4 Maccabées 8, 9).
Notons enfin que plutôt que davoir « châtiment sans fin », on se serait attendu à « mort sans fin », puisque lexpression est mise en opposition à « vie sans fin ». Cest dailleurs ce que fait quelquun comme Paul (Romains 6, 23 : Car le salaire du péché, cest la mort; mais le don gratuit de Dieu, cest la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur). Il faut accepter que notre récit préfère demeurer vague, sans vraiment préciser ce quest exactement ce châtiment sans fin.
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zōēn aiōnion (vie éternel) |
Par le contexte, on sait quil sagit dune vie future, lors du jugement de Dieu. Les écrits synoptiques (il en est autrement pour Jean) parlent peu de « vie éternelle ».
- Matthieu 19, 16 : Et voici quun homme sapprocha et lui dit: "Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle? " (|| Mc 10, 17 || Lc 18, 18)
- Matthieu 19, 29 : Et quiconque aura laissé maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle (|| Mc 10, 30 || Lc 18, 30)
- Luc 10, 25 : Et voici quun légiste se leva, et lui dit pour léprouver: Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?"
Ces références à la vie éternelle vont dans la même direction : il y a dune part, la vie humaine
- où lindividu doit mettre en pratique les commandements (Ne tue pas, ne commets pas dadultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère),
- où lindividu doit aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa force et de tout son esprit et son prochain comme lui-même (le texte de Luc est suivi ici par la parabole du bon Samaritain),
- où le disciple a laissé maison, frères, soeurs, mère, père, enfants ou champs pour suivre Jésus
et il y a dautre part sa suite à une telle vie
- Dieu donne la vie éternelle en héritage à la fin des temps
Notre v. 46 va dans le même sens, puisque veiller sur laffamé, lassoiffé, le pauvre, létranger, le malade et le prisonnier fait écho au récit du bon Samaritain chez Luc; il illustre ce que signifie aimer Dieu de tout son être et le prochain comme soi-même; il est la face positive des commandements.
Notons enfin que cette notion de « vie éternelle », liée à une résurrection générale à la fin des temps (puisquon ne peut entrer dans la vie sans un corps), est récente dans le Judaïsme, puisquelle est apparue vers le 2e siècle av. J.-C. :
- Daniel 12, 2 : "Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière séveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour lopprobre, pour lhorreur éternelle.
- 2 Maccabées 7, 9 : Au moment de rendre le dernier soupir: "Scélérat que tu es, dit-il (un des frères Maccabées), tu nous exclus de cette vie présente, mais le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois."
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L'expression zōē aiōnios dans les évangiles-Actes |
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- Analyse de la structure du récit
v. 31-32a Introduction ou mise en scène 1) personnages, 2) temps et 2) lieu :
1) fils de lhomme avec ses messagers, toutes les nations,
2) fin des temps,
3) trône de gloire
v. 32b-33 Action du roi Il sépare les gens en deux catégories, à sa droite et à sa gauche
v. 34-40 Dialogue avec ceux à sa droite
v. 34-36 Parole du roi à ceux à sa droite
v. 34 : Invitation à entrer dans le Royaume
v. 35-36 : Explication de cette invitation gestes de compassion
v. 37-39 Réaction de ceux à sa droite : quand ces actions ont-elles eu lieu?
v. 40 Réponse du roi : quand les actions ont été posées envers ceux dans le besoin
v. 41-45 Dialogue avec ceux à sa gauche
v. 41-43 Parole du roi à ceux à sa gauche
v. 41 : Ordre d'aller au feu éternel
v. 42-43 : Explication de cette invitation aucun geste de compassion
v. 44 Réaction de ceux à sa droite : quand ces actions auraient-elles dû avoir lieu?
v. 45 Réponse du roi : quand il y a eu des gens dans le besoin
Conclusion : deux lieux différents, i.e. celui dun châtiment sans fin, celui dune vie sans fin
- Le récit est fondamentalement très simple et comporte une structure symétrique. Le coeur du récit est une séparation opérée par le roi (Fils de lhomme) pour déterminer ceux qui entreront dans un royaume de vie éternelle, et ceux qui seront jetés dans une poubelle éternelle. Autour de cette action centrale a lieu un dialogue entre le roi et les deux groupes de gens pour léclairer dune justification.
- Analyse du contexte
- Contexte immédiat
- Ce récit du jugement dernier sinsère dans un long discours de Jésus (24, 4 25, 46) prononcé au mont des Oliviers et est introduit par la question de ses disciples : "Dis-nous quand cela aura lieu (destruction du temple), et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde." Nous baignons donc dans une atmosphère eschatologique, i.e. des derniers temps. Ce discours pourrait se décomposer comme ceci :
- Réponse de Jésus à la question sur les signes et du moment de la fin
- La fin des temps sera précédée dune période difficile (24, 4 - 14)
- Ce sera une période de faux messies
- Ce sera une période de bouleversements
- Ce sera une période de persécution
- Ce sera une période de faux prophètes
- Ce sera une période où lamour se refroidira
- Ce sera loccasion de se montrer résilient et de proclamer la Bonne Nouvelle à toutes les nations
- La fin commencera avec des jours terribles pour Jérusalem (24, 15 25)
- La situation obligera les gens à devenir des réfugiés
- Ce sera une période de faux Christ et de faux prophètes
- Larrivée du fils de lhomme ne fera aucun doute (24, 26 35)
- Il est inutile de se mettre à sa recherche
- Le cosmos sera bouleversé
- Puis le fils de lhomme apparaîtra sur les nuées et ses anges rassembleront les élus des quatre coins de la terre avec des trompettes
- Comme on ne connaît pas le moment, il faut veiller (24, 36 25, 30)
- Ce moment sera aussi imprévu que le déluge et aucun signe extérieur ne permettra didentifier élus et non élus
- Aussi il faut se comporter jour et nuit en être responsable, pour être prêt en tout temps
- Trois paraboles illustrant ce point
- Mettez-vous à la place dun maître qui a confié son domaine à un intendant, comment réagira-t-il devant un bon ou un mauvais intendant?
- Comme le montre la parabole des 10 vierges, il faut être prêt à une longue attente, sinon on risque de manquer cette rencontre avec le fils de lhomme
- Comme le montre la parabole des talents, ce moment de longue attente est un temps où on doit faire fructifier ce quon nous a confié, autrement nous ne serons pas prêts pour le royaume
- Récit du jugement dernier qui crée deux catégories de gens (25, 31-46)
- Ce grand discours est une construction de Matthieu, utilisant des matériaux divers. Comme on la vu, on pourrait le diviser en trois parties :
- Jésus répond à la question posée sur le moment de la fin des temps et de son retour en évoquant les tribulations qui précèdent, mais en les assurant que sa venue sera très visible, et ils nont donc pas à sinquiéter. Dans cette section, Matthieu suit dassez près le texte de Marc.
- mais il ajoute que, puisque le moment exact est totalement inconnu, limportant est de mettre à profit cette période pour se comporter en être responsable, prêt pour une très longue période et faisant fructifier ce qui nous a été donné, en particulier la parole de lévangile. Dans cette section, Matthieu sécarte de Marc et utilise beaucoup de matériel quil a commun avec Luc, communément appelé la source Q.
- et il termine en donnant une description imagée de la venue du fils de lhomme et du jugement final où les gens sont classés en deux catégories, selon la compassion démontrée. Ce récit est unique à Matthieu.
- Notre récit du jugement final termine donc ce grand discours qui est, en fait, le dernier de Jésus avant son procès et sa mort. Il ne répond pas à la question originelle des disciples. Il joue plutôt le rôle de conclusion de son enseignement en explicitant les critères dévaluation de toute lhumanité pour déterminer ceux qui ont mis en pratique son enseignement, et ceux qui ne lont pas, et par là faisant connaître ceux qui hériteront du royaume, et ceux qui en seront exclus. Il sarticule bien avec ce qui précède, axé sur la période actuelle qui est une période dattente, en illustrant comment il faut meubler cette période, exprimant de manière active la compassion.
- Contexte de lensemble de lévangile
- Le discours de Jésus à Jérusalem est en fait le 5e des grands discours qui structurent lévangile de Matthieu. Rappelons-les :
- 5, 3 - 7, 28 : le sermon sur la montagne
- 10, 5 42 : le discours de mission
- 13, 3 52 : le discours en paraboles
- 18, 2 35 : le discours sur la communauté
- 24, 4 25, 46 : le discours eschatologique
Matthieu appelle ces discours ou instructions des logoi, littéralement : des paroles. Or, ce terme renvoie à la description dExode 20, 1 sur les paroles de Yahvé données à Moïse au Sinaï, les dix debarim en hébreux, que la Septante grecque a traduits par logoi. Jésus est donc le nouveau Moïse. Dailleurs le premier discours est donnée sur la montagne (5, 1 : Jésus monta dans la montagne). On peut imaginer que les cinq discours évoquent le Pentateuque, ou les 5 premiers livres de la Bible, ce qui constituait le coeur ou les fondements du Judaïsme, et que les cinq discours de Jésus constituent les fondements de la communauté de Matthieu.
- La période où fut écrit lévangile est une période difficile, en particulier pour les communautés judéo-chrétiennes. Dune part, ils vivent le rejet de leurs frères Juifs, qui les considèrent comme des hérétiques. Dans la même période, la jeune Église prend ses distances vis-à-vis dun nombre de pratique juives comme la circoncision et les restrictions alimentaires (voir Actes 15, 1-29). Dautre part, les piliers Juifs de la jeune Église meurent, comme Jacques, Pierre, Paul. Cela provoque une véritable crise didentité. Quest-ce quêtre chrétien juif? Où sont les points de repère? On nest pas surpris de voir le Jésus de Matthieu dénoncer liniquité (grec : anomia, littéralement : absence de loi; voir Mt 7, 23; 13, 41; 23, 28; 24, 12); beaucoup de chrétiens juifs devaient sentir quil ny avait plus aucune loi, et comme la répété souvent Paul, le chrétien est libre par rapport à la Loi. Alors, à travers les cinq discours de Jésus, Matthieu spécifie la loi nouvelle qui gouvernera la pratique chrétienne.
- Il y a une phrase surprenante quon ne retrouve seulement que dans lévangile de Matthieu, dans le cinquième discours de Jésus : « Par suite de liniquité croissante, lamour se refroidira chez le grand nombre » (Mt 24, 12). Labsence de loi conduit à une absence damour. On a limpression davoir ici un écho dune situation communautaire. Dans ce contexte, le critère du jugement dernier où chacun sera jugé daprès la compassion quil aura su démontrer prend un relief saisissant : nest-ce pas une parole qui sadresse directement à gens dont le coeur sétait refroidi?
- Bref, ce cinquième discours de Jésus, le discours eschatologique, est cohérent avec lensemble de lévangile de Matthieu. Il prolonge ce qui a été amorcé avec le sermon sur la montagne, il balise lagir chrétien dans un contexte où les chrétiens juifs se demandaient sil y avait encore des lois, et rappelle que malgré la disparition de toutes ces exigences rituelles et ces contraintes alimentaires, la loi de lamour restait dans toute sa force.
- Analyse des parallèles
- Ce récit na aucun parallèle avec les autres évangiles. Il porte plutôt la marque de thèmes propre à Matthieu :
- Le fils de lhomme qui siègera sur son trône de gloire : 19, 28; 25, 31
- Il y aura un rassemblement de tous les hommes à la fin des temps : 13, 47; 25, 32
- Le jugement sera une séparation : 13, 49; 25, 32
- Les justes prendront possession du royaume; 13, 47.49; 25, 37.46
- Les autres seront envoyés au feu éternel : 13, 50; 25, 41
- Selon le bibliste M.-É. Boismard (voir Synopse des quatre évangiles en français, Tome II : Paris, Cerf, 1972, p. 368), Matthieu se serait inspiré du document Le traité des Deux Voies, un petit traité moral juif, rédigé primitivement en araméen, que nous ne connaissons plus que sous sa forme grecque à travers la Didachè, et dans une traduction latine qui nous est parvenue sous le titre de Doctrina Apostolorum. Voici une partie du texte tel quon peut le reconstituer à partir de la Didachè avec certaines variantes de la Doctrina :
1, 1 | Il y a deux voies, celle de la vie et celle de la mort (Doctr. ajoute : de la lumière et des ténèbres, sur lesquelles ont été établis deux anges, lun de justice et lautre dinjustice). |
1, 2 | Telle est la voie de la vie : premièrement, tu aimeras le Dieu qui ta fait; deuxièmement, ton prochain comme toi-même. Tout ce que tu voudrais quil ne tarrive pas, et toi |
1, 3a | ne le fais pas à autrui; tel est lenseignement (Doctr. : linterprétation) de ces paroles : |
2, 2 | Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas dadultère, tu ne feras pas dinfanticide, tu ne forniqueras pas, tu ne voleras pas, ...tu ne convoiteras pas les biens de ton prochain, tu ne te parjureras pas, tu ne témoigneras pas à faux, etc. |
2, 7 | Tu ne haïras personne, mais : certains, tu les réprimanderas; dautres, tu leur feras miséricorde; dautres, tu prieras pour eux; dautres, tu les aimeras plus que ton âme. |
3, 1 | Mon fils, fuis tout (ce qui est) mal. |
3, 2 | Ne sois pas coléreux, car la colère conduit au meurtre. |
3, 3 | Ne sois pas sujet à la convoitise, car la convoitise conduit à la fornication... |
La pièce centrale de ce traité est « ce que tu hais, ne le fais à personne ». Cest ce quessaie de préciser lAncien Testament :
- Ezéchiel 18, 7 : « nopprime personne, rend le gage dune dette, ne commet pas de rapines, donne son pain à qui a faim et couvre dun vêtement celui qui est nu »;
- Isaïe 58, 7 : Nest-ce pas partager ton pain avec laffamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair?
- Tobie 4, 16 : Donne de ton pain à ceux qui ont faim, et de tes habits à ceux qui sont nus. De tout ce que tu as en abondance, prends pour faire laumône; et quand tu fais laumône, naie pas de regrets dans les yeux.
Et cest ce quessaie de faire Matthieu ici.
- Intention de l'auteur en écrivant ce passage
- Cest le dernier discours de Jésus avant que commencent les événements qui aboutiront à son procès et à sa mort. Matthieu a placé de manière tout à fait logique un enseignement adressé à sa communauté, concernant la façon dagir pendant labsence de son maître, et rappelant que tous auront à rendre compte de leur action lors du jugement final. En faisant cela, Matthieu ninnove pas, car lessentiel se trouve déjà dans lAncien Testament : la sollicitude avec les assoiffés, les affamés, les pauvres, les étrangers, les malades et les prisonniers est présente un peu partout; et la perspective dun jour de Yahvé où Il jugera chacun selon ses actes fait partie de la foi dun grand nombre de Juifs, et on verra à ce moment qui a choisi la vie et qui a choisi la mort. Néanmoins, Matthieu donne à tout cela une perspective chrétienne : cest le Christ ressuscité, appelé Fils de lhomme, qui présidera ce jugement final et évaluera les actions humaines, et les gestes de compassion vis-à-vis des hommes sont fondamentalement des gestes de compassion vis-à-vis du Christ ressuscité lui-même. Il donne également à la scène une dimension universelle : les critères de jugement sappliquent à tous, Chrétiens et non Chrétiens, Juifs et non Juifs, si bien que le critère de jugement nest pas la foi ou lappartenance religieuse ou le fait dêtre baptisé, mais la compassion démontrée. La surprise des gens qui ne savaient même pas que cest le Christ ressuscité quils soutenaient laisse entendre quil pourrait sagir de gens qui nont même jamais entendu parler du Christ, mais quon considère comme des « chrétiens » sans le savoir.
- Rappelons-nous également que la communauté judéo-chrétienne de Matthieu vit des moments difficiles : elle est rejetée par la communauté juive et est probablement exclue des synagogues, beaucoup des lois rituelles et des prescriptions alimentaires qui faisaient partie de lidentité juive sont tombées, et voilà que ce retour du Christ quon attendait pour bientôt narrive pas. Tout cela est suffisant pour provoquer une crise didentité et une forme de déprime communautaire. Matthieu entreprend le projet de « catéchiser » à nouveau sa communauté. En Jésus, ils ont un nouveau Moïse qui leur donne une loi nouvelle, et donc ils ne sont pas sans loi. Et cette loi se résume dans lamour du prochain. Pour sortir la communauté de sa torpeur, Matthieu va frapper son imagination en agitant la menace pour les chrétiens dêtre exclus du royaume et dêtre rejetés dans les ténèbres ou dans la géhenne de feu. Il leur rappelle quils ont à choisir entre le chemin de la vie et celui de la mort. Cest ce que reprend cette scène du jugement dernier. À ce moment il sera inutile de revendiquer leur titre de chrétien : seuls leurs actes compteront.
- Bref, Matthieu leur dit ceci : notre maître est absent, mais vous pouvez le rejoindre dès aujourdhui en exprimant votre compassion envers ceux qui sont dans le besoin, et par là vous hériterez de la vie éternelle, et vous ne vous retrouverez pas avec ceux qui connaîtront le châtiment éternel.
- Situations ou événements actuels dans lesquels on pourrait lire ce texte
- Suggestions provenant des différents symboles du récit
- La symbolique du jugement peut emprunter plusieurs directions. Habituellement, nous naimons pas cette symbolique qui a une connotation négative. Pourtant, elle fait partie de la vie quotidienne. À lécole, les jeunes voient leur rendement scolaire évalué. Les fonctionnaires doivent passer par une évaluation annuelle de rendement. Beaucoup de hauts gestionnaires espèrent un bonus suite au rendement de leur portefeuille. Quon apprécie ou non ces évaluations, un fait demeure : les êtres humains évoluent différemment, certains dépassent les attentes, dautres déçoivent. Quest-ce qui se passe quand on se place sur le plan religieux? Peut-on simplement dire : Dieu est bon, et ce que nous faisons na pas dimportance?
- La symbolique de la séparation, comme celle du jugement, nous repousse. On désire tellement légalité que commencer à distinguer les gens les uns des autres, à la mettre dans des catégories différentes, nous apparaît antihumain. Pourtant, tout cela fait partie de la vérité des choses. Il a des gens qui savent bien écrire, dautres qui ne le peuvent pas; il y a des gens qui savent bien parler, dautres qui ne le peuvent pas. Il y a des gens qui ont su développer une immense capacité daimer, et dautres qui sont encore au stade où les autres sont une menace. Sachant que notre humanité est une telle mosaïque, quelle est lattitude juste? Une chose est claire, la séparation finale appartient à Dieu seul.
- La symbolique dun royaume dont hérite des gens questime Dieu ouvre une perspective inouïe : la vie ne se termine pas avec la mort, mais se déploie dans une dimension éternelle que Dieu seul peut offrir. Cela ne fait quaccentuer la valeur de cette vie-ci, sachant quelle est la première étape et le tremplin pour une réalité beaucoup plus grande. Cela ne change-t-il pas notre regard?
- La symbolique du rejet ou de lenvoi à la poubelle dun groupe de personnes peut donner le frisson, surtout en référence à un châtiment éternel. On peut se surprendre à les prendre en pitié. Il ne faut pourtant pas perdre de vue laffirmation centrale : nos gestes, nos décisions, nos actions ont des conséquences. Tout comme se jeter du haut dun édifice a un impact sur le corps, ainsi certaines de mes décisions peuvent me détruire. Nous avons sans doute besoin des autres pour voir clair. Sommes-nous prêt à ça?
- La symbolique de lhomme invisible, i.e. du Christ qui est derrière chaque être dans le besoin est intéressante. Elle rehausse chaque individu, même le plus humble, dune aura de mystère, dune dimension spirituelle. Elle peut également signaler notre myopie, comme cette histoire quon raconte sur Don Bosco. Il était venu un jour en France et des prêtres lui avaient donné une minable pièce du grenier dans presbytère pour le loger. Plus tard, quand il fut élevé à la sainteté, ces prêtres dirent : « Avoir su, nous lui aurions donné une meilleure pièce ». Lhistoire ne se répète-t-elle pas?
- Suggestions provenant de ce que nous vivons actuellement
- Presque chaque jour le bulletin de nouvelle et les journaux parlent de la menace de lÉbola. Aujourdhui, un titre : « Le manque de solidarité mondiale inquiète lONU ». Quapporte lévangile de ce jour dans une telle situation? Pouvons-nous rester indifférents?
- Sur le plan international, aider des gens dans le besoin nest pas évident. On sen rend compte devant les attaques de lÉtat islamique. Comment venir en aide à ceux qui ont tout perdu et qui sont déplacés, transis de peur. Accentuer les bombardements aériens? Envoyer des convois de militaire? Chacun y va de sa solution. Quel est le minimum qui peut être fait?
- Un synode spécial sur la famille se termine au Vatican. Des visions opposées saffrontent : doit-on montrer plus de compassion vis-à-vis des gens qui ne vivent pas selon les règles de lÉglise catholique? Dans toutes ces discussions, qui évoquera lévangile de ce jour? Parions que laccent sera mis sur la doctrine immuable de lÉglise, sans égard aux gens. Et après avoir tout compartimenté, on se posera la question : où finit la doctrine, où commence la pastorale? Cela reflète-t-il lapproche de Jésus?
- Il y a un certain temps, un homme avec une maladie mentale, et en état de crise, est mort, tué par les balles de fusil dun policier dans une situation de légitime défense. Mais une analyse approfondie sur lensemble des circonstances ont montré que tout cela aurait pu être mieux géré dès lorigine avec une meilleure préparation de la part des policiers. Lévangile de ce jour peut-il nous motiver à investir temps et énergie pour mieux gérer des malades mentaux mêmes violents?
- Ma vie est faite de rencontres, dans lautobus, dans le corridor dun édifice, au bureau, à la maison. Faut-il chercher longtemps pour trouver des moments où vivre lévangile?
-André Gilbert, Gatineau, octobre 2014
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